SOCIÉTÉ mycologique du BÉARN

lE SAVIEZ-VOUS ?

Table des matières :

1 - Découvert en Bretagne, un champignon menace de décimer les forêts françaises

Le champignon a déjà entraîné l'abattage d'une cinquantaine d'hectares d'arbres dans le Finistère. — JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Phytophthora ramorum. Voici le nom d’un champignon redoutable qui pourrait bien faire des ravages dans certaines forêts françaises. Le danger est bien réel comme l’atteste l’avis publié cette semaine par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur les risques que présente « cet agent phytopathogène ». 

C’est en mai 2017 que le Phytophthora a été détecté pour la première fois en France dans la forêt des Monts d’Arrée (Finistère). A l’époque, un agent de l’Office national des forêts avait eu la désagréable surprise de découvrir des mélèzes du Japon frappés par la maladie sur une cinquantaine d’hectares.

« La cime des arbres avait bruni et toutes les aiguilles étaient tombées en même temps », indique Philippe Reignault, directeur du laboratoire de la santé des végétaux de l’Anses. Saisie par le ministère de l’Agriculture, l’agence a réussi, après des analyses poussées, à identifier le coupable au nom savant.

Le champignon a déjà sévi en Californie et en Grande-Bretagne

Avant de faire parler de lui en France, le Phytophthora ramorum a déjà fait des ravages ailleurs dans le monde. Il a notamment décimé une population de chênes au milieu des années 1990 aux Etats-Unis avant de s’en prendre à des plantations de mélèzes du Japon à partir de 2009 en Grande-Bretagne. C’est sur ce même résineux qu’a donc été détecté le parasite  en Bretagne, entraînant l’abattage de tous les arbres malades.

Depuis la détection de ce premier foyer, les autorités sanitaires multiplient les surveillances afin de détecter d’éventuels nouveaux foyers. En Bretagne bien sûr où les mélèzes du Japon sont assez nombreux mais aussi en Normandie, dans le Limousin ou dans les Cévennes. « Ce sont des régions avec un climat tempéré, particulièrement favorable au développement de ce champignon », souligne Philippe Reignault. Les experts s’interrogent également sur la vulnérabilité de certaines autres espèces. « Il y a des inquiétudes sur le châtaignier », précise-t-il.

Des recommandations pour éviter l’épidémie

Sur le qui-vive, l’Anses ne compte pas laisser l’épidémie s’installer. Elle a ainsi listé une série de mesures et formulé des recommandations pour surveiller et éradiquer le Phytophthora ramorum. « On préconise d’arrêter de planter des espèces de mélèzes dans les régions où il y a un risque », indique Philippe Reignault. Les contrôles vont également être renforcés dans les pépinières et les jardineries, le champignon étant particulièrement friand des plants de rhododendrons.

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Source : https://www.20minutes.fr/planete/2462143-20190228-decouvert-bretagne-champignon-menace-decimer-forets-francaises

https://twitter.com/Anses_fr/status/1100680465504182273/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1100680465504182273&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.20minutes.fr%2Fplanete%2F2462143-20190228-decouvert-bretagne-champignon-menace-decimer-forets-francaises

2 - Découverte de champignons mangeurs de plastique

Découvert en Amazonie, un petit champignon a une habitude étrange mais prometteuse : il dégrade, pour les manger, des résidus de plastique. Pestalotiopsis microspora deviendra-t-il un fidèle ouvrier de nos stations d'épuration ? 

Durant l'été 2011, des étudiants en biochimie de l'université de Yale ont passé deux semaines en Équateur, dans la forêt amazonienne. Leur but était de récupérer des organismes endophytes, c'est-à-dire des champignons et des bactéries vivant à l'intérieur des plantes. Revenue aux États-Unis, une partie de l'équipe a étudié la résistance de plusieurs champignons à des résidus de matière plastique. Avec surprise, le groupe de Pria Anand a repéré un champignon ascomycète, Pestalotiopsis microspora, qui semblait dévorer un certain plastique, en l'occurrence le polyuréthane (ou polyuréthanne en bon français, d'autant qu'il ne se compose pas d'éthane). Ce polymère d'uréthane (un carbamate), encore appelé PU ou PUR, est très utilisé dans l'industrie pour la fabrication de mousses isolantes, de colles ou de peintures, sans oublier le Lycra, les roues de patins à roulettes et bien d'autres usages.

Considéré comme chimiquement inerte, le polyuréthane représente une masse de déchets considérable. Les polyuréthanes sont pour la plupart thermodurcissables, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent être recyclés.

Le champignon se nourrit vraiment de plastique

Pourtant, dans les boîtes de Petri, les biochimistes ont découvert que deux souches de P. microspora faisaient disparaître les petits morceaux de PUR et semblaient même dépendantes de ce plastique pour leur approvisionnement en carbone ! Jonathan Russel a, lui, étudié l'arsenal enzymatique de ces champignons et a découvert l'enzyme responsable de cette prouesse, en l'occurrence une hydrolase à sérine. Cette enzyme a de plus le bon goût de fonctionner en l'absence d'oxygène, une caractéristique précieuse dans une station d'épuration. C'est la première fois que l'on découvre un organisme capable d'une telle dégradation d'un plastique et ce en milieu anaérobie.

Ce champignon fait donc bien mieux que les trois souches étudiées par des chercheurs indiens depuis 2010 pour dégrader le polycarbonate (ou BPA), une matière très utilisée et contenant le dangereux bisphénol A.

Est-ce à dire que Pestalotiopsis microspora va prochainement être essaimé dans toutes les stations d'épuration du monde ? Les chercheurs, qui n'en sont qu'à la publication des premiers résultats dans Applied and Environmental Microbiology, se gardent d'une telle prédiction, se contentant de conclure que la découverte démontre l'intérêt d'étudier les endophytes pour dénicher des fonctions biochimiques intéressantes.

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Plus récemment, a été découvert au Pakistan l’Aspergillus tubigensis, un champignon mangeur lui aussi de plastique.

C’est à un groupe de scientifiques piloté par Sehroon Khan du World Agroforestry Centre que l’on doit cette trouvaille. En prélevant plusieurs échantillons d'une décharge au Pakistan, ils ont en effet pu établir la présence de ce champignon «magique». Car celui-ci possède diverses propriétés qui pourraient bien s’avérer déterminantes dans l’élimination des matières plastiques.

L’Aspergillus tubigensis pousse à la surface du plastique où il est capable de secréter des enzymes qui détruisent peu à peu les polymères. Dans son action, le champignon est également aidé par le mycélium qu’il produit. 

Les chercheurs comptent poursuivre leurs recherches pour déterminer notamment si le champignon est plus efficace à une température de l’air précise. Mais d’ores et déjà, Sehroon Khan et son équipe se projettent sur le long terme et ambitionnent de voir l’Aspergillus tubigensis déployé dans les stations de traitement. 

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Sources : 1/ Aspergillus tubigensis :Par CNEWS - Mis à jour le 22/09/2017 à 07:26 Publié le 22/09/2017 à 07:24 - 

2/ Pestalotiopsis microspora : https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/botanique-champignon-mange-plastique-38101/



3 - Une étude a élucidé comment un champignon pathogène peut affaiblir le système immunitaire

Une équipe de chercheurs a étudié une toxine libérée par le champignon Aspergillus fumigatus dans son hôte, qui affaiblirait ses défenses immunitaires. 

L’Aspergillus fumigatus, un champignon qui libère des spores microscopiques dans l’air lui permettant de se répandre partout sur Terre, peut être aperçu sur des murs humides en formant des grosses tâches noires, une fois les spores développés. Leur omniprésence dans l’air fait qu’ils sont fréquemment inhalés, mais ils restent sans danger si l’hôte possède un système immunitaire en bonne santé.

