savoyards 1ère compilation d'articles

1ère compilation des articles collectés - article résumé pour mémoire des lieux (MDL)  ici>> https://sites.google.com/site/leslilasavant2/base/savoyards-de-drouot/

Une corporation fermée / Des déménageurs trop vite enrichis / 250 tonnes d'objets volés / des montagnes d'objets anciens / un Chagall parmi les trésors / On en a tous croqué un jour

INTRO

Le début de l'affaire remonte à 2004 (2003?) avec le vol d'un tableau de Gustave Courbet "paysage marin sous ciel d'orage", valeur 900.000€ signalé seulement début 2009 . 

Peint vers 1869, avait été dérobé en 2004 

Volé en 2003 lors d'une succession. Le neveu du propriétaire du tableau, collectionneur d'art, avait expliqué que le mobilier de son oncle, qui vivait dans un très grand appartement où s'entassaient les oeuvres, avait été stocké avant l'inventaire officiel du commissaire priseur. 

L'enquête commence en 2009, sur la foi d'un renseignement anonyme. Un "col rouge", le C106, de l'Union des commissionnaires de l'Hôtel des ventes Drouot (UCHV) détiendrait une toile 

Tout commence par un " tuyau " opportunément arrivé aux oreilles des enquêteurs de l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC). Selon le précieux " indic " qui les rancarde, au début de 2009, un homme tenterait de céder sur la place de Paris un tableau signé Courbet, d'origine douteuse. Plus étonnant encore, cet étrange vendeur serait employé à l'hôtel des ventes Drouot. On parle même d'un "col rouge" ou "Savoyard", un commissionnaire de l'UCHV (Union des commissionnaires de l'hôtel des ventes), qui détient le monopole du déménagement, de la manutention et de la présentation de bijoux, meubles et oeuvres d'art dans la fameuse salle des ventes parisienne. 

Quelques mois plus tard, un Savoyard propose l'œuvre à un expert. La justice décide alors de mettre le nez dans les affaires, jusque-là très secrètes, de la confrérie. Une série de perquisitions est lancée, et point d'orgue symbolique de l'intrusion de la justice dans les affaires de Drouot, une descente de police a lieu le 1er décembre dans l'hôtel des ventes. Ensuite, les découvertes s'enchaînent: un Chagall au domicile d'un Col rouge, des diamants dans leur entrepôt à Bagnolet (Seine-Saint-Denis)... Et des comptes bancaires bien trop fournis par rapport aux 4.000 euros mensuels touchés par les Savoyards.

On apprend ainsi comment un Savoyard a pu s'offrir une brasserie en plein Paris grâce à la revente de meubles Art déco rares qu'il avait volés. Comment tableaux signés et lingots d'or disparaissent lors d'une succession. Ou encore comment on peut subtiliser un diamant de 1,8 carat en pleine salle des ventes. Dirigée par deux juges d'instruction, cette enquête à tiroirs, qui se poursuit en ce moment même, va obliger l'hôtel Drouot à se réformer en profondeur... et dans la douleur.

Le 1er décembre 2009, quand les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire pénètrent dans cet entrepôt de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), savent-ils qu'ils s'apprêtent à déboulonner une institution qui sera mise à nu lors d'un procès qui s'ouvrira lundi prochain. Cela fait dix mois qu'ils travaillent sur leur objectif. Depuis le 16 février 2008, très exactement. Ce jour-là, l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) a reçu un renseignement anonyme sur un commissionnaire de l'hôtel des ventes Drouot. Les 110 «cols rouges », qui doivent leur surnom à leur veste noire à col rouge portant un numéro, ont depuis 1832 le monopole du transport et de la manutention des objets destinés aux fameuses salles de ventes aux enchères du 9' arrondissement parisien. Ces employés, le plus souvent d'origine savoyarde, sont aussi chargés par les commissaires-priseurs des déménagements, lors des successions par exemple. Des acteurs incontournables du secteur.  

