Soleils invincibles
à la mémoire de Zsuzsanna Bölkény : qui a montré le chemin par son intelligence et humanité
à P. Ferenc Deák SJ : inspiration, rocher, foi éternelle
I.
l’achèvement du ciel arrive enfin,
décompose le jour en myriades
d’images de ton
corps, blondit l’aujourd’hui. les
rivières blanches nous acquittent.
c’est l’affranchissement, l’exaltation
stratosphérique, l’adoremus. l’empreinte
des pas d’un homme, gestes
de l’amour, forces d’une vie exaltée.
images de crépuscules ignorances, de silencieux,
joyeux et supérieurs sacrifices
de providences, de rides
figées. tendresses ridiculisées.
honorables dévotions.
II.
rebondissement ensoleillé.
il neige dans mes veines.
reste le tout silencieux d’eaux
acides et mers vermeilles,
ma corporéité se refond dans tes éloges.
répercussions d’éventails maritimes,
de torrents fabuleux, de fébriles
éloquences.
tu peuples l’espace parmi les
gestes amoureux, intimités gratuites,
devenirs obéissant à des mobilités
émouvantes, effets de conscience en excès.
ta présence culmine dans les injonctions cristallisées
des infinies beautés de demain.
III.
hangars tournent, ciel brise, soleils éclatent.
arbres acheminent temps colorés, temps célestes,
fugues plastiques. qui de ces gestes sera le
prophète d’or, les phares brûlants, les
tiroirs en feu. ciels d’encre, corridors
éternels. tout dort. chante le dernier
homme, l’ultime visage qui guette nuages
et terres, herbes de silence, manteaux de
prairies. blanches préoccupations. qui délivra
la réponse déployée aux eaux chantantes ?
poursuivre l’absence acrylique des lieux qui
flambent et s’éteignent dans nos cœurs.
IV.
lieux vêtus de l’or d’infatiguables jeunesses,
de paroles translucides, de mémoires
de porcelaine. nos journées d’ensoleillements
habités, de fleuves croisés. notre partage
qui repart : marbre lointain, superpositions
de lumières dispersées. dans cette métropole,
nos temps d’une terrestre durée. ce continent
toujours en suspens qui ne s’achèvera jamais,
cette éternelle galaxie de mon âme. le clignotement
de Dieu qui ne connaîtra jamais d’éclipse, ni
sommeil allégé. cet embrasement de jadis.
perpétuer ces vécus. écriture et présence.
nous trois. nous vivons dans le visage des autres,
dans ce feu qui ne s’éteint jamais. ouvre-bouteille
de l’entrée de l’éternel. des scissions à souder.
nous tremblons sur la véranda de l’infinitude.
scènes de nos vies. encore des lumières.
holographie de notre esprit.
à jamais.
V.
masques et flammes consentis
d’abandons ancestraux.
nous frôlons le velours
des vapeurs de marges
chuchotées, de descentes
lacérées, de frissons cristallins.
des anges toxiques abritent
en silence le noir de
douleurs chaudes, d’obscures
pages coulant sur nos corps.
je traverse les escaliers
vers les moissons durables, les
coulisses du soleil.
du cristal des destins surgit
le hasard de l’oubli. travail de
nécessité. flamme accomplie,
crucifiée en solitude.
nous nous baignons dans la
passion de reines oubliées, dans le
sacrifice scandaleux des océans.
VI.
les braises s’allument.
où conduit-on l’immortalité, les
analogies empourprées
d’orages matinaux ?
l’innocence du papier luit
chaque nuit de l’incessant
été. les pliures climatiques
nous hantent. perles des pierres
de lumières anatomiques.
l’homme de sorcelleries et
de légendes affamées. la chute
des hémisphères. morsures des
étoiles. nous examinons les
claustrations incendiées. demeure
une guerre de mandragores
et de statues ennuagées. la
grâce des désirs fendus.
VII.
transparences métalliques,
langue d’amertumes et de
saveurs solaires. je me cache
dans les mousselines d’âges frais
et de dramaturgies limpides.
entouré de l’émail d’invisibles
coïncidences je boirai les
nuages de profondeurs africaines.
des flottements habités me
forgent. je contemple l’électricité
découpée de nos blessures
urbaines. crier des silences d’encre.
VIII.
les vitres transpercent notre cœur
artificiel qui ne connaît plus
la palpitation des obélisques écrits,
les étincelles qui enflamment les
déflagrations de jambes sublimes.
les décombres phosphorescents des jours
de surprises abandonnées et de visages
surexposés. forêts de glace, frontières
du froid. une pluie vénéneuse nous trouble.
l’aube donne forme à notre fruit de vinyle.
incahevé, je m’accroupis.
IX.
je suis les vitres métamorphosées, les
manches dévoilées. nous nous exposons
à la négation de nos violentes écritures,
aux colombes de bitume de nos rêves
égarés. l’éternel crépuscule des
labyrinthes incendie nos horizons
élaborés, les vents de notre
martyre. nous dessinons l’art de
nos enfances, les confessions de
notre divinité tremblante. j’abandonne
lâchement ma béatitude présomptive ;
ma demeure pétrifiée deviendra l’exil
de sirènes nues à la recherche d’ardoises
humaines fragmentaires. nos saccades
s’ouvrent sur des consolations livides.
X.
comment survivre aux oscillations et
murmures de nos destins photographiques ?
à la recherche de lumineux vergers,
de turbulences rebelles aux impossibles
terres du cosmos. lire d’inouïes plénitudes
dans l’autre, dans l’articulation des
nécessités d’opale. lumières blessées,
présences colonisées. notre existence
restera d’une perspective dispersée,
d’écoutes amputées, de baisers nomades.
l’autre : points d’ignition, l’apogée d’une
clarté organique. aimer. âme.
recommencer. arrivent les
trafiquants d’apaisement spirituel.
on vend déjà les éclaircissements ?
XI.
tremblent les dires en éclats. il s’agit
certainement de brûler, de bouger,
d’éradiquer les vents qui pensent, les
peurs qui se déploient. les lueurs
immobiles des choses. dans l’entre-deux
des regards et des chandelles à l’ombre
des collines qui meurent. j’ai la liberté
de comprendre la dégradation des
neiges d’ambre, le sublime des oliviers
éblouissants. le blanc des lumières
fragiles écarte nos matins d’amour.
à travers la radiance de notre
quête s’effondrent nos traces
à l’écoute des autres.
XII.
la durée s’amoncelle au loin,
dans le reflet de nos quiétudes
voyagées. aimer le rouge des
silences, les matières parfumées
de l’errance. écimons les plantes
poreuses des journées explorées,
de l’invisible recoloré. sur l’axe
de nos couleurs mobiles envahi
de pourpre. je ne justifierai les
éclats de tes cris, l’éclair d’une mer
levée. l’autre nocturne, la naissance
d’une fleur cautérisée.
XIII.
flocons des îles intrépides, une vie
lumineuse nous force à chanter. le
réveil se retire derrière les gouttes
de stupéfaction. nos vécus quotidiens
en jachère, le meuble de l’espoir est
nu devant le vent. vents des larmes
d’inguérissables lendemains. une
épopée qui annonce la débâcle de
nos dieux odieux. suis-je la voix
fracassée de virginités en appel ?
souvenirs de l’ignorance. modulations
d’un monde fragile. je t’imagine
incertaine. tu sondes la patience des
villes.