3.1.1 - L'Hôpital Général - Les mémoires de Jean DESNOYERS
L'ouvrage "Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher", volume 23 de 1913 a édité les mémoires de Jean DESNOYERS, Chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Blois de 1689 à 1728.
Dans ces mémoires, Jean DESNOYERS ouvre une fenêtre sur la vie de la ville de Blois, l'auteur indique des cas de maladies plus ou moins inconnues à cette époque.
Par exemple:
1694
L'an mil six cent quatre-vingt-quatorze, nous avons eu
les grandes maladies épidémiques, dont il s'est ensuivi une
grande mortalité. La maladie prenait à la tête, le malade
était hébété, son corps plein d'humeurs cristallines, de
grandes taches pourpreuses et de tumeurs, et l'on mit la
fourière (?) en Bourg-Neuf.
Le vingt-neuf septembre de la même année, mon beaufrère
Ditely est mort de ces maladies à dix heures du
soir et a été enterré le trente à Saint-Honoré.
La mortalité n'a pas été grande, il y a seulement eu bien des
gangrènes et des sphacèles (1), tant aux
pieds, jambes que mains, le tout causé par le froid. La
rivière de Loire a été si grande le quinze juin, que la
crue a égalé celle de la Saint-Denis, les deux coteaux servaient
de levées, elle ravagea toutes' les varennes qu'on
avait fait son possible pour les ensemencer, ce qui causa
encore une augmentation de misère et une désolation si
grande qui tiraient les larmes des yeux les plus fiers.
Ou encore des observations curieuses comme celles-ci:
1705
L'an mil sept cent cinq, le onze de juin, jour de la
Fête-Dieu, à l'heure de midi, à la sortie de la procession,
on a vu un grand cercle approchant en couleur de l'arc
en ciel tout autour du soleil.
Le trois de mars, à quatre heures et demie du matin,
il est arrivé un tremblement de terre qui a duré peu.
L'été a été fort sec, la rivière fort basse et les fontaines
sans eau, il a fallu ouvrir les canaux dans les rues pour
faire sortir les vents qui y étaient dedans et avec tout
cela on n'a pas eu davantage d'eau dans les fontaines,
attendue la grande sécheresse.
Et bien entendu l'Hôtel-Dieu étant le long de la Loire, l'auteur était au première loge lors des crues.
1707
L'an mil sept cent sept, le huit octobre, la rivière de
Loire a été si grande qu'elle a débordé partout. Toutes
les levées en ont été rompues. Jamais homme ne l'a vue
si grande, c'est la crue de la Saint-Denis.
L'hiver a été très rude, le froid a commencé le Jour
des Rois, la rivière a été prise par la glace : tout le monde
la passait par dessus. Toutes les vignes et tous les arbres
ont été gelés en cet hiver le plus rude que homme ait
vu. Les hommes et les animaux mouraient de froid; j'ai eu,
à l'Hôtel-Dieu, une grande quantité de pieds, jambes
et mains gelés.
Le six février, la Loire a été si grande qu'elle a débordé
partout et sauf que toutes les levées étaient rompues par la
crue de devant, elle aurait surpassé la crue de la Saint-
Denis. Elle a duré grande jusques au trois de mars;
il y a eu de si grandes pluies que toutes les rivières ont
débordé. A Vendôme , il y a eu beaucoup de maisons
qui furent emportées et une bonne partie de la ville pensa
périr. On croyait que c'était le déluge. A Paris, à la
Grève et à la place Maubert, il fallait y aller en bateau et
dans beaucoup d'autres endroits.
La destruction du pont du XVéme siècle:
1716
Le cinq et le six de février mil sept cent seize, les
ponts de Blois ont été emportés par les glaces avec les
cinq moulins qui y étaient. Il y avait neuf cents ans qu'ils
avaient été faits .
La construction du pont Jacques Gabriel:
Le vingt-six de juillet, on a commencé à maçonner la
culée du dit pont, et, le vingt-sept, on a posé la première
pierre, et pendant la dite année on n'a mis que trois
piliers hors de l'eau.