Cependant, il peut être mortel pour un organisme immunodéprimé, comme les personnes séropositives ou celles devant prendre régulièrement des immunosuppresseurs, le classant ainsi dans la catégorie des pathogènes opportunistes. Il est responsable de l’aspergillose, une maladie affectant particulièrement les poumons, qu’il préfère coloniser, rendant également les personnes ayant connu des maladies pulmonaires sensibles à l’infection.

Le Pr. Oliver Werz et son groupe de l’Université d’Iéna, en Allemagne, se sont intéressés aux mécanismes d’évasion du champignon face aux défenses immunitaires, et se sont concentrés sur une mycotoxine libérée par ce dernier. Les résultats de leur recherche ont été publiés cette semaine.

Cette molécule, la gliotoxine, était déjà connue auparavant, mais son action sur le système immunitaire n’a jamais été clairement élucidée.

« On savait que cette substance avait un effet immunosuppresseur, ce qui signifie qu’elle affaiblissait l’activité des cellules du système immunitaire », déclare Werz.

Afin de mieux comprendre son fonctionnement, l’équipe a mis en contact des neutrophiles (cellules immunitaires constituant l’une des premières lignes de défense d’un organisme) avec de la gliotoxine synthétisée.

En temps normal, lors de la détection d’un pathogène, les neutrophiles libèrent dans le sang la leucotriène B4, une molécule attirant d’autres cellules immunitaires en nombre sur le lieu de l’infection, afin de neutraliser plus efficacement les intrus.

Cependant, l’Aspergillus est capable d’interférer avec la production de cette molécule d’alerte grâce à la gliotoxine, qui va bloquer la synthèse de la leucotriène B4 par les neutrophiles, en inhibant la LTA4 hydrolase, une enzyme nécessaire lors de la production de leucotriène B4.

« Cela interrompt la communication entre les cellules immunitaires et détruit le mécanisme de défense. En conséquence, il est facile pour les spores – dans ce cas le champignon – qui pénètrent dans l’organisme, d’infiltrer des tissus ou des organes », explique Werz.

L’aspergillose peut prendre plusieurs années pour se développer dans l’organisme, la maladie étant souvent difficile à diagnostiquer au début. On estime que plus de 3 millions de personnes en sont atteintes dans le monde, dont 240’000 en Europe.

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Source : Cell Chemical Biologyhttps://trustmyscience.com/une-etude-a-elucide-comment-un-champignon-pathogene-peut-affaiblir-le-systeme-immunitaire/



4 - Les champignons, une menace silencieuse sur la santé et l’alimentation humaine

Les pesticides épandus pour protéger les récoltes des attaques fongiques ont engendré des résistances, y compris chez des souches qui infectent l’homme.

Faites le test : demandez autour de vous quel champignon présente le plus de danger pour l’humain. Neuf personnes sur dix choisiront l’amanite phalloïde. Erreur on ne peut plus funeste. Avec ses quelques dizaines de décès en Europe les pires années, le « calice de la mort » devrait faire figure d’amateur dans la planète mycète. De même que le moustique surpasse de loin tous les animaux réputés féroces, les vrais tueurs, chez les champignons, sont microscopiques, méconnus et autrement plus meurtriers que notre vénéneuse des forêts.

Cryptococcus, pneumocystis, aspergillus et candida : chaque année, chacune de ces grandes familles tue plusieurs centaines de milliers de personnes. Selon les dernières estimations du Gaffi (le Fonds global d’action contre les infections fongiques), les pathologies associées feraient au moins 1,6 million de victimes annuelles, soit presque autant que la tuberculose (1,7 million), la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. « Des estimations basses », précise le professeur David Denning, directeur exécutif du Gaffi et chercheur à l’université de Manchester.

D’autant qu’elles ne prennent nullement en compte le poids des attaques fongiques dans les désordres alimentaires mondiaux. Les deux principales pathologies du blé, la septoriose et la rouille noire, toutes deux provoquées par un champignon, feraient baisser la production mondiale de 20 %. La production ainsi perdue suffirait à nourrir 60 millions de personnes. Étendues à l’ensemble des cultures agricoles, c’est 8,5 % de la population mondiale, soit environ 600 millions de personnes, selon des chiffres publiés en 2012, qui pourraient garnir leurs assiettes si les lointains cousins de la truffe épargnaient les récoltes.

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Souce : Le Monde Par Nathaniel Herzberg - Publié le 17 septembre 2018 à 18h06 - Mis à jour le 18 septembre 2018 à 12h10https://www.lemonde.fr/long-format/article/2018/09/17/les-champignons-une-menace-silencieuse_5356331_5345421.html

5 - Des microdoses de champignons hallucinogènes amélioreraient les capacités cognitives

Bien que l’analyse des substances psychédéliques dans le cadre de l’amélioration des capacités cognitives soit un champ de recherche relativement récent en neurosciences, plusieurs études ont déjà été menées sur certains psychotropes dont le microdosage améliorerait sensiblement les capacités de réflexion et de résolution. Une nouvelle étude semble confirmer ces résultats en ciblant, cette fois-ci, des prises microdosées de champignons hallucinogènes. 

Bien que seulement un petit nombre d’essais aient porté sur le microdosage du LSD, cette nouvelle étude est la première du genre à étudier de manière expérimentale le microdosage de champignons hallucinogènes et ses effets sur l’amélioration des capacités cognitives. Une équipe de neuroscientifiques européenne a étudié comment une microdose de champignons hallucinogènes, psilocybine ou truffes, affectait le fonctionnement cognitif du cerveau de 36 personnes lors d’un événement organisé par la Société Psychédélique des Pays-Bas.

Les participants ont reçu une dose unique de 0.37 gramme de truffes séchées et ont été invités à résoudre trois énigmes. Il convient de noter que le microdosage implique généralement la prise de petites doses régulières afin d’obtenir un effet cumulatif. Les chercheurs affirment néanmoins avoir observé des changements subtilement profonds chez leurs cobayes.

Les volontaires semblaient évoluer facilement dans les tâches de résolution de casse-tête tout en faisant appel à des solutions nettement plus originales et flexibles que celles utilisées avant la prise de la microdose. Un phénomène que les chercheurs définissent comme des « changements d’intelligence fluide ». Les résultats ont été publiés dans la revue Pyschopharmacology

« Nos résultats suggèrent que la consommation d’une microdose de truffes hallucinogènes a permis aux participants de créer davantage de solutions alternatives originales à un problème, apportant ainsi un soutien préliminaire à l’hypothèse selon laquelle le microdosage améliore la pensée divergente » explique Luisa Prochazkova, neurologue à l’Université de Leiden (Pays-Bas). « En outre, nous avons également observé une amélioration de la pensée convergente, à savoir une augmentation des performances sur une tâche nécessitant la convergence cognitive sur une solution unique correcte ou optimale ». 

Les portes de la recherche scientifique sur les psychédéliques viennent tout juste d’être ouvertes, mais de nombreuses études ont également été consacrées à leurs avantages potentiels. Certaines des découvertes les plus prometteuses à ce jour proviennent d’études sur la possibilité d’utiliser les principes actifs de champignons hallucinogènes pour soulager la dépression et d’autres problèmes psychiatriques.

Leurs avantages et leurs inconvénients ne sont pas encore tout à fait clairs. Cependant, de nombreux chercheurs se félicitent du fait que ce sujet peu connu soit au moins maintenant sujet à critique et à études rigoureuses.

