Le second pont, appelé pont Louis selon une carte du XVIII éme, fut construit au XVème siècle à 50 m en amont du Vieux Pont, à sa construction, il était droit et nu.
Cet ouvrage fut implanté, en face de la rue du Commerce (actuelle) et donnant sur une rue en forme de croissant de lune coté Vienne et n'existant plus depuis les destructions de la seconde guerre mondiale, il était composé de 20 arches.
Sur la gravure ci-dessous, le pont est représenté avec 16 arches et non 20.
Il est pourtant reconnaissable à ses caractéristiques (Tour, croix du pont, église Saint Fiacre, etc.) et à sa jetée qui permettait de canaliser une grande partie des effluents vers les moulins royaux côté ville et le passage d'embarcation vers le péage fluvial côté Vienne.
"Louis XII est né le 27 juin 1462 au château de Blois et mort le 1ᵉʳ janvier 1515 à Paris, surnommé le « Père du peuple » par les États généraux de 1506, est roi de France de 1498 à 1515."
(Wikipédia)Il permis aux bourgeois de la ville de construire des maisons en bois et une chapelle sur le pont en contre partie, ces derniers devaient verser un "loyer" à la ville pour renflouer sa trésorerie.
Le pont fut donc comme tous les ponts du moyen-âge, droit et chargé de maisons et de tours pour se défendre.
En voici deux gravures, la première est la copie exacte d'un ancien plan original appartenant à M. Saussaye nommé "Plan géométral et élévation perspective de l'ancien pont de Blois" de 1860.
il est indiqué que le pont aurait été réparé en 1678 et en 1679.
La seconde est extraite de l'album de M.Poictevin (16..? - 1719) architecte mis en place par M. Colbert sous le règne de Louis XIV.
M. Poictevin était chargé de l'état des ponts et chaussées de la Généralité de Tours.
"Pour consolider des piles existantes comme au Pirmil de Nantes, l'Académie « approuve fort que l'on fraize les mesmes piles par le moyen d'un rang ou file de pieux fichés à la distance de 6 à 7 pieds au moins de la pile, bien amoizé et joint au massif par des entretoises, remplissant le vuide entre deux bonne maçonnerie faite à pierres perdues de moyenne grosseur, à bain de chaux vive».
Ce même procédé proposé ici a dû être également utilisé par Poictevin pour consolider la septième pile du pont de Blois en 1681."
Recommandation de M. Poictevin (Notes dur l'oeuvre de Nicolas Poictevin et l'état des ponts et chaussées de la Généralité de Tours par M. Bernard Toulier - Conservateur à l'inventaire Général.
Plan et élévation du Grand Pont de Blois - 1709 (copie de 1871 des Ponts et Chaussées) - Culture 41
Le pont à sa destruction comprenait:
- 9 maisons de commerces ou d'habitations,
- Une chapelle appelée chapelle "Saint Fiacre", anciennement appelée"Notre Dame", fondée en l'honneur de Monseigneur Saint Fiacre le 27 novembre 1467,
Extrait de "La Chapelle Saint Fiacre et l'ancien pont de Blois" Mémoires de la Société des sciences et des lettres de la ville de Blois - 1833-1860 Gallica- La tour du pont ou "Tournelle" était équipée d'un pont levis et appelée Tour du Pont Louis.
Une autre fonction pour la tour du pont
La tour du pont servit aussi de dépôt d'archives communales. En 1494, un inventaire des actes du Cartulaire ( manuscrit du XVème siècle regroupant les copies et la liste des documents de la ville de Blois) relève 27 pièces des "lettres et enseignements" du domaine de la Ville de Blois. 18 documents antérieurs à cette date et ne figurant pas dans le Cartulaire y été déposés également.
Un second dépôt regroupant 57 pièces concernant les chartes des "droits, privilèges et héritages" et "trouvées et prinses en la chambre des comptes de la ville" se trouvait dans un vieux coffre fermé à trois clés dans l'église abbatiale de Bourmoyen. Ces pièces ont été transférées au chateau de Blois jusqu'au XVIIème siècle et non à la tour du pont comme beaucoup l'on cru lors de la destruction par la débâcle de la tour au XVIIIème siècle.
