Apocalypse Now

Le Film :

1979, adapté d’après un roman de Joseph Conrad, Au cœur des Ténèbres., 153 mn    /    Version Apocalypse Now Redux, 2001, 202 mn. 

Genre : un film de guerre et une réflexion philosophique 

Un film de l’excès  2 ans de tournage aux Philippines, 250 heures d’images pour n’en retenir que 3, un réalisateur rendu fou par son projet. 

Résultats : un succès mondial, Palme d’Or en 1979 à Cannes, 

 Un des premiers films à dénoncer cette guerre : 1979, alors qu'il est tourné dès 1976- 1978. 

2 autres films précurseurs : M.A.S.H. en 1969, mais dont l’action se passe en 1951, en pleine guerre de Corée, pour ne pas citer directement le Vietnam. 

                                                 Voyage au bout de l’Enfer, 1978, une fresque sur la destruction de l’individu.  

Synopsis : 

Lors de la guerre du Viêt Nam, les services secrets militaires américains confient au capitaine Willard la mission de trouver et d’exécuter le colonel Kurtz dont les méthodes sont jugées « malsaines ». Celui-ci, établi au-delà de la frontière avec le Cambodge, a pris la tête d’un groupe d’indigènes et mène des opérations contre l’ennemi avec une sauvagerie terrifiante. Au moyen d’un patrouilleur mis à sa disposition, ainsi que de son équipage, Willard doit remonter le fleuve jusqu’au plus profond de la jungle pour éliminer l’officier. Au cours de ce voyage, il découvre, en étudiant le dossier de Kurtz, un homme très différent de l’idée qu’il s’en faisait. Comment cet officier au parcours exemplaire a-t-il pu devenir le fou sanguinaire qu’on lui décrit ?

L’Auteur : 

 Francis Ford Coppola, né en 1939, débute sa carrière dans les années 1960 en Californie. Durant ses études à San Francisco, il se lie d’amitié avec Jim Morrison, futur chanteur du groupe The Doors. Il est d’abord scénariste. 

Le succès commence à venir dans les années 1970 avec la trilogie du Parrain. Il obtient des oscars pour ces films et une première palme d’Or à cannes en 1974. Il se lance alors dans un film qu’il prévoit être gigantesque.  

« Apocalypse Now n'est pas un film sur le Viêt Nam, c'est le Viêt Nam. Et la façon dont nous avons réalisé Apocalypse Now ressemble à ce qu'étaient les Américains au Viêt Nam. Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions trop d'argent, trop de matériel et petit à petit, nous sommes devenus fous »

Francis Ford Coppola, Interview, Cannes 1979.  

Pistes de lecture de cet extrait :

1 - Rôle de la musique : 

Chevauchée des Walkyries, Wagner, pour faire une guerre psychologique. Musique très appréciée par les Nazis. 

Rappel de la blaque de Woody Allen : « quand j’entends du Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne… »

2- Le capitaine : 

Il est marqué par la folie. Il est totalement en décalage face à toutes les situations. Sur la plage, il ne se protège pas des bombes. Il est obnubilé par le surf et les vagues. Sa réflexion sur la beauté de l’odeur du napalm est frappante. 

En même temps, il a conscience d’être protecteur de la population et il propose son hélicoptère pour sauver un enfant, mais est aussi capable de demander un bombardement au napalm. 

Il est marqué par l’hyper-puissance des Américains dans ce conflit, déconnecté des réalités.  

3- Attitude des soldats : 

- Victime de brutalisation : il s tuent et insultent leurs ennemis sans se rendre compte de la violence. Ils sont plus marqués par l’envie de faire du surf que par les victimes qu’ils tuent. 

- La panique et la peur : des jeunes lancés en pleine guerre, sans préparation, face à l’horreur de la guerre , encore humains et lucides.  

4- Les armes : 

Elles sont surpuissantes : les hélicoptères, les canons, les fusils mitrailleurs, etc. Les avions de chasse en plus arrivent avec leur napalm. Ces armes ne laissent aucune chance aux Vietnamiens. 

5- L’ennemi : 

Il est absent, on ne le voit que de loin, il n’est pas traité comme un personnage à part entière. Il est présenté en plein calme et comme une victime qui se défend face à l’agresseur. 

Il est aussi protégé par les Américains qui acceptent de les soigner. 

6- Quel narrateur : 

Le narrateur change régulièrement. C’est soit : 

- le héros du film, quand il prend la parole

- le réalisateur qui raconte avec son point de vue grâce au choix du montage. 

 7- Le montage : 

C’est un montage en parallèle surtout : il permet d’opposer et de construire le discours.  Le montage en parallèle commence par une image très particulière : une institutrice habillée de blanc, vaporeuse fait sortir en récréation les enfants. L’image est coupée par une vision des hélicoptères. Le parallèle se poursuit. Il montre l’invasion, l’intrusion dans une vie paisible des envahisseurs. 

Lecture historique de l’extrait 

 Pourquoi les américains étaient-ils persuadés de gagner cette guerre ? 

- une guerre très inégale et violente

- une guerre mécanisée et technologique. 

- l’exemple de Dien Bien Phû oublié. 

 Quel objet est totalement déplacé dans l’action ? Pourtant que nous dit-il de cette jeunesse ? 

- planche de surf chargée dans les Hélicoptères. Un caleçon de bain donné en pleine bataille sur la plage. 

- la surf culture des années 1960 : une jeunesse insouciante, qui se préoccupe des filles, du soleil, de plage, d’avoir de bonnes vagues et de drague dans les grosses voitures. (cf : Beach Boys)

Donc la civilisation des loisirs issue de la Société de consommation et de l’Américain Way of Life.  

Conséquences de cette guerre : 

- La même que les guerres coloniales : une population qui repousse le prétendu défenseur, devenu agresseur. 

- une victoire militaire inconstetée, mais un échec envers les populations et la communauté internationale. 

- la montée du mouvement hippies Peace and Love, et une contestation très forte du modèle de la société américaine. 

 Autre support  (voir infra)

 Nick Ut, la fille de la photo, 1973.                           Marc Riboud, la fille à la fleur, Manifestation contre le Vietnam, Washington DC, 21 oct 1967. 

 - une guerre montrée et dénoncée

- un échec :        le Sud Vietnam devient communiste 

                            La société américaine est traumatisée 

                            Les Etats Unis, défenseur des libertés passent pour des bourreaux. 

Remise dans le contexte ( en cours, hors cadre du document)

- Le Vietnam est une ancienne colonie française, l’Indochine

- Un pays décolonisé en 1954 et qui bascule dans le communisme dans la partie nord

- le sud est soutenu par les américains dans le principe de la théorie des dominos. 

- un pays coupé en deux comme la Corée, l’Allemagne. Guerre Froide incarnée. 

- une guerre qui cristallise les contestations dans la société américaine. 

- Premier conflit depuis 1945 qui nécessite autant d’hommes, donc une profonde blessure dans la jeunesse

- contestation qui s’impose dans la contre-culture du surf : refus de la consommation, insouciance 

- contestation politique avec le Power Flower qui s’impose dans les festivals (Monterrey, Woodstock) et qui s’ancre dans la non violence, une utilisation renforée des drogues connues et nécessaires au Vietnam

- la société de consommation prise dans un conflit du passé, et un décalage entre les préoccupations de loisirs des individus et la réalité du conflit.