« Outre ses avantages en tant que technique d’amélioration cognitive potentielle, le microdosage pourrait être étudié plus avant pour son efficacité thérapeutique afin d’aider les personnes souffrant de schémas de pensée ou de comportements rigides, telles que les personnes souffrant de dépression ou de trouble obsessionnel-compulsif » conclut Prochazkova.

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Source : Psychopharmacologyhttps://trustmyscience.com/microdoses-champignons-hallucinogene-amelioreraient-capacites-cognitives/

6 - Communication externe : les liens plantes-champignons

Les interactions entre les racines de la plante et les champignons du sol sont déterminées par un dialogue moléculaire impliquant une grande variété de molécules de communication.

Par Pascale Mollier

MIS À JOUR LE 05/09/2014

PUBLIÉ LE 30/07/2014 

Les racines des plantes s’étendent dans le sol et sont en contact avec des milliers de bactéries, champignons et animaux microscopiques qui entrent en compétition pour les ressources carbonées libérées par la plante. Parmi ces microorganismes, certains champignons établissent des contacts privilégiés avec la plante : leurs réseaux mycéliens minuscules, mais très serrés, communiquent avec les racines végétales. C’est une symbiose, ou encore un échange gagnant-gagnant dans lequel le champignon favorise la nutrition minérale de la plante (eau, phosphates, nitrates, micro-éléments) qui lui fournit en retour les composés organiques issus de la photosynthèse (glucose, fructose…).

 Différentes stratégies d’entrée en contact

 La récente analyse comparée des génomes de deux champignons symbiotiques (le laccaire et la truffe) met en évidence des similitudes dans les mécanismes moléculaires régissant l’interaction symbiotique: en particulier, ces champignons ont perdu la capacité de dégrader la paroi végétale. Il s’agit en effet de pour le mycélium du champignon de s’installer entre les  cellules racinaires de son hôte sans les blesser afin d’éviter l’induction des réactions de défense. Afin de faciliter la construction de cette interface symbiotique, le laccaire injecte dans la racine une panoplie de messagers protéiques chargés d’établir le dialogue, dont certains contrôlent les défenses immunitaires de l’arbre pour éviter le rejet du champignon. La truffe, plus brutale, se fraye un passage en force entre les cellules de la racine. Il semblerait même que la truffe pourrait digérer les racines qui l’hébergent après les avoir exploitées.

 La reconnaissance plante-champignon : un dialogue moléculaire

 Comment le champignon symbiotique reconnaît-il son partenaire végétal dans l’entrelacs souterrain des racines ? Et réciproquement, comment la plante hôte distingue-t-elle les « bons » champignons des « mauvais » ?

Vingt ans de recherche, essentiellement française, ont permis d’identifier les molécules du dialogue entre plante et champignon. Les racines de la plante émettent de petite quantité de strigolactones (voir partie 5), une hormone qui déclenche la germination de la spore de champignon. Le mycélium fongique émet à son tour des sucres diffusibles complexes, les lipochitosaccharides, en direction de la racine. Ces facteurs, dénommés « Myc », provoquent chez la plante une cascade de mécanismes moléculaires aboutissant à la formation de la structure d’échange symbiotique.

Le dialogue entre les champignons symbiotiques et leur plante hôte est très complexe et implique d’autres molécules diffusibles agissant de concert avec les facteurs Myc. Le mycélium colonisateur émet par exemple des hormones végétales (auxines, cytokinines, voir partie 5) et des protéines qui contrôle la réaction immunitaire de la plante.

 Une relation sous condition

 Cette symbiose mutualiste entre plantes et champignons du sol est une règle générale et concerne plus de 80% des espèces de  plantes. L’ensemble des mycorhizes consomme entre 5 et 20% des sucres produits par la photosynthèse des parties aériennes de la plante. Mais ce prélèvement de combustible de la plante est largement compensé par l’apport de minéraux qui stimule sa croissance.

Il a d’ailleurs été démontré que si le champignon cesse de fournir du phosphate, la plante, non seulement coupe aussi son apport en sucres, mais aussi digère les structures d’échange mises en place par le champignon dans ses racines. Une relation qui supporte mal la tricherie !

Contact(s)

Contact(s) scientifique(s) :

Département(s) associé(s) :

Écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques, Santé des plantes et environnement, Biologie et amélioration des plantes

Centre(s) associé(s) :

Grand Est - Nancy, Occitanie-Toulouse

7 - Un champignon OGM pourrait éradiquer le paludisme

Des scientifiques ont modifié génétiquement un champignon, lui permettant de tuer plus rapidement les moustiques porteurs de la maladie, expliquent la BBC et le Guardian.

Par LePoint.fr

Modifié le 01/06/2019 à 07:36 - Publié le 31/05/2019 à 19:32 | Le Point.fr

Les résultats ont prouvé que le champignon OGM pouvait tuer plus rapidement les moustiques en libérant la toxine une fois qu'ils l'avaient ingéré.

Une araignée et un champignon pourraient-ils faire disparaître à terme le paludisme ? 

C'est ce que laisse penser une expérience menée au Burkina Faso par des chercheurs de l'université américaine du Maryland, qui a permis de faire chuter de 99 % les populations de moustiques, qui transmettent la maladie, en l'espace de seulement 45 jours, relayent la BBC et le Guardian. Ce qui pourrait constituer une avancée majeure dans la lutte contre la maladie.

Pour leurs tests, les chercheurs ont sélectionné un champignon appelé Metarhizium pingshaense et qui infecte naturellement les moustiques porteurs du paludisme. Ils l'ont génétiquement modifié en lui intégrant une toxine du venin d'une espèce d'araignée originaire d'Australie. Les résultats ont prouvé que le champignon OGM pouvait tuer plus rapidement les moustiques en libérant la toxine une fois qu'ils l'avaient ingéré. « Une araignée utilise ses crocs pour percer la peau des insectes et injecter des toxines. Nous avons remplacé les crocs de l'araignée par le Metarhizium » a expliqué à la BBC le professeur Raymond St Leger, de l'université du Maryland.

435 000 morts en 2017

Les chercheurs ont commencé leurs expériences avec 1 500 moustiques. Une partie d'entre eux a été exposée au champignon mortel : après 45 jours, il n'en restait plus que 13, alors que le nombre d'insectes non exposés a considérablement augmenté dans le même temps, selon les résultats publiés dans la revue Science. « Le champignon transgénique a rapidement détruit la population de moustiques en seulement deux générations », analysé le Dr Brian Lovett, toujours pour la BBC. Les tests ont démontré que ce champignon n'était pas mortel pour d'autres insectes, comme les abeilles. « Notre objectif n'est pas de provoquer l'extinction des moustiques, mais de mettre fin à la transmission du paludisme dans la région », a tenu à rassurer le Dr Brian Lovett.

Cette méthode n'en est encore qu'à ses débuts et de nombreux obstacles réglementaires doivent encore être surmontés pour étendre les tests à d'autres régions, souligne toutefois le Guardian. Le quotidien britannique ajoute que de nouveaux outils sont nécessaires pour lutter contre le paludisme, alors que les moustiques sont de plus en plus résistants aux insecticides. Selon l'Organisation mondiale de la santé, 219 millions de cas de paludisme ont été recensés en 2017 dans 87 pays. Cette maladie a été la cause de 435 000 décès dans le monde la même année.

8 - Des champignons pour nettoyer les déchets radioactifs

Lorsque des scientifiques russes ont envoyé un robot dans le réacteur nucléaire de Tchernobyl en 2007, la dernière chose qu’ils s’attendaient à trouver était de la vie. À l’intérieur des zones les plus irradiées du cœur du réacteur nucléaire fondu se trouvait un groupe de fungi commun, des moisissures noires, poussant sur les murs de la cuve.

