Cédric Cagnat

Chanson du voyageur

J’en ai fait des voyages

J’ai chevauché des locomotives

— il faut connaître les correspondances

bondir d’une locomotive à l’autre

sans déraper sans tomber

s’accrocher aux cheminées

J’ai aussi pris des sous-marins

Des taxis

Avalé de ces distances en ballon en bateau

J’en ai foulé des pistes brisé des bâtons

London

Ils m’ont fait rire les radis rouges

de la reine

Ils avaient un grand chapeau et mon ami

m’a fait rire deux fois en sautant par-dessus

les haies des maisons

Praha

Il y avait un vieux musicien c’était sur le Pont Charles

à genoux

Il brandissait un violon pour le vendre aux passants. L’un s’est approché : « Combien d’argent pour le violon ? »

Il donne l’argent et dit : « Tu gardes ton violon, joue plutôt un air de musique ». Le vieux a joué un air de Janacék en pleurant.

Le lendemain il brandissait de nouveau son violon.

Paris

C’est un saltimbanque !

un cracheur de flammes

Les stations de métro ont prêté l’oreille

Leurs yeux se sont ouverts

C’est le ciment des agrégats !

Danse bois crache !

Bois danse

— Crache !

C’est le repoussoir des cadastres

Crache !

Bah ! les voitures béaient

Rasséréné rissolé pré-cuit

on s’engouffre

En la condescendance qu’ils t’octroient

ils souffrent

De nouveau leurs frères

Retour

On a beau faire le tour du monde, on tournera toujours en rond.