DÉNONCIATION

Tout commence le 16 février 2009. Ce jour-là, un renseignement anonyme parvient à l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels : un commissionnaire travaillant pour l’Union des commissionaires de l’UCHV serait sur le point de vendre une toile de Gustave Courbet disparue en 2003 lors d’une succession et estimée entre 50 et 100.000€

Une « personne digne de confiance mais désirant garder l'anonymat » a rapporté à la police que le commissionnaire n°106, un certain Morgan Prina, 34 ans, « détiendrait une toile de Gustave Courbet dérobée en 2003 lors d'une succession ». La peinture marine, intitulée Paysage de mer au ciel d'orage, était jusqu'alors la propriété d'un collectionneur parisien, décédé depuis. Elle aurait été décrochée par les commissionnaires avant l'inventaire du commissaire-priseur. L'OCBC « apprend » au passage « qu'il était de coutume de commettre de tels faits pour ces derniers, afin de mieux se rémunérer ». En réalité, des soupçons pèsent depuis longtemps sur la corporation

ENQUÊTE

Les premières investigations « laissent penser que la pratique de détournement d'objets au sein de l'Union des commissionnaires de l'hôtel des ventes (UCHV) », qui regroupe les cols rouges, «était régulière dans ce secteur très fermé des ventes aux enchères ». Ainsi, il existait «une entente préalable entre l'ensemble de ces protagonistes, commissionnaires et commissaires-priseurs, au détriment de leurs clients. Cette organisation semblait n'avoir qu'un but: vendre par des moyens peu orthodoxes ». Les policiers parlent d'une « filière d'écoulement d'objets volés lors de successions ou de déménagements au sein même de l'hôtel des ventes ». Une « organisation » des plus rentables, puisque « ces déménageurs, originaires de Savoie, à l'allure banale, pourraient avoir, pour certains, la faculté de devenir plutôt très riches après leur passage dans cette corporation, et cela malgré un salaire très moyen à Paris ». Les investigations financières mettent en effet au jour des patrimoines importants : les cols rouges sont généralement propriétaires d'un ou de plusieurs appartements à Paris, d'une maison en Savoie, et disposent de liquidités généreuses sur leurs comptes bancaires. Un collègue de Morgan Prina est propriétaire d'une Porsche 911 et d'une BMW cabriolet dernier modèle. Un autre paye l'ISF.

Le mardi 1°décembre 2009, l'étau se resserre. Prina et sept commissionnaires sont arrêtés, tout comme un commissaire-priseur, Eric Caudron. Les perquisitions s'enchaînent. D'abord, les casiers des Savoyards dans les sous-sols de Drouot, puis dans l'entrepôt de Bagnolet. Là, rue Louis-David, à un jet de pierre du périphérique parisien, des bâtiments anonymes arborent une discrète pancarte «garde-meubles et déménagements », sans la moindre référence à Drouot. Une fois franchie la barrière métallique coulissante, on accède à un parking et à un quai de déchargement où peuvent se ranger simultanément cinq camions, des poids lourds Mercedes aux couleurs distinctives, vertes avec deux liserés rouges, qui rappellent les cols des Savoyards, et que les habitués de Drouot voient s'activer quotidiennement autour de l'hôtel des ventes.

Écoutes téléphoniques, filatures ; rapidement, les hommes de l'office identifient une véritable filière clandestine de vol puis de revente d'objets à l'origine destinés à être mis aux enchères publiques ; un réseau exclusivement composé de ces fameux commissionnaires Une dizaine d'entre eux seront interpellés, tandis qu'un commissaire-priseur soupçonné de faire commerce, à Drouot même, de pièces détournées, a, lui aussi, été inquiété.

L'enquête mènera à l'inculpation de 41 anciens commissionnaires de l’hôtel des ventes de Drouot, plus connus sous le nom de « cols rouges » ou « Savoyards », et 6 commissaires-priseurs . Ils seront jugés en 2006 pour vols, recel et association de malfaiteurs.