Ces moisissures poussaient dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète, avec des niveaux de radiations assez élevés pour tuer une personne en quelques minutes. Mais ces fungi ne se contentaient pas de se développer, ils prospéraient.

Un chercheur de l’Albert Einstein College of Medicine à New York, Arturo Casadevall, a enquêté sur ces moisissures résistantes et a aidé à identifier différentes espèces. Elles partagent tous une caractéristique distincte : elles contiennent des pigments de mélanine sur leur surface. 

La plus intéressante était peut-être une espèce courante de moisissure noire, la Cryptococcus neoformans. Ce fongus ne contient normalement pas de mélanine, mais lorsqu’il est exposé à des niveaux de radiation 500 fois supérieurs à la normale, il commence à produire de la mélanine en 20 à 40 minutes.

Le Cryptococcus et d’autres espèces croissent plus vite dans des environnements fortement irradiés qu’ils ne le font à des niveaux normaux de radiation. Le travail de Casadevall a permis de découvrir que les fungi utilisent la mélanine pour capturer l’énergie émise par le rayonnement ionisant, à la manière des plantes utilisant la chlorophylle pour capturer la lumière du soleil.

Le Cryptococcus neoformans est une moisissure capable d’absorber les radiations. (Wikimedia Commons)

Les niveaux de radiation sur Terre ont été dans le passé bien plus élevés qu’ils ne le sont aujourd’hui. De grandes quantités de spores fongiques ont été découverts dans des dépôts de la période du Crétacé inférieur, une période où a eu lieu une extinction massive des végétaux et des animaux.

Une cause possible de cette extinction de masse serait que le champ magnétique de la Terre se serait affaibli. Cela aurait permis une radiation cosmique et solaire dans notre atmosphère, excessive pour la plupart des formes de vie.

Mais ce qui a dû être un fléau pour la majorité de la vie sur Terre pourrait avoir été une aubaine pour les fungi contenant de la mélanine.

Ces champignons amateurs de radiations, rassemblés sous le terme scientifique de « mycètes radiotrophes », pourraient avoir de nombreuses applications. En 1987, sur le site de la catastrophe de Tchernobyl, de la graphite fortement contaminée et utilisée pour refroidir le réacteur s’est vue être décomposée par des espèces encore inconnues de fungi.

De nombreuses espèces de fungi sont également capables de concentrer différents métaux lourds. Après la fusion du cœur du réacteur de Tchernobyl, les cueilleurs de champignons de toute l’Europe ont été avertis de ne pas récolter et manger certaines espèces de fungi qui pourraient concentrer de fortes concentrations à la suite des retombées radioactives.

Gomphidius glutinosus est un champignon commun en forêt qui peut concentrer des taux de césium 137 radioactif jusqu’à plus de 10 000 fois les taux normaux de radiation. Pour une région ayant été contaminée par le césium mortel, comme la région du réacteur nucléaire de Fukushima au Japon, une solution pourrait être de répandre des spores de ces espèces de fungi. Il suffirait ensuite de récolter les champignons lorsque les capsules radioactives apparaîtront à leur surface.

Utiliser des fungi pour nettoyer des déchets radioactifs ou d’autres types de déchets est une technique émergente connue comme la mycoremédiation et promet d’être bien moins coûteuse que d’autres méthodes concurrentes. 


sources : https://fr.theepochtimes.com/champignons-peuvent-nettoyer-dechets-radioactifs-21677.html

Gomphidius glutinosus 

Gomphidius glutinosus est un champignon commun en forêt qui peut concentrer des taux de césium 137 radioactif jusqu'à plus de 10 000 fois les taux normaux de radiation. (Bernd Haynold/Wikimedia Commons) 

9 - Le champignon "mange-mégots" testé au festival du Cabaret Vert

Les champignons remplaceront-ils un jour les cendriers ? À Charleville-Mézières, le festival du Cabaret Vert teste pour la première fois une toute nouvelle invention en provenance de Belgique : un champignon qui digère les mégots de cigarettes. 

C'est une première en France. Cette année, le festival du Cabaret Vert remplacera une partie de ses cendriers par des champignons ! L'idée n'est ni fumeuse, ni hallucinatoire. Elle sort de la tête d'Audrey Speyer, une designeuse française installée à Bruxelles, qui s'intéresse depuis trois ans au potentiel de digestion des champignons

Avec sa start-up Purifungi, Audrey a d'abord mis au point des techniques pour dépolluer les sols dans des friches industrielles ou des aires de jeux pour enfants. Puis elle a conçu un cendrier en champignons qui lui a valu de remporter le hackathon du festival de Dour, en Belgique, le 11 juillet 2019. C'est à ce titre qu'elle sera invitée à tester son invention au Cabaret Vert, partenaire du festival de Dour dans le cadre du programme européen Interreg V. 

Comment ça marche ? 

Concrètement, on dépose sa cigarette dans une litière de paille, de copeaux, de bois, de carton qui sert de lieu de culture aux champignons. En deux semaines, le mycellium (la racine du champignon) se développe et recouvre le mégot. Ses enzymes le digèrent. En deux mois, le mégot a disparu (pour rappel, un mégot de cigarette peut mettre plusieurs années à se dégrader dans la nature et il peut polluer à lui seul 500 litres d'eau).

Il en résulte une espèce de résine que l'on peut récupérer. Ce nouveau matériau peut être utilisé comme brique de construction. Il peut se substituer au cuir ou même au plastique. Non contents de signer l'arrêt de mort des cendriers, les champignons pourraient remplacer le polystyrène. L'avantage de cet emballage en bioplastique, c'est qu'en le laissant se décomposer dans son jardin, on améliore la qualité du sol. 

Un tout premier test à Charleville-Mézières

Le champignon "mange-mégots" sera testé pour la toute première fois au Cabaret vert, à Charleville-Mézières, du 22 au 25 août 2019. Petit, abondant, toxique, le mégot de cigarette est le déchet qui donne le plus de fil à retordre aux équipes du festival. Jusqu'à présent, ils étaient remis au centre de traitement des déchets de Charleville-Mézières. 

Les organisateurs envisagent plutôt de développer des cultures de champignons dans les Ardennes pour, à terme, éliminer tous les mégots consommés par les 100 000 spectateurs. Le festival du Cabaret vert ne manque pas une occasion de développer des actions localement. 


sources : https://www.francebleu.fr/infos/insolite/insolite-le-champignon-mange-megots-teste-au-festival-du-cabaret-vert-1563465001

Cendrier champignon

Audrey Speyer, designeuse, s'intéresse aux vertus du mycellium. Le champignon digère les mégots de cigarette en deux mois. - Photo transmise par Audrey Speyer

10 - Ces plantes brillent grâce à de l'ADN de champignons 

En transférant de l'ADN d'un champignon bioluminescent, des scientifiques ont créé des plantes qui brillent fortement. 

Des scientifiques ont créé des plantes qui brillent par elles-mêmes 

Dans la revue Nature Biotechnology, une équipe internationale de chercheurs adossés à Planta, une start-up de biotechnologie Russe, annonce avoir réussi à produire des plantes luminescentes grâce à l'insertion dans leur génome d'ADN provenant de champignons bioluminescents. Ces végétaux transgéniques seraient beaucoup plus brillants que ceux déjà produits avec d'autres méthodes.

