« Je ne perds jamais : soit je gagne, soit j’apprends. » — Nelson Mandela
À la mi-mars 2025, j’ai été violemment pris pour cible dans ce que je considère comme une manœuvre politique brutale et injuste. Le maire d’Orsay m’a retiré ma délégation d’adjoint en m’accusant de « harcèlement sexuel ».
Devant la gravité de cette accusation — totalement infondée — et ses lourdes conséquences, je souhaite partager ici les faits, mon analyse, les suites engagées et les leçons que chacun pourra, s’il le souhaite, en tirer.
Les faits
En janvier 2024, j’ai adressé une proposition personnelle à une agente de la mairie. Cette proposition, formulée dans un cadre extra-professionnel, tenait en une phrase euphémisée : « approfondir notre relation ». Elle l’a refusée. Je ne l’ai jamais réitérée.
Par la suite, j’ai pris soin de dissiper la gêne que cette initiative avait causée. Notre relation professionnelle est redevenue tout à fait sereine et, à ma connaissance, elle l’est restée depuis.
Plus d’un an plus tard, en mars 2025 — au moment même où je m’apprêtais à annoncer une liste concurrente à celle du maire pour les municipales — un signalement a été déposé, j'ignore par qui.
Les actions du maire
L’attaque a été immédiate, brutale, et totalement disproportionnée :
Un entretien scénarisé et à charge, sans m’informer clairement des reproches ni me laisser me défendre avec un conseil.
Des injonctions immédiates : interdiction de paraître en conseil, suppression de mon mail professionnel (injonctions d’ailleurs illégales), confiscation de mes accès, exclusion des échanges avec la majorité.
Une communication publique de la mairie parlant d’« avances répétées non souhaitées » (alors que je n’ai reconnu qu’une unique avance), suscitant la parution consécutive d’articles de presse me nommant, et relayant cette version diffamatoire.
Une demande de retrait de ma vice-présidence à l’intercommunalité.
Cette stratégie — construite autour d’un récit amplifié — a fait son effet : ostracisation immédiate, soupçon public, et mise à l’écart totale.
Mes recours
Avec mes avocats, j’ai déposé une requête devant le tribunal administratif de Versailles pour contester la procédure et le retrait de ma délégation. D’autres actions sont à l’étude.
Je suis désormais conseiller municipal indépendant, ayant quitté la majorité sans rejoindre l’opposition déjà constituée. Cette position me permet d’exprimer librement mes critiques vis-à-vis de la gestion actuelle, notamment sur les orientations budgétaires, que j’ai jugées préoccupantes lors du dernier conseil.
Les conséquences
Pour moi :
Perte de mes fonctions d’adjoint et de vice-président.
Atteinte à ma réputation, alors que je suis élu depuis 17 ans à Orsay, dont 11 comme adjoint.
Impact fort sur ma famille, notamment sur mes huit enfants.
Pour la ville :
Une délégation lourde (urbanisme, territoire, secrétariat général) confiée à une élue déjà en charge de la culture.
Un risque de désorganisation des services à un an de la fin du mandat.
Des leçons à en tirer
Sur les comportements :
J’ai reçu beaucoup de soutien d’Orcéens, qui ont vu une manipulation derrière cette affaire. En revanche, l’attitude d’une grande partie des élus majoritaires m’a surpris : même ceux de mon propre camp, écologiste, ont préféré suivre le récit officiel, sans recul ni questionnement.
Sur notre époque :
Nous vivons une ère du storytelling politique où une accusation — même infondée — peut suffire à exclure et salir. L’affaire Bayou aurait dû servir de leçon.
Sur la stratégie politique :
Écarter un adjoint expérimenté pour prévenir une candidature concurrente aux élections à venir me semble être une erreur de jugement, voire le résultat d’une panique mal maîtrisée. La vérité, elle, finira par émerger.
Je publie ce texte pour exposer ma vérité, défendre mon honneur, et proposer une réflexion utile à tous.
Merci à celles et ceux qui m’ont soutenu.
Je reste engagé pour le bien de la commune, déterminé, et fidèle à mes valeurs humanistes.
Didier Missenard
Orsay, le 20 avril 2025.
PS : ci-dessous, je présente mon analyse détaillée de l'affaire.
Minutes de l’affaire du soi-disant « harcèlement sexuel » qui m’est reproché
Mi-mars 2024, une violente attaque politique m’a impacté, par surprise.
La sidération passée, je vous en donne le déroulé, mon interprétation, ses conséquences, et les leçons de vie que chacun pourra, s’il le souhaite, en retirer.
