Le point au 1er juin 2025
sur les accusations dont je suis l'objet
Ce texte a pour but d’examiner au plus près ce qui m’est factuellement reproché, en fournissant autant de détails que possible, afin d’expliquer ce en quoi ceux qui m’accusent me semblent transfigurer les événements, au point que, dans leur version, ce qui est décrit n’a plus grand chose à voir avec la réalité.
Les faits
Le 13 mars 2025, le maire m’a accusé de « harcèlement sexuel » à l’égard d’une agente.
Il m’a aussitôt retiré mes délégations, ce qui est un geste fort.
Il a ensuite publié sur le fil FaceBook de la mairie un post affirmant que j’aurais « reconnu en partie les faits : en l’occurrence des avances répétées non souhaitées ».
Surpris par ce déroulé inattendu, j’ai pris le temps de revenir sur ce qu’il me reproche, et j’affirme maintenant, avec véhémence, ma totale innocence sur le plan pénal et même sur le plan moral.
J’ai donc déposé plusieurs recours à son encontre, dont une plainte en diffamation publique.
En effet, si nous avons bien eu, l’agente et moi, des interactions qui dépassent le cadre professionnel, le contenu factuel des deux interactions qui me sont reprochées est le suivant :
- d’une part, nous avons bien eu un échange oral, il y a plus d’un an, au cours duquel j’ai formulé une proposition, qui s’est tenue dans un contexte extra-professionnel : cet échange s’est réduit à deux phrases (la proposition et une réponse négative), sans réitération aucune de cette proposition, ni le jour même, ni par la suite ;
- d’autre part, si je lui ai bien envoyé une lettre quelques jours plus tard, ce n’était en rien dans le but de réitérer ma proposition, mais bien au contraire pour remettre les choses à plat de façon que nos échanges, dont la qualité était affectée par une gêne mutuelle, puissent redevenir sereins dans le cadre professionnel initial. Cet embarras s’est dissipé après quelques échanges à ce propos, ce qui nous a permis ensuite de travailler ensemble plus d’un an durant, sans aucune difficulté. Pour preuve de ma bonne foi, j’ai retrouvé trace de cette dernière lettre et suis disposé à la donner à voir.
Un enjeu politique ?
S’il n’y a rien de répréhensible, alors pourquoi le maire a-t-il pris l’initiative de me retirer mes délégations, action lourde de conséquences et, du fait du caractère non avéré des accusations, hasardeuse pour lui ?
Le maire l’a justifié comme « nécessaire à la sérénité de l’enquête », mais l’argument est difficile à entendre alors que l’agente partait en congé maternité au moment même où le signalement a été déposé : ce congé la mettait donc à l’abri de toute tentative de pression.
Le calendrier interroge : en effet, ce signalement plus d’un an après ma proposition, a été déposé quatre jours avant la tenue d’une réunion constitutive d’une liste électorale autonome (concurrente de celle du maire) pour les municipales de mars 2026, et dont je devais prendre la tête. Le retrait de mes délégations s’en est suivi deux jours après, retardant de fait le projet de liste.
Je me demande si cette attaque n’est pas motivée par l’imminence du projet de montage d’une telle liste autonome, et si elle n’a pas été mise en œuvre en urgence seulement du fait de l’approche de la réunion qui devait acter cette constitution. L’urgence est patente du fait que le maire, en me retirant mes délégations, a formulé à mon égard trois injonctions illégales : interdiction de paraître en conseil municipal et en conseil communautaire, et suppression de mon compte de courrier électronique. Une lettre recommandée l’a obligé à revenir sur ces ordres, mais le caractère d’illégalité évidente des injonctions laisse à penser que son initiative a été prise sous le coup d’une telle urgence, de facto non liée aux reproches qui me sont faits.
Suites judiciaires
Avec mes avocats, nous initions plusieurs actions judiciaires, dont :
- une requête introductive d’instance auprès du tribunal administratif de Versailles, contestant la légalité des actions du maire : le retrait de délégation, l’interdiction de paraître au conseil municipal et au conseil communautaire, la fermeture de l’accès à la messagerie électronique. Potentiellement grave, mon absence sur ordre au conseil municipal du 17 mars risque d’invalider les décisions qui y furent prises, et spécialement la présentation du Rapport d’Orientation Budgétaire (le ROB), qui précède le vote du budget primitif 2025 de la commune et fragilise donc aussi ce dernier, comme j’en ai informé la préfète ;
- une plainte en diffamation visant la qualification publique et sa diffusion sur le réseau social de la mairie, qui a entraîné la publication de deux articles de presse me désignant nommément, et faisant de facto fi de la présomption d’innocence.
À terme
L’enquête administrative diligentée par le CIG (Centre Interdépartemental de Gestion de Versailles) est achevée. J’ai demandé par lettre recommandée au maire qu’il m’en communique copie : j’informerai des suites de cette demande sur ce même site.
Les actions judiciaires, elles, ne trouveront leur issue que d’ici un an ou deux du fait des délais d’instruction des tribunaux sollicités, administratif et correctionnel. Le retrait des délégations consenties par le maire l’a été « sous réserve que sa décision ne soit pas inspirée par des motifs étrangers à la bonne marche de l’administration communale » : nous entendons bien démontrer que cette réserve rendra caduque ce retrait, et obtenir réparation des dommages considérables portés à ma réputation, après 40 ans d’exercice comme enseignant dans les établissements scolaires de la commune, 17 ans comme élu municipal dont 11 comme maire-adjoint et 4 comme premier adjoint, et ayant été, je crois, apprécié toutes ces années dans toutes ces fonctions.
Des leçons à tirer de cette affaire
Deux mois après cette accusation inattendue et profondément bouleversante pour moi et mes huit enfants, j’ai pu enfin prendre un peu de recul.
Parmi les personnes que je pensais compter parmi mes amis, certains ont immédiatement adhéré à l’abracadabrant récit augmenté du maire sans même s’interroger sur sa vraisemblance, quand d’autres se sont tout de suite manifestées auprès de moi pour me dire leurs doutes. Le distinguo s’est fait sur une qualité, l’honnêteté intellectuelle, dont j’ai pu constater qu’elle transcende les choix politiques, car j’ai reçu des manifestations de solidarité d’anciens et d’actuels élus de tous bords, d’Orsay comme des communes voisines. Dans mon propre parti (Les Écologistes) je n’ai cependant guère trouvé de soutien parmi les élus : naïveté, intérêt bien compris, ou adhésion trop stricte à des postures féministes, certes tout à fait légitimes, mais qui n’ont de sens qu’utilisées avec un discernement qui s’impose dans des affaires de cet ordre ?
Il reste que la plupart des gens sont maintenant empruntés vis à vis de moi, manquant d’information pour savoir ce qu’il en est, et hésitant sur l’attitude à avoir : cela affecte toute ma sociabilisation, et touche même cruellement les relations au sein même de ma famille. Le temps, et les jugements à venir, y remédieront certes, mais cela sera long. L’affaire aura eu largement le temps de m’affecter dans ma vie privée, dans ma vie politique, dans toute ma sociabilité, et émotionnellement.
Je reste quoi qu’il en soit impliqué corps et âme au service des Orcéennes et Orcéens, comme je l’ai été toutes ces années.
Je vous remercie d’avoir eu la patience de me lire. J’espère que ce texte vous permettra d’accéder à une vision que je crois plus complète, plus proche du réel, de l’ensemble de la situation ; je vous laisse tirer votre propre avis des éléments que je viens de présenter.
Orsay, le 1er juin 2025
Didier Missenard