Une molécule commune

Pour fabriquer leurs plantes, ils ont utilisé une molécule commune aux champignons naturellement luminescents et aux végétaux, l'acide caféique. Cet acide est impliqué dans la synthèse de la lignine, un des principaux composant du bois et la molécule qui procure leur rigidité aux tiges. Chez les champignons, c'est l'acide caféique qui produit la lumière grâce à un cycle métabolique impliquant quatre enzymes. Deux enzymes convertissent l'acide caféique en un précurseur luminescent qui est ensuite oxydé par une troisième enzyme pour produire un photon. La dernière enzyme reconvertit la molécule oxydée en acide caféique pour recommencer le cycle. C'est l'ADN codant pour ce système enzymatique qui a pu être introduit dans le génome de plants de tabac.

Les plants ainsi obtenu ont effectivement bien produit de la lumière avec plus d'intensité et de constance que les expériences menées jusqu'alors notamment avec la luciférine, la molécule qui fait briller les lucioles. Ils ont ainsi émis près d'un milliard de photons à la minute selon les auteurs, et ce tout au long de leur vie.

A visée ornementale

Ces plantes transgéniques ont un intérêt pour les botanistes : ils permettent d'observer le fonctionnement interne des végétaux, des éclats de lumière ou des motifs vacillants servant d'indicateur métabolique. La lumière peut également révéler comment les plantes réagissent à leur environnement, ainsi elles se mettent à briller plus fortement en présence de peaux de banane mûres connues pour émettre de grandes quantité d'éthylène.

Les chercheurs ont également remarqué que les parties les plus jeunes ainsi que les fleurs avaient une brillance accentuée. La lumière produite par le tabac, qui a été utilisé pour cette recherche pour sa facilité de manipulation, est verte et chaude, agréable à regarder. Outre l'utilisation scientifique, la start-up envisage surtout de commercialiser plusieurs variétés de plantes luminescentes. Des essais ont montré que la même méthode était efficace avec les roses, les pétunias et les pervenches. Et les scientifiques espèrent aussi obtenir des plantes encore plus brillantes ou dont la luminosité pourrait varier en réponse à l'environnement.

11 - Le Microsporidia MB : ce microbe* qui pourrait endiguer le paludisme

The European Scientist - Gwladys Johnson le 12.05.2020

* les Microsporidies sont des champignons endoparasites unicellulaires 

Une équipe de chercheurs britanniques et kenyans vient de découvrir un microbe susceptible d’immuniser contre le paludisme. Le Microsporidia MB vit dans les intestins et les organes génitaux des insectes. Les chercheurs ont découvert que tous les moustiques qui ont ce microbe n’abritent pas le parasite de la malaria.

Des études réalisées en laboratoire ont confirmé qu’il protégeait contre la malaria. « C’est une sacrée surprise. Les données que nous avons jusqu’à présent suggèrent qu’il s’agit d’un blocage à 100%, c’est un blocage très notable de la malaria », a confié à BBC, le docteur Jeremy Herren.

A ce stade, les chercheurs n’ont pas encore découvert le mécanisme par lequel le microbe, qui est très proche de la famille des champignons prévient contre le paludisme. L’une des hypothèses est qu’il renforce le système immunitaire du moustique qui est plus apte à lutter contre les infections. Une autre supposition est qu’il modifie profondément le métabolisme de l’insecte qui devient inhospitalier pour le parasite du paludisme. 

Les chercheurs se penchent désormais sur la compréhension du processus de propagation du Microsporidia MB. Des tests complémentaires seront faits sur les moustiques au Kenya, l’idée étant d’arriver à propager le microbe au sein des populations de moustiques.

Les scientifiques estiment en effet qu’il suffit que 40 % des moustiques d’une région soit infecté par les microsporodies pour lutter efficacement contre la maladie. Cette dernière se transmet à l’état naturel des femelles à leur progéniture et entre moustiques adultes.  Les chercheurs envisagent donc d’infecter en laboratoire des moustiques mâles qui, une fois relâchés, iraient infecter les femelles. Une autre option serait de libérer en masse les spores formées par les microsporidies afin d’en infecter les moustiques.

Ce concept de contrôle des maladies par les microbes a déjà été utilisé pour réduire la propagation de la dengue par les moustiques.

Etudes publiées dans la revue Nature Communications le 4/5/2020 : https://www.nature.com/articles/s41467-020-16121-y 

12 - Un champignon parasite décime les amphibiens du monde entier

Les amphibiens ont perdu près de 6,5 % de leur biodiversité. La cause ? Un champignon microscopique responsable d’une maladie infectieuse, létale pour ces animaux.

Les scientifiques ont estimé à 90 le nombre d’espèces dans le monde à avoir disparu des suites d’une infection à Batrachochytrium dendrobatidis. Au moins 491 autres ont également décliné, dont 124 espèces ayant perdu près de 90 % de leur biodiversité.


PHOTOGRAPHIE DE ABDESIGN, GETTY IMAGES VIA ISTOCK

Batrachochytrium dendrobatidis est une espèce de champignon parasite, aquatique et microscopique, de la famille des chytrides. Découvert dans les années 80, il est originaire d’Asie mais la maladie dont il est responsable s’est propagée à travers le monde ; les premiers cas avérés de chytridiomycose ont été recensés dans les forêts humides et tropicales d’Australie et en Amérique Centrale en 1998. Les crapauds arlequins colorés, entre autres, disparaissaient alors que leur habitat, lui, demeurait parfaitement intact. Aujourd’hui, les infections touchent également l’Asie et l’Europe. 

BATRACHOCHYTRIUM DENDROBATIDIS, TUEUR FONGIQUE

Batrachochytrium dendrobatidis prolifère dans l’eau sous forme de spores et se répand soit au contact d’une grenouille avec ses congénères, soit en se déplaçant dans l’eau « comme de petits spermatozoïdes qui vont s'accrocher sur la peau des grenouilles » précise Sylvain Dubey, chercheur au département Ecologie et Évolution de l’Université de Lausanne. La peau des batraciens leur est indispensable pour respirer. Le champignon, une fois accroché à la peau de sa victime, va la ronger et provoquer suffocations et crises cardiaques.

Ce parasite infecte exclusivement grenouilles, tritons et salamandres. « Il est spécifique des amphibiens. Il consomme de la kératine et se retrouve donc sur l’épiderme des adultes et le bec corné des têtards » précise Claude Miaud, chercheur au CNRS au Centre d'Écologie Fonctionnelle et Évolutive. Il est impliqué dans une étude du Batrachochytrium dendrobatidis, qui a éliminé à lui-seul plus d'espèces que n’importe quelle autre maladie.

Cependant, Batrachochytrium dendrobatidis n’infecte pas toutes les espèces d’amphibiens. « La maladie infectieuse est un ménage à trois : le champignon, l’hôte et l’environnement » nous indique le chercheur. « Le champignon peut présenter des lignées plus ou moins virulente, l’hôte peut présenter des capacités de résistance différentes selon les espèces, comme la possibilité d’empêcher la prolifération du pathogène grâce à son microbiome cutané ou de résister à l’infection grâce à un système immunitaire performant. Enfin, l’environnement peut aggraver le pathogène, comme la pollution, ou le limiter grâce aux planctons par exemple ».

UNE HÉCATOMBE PLANÉTAIRE

Les scientifiques ont estimé à 90 le nombre d’espèces dans le monde à avoir disparu des suites d’une infection à Batrachochytrium dendrobatidis. 501 espèces en tout ont décliné, dont 124 ayant perdu 90 % de leur biodiversité selon une étude publiée dans la revue Science. Les plus grosses pertes reliées à la chrytridiomycose ont été recensées en Australie et en Amérique centrale dans les années 80, date de la découverte du champignon. Les amphibiens de plus grosse taille sont ceux qui ont le plus souffert, de même pour ceux vivant dans des habitats plus confinés. Actuellement, seul un quart des espèces commence à se remettre de cette épidémie généralisée.