INVENTAIRE

  A l'intérieur, plus de 5 000 mètres carrés de surface de stockage, classique d'un côté, et d'un genre plus particulier de l'autre : depuis une dizaine d'années, les Savoyards ont aménagé une zone avec des containers en bois de 10 mètres cubes, entreposés les uns à côtés des autres. Chacun dispose d'au moins un de ces box «personnels ». Les policiers les font ouvrir, par dizaines, et découvrent, selon leurs termes, une «caverne d'Ali Baba» contenant des centaines d'objets anciens. L'inventaire est rigoureux. Dans le container de Morgan Prina, ils recensent «un pot en résine noire, environ 130 cm (..); un carton contenant deux pochettes de pin's mime Marceau; une affiche en allemand; un collage et une photographie de Marcel Marceau. Mais cet inventaire ne s'arrête pas là, ils découvrent aussi une paire de ballerines (.); un dessin d'un homme avec une croix à la main (.); un poignard inca (...) ; plusieurs lustres, un bouclier en fer avec anneau, un fossile de fougères, une toile représentant un couple champêtre sans signature », des peintures encadrées dont une représentant trois personnages avec un traîneau dans une rue enneigée signée T. H. Kaemmerer avec, au dos, une étiquette mentionnant l'adresse, un cadre avec l'inscription «le président de la République, avec ses remerciements et ses meilleurs voeux » et, au stylo, les mots «Cordiale pensée » signés de François Mitterrand et datés de 1988... Tout est rangé dans des caisses vertes ou rouges siglées « UHCV » (Union des commissionnaires de l'hôtel des ventes) avec, chaque fois, trois numéros inscrits au feutre. Sur l'une d'elles, par exemple: 39/18/26. Des chiffres correspondant aux numéros des cols rouges qui ont effectué le déménagement et récupéré ces «prises ».

La scène va se répéter des heures durant. Les policiers, qui viennent désormais avec une machine à café, dressent un long et surprenant inventaire du contenu des box. L'opération met au jour une brocante géante faite de souvenirs personnels - des lettres, des photos de familles, des sabres, un fusil, des chaises longues... Du dérisoire, comme cette paire de pneus, à des manteaux en vison ou griffés Yves Saint Laurent. Il y a beaucoup de dessins et peintures; des croûtes sans valeur côtoient des estampes. Des ouvrages d'art se mêlent à des emprunts russes, des livres de la Pléiade, un exemplaire de Mein Kampf.. Des médailles, de la porcelaine, des ménagères en argent, des tapis, du gros électroménager comme cette machine à laver, des vins par caisses entières et même des films porno... Au total, 6000 objets sont retrouvés dans l'entrepôt de Bagnolet et systématiquement photographiés puis mis en ligne jusqu'en 2012 sur le site du ministère de l'Intérieur.     

FONCTIONNEMENT

La tradition des yape (on parle encore de gnape(s) ou de crapoutche(s)), autrement dit des vols

Tous n'ont pas retrouvé leurs propriétaires légitimes. Mais l'enquête a démonté un système, ce que les Savoyards appelaient de la « récup » - ou, dans leur jargon, la « yape », c'est-à-dire le vol -, une pratique devenue industrielle au fil des années. Dans l'ordinateur de l'un deux, un compromettant fichier « Yape » a été découvert. Une comptabilité détaillée, qui recense l'équipe ayant participé au vol, les objets volés, la date et le prix de revente. La «quasi-totalité » des 110 cols rouges - il n'en manque que quatre !- y apparaissent. Les enquêteurs ont estimé à 250 tonnes la quantité d'objets volés avec, « a minima », 2,5 tonnes en moyenne par container.

«Nos pratiques ont surtout lieu lors de successions, explique l'un d'eux en garde à vue. Dans ces cas, les personnes sont absentes et nous avons toute latitude pour nos exactions. En fait, les commissaires-priseurs sont très rarement présents sur place tels qu'ils devraient l'être, et ne remplissent pas leurs obligations d'inventaire (...), ils sont aussi coupables que nous. De toute manière, si un commissaire-priseur nous cherche querelle, la réponse de la corporation pour ce genre d'attitude est sans attente. Effectivement, il arrive que des objets soient cassés, que des objets n'arrivent pas dans la bonne salle, ou en retard, ce ...