En effet, à la mi-mars 2025, le maire m’a retiré ma délégation d’adjoint au motif, rendu public, de « harcèlement sexuel ». L’épisode sur lequel il s’appuie est ridiculement ténu et n’est en rien susceptible d’être ainsi qualifié : d’ailleurs, ceux qui me connaissent, et ils sont nombreux à Orsay, m’ont dit leur stupéfaction, puis leur incrédulité quant à cette qualification abracadabrantesque.
L’épisode date d’il y a plus d’un an (en janvier 2024) : pour ce qui est « des faits », il s’agit d’une proposition très euphémisée que j’ai faite à une agente, qui l’a été dans un cadre péri-professionnel de son fait, et m’a conduit à une proposition : d’une unique phrase je lui ai, à mon souvenir, proposé « d’approfondir notre relation ». Après son refus, je n’ai jamais réitéré cette proposition, et les échanges ultérieurs que j’ai eus à ce propos avec elle visaient à dissiper la gêne consécutive à mon initiative et à retrouver notre relation habituelle, ce qui s’est fait en quelques semaines.
Le caractère tardif du signalement, en mars 2025, plus d’un an après les faits, et juste au moment où je m’apprêtais à proposer une liste électorale concurrente de celle du maire pour les élections municipales de mars 2026 interroge. Il semble que le signalement récent soit anonyme ; en tout cas il ne provient probablement pas de l’agente car nos relations sont excellentes depuis un an, et je ne la pense pas susceptible de me mettre en cause pour un épisode ancien et anecdotique, pour lequel nous avions surmonté la gêne qu’avait provoqué mon initiative, gêne qui n’a duré que quelques semaines.
La réaction du maire au signalement a été brutale et sans proportionnalité avec le fait unique (l’avance) et sa conséquence (une gêne réciproque) :
- interrogatoire scénarisé comme un passage en jugement, me prenant totalement au dépourvu, me sidérant, m’empêchant de recourir à un conseil et lors duquel je n’ai pas disposé d’informations précises sur ce qui m’était reproché, le maire ne me donnant que des bribes d’information, et aucune sur une lettre qui m’était reprochée et dont j’avais complètement oublié le contenu ;
- immédiatement après l’entretien, injonctions de ne plus paraître en conseil municipal et communautaire, fermeture de mon compte mail mairie (injonctions toutes les trois illégales), de ne plus assister aux réunions municipales, retrait de ma clé, de mon badge, de mes affaires dans mon bureau, ostracisation par élimination des fils WhatsApp de la majorité ;
- parution dans le fil Facebook de la mairie d’un post annonçant le retrait de délégation d’un adjoint non nommé avec l’accusation de « harcèlement sexuel » et la mention « l'élu a reconnu en partie les faits : en l'occurrence, des avances répétées non souhaitées », diffamatoire car je n’ai reconnu qu’une avance et l’envoi d’une lettre (dont le contenu s’est révélé dépourvu de réitération), d’où en sont découlés deux articles de presse mentionnant la même qualification mais cette fois-ci donnant mon nom (dont on peut se demander de quelle façon les journalistes l’ont obtenu) ;
- demande au président de l’intercommunalité du retrait de ma fonction de vice-président.
Une stratégie classique
La lourdeur des sanctions du maire et mon ostracisation immédiate (qui m’a empêché de réagir efficacement) a fait s’interroger autour de moi : si la réaction d’un maire a été si vive, il est difficile de croire qu’elle ne s’appuie, en fait, que sur "du vent".
C’est la stratégie du « story telling », qui peut emporter, grâce à un récit biaisé, l’opinion de ceux qui, soit réfléchissent trop peu, emportés par l’émotion engendrée par l’accusation de VSS (Violences Sexistes et Sexuelles), soit veulent croire à un récit qui renforce, pour les élus majoritaires, leur appartenance de groupe. De nos jours, accuser un adversaire de VSS est plutôt efficace, même si l’accusation ne repose sur rien : l’affaire récente de J. Bayou n’a pas encore suffisamment servi de leçon.
De très lourdes conséquences
Les conséquences en sont néanmoins très lourdes pour moi, au-delà de la perte de mes deux mandats d’adjoint et de vice-président de la CPS :
- atteinte à ma réputation (je suis très connu à Orsay, et en bien, je crois, pour y habiter depuis 40 ans, y avoir enseigné pendant 36 ans, et y être élu depuis 17 ans, dont 11 comme adjoint, et 4 comme premier adjoint) ;
- impact lourd sur ma famille : j’ai huit enfants (qui ont entre 18 et 45 ans). Tous sont impactés, même les moins jeunes.