Que faire ? Si ce champignon est présent dans la nature depuis longtemps et de façon naturelle, il n’y a aucune raison de l’éradiquer, comme le confirme Claude Miaud. « Il fait partie de la biodiversité et l’hôte et le parasite évoluent ensemble. Le réel problème apparaît quand un parasite ou une lignée est introduite dans une communauté d’amphibiens qui est en dehors de son aire de répartition naturelle » précise le chercheur. Pour lui, il faut surtout empêcher ces déplacements de lignées potentiellement pathogènes. En effet, Batrachochytrium dendrobatidis et certaines variantes mutantes de ce champignon se sont répandues dans le monde entier par le biais du commerce des espèces sauvages et sont entrés en contact avec des espèces dites « immunitairement naïves » à ce pathogène, donc extrêmement vulnérables.

En Europe du Nord, un dérivé du chytride appelé Batrachochytrium Salamandivorans s’attaque aux salamandres. « Pour la France seulement quelques lacs des Pyrénées isolés présentent des populations d’amphibiens avec des mortalités causées par ce champignon » ajoute Claude Miaud. Bien qu'une seule espèce en Europe ait été touchée jusqu'à présent, des expériences ont montré que beaucoup d'autres seraient vulnérables si elle se propageait.

Des scientifiques australiens ont indiqué que « le pire [était] déjà passé », on a perdu les espèces les plus fragiles. Cependant, comme plusieurs espèces de ce champignon existent, « on n'est pas à l'abri qu'un autre champignon apparaisse et tue d'autres espèces d'amphibiens ». Pour contrer cela, les chercheurs ont lancé un programme de réintroduction d’espèces et appellent à une réglementation du commerce des espèces sauvages et à un renforcement de la biosécurité aux frontières. 


https://www.nationalgeographic.fr/animaux/un-champignon-parasite-decime-les-amphibiens-du-monde-entier

                                                       


 13 - Quel est le plus grand champignon comestible du monde ?

La plupart des champignons que nous connaissons sont de taille modeste. Mais en Afrique, on trouve un gigantesque champignon nommé Termitomyces titanicus dont le chapeau peut mesurer jusqu'à un mètre de diamètre.

Le plus grand champignon au monde est un Armillaria gallica situé dans l'Oregon, qui couvre 8,9 km2 (890 hectares) et pèse 400 tonnes. Mais ce gigantesque réseau filamenteux donne des champignons non comestibles. Le plus grand champignon comestible du monde s'appelle, lui, Termitomyces titanicus. De la famille des Lyophyllaceae, son chapeau peut atteindre un mètre de diamètre et son pied mesure plus de 50 centimètres de haut. On le trouve en Afrique de l'Ouest, où il pousse en symbiose avec les termites (d'où son nom). Le Termitomyces titanicus possède un goût fumé et savoureux, avec une texture charnue. Riche en protéines (24 %), il s'utilise aussi séché dans les sauces et les ragoûts.



Une relation symbiotique avec les termites

Termitomyces titanicus se développe dans les termitières, où il bénéficie de températures et d'un taux d'humidité parfaitement adaptés à sa croissance, ainsi que des matières fécales des termites. En échange, il décompose les matières végétales pour nourrir les termites. Une association gagnant-gagnant qui permet au champignon de disposer d'une énorme quantité de ressources, les colonies de termites pouvant dépasser le million d'individus. L'autre raison de l'énorme taille de Termitomyces titanicus est qu'il doit répandre un grand nombre de spores pour avoir une chance d'être trouvé par les espèces de termites appropriées. Or, plus le champignon est gros, plus il produit de spores.


Source : https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/champignon-plus-grand-champignon-comestible-monde-14740/

  14 - De nouveaux champignons hallucinogènes découverts chez des fourmis-zombis ! 

Les fourmis aussi peuvent être sous l'influence de champignons hallucinogènes modifiant leur comportement. Quatre nouvelles espèces de ces microorganismes, toxiques pour l'insecte, ont même été découvertes dans la forêt amazonienne.

Les fourmis-zombis succombent une fois qu'elles sont arrivées là où les champignons voulaient s'installer. 

© Plos One  

La nature regorge de phénomènes aussi étonnants que mystérieux. Parmi ceux-ci, les fourmis-zombis méritent sans aucun doute l'une des meilleures places au classement. Ces insectes sociaux, à l'organisation très hiérarchisée et dont le comportement est habituellement entièrement dévoué au bien-être de la colonie, perdent soudainement la tête à cause de champignons un peu trop envahissants.

Parmi les interactions fourmi-champignon, certaines s'en sortent plutôt bien en entretenant des relations pacifiques (symbiotiques). Ce sont les fourmis coupeuses de feuilles, qui utilisent ces morceaux de végétaux comme zone de culture pour une espèce particulière de champignon, qui ne vit qu'au sein des colonies de fourmis. Les champignons y trouvent la nourriture idéale et nécessaire à leur développement, et les fourmis peuvent à leur tour s'en nourrir.

Les fourmis-zombis grimpent aux arbustes…

À l'inverse, certaines fourmis vivent un peu trop étroitement avec des champignons, au point que ceux-ci trouvent le moyen de s'emparer de leur cerveau et de modifier leur comportement. Ces fourmis-zombis sont connues depuis longtemps, mais ne cessent d'intriguer les scientifiques, qui tentent d'en apprendre un peu plus sur ce champignon pas comme les autres. Dans une nouvelle publication parue dans la revue Plos One, trois biologistes issus d'universités brésilienne, américaine et anglaise, ont identifié quatre nouvelles espèces du microorganisme.

La forme des spores, produites à partir de la forme anamorphe du champignon (la forme asexuée), diffère selon les espèces. © Plos One 

C'est dans la forêt amazonienne, dans la région Minas Gerais au Brésil, que les chercheurs ont prélevé des échantillons, après avoir observé l'étrange comportement des fourmis-zombis. Une fois infectés par les spores du champignon et par un procédé encore mystérieux, les insectes deviennent comme possédés et se mettent à la recherche d'un arbuste particulier. Ils y grimpent et ne s'intéressent qu'à certaines feuilles aux caractéristiques très précises : situées à 25 centimètres du sol et exposées au nord ou au nord-ouest.

… et deviennent des usines de production de spores

Avant de mourir, la fourmi s'accroche à la face inférieure de la feuille et plante ses mandibules dans la nervure principale. Alors que les molécules chimiques produites par cette plante sont nocives pour la fourmi et la tuent, le champignon, lui, est ravi. Il se multiplie, faisant du pauvre insecte une usine de fabrication et de dissémination des spores, qui sera opérationnelle pendant près d'un an.

Les spores du champignon sont alors éjectées et tombent au sol, idéalement directement sur une nouvelle proie qui passait par là. La spore qui n'a pas cette chance peut prendre sa revanche en germant sous forme de tige et en colonisant une nouvelle fourmi qui viendrait s'y frotter, recommençant ainsi le cycle de la vie.

Des nouvelles espèces

Si les quatre champignons découverts possèdent le point commun d'appartenir au genre Ophiocordyceps, caractérisé par la formation d'une tige sur la « nuque » de la fourmi, ils sont néanmoins reconnaissables selon des différences micromorphologiques évidentes (des spores mais aussi des formes anamorphes et télomorphes, c'est à dire asexuées et sexuées). Chacun d'entre eux attaque une espèce particulière de fourmis (Camponotus rufipes, C. balzani, C. melanoticus ou C. novogranadensis), et ont naturellement été baptisés en hommage à leur hôte (Ophiocordyceps suivi du nom de la fourmi légèrement revisité).