L'inventaire de 1571 réalisé par Michel Barbes indique que 71 documents ont disparus entre 1494 et 1571. Lors des capitulations de la ville de Blois pendant les guerres de religions en 1562 et 1568, des monastères et le couvent de Bourmoyen furent saccagés et leurs archives détruites ou brûlées.
En 1830, le Maire de la Ville de Blois, Sébastien Péan, autorisa la vente d'une quantité considérable de parchemins et de papiers anciens, oubliés dans les combles de l'Hôtel de Ville, dispersant ainsi les derniers documents du Cartulaire.
C'est pour cela qu'aujourd'hui nous avons si peut d'archives sur les ponts de la ville de Blois.
Toutefois, des documents de la tour du pont datant de 1492 et non inscrit au Cartulaire, font référence au pont de Blois.
"1274, 5 et 6 janvier.- JeanI de châtillon, comte de Blois, reconnait devoir une rente annuelle de cent sous à "l'oeuvre" du pont de Blois".
"Vidimus du 4 janvier 1459, extrait du testament de Michel Dupont qui donna a ladicte ville XL sols tournois de rente pour la réparation des ponts de Blois, Saint Michel et Chastré".
"1467, 27 novembre. — L'abbaye de Notre-Dame de Bourgmoyen et la Ville de Blois font un accord au sujet du gouvernement temporel et spirituel de la chapelle Saint-Fiacre sur le pont de Blois".
"1481, 25 février. — Marie Pourcel, bourgeoise de Blois, vend à la communauté des habitants la maison « du Pavillon », sise à Blois, « en la Grant Rue par laquelle on va des Changes au port et sur le pont de Blois".
"XVIII (1492) Lettres patentes de Lois, Duc de Millan et de Vallois, conte de Blois, du vingt huitième de septembre mil quatre cens quatre vingtz douze, par lesquelles il donne et permect aux manans et habitans de la ville de Blois une fleur de liz d'or en armoisie pour estre mise aux armoisies de ladicte ville entre le loup et le porc espic, avec congé de ediffier sur le pont de blois, au commancement du dict pont, en yssue de ladicte ville et du costé de la main senestre, deux petitz ouvrouers".
- Une pyramide appelée "Anne de France" ornée d'une croix appelée "croix du pont"
-Des moulins royaux appelés "Moulins Banneaux".
Les moulins étaient incorporés au pont de Blois au XVéme siècle, ces ouvrages sont aussi appelés moulins pendus.
La jetée permettait de canaliser les eaux et d'accélérer le courant vers les moulins.
Ces cinq moulins, séparés par la grande arche appelée "la Voye", étaient montés dans des cages fixes adossées à la face d'aval du pont et l'on y accédait par la voie charretière du pont lui-même.
- Un second pont levis situé derrière deux grands murs et joignant le pont au quai de la ville.
- La jetée ou duit, son rôle est de détourner ou rétrécir le courant le plus puissant et le plus vif, surtout en période de basses eaux, vers le secteur du lit mineur le plus utilisable, par une digue submersible aux hautes-eaux.
On arrive ainsi, artificiellement, à la création d'une hauteur d'eau suffisante et d'un chenal qui peut être matérialisé par des balises et qui peut se voir utilisé par tous les métiers vivant sur le fleuve.
Au Moyen Age, à Blois, le duit sert à diriger le courant, en amont vers les moulins à eau suspendus sous les arches du pont, ou les moulins à bac installés dans le chenal.
Vers la partie de Vienne, les bateaux étaient soumis au péage ou "Tonlieu" dont 1/3 appartenait par donation des anciens comtes au prieuré de Saint Jean-en-Grève et le reste au domaine.
Ce droit était important, car il rapportait en 1698 une somme de 4 200 Liv.
Extrait de "Histoire de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire" (Gallica)
"Dès 1334, cette petite construction a suffisamment marquéles esprits pour donner naissance à un surnom personnel ; un habitant se dénomme « Estienne dou Duit ».
— En 1336, le duit du comte est reconstruit ou réparé, un charretier est payé pour amener mille pieux qui serviront à le renforcer, avec des fagots et des pierres, la tâche est confiée au meunier de Saint-Victor.
C'est peut-être lui que l'on situe en 1338, à côté d'une « ylle qui fut de l'Aumosne de Blois assise au-dessus du nouveau doit », et en 1340 que l'on désigne comme « le nouveau duit ».