Les ex-commissionnaires sont soupçonnés d’avoir mis de côté les biens non-répertoriés dans l’inventaire du commissaire-priseur, avant de les stocker à Drouot ou dans leurs containers à l'entrepôt de la rue Louis David, à Bagnolet. Ils étaient ensuite vendus aux enchères grâce à des commissaires-priseurs, qui parfois sollicitaient les commissionnaires afin qu'ils leur proposent des objets quand il leur en manquait pour compléter une vente.  Quelques 250 tonnes d’objets anciens, du bibelot à la toile de maître (un Chagall, un Courbet) ont été retrouvés par les enquêteurs. Système institutionnalisé de vols, qui aurait perduré pendant des dizaines d'années au sein de la corporation, voire même 150 ans. En raison du délai de prescription, ne sont poursuivis que les faits à partir de février 2006, trois ans après le début de l'enquête. Ces "cols rouges" appelés ainsi en raison de leur uniforme étaient tous Savoyards. On entrait dans l’Union des Commissionnaires de l’hôtel des ventes (UCHV) de Drouot de père en fils, d’oncle en neveu, par cooptation. Un monopole accordé par Napoléon III.  Au sein de cette communauté de travail, les liens étaient donc très forts et les secrets bien gardés.

les SAVOYARDS

Qui sont les « cols rouges » ?

Facilement identifiables - veste noire au col liseré de rouge avec, comme seul signe distinctif, un numéro brodé en fil d'or -, les commissionnaires sont membres associés d'une société en nom collectif, l'Union des commissionnaires de l'hôtel des ventes (UCHV). Sa gérance est assurée depuis 1998 par un brigadier, René Revial, et un sous-brigadier. Tous les commissionnaires sont égaux au sein de l'Union. Chaque commissionnaire a les mêmes droits et devoirs que ses associés.

Leur statut indique que les «cols rouges» ne sont pas salariés et ne sont pas soumis à une durée de temps de travail fixe. La moyenne hebdomadaire oscille entre 65 et 70 heures, du lundi au dimanche inclus, pour un salaire pouvant atteindre 4 000 à 5 000 euros brut, dont il faut déduire 45 % de charges.

L'UCHV, dont la création remonte à 1832, est sans doute l'une des plus anciennes corporations de France. Au milieu du XIXe siècle, le recrutement s'effectuait surtout parmi les Savoyards en quête de travail à Paris. Vers 1860, Napoléon III leur accorda le monopole de la manutention à l'hôtel des ventes. 

Un cadeau fait à ses habitants par Napoléon III, après le rattachement de la Savoie à la France en 1860. 

Depuis cette époque, 110 commissionnaires originaires de Savoie et de Haute-Savoie officient à Drouot. Aujourd'hui, les Savoyards restent cooptés par leurs pairs au gré des places vacantes (il y en a cinq aujourd'hui). Ils continuent à faire rouler chaque matin les dés sur un comptoir pour distribuer les activités de la journée : transport, conduite des camions vers les entrepôts, mises en salles?

Comment s'attaquer alors au fonctionnement séculaire de ce lieu mythique des enchères brassant 800 000 objets au fil de 2 000 dispersions par an ? Pourquoi mettre fin à cette mécanique conduite de main de maître par les commissionnaires, ces fameux «cols rouges» ou «Savoyards» ? Chargés de la manutention des objets mis en vente, de leur transport, de leur stockage et de leur présentation, ils ont un savoir-faire vital pour Drouot. D'autant plus vital que ces travailleurs durs à la tâche, disponibles sept jours sur sept, 24/24, ont fini par être majoritairement employés par les commissaires-priseurs. Réunis au sein d'une société en nom collectif, l' Union des commissionnaires de l'hôtel de ventes (UCHV), ils disposent d'un monopole de fait.

C'est la fin d'une histoire de 150 ans : 110 cols-rouges de la célèbre salle de vente de Drouot sont impliqués dans un affaire juridiciaire d'association de malfaiteurs, complicité de vol et recel de vol en bande organisée. Certains sot mis en examen et soumis à contrôle judiciaire à compter du 1er septembre 2010 et interdiction d'exercer.

Les cols rouges forment l'Union des commissionnaires de l'Hôtel des ventes Drouot. Ils ont pour tâches le transport et la manutention : préparer les lots, les installer pour les expositions, les présenter au public lors de la vente, les redistribuer après règlement, et les stocker. Leur organisation a tout d'une confrérie : tous viennent de Savoie et de Haute-Savoie depuis que Napoléon III a confié l'exclusivité de ces missions à ces régions, le recrutement se fait par cooptation et de père en fils. Chaque année ils transportent 800 000 pièces lors des 2000 ventes annuelles à Drouot.