Les noms d'espèces ont déjà été déposés à l'Index Fungorum, une référence internationale en ce qui concerne la taxonomie des champignons. Des prélèvements d'ADN ont été réalisés, et les génomes respectifs de chaque champignon seront prochainement analysés afin de vérifier leur classement et leurs relations phylogénétiques.


Source : https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/zoologie-nouveaux-champignons-hallucinogenes-decouverts-chez-fourmis-zombis-28511/ 

15 - Les champignons hallucinogènes 4 fois plus efficaces que les antidépresseurs ?

La psilocybine, une substance que l'on trouve dans les champignons hallucinogènes, améliorerait rapidement et avec une grande ampleur les symptômes de la dépression grave. D'ici à imaginer une mise sur le marché ?

La psilocybine, une substance que l'on trouve dans les champignons hallucinogènes, entraîne une réduction rapide et importante des symptômes dans les formes de dépression sévère, atteste une nouvelle étude parue dans JAMA Psychiatry. « L'ampleur de l'effet que nous avons constaté est environ quatre fois plus élevée que ce que les essais cliniques ont montré pour les antidépresseurs traditionnels sur le marché », se réjouit Alan Davis, professeur de psychiatrie et de sciences du comportement à l'Université Johns-Hopkins et l'un des auteurs de l'étude. 

La psilocybine contenue dans certains champignons hallucinogènes montre des résultats prometteurs chez certains patients souffrant de dépression majeure. © robtek, Fotolia 


Les effets prometteurs de la psilocybine sur les symptômes de la dépression

Les résultats ont été obtenus auprès de 24 patients qui ont présenté des symptômes dépressifs persistants pendant environ deux ans avant leur inscription à l'étude. Près des trois quarts des volontaires (71 %) ont observé une réduction de plus de 50 % des symptômes de la dépression après quatre semaines, indique l'étude. 54 % étaient ainsi considérés comme « en rémission » après un mois.

Même s'il ne s'agit là que d'une étude à très petite échelle et sans comparatif placebo, la psilocybine semble se confirmer comme traitement antidépresseur (voir notre précédent article ci-dessous) ou de l’anxiété. Cela fait d'ailleurs plus de 10 ans que l'on explore ses potentiels effets bénéfiques en psychiatrie. En 2017, une étude de l’Imperial College de Londres avait montré que les champignons hallucinogènes pouvaient « réinitialiser » le cerveau des patients dépressifs, en modifiant la connectivité et les flux sanguins. Quand on voit les réticences déclenchées par l’autorisation de cannabis thérapeutique, on se doute cependant que le chemin vers une mise sur le marché de la psilocybine va être long...

Les champignons hallucinogènes pour combattre la dépression ?

Article de AFP Paris publié le 15/05/2016

La psilocybine, une substance contenue dans certains champignons hallucinogènes, a donné de premiers résultats prometteurs sur une demi-douzaine de malades atteints de dépression résistant aux traitements.

« C'est la première fois que la psilocybine a été testée dans le traitement potentiel des dépressions majeures », souligne le docteur Robin Carhart-Harris, de l'Imperial College de Londres qui a dirigé cette étude publiée dans la revue britannique The Lancet Psychiatry.

La dépression est un problème majeur de santé publique qui touche des millions de personnes à travers le monde et qui, parfois, résiste aux traitements existants (médicaments antidépresseurs et psychothérapie). Selon les recherches, un patient sur cinq ne répond pas aux traitements actuels tandis que beaucoup de ceux qui voient leur état s'améliorer dans un premier temps font des rechutes par la suite.

Les chercheurs ont commencé à étudier la psilocybine, la substance active de certains champignons hallucinogènes, dès les années 1950. En 2008, des scientifiques américains ont montré qu'elle entraînait des effets durables de bien-être psychique et de plénitude. Cela les a conduits à penser que l'hallucinogène pourrait aider certains malades souffrant d'anxiété face à un cancer ou à une dépression.

Les chercheurs britanniques ont pour leur part testé la psilocybine sur 12 patients atteints de dépression modérée à sévère depuis plus de 15 ans en moyenne. Après un traitement de deux jours, les patients ont été suivis pendant trois mois. Selon eux, les effets psychédéliques ont été observés entre 30 et 60 minutes après la prise des gélules, avec un effet culminant deux à trois heures après. Une semaine plus tard, les 12 patients présentaient tous une amélioration et huit étaient en rémission. Au bout de trois mois, cinq étaient encore en rémission.

La psilocybine a-t-elle des effets thérapeutiques ?

Compte tenu du petit nombre de patients testés, les chercheurs avertissent qu'il ne faut pas tirer de conclusions « probantes » sur les effets thérapeutiques de la psilocybine mais que les recherches doivent se poursuivre.

Le professeur David Nutt, qui a participé à l'étude, souligne que l'hallucinogène « cible les récepteurs de la sérotonine, comme la plupart des antidépresseurs actuellement disponibles, mais qu'il possède une structure chimique très différente et qu'il agit plus rapidement que ceux-ci ».

Dans un commentaire joint à l'étude, le professeur Philip Cowen, de l'université d'Oxford, reconnaît que les résultats obtenus sur trois mois sont « prometteurs mais pas complètement convaincants ». Un autre spécialiste, Jonathan Flint, professeur de neurobiologie à l'université d'Oxford, estime de son côté qu'il est « impossible » d'affirmer à ce stade que la molécule est efficace sur la dépression.


Source: https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/depression-champignons-hallucinogenes-4-fois-plus-efficaces-antidepresseurs-62832/

16 - Sur les traces de la première truffe blanche cultivée

 SOURCE AFP 
© Fournis par Le Point

Elle était récoltée sauvage en Italie, elle pourra désormais être cultivée en France: après plus de 20 ans de recherches, une pépinière des Hautes-Alpes est parvenue à maîtriser le cycle de la truffe blanche, aussi chère que difficile à produire.

Cette réussite est issue d'un discret laboratoire situé à 1.000 mètres d'altitude, près de Gap.

C'est ici, entre boîtes de Petri et grandes fioles en verre, qu'a été mise au point la mycorhization de racines de chêne avec Tuber magnatum - l'établissement d'une association symbiotique entre l'arbre et le champignon de la truffe blanche.

Le 16 février a été annoncé une première récolte de truffes blanches issues de ces plants mycorhizés dans un verger du Sud-Ouest - une région où le champignon ne pousse pas à l'état naturel.

Cette grande première est l'aboutissement des recherches engagées il y a plus de 20 ans par Claire Cotton et Pierre Cammalletti, des Pépinières Robin, en partenariat avec l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae).

Devant son microscope, Pierre Cammalletti a le triomphe modeste: à 59 ans, le responsable du laboratoire salue une avancée "remarquable" après "beaucoup de travail, d'investissement" pour domestiquer une truffe qui se vend entre 1.500 et 5.000 euros le kilo.

En 1999, au lancement du programme, "on savait reconnaître les mycorhizes de truffe noire du Périgord, mais la Tuber magnatum, ça restait inconnu", poursuit-il, vêtu de sa blouse blanche.

Une première étape est franchie en 2008. Le lien entre le champignon et l'arbre est réussi: les mycorhizes de cette truffe blanche du Piémont si recherchée - elle se vend jusqu'à cinq fois plus cher que la truffe noire - se maintiennent sur les racines, et l'Inrae confirme leur présence à l'aide de l'ADN.