Mais elles sont aussi lourdes pour la commune, puisque ma délégation, importante (urbanisme, territoire, secrétariat général) a été attribuée à l’élue en charge de la culture, qui devra cumuler les deux délégations, toutes les deux considérables en charge de travail. De plus, l’urbanisme est un domaine technique qui nécessite un apprentissage long : de ce fait, il est à craindre que les services ne soient en manque de pilotage et d’appui politique pour cette année de fin de mandat.
Avec mes avocats, j’ai déposé une requête introductive d’instance auprès du tribunal administratif de Versailles, contestant la procédure en général, et en particulier la légalité du retrait de mon mandat ; mais d’autres recours sont en cours d’étude.
Sur le plan politique, je me suis évidemment mis en retrait de la majorité du maire, mais n’ai pas rejoint les minorités ; je suis donc désormais conseiller municipal indépendant. Cette position libre me permet de pouvoir énoncer publiquement les réserves que, depuis plusieurs année, j’ai vis à vis de la politique menée par le maire actuel, politique qui est dans le droit fil de celle de l’ancien maire. En particulier, budgétairement, la politique menée est de court terme, trop souvent fondée sur un certain clientélisme, pratique court-termiste qui pèse sur l'administration, lui rendant difficile une stratégie réfléchie.
Ainsi, le 10 avril, en conseil municipal, j’ai pu dénoncer cette politique budgétaire, car sa trajectoire emmène la commune vers des difficultés importantes avec l’émergence de l’Opération d’Intérêt National sur le plateau de Saclay : j’ai donc voté contre le budget primitif proposé, en argumentant de façon chiffrée et détaillée les raisons de ce vote (cf. l'article d'avril 2025 sur ce site).
Des leçons
Sur le plan des leçons de vie que j’en tire, elles sont nombreuses, et, si je les expose ici, c’est pour que chacun puisse en tirer profit : une vie à enseigner, on ne se refait pas…
D’abord, vis à vis du comportement des uns et des autres dans cette affaire :
- du côté des Orcéens, j’ai reçu des encouragements qui m’ont rasséréné : la plupart de ceux que j’ai croisés ont tout de suite pensé que l’affaire relevait d’abord d’une manipulation politique visant à me m’éliminer de la scène locale, et, pour ceux qui me connaissent, ne m’ont pas cru une seconde capable de « harcèlement ».
- du côté des élus majoritaires, il en est allé autrement, car, à l’exception de quelques-uns, à l’honnêteté intellectuelle solide, et qui m’ont soutenu, beaucoup, dont, à mon grand étonnement, tous les élus de mon camp politique écologiste, ont investi le récit onirique du maire et m’ont « enfoncé la tête sous l’eau » à un moment où je peinais à surnager. Autant cette attitude n’a rien d’étonnant de la part de ceux d’entre eux qui étaient déjà très proches du maire, autant je me suis interrogé pour les autres, qui étaient pourtant parfois critiques : effet groupal, attachement aux délégations, ou perspectives d’y accéder ? Quoi qu’il en soit, le critère qui a distingué les attitudes des uns de celles des autres est bien cette honnêteté intellectuelle essentielle, qualité personnelle profonde qui transcende les choix partitaires. Regardez autour de vous : franchise et sens moral permettent souvent de deviner ce que les gens ont, au fond, dans le cœur.
Ensuite, quant à la dérive bien contemporaine du « story telling » : si ces méthodes ont toujours existé, il est vrai que l’émergence des « réalités alternatives » prend une importance inquiétante dans les contextes politiques et géopolitiques actuels. Ne pas se contenter de jauger la réalité uniquement dans ce qu’elle donne à voir dans l’immédiat, mais prendre le temps de tenter de l’appréhender dans sa complexité nécessite juste de prendre un peu de temps, de la réflexion, et un sens de l’éthique pour s’y livrer. Pour ce qui est de mon affaire, la précipitation délibérée dans laquelle le processus, élaboré, a été mené, a conduit la plupart des acteurs à une sidération qui n’a pas été propice à une réflexion distanciée : le temps permettra-t-il à certains de reprendre leurs esprits ?
Enfin, sur le plan tactique, il est étonnant de voir que le maire, pour éliminer un possible adversaire aux municipales, se prive d’un adjoint, certes parfois critique, mais dans les limites du raisonnable, alors que son implication et son expertise font, je crois, consensus. Je peine à voir l’intérêt sur le moyen terme de cette opération, de laquelle l’image du maire sortira sans doute au mieux écornée ; sur un terme plus long, quand les procédures judicaires auront abouti, ce sera pire encore. La leçon, là, est de jamais se laisser aller à agir sous le coup de la panique, ce qui a dû être la cas ici.