DÉJÀ AVANT

Difficile de croire que personne parmi les instances dirigantes de la profession n'avait entendu parler de toutes ces affaires de vols. Ce n'est pas nouveau. Il y a quelques années, Les dossiers du Canard enchaîné de juin 1984 indiquaient que le tribunal correctionnel de Paris avait condamné un commissionnaire à six mois de prison avec sursis pour vol. En 2005, la chambre criminelle de la Cour de cassation évoquait le vol par un commissionnaire d'un service entier en porcelaine de la Compagnie des Indes. L'an dernier, enfin, un jugement du 11 mai du tribunal de grande instance de Paris condamnait le concierge de l'hôtel Drouot à deux mois d'emprisonnement avec sursis pour vol.

ARRESTATIONS

En décembre 2009 et août 2010, deux vagues d'arrestation parmi les cols rouges brisent le prestige de la plus grande salle des ventes aux enchères de France. Il leur est reproché d'avoir détourné des œuvres au cours des ventes, de s'être grassement servis en débarrassant les demeures des particuliers

PROCÈS

06/09/2016 condamnations au procès des "Cols rouges" de Drouot : jusqu'à 3 ans de prison dont la moitié avec sursis

Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé mardi 6 septembre des peines allant jusqu'à trois ans de prison, dont la moitié avec sursis, et 60.000 euros d'amende au procès des "cols rouges", déménageurs des objets d'arts destinés à être vendus à Drouot, poursuivis dans une vaste affaire de vols.

Dans le procès des Cols rouges, des peines allant jusqu'à trois ans de prison, dont la moitié avec sursis ont donc été prononcées par le Tribunal correctionnel de Paris. Onze des 49 prévenus ont été relaxés. Parmi les six commissaires-priseurs poursuivis, trois ont été condamnés, à des peines allant jusqu'à 18 mois de prison avec sursis et 25.000 euros d'amende.

L'Union des commissionnaires de l'hôtel des ventes de Drouot (UCHV), cette institution dont les 110 commissionnaires étaient actionnaires à parts égales, a quant à elle été dissoute et condamnée à 220.000 euros d'amende. C'est lors des "enlèvements", quand les commissionnaires vidaient un appartement ou une maison lors d'une succession que les vols auraient été commis, mais aussi parfois en marge des ventes. Certains objets se sont avérés être de grande valeur.

Association de malfaiteurs, vols ou complicité de vols en bande organisée, recel, voire blanchiment…. C’est un procès rare qui va se tenir à partir du 14 mars 2016  et pour trois semaines devant le tribunal correctionnel de Paris.

APRES (utilité?)

Aujourd'hui, l'urgence d'une vraie réforme s'impose depuis le scandale des objets volés dévoilés au grand jour avant Noël. Après la mise en examen d'un commissaire-priseur (Éric Caudron) et de huit commissionnaires, dont trois sont en détention provisoire pour « association de malfaiteurs» et « vols et recels en bande organisée», la profession ne pouvait que réagir. Après avoir interdit, dans un premier temps, aux commissionnaires de prendre des ordres d'achat pour des tiers - ce qui ne règle en rien le problème des vols -, Georges Delettrez, président de Drouot Holding, la société qui gère l'hôtel des ventes, est passé à la vitesse supérieure en prenant une série de mesures destinées à remettre de l'ordre. Mercredi, il a annoncé que, d'ici à la fin février, le transport serait désormais confié à plusieurs autres prestataires extérieurs agréés par Drouot.

Sanction disciplinaire

Petite révolution ou « effet d'annonce» comme l'observe Jean-Philippe Confino, avocat de l' UCHV. Il affirme que son client « n'était absolument pas au courant de ces vols en bande organisée». Chargé jusqu'à présent de la gestion courante de l'hôtel Drouot, Henri Luquet, diplômé de l'Essec et ancien directeur général de Lacoste et de Chevignon, vient d'être nommé directeur général. Sa première tâche est d'établir un cahier des charges. Pour respecter ce cahier, l'UCHV devra adapter son statut de société en nom collectif qui préservait ses membres de toute sanction disciplinaire. «En partenariat avec Drouot, l'UCHV travaille à la prise de mesures radicales pour renforcer la prévention et l'efficacité des sanctions à l'égard de ses membres reconnus coupables», précise Jean-Philippe Confino.