— En 1338, l'abbaye Saint-Lomer possède sa propre digue ; «près du douet saint-Lomer, en Vienne », à côté de son pressoir et de la croix aux noyés, au-dessus de l'île Paris, probablement pour conduire le flux vers ses moulins de la rive opposée.
— A la même époque d'autres duits existent, en amont, à Saint-Victor.
— Vers 1680, le Plan et élévation de l'ancien pont de Blois, de Poictevin, dans son recueil Desseins des plans et élévations desponts situez sur la rivière de Loire, montre le tracé du duit, le long de la onzième arche en
partant de la rive droite, à côté de la tour du pont-levis.
— En 1926, Jean Chavigny déclare avoir vu les vestiges d'un duit, en amont du pont, partant du onzième pilier ets'avançant en diagonale jusque devant la Creusille. C'était une sorte de digue protégée par deux rangées de pieux."
Lors de la débâcle de 1716, la Loire prise par les glaces reçu un apport important d'eau venue des fontes des neiges en amont.
Cet apport souleva les glaces qui elles-mêmes retenues par les moulins et prisent sous les arches du pont, le soulevèrent suffisamment pour que lors du mouvement des glaces vers l'aval, les arches soulevées ne se reposèrent pas sur leurs emplacements d'origines et donc basculèrent dans le fleuve, d'ou le terme de basculement des arches.
Seule la partie du pont protégée par le duit du coté Vienne-lez-Blois resta debout.
Lors de la décision de la construction du nouveau pont (Pont Jacques Gabriel actuel), il fut décrété en même temps celle d'un pont provisoire en bois, c'est pour ce pont que furent utilisés les arbres des Allées.
"Les 6 et 7 de ce mois de février, les glaces ont entraîné et ruiné le pont de Blois, avec toutes les maisons, tours et portes de ville, les cinq moulins, et l'église Saint-Fiacre, qui étaient dessus, en sorte qu'il n'en reste plus rien, depuis le mur de ville jusqu'à la tour qui est au milieu du dit pont, et il ne reste du dit pont, que la dite tour, et sept arches du côté de Vienne, les autres qui étaient entre la tour et la ville ayant été toutes entraînées et les piliers renversés."
http://archives.blois.fr/ark:/55406/s0056c8917e7fe36/57b5aa9cb17b5
Le duit situé en amont du pont coté rive gauche, sauva la partie du pont coté Vienne qui resta pris dans les glaces sans bouger.
Alors que la partie coté ville fut emportée par le courant et les glaces, accélérés et bloqués par les moulins, qui basculèrent les arches du pont.
"Les 14 arches du coté ville, furent ébranlées et en partie renversées, sur elles étaient positionnées la tour de l'entrée de la ville, plusieurs maisons et la chapelle Saint-Fiacre."
La destruction du pont de Blois et de la Chapelle Saint-Fiacre Mémoires de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais (Gallica)Sujet: Chute du pont par les glaces et l'établissement des bacs et charrinieres.
Sa Majesté a adjugé aux sieurs LAMBAUT CRIGNON DE GONUELLE et DUPREZ Ingénieur et entrepreneurs, un pont de pierre de 46 pieds de large de longueur de la largeur de la rivière qui sera construit au droit de la porte de la ville appelée la porte de Pa........ qui est sur le port neuf au droit de la rue de la poissonnerie qui est environ vingt toises au dessus de celui qui est tombé.
M....... la somme de 930 000....
à la charge expresse des dits sieurs entrepreneurs de le feindre fait et part fait dans 4 ans pendant le quel......... tenir de faire faire à leur dépends responsable bout a prind de depuis lointaine............. tombé au droit de la rue du Pavillon.......... au restant du pont lequel pont de bois doit être fait dans les 6 mois à cause des inconvénients et difficultés que trouvent journellement aux charrieurs.....accordé des droits de passage suivant les tarifs jusqu'à...le pont de pierre neuf soit entièrement construit moyennant 9 000 livres de ... par an auprès du domaine du Roy....conditions que les .....autres arches qui estoient entre la tour et la ville.....est toutes entrainées les piliers renversés.
Le pont de bois leur apartient pour faire démolir aux biens que le restant du vieux pont et la tour qui est sur le piler dont.....leur appartiendront