Feu à volonté (extrait)
il vit sans la possibilité de s’incorporer
à un temps, à une durée, à une parole, à une œuvre, à une pensée,
à une solitude
il est né hors du monde, sans monde, sans terre
il réside
seul au milieu de sa détresse
/
de sa finitude
inhabité de tout,
il déambule au milieu des débris de sa parole sans monde
c’est un homme désœuvré de sa parole
privé du miroir de sa parole aimante
parole / sans corps / sans matière
parole ACÉPHALE
ventriloquée
violée
chlorée
à bout de souffle
en état de commotion cérébrale
c’est avec cet homme que le sensible a perdu sa langue
la démesure de cette parole est son absence même :
une parole sans mot,
sans silence,
sans le vertige d’un silence…,
sa parole est prise au milieu d’un trafic en tout genre
parole trafiquée de l’État
l’État, c’est la langue du faussaire
tout devient cendre même la parole