CHRONOLOGIE

Février 2009  Une dénonciation anonyme parvient, le 16 février 2009, à l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) : un membre de l’Union des commissionnaires de l’Hôtel des Ventes de Drouot, affirme-t-elle, est en possession de « Paysage marin sous ciel d’orage », une toile de Gustave Courbet volée en 2003. Une enquête préliminaire est ouverte. Des écoutes téléphoniques et des surveillances physiques sont mises en place.

Mai 2009  Les premières investigations révèlent l’existence d’un système généralisé de vol au sein de l’UCHV – avec la complaisance de certains commisseurs-priseurs. Le 18 mai 2009, une information judiciaire est ouverte.

Décembre 2009  Lors d’un coup de filet dans les sous-sols de Drouot et dans l’entrepôt de l’UCHV à Bagnolet, ainsi que chez des commissionnaires, les policiers retrouvent des objets d’art et des tableaux disparus, notamment le fameux Courbet. Douze personnes sont dans un premier temps interpellées.

Février 2010  La direction de Drouot annonce la suppression du monopole de fait détenu par l’UCHV. Plusieurs prestataires extérieurs travailleront désormais au côté des « Savoyards » ou « cols rouges ».

Juillet 2010  L’UCVH est mise en examen en tant que personne morale le 21 juillet 2010. Elle ne sera bientôt plus autorisée à exercer. Drouot lance un appel d’offre pour la remplacer – c’est l’entreprise Chenue qui sera choisie à la mi-septembre.

Septembre 2010  Les conclusions du rapport réclamé par la ministre de la Justice de l’époque, Michèle Alliot-Marie, après le scandale des ventes à Drouot sont accablantes. Il met en évidence le déclin et l’opacité de l’institution et souligne la nécessité de changer la gouvernance de la célèbre maison et d’ouvrir son capital.

Décembre 2010  Dans une interview aux « Echos », Georges Delettrez, président de Drouot Holding, assure que « 100% des manutentionnaires » ont été changés et que « Drouot est une forteresse imprenable et insubmersible ». Il ajoute s’opposer à une ouverture du capital.

Janvier 2011  Dans un livre intitulé « Adjugé, volé », le journaliste Michel Deléan revient sur l’affaire des vols de Drouot. Il donne des détails saisissants sur l’ampleur du trafic qui s’était organisé à l’hôtel des ventes. « C’est vrai, on en a tous croqué un jour ou un autre », admet ainsi un commissionnaire…

Octobre 2011  Après le scandale des vols des « Savoyards », Drouot engage sa transformation et réaménage ses structures.

Juillet 2012  Le Conseil des ventes volontaires (CVV), organisme de régulation des ventes publiques nationales, décide de suspendre pour deux mois le commissaire-priseur Claude Aguttes, président du conseil de surveillance de Drouot Enchères (la filiale chargée de gérer les salles de vente), accusé d’avoir « manqué de vigilance quant à la provenance d’un tableau et à l’identité de son propriétaire ». Une affaire remontant à 2007 qui tombe bien mal, Claude Aguttes ayant été choisi en septembre 2011 par Georges Delettrez pour remettre de l’ordre dans la maison…

Septembre 2012  Appelé à se prononcer sur son cas, le conseil d’administration de Drouot prend le risque de maintenir Claude Aguttes dans ses fonctions.

Mars 2016  Le procès des manutentionnaires de Drouot doit s’ouvrir le 14 mars devant le tribunal correctionnel de Paris. Les prévenus comparaissent pour association de malfaiteurs, vols ou complicité de vols en bande organisée, recel, voire blanchiment. L’audience doit durer au moins trois semaines.

voir le récit définitif

>> sites.google.com/site/leslilasavant2/base/savoyards-de-drouot

voir le récit en ligne sur MDL (mémoire des lieux de geneanet)>> geneanet.org/lieux/?id_marqueur=31330