"La part de rêve"

Mais seule une partie du chemin est alors parcourue, car cette truffe ramassée en Italie et dans l'Est de l'Europe "a des exigences de sol et de climats très précis", explique Bruno Robin, cogérant des pépinières familiale avec sa soeur Christine.

"Le trufficulteur qui souhaite cultiver la Tuber magnatum doit respecter un certain nombre de conditions: qualité du sol, climat, arrosage, taille...", poursuit le patron depuis le site de production de Valernes, près de Sisteron, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Dans cette grande serre ventilée, quelques centaines de jeunes chênes pubescents en godets, porteurs du fameux micorhize, attendent d'être achetés.

De quelques centaines de plants par an, Bruno Robin espère désormais en vendre jusqu'à 2.500 cette année, peut-être 5.000 l'année prochaine, dont une partie à l'exportation.

Mais les trufficulteurs vont-ils suivre ? A une demi-heure de route, près de Serres, Michel Gautier vit de ses pommes, de ses légumes et, pour "la part de rêve", de quelques truffes récoltées sous ses quelque 800 arbres truffiers - dont une poignée porteurs de la fameuse Tuber magnatum.

Ces plants ont été plantés il y a une dizaine d'années pour tester le procédé. "Le jour où on m'a proposé de planter 20 chênes en expérimentation, j'ai dit +banco+", raconte-t-il dans son verger dédié aux truffes noires

Nous ne verrons pas ces 20 chênes à truffes blanches: M. Gautier préfère en garder la localisation secrète.

"Au-delà du côté business, c'est le rêve de récolter une magnatum", assure-t-il, mais il reste prudent. Une prudence compréhensible: seulement sept truffes ont été récoltées en deux ans dans l'unique plantation du Sud-Ouest sur laquelle se base cette "première mondiale".

Le trufficulteur préfère ainsi attendre "un peu plus de résultats" avant d'investir dans la truffe blanche: "il faut peut-être un tout petit peu se calmer", dit-il.

"Aujourd'hui, je ne sais pas combien de plants ont produit quoi", poursuit l'agriculteur de 65 ans, pour qui la truffe relève toujours du mystère.

"On plante un pommier, on sait qu'il portera des pommes". Pour la truffe, "on sait ce qui fait que ça marche pas. Par contre, ce qui fait que ça marche, on le sait pas !"

04/03/2021 16:11:23 -          Saint-Laurent-du-Cros (France) (AFP) -          © 2021 AFP

17 - Un blob à bord de la Station spatiale internationale

Un blob, une créature qui ressemble à un champignon mais qui se déplace.© CNES / CNRS /A. Dussutour. 


Mystérieux organismes composés d'une seule cellule géante, des blobs emboîteront le pas à Thomas Pesquet à bord de la Station spatiale internationale, ont annoncé jeudi le CNES et le CNRS.

Par Léia Santacroce - Publié le 22/03/2021 à 14h25 - Mis à jour le 23/03/2021 

Quatre blobs tiendront compagnie à Thomas Pesquet à bord de la Station spatiale internationale, ISS qu'il doit rejoindre à compter du 22 avril prochain dans le cadre de la mission Alpha. Entre autres activités scientifiques (étude du sommeil, sport dans l'espace...), il sera tenu de mener plusieurs expériences sur ce mystérieux organisme qui intrigue les chercheurs.

Le blob, ou Physarum polycephalum, n'est ni un animal ni un végétal ni un champignon ni une bactérie. Composé d'une seule cellule géante, jaune omelette et visible à l'œil nu, il ressemble un peu à de la dentelle de fromage gratiné. Présent dans les zones humides, on peut l'observer dans le monde entier, sous les écorces des arbres morts notamment.

"Il est doté de capacités d'adaptation hors du commun !" s'enthousiasme le spationaute français dans une vidéo publiée par le CNES et le CNRS (à voir ci-dessous). Et comment. Le blob n'a qu'une cellule, mais parvient à se déplacer d'un centimètre par heure. Il n'a pas de bouche, mais se nourrit de micro-organismes (de spores ou de mousses à l'état sauvage, de flocons d'avoine en laboratoire). Il n'a pas de cerveau, mais fait preuve d'intelligence en trouvant, par exemple, le chemin le plus court dans un labyrinthe.

Des boîtes de pétri contenant des cultures de Blob (AFP/Archives - STEPHANE DE SAKUTIN)


Increvable, il se rétracte et sèche quand il a trop de lumière ou de chaleur, basculant dans une forme de dormance. Un petit coup d'eau, et le voilà ressuscité. Un comportement qui passionne Audrey Dussutour, directrice de recherche au Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS / université Toulouse III-Paul Sabatier).

Libéré de la pesanteur, le blob agira-t-il différemment ? "On ne sait pas ce qui va se passer dans l'espace, précise la scientifique dans cette même vidéo. Mon hypothèse personnelle, c'est qu'il va commencer à créer des piliers, des structures en 3D, parce qu'il ne sera plus limité par la gravité. Donc on risque d'avoir un blob avec des formes plutôt qu'un blob tout plat."

Ecoles, collèges et lycées appelés à participer

Une fois en orbite, Thomas Pesquet sera chargé de "réveiller" des blobs déshydratés (envoyés courant juillet à bord d'un vaisseau cargo) et de photographier leur évolution selon deux protocoles, précisent le CNES et le CNRS dans un communiqué. Le premier, "Exploration", doit tester en parallèle l’attitude de deux blobs dans un environnement sans nourriture. Le deuxième, "Exploitation", fournira, à deux blobs également, plusieurs sources de nourriture.

2 000 établissements scolaires sont appelés à prêter main forte aux scientifiques en suivant ces mêmes protocoles. Leur mission : comparer les résultats de l'ISS à ceux obtenus en classe. CM1, CM2, collèges, lycées et lycées professionnels peuvent candidater jusqu'au 21 mai en remplissant le formulaire "Blob-Terre".

Ecoles et bahuts seront sélectionnés courant juin. A la fin des vacances d'été, ils recevront un kit contenant du papier filtre ainsi que trois à cinq blobs (de souche identique à celle envoyée dans l’ISS) pour démarrer l'aventure à partir de fin septembre. Le nom de code de l'opération tient en trois mots : #ElèveTonBlob

18 - Manger régulièrement des champignons protège efficacement votre cerveau

En consommer deux fois par semaine aurait déjà des effets significatifs

Très prisés en omelette, en poêlée ou en accompagnement, les champignons font partie des super-aliments de notre quotidien. Si leur apport en fibres, en antioxydants et vitamines est connu, ils auraient d’autres vertus pour notre corps. Une étude révèle qu’en consommer régulièrement aiderait notre cerveau à réduire les risques de MCI.

QU’EST-CE QUE LA MCI ?

La MCI (aussi appelée déficience cognitive légère) est une forme de dégénérescence qui touche le cerveau. Différents symptômes la caractérisent comme des problème de mémoire, des difficultés pour s’orienter ou encore des troubles du langage. Si la MCI peut être gênante au quotidien, elle est souvent annonciatrice d’une maladie plus grave. La MCI est en effet l’un des premiers signes du développement de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs cherchent donc un moyen de prévenir le développement de ce trouble. Et il semble que les champignons ont cette faculté. Ce constat a fait l’objet d’une étude de longue haleine et a pour base une portion de 150 g de champignons cuits. 

                                   Manger régulièrement des champignons cuits serait bon pour notre santé 

UNE ÉTUDE MENÉE SUR PLUS DE 6 ANS

Ce sont des chercheurs de l’université de Singapour qui se sont penchés sur la question pendant 6 ans. Entre 2011 et 2017, ils ont demandé à 663 participants âgés de plus de 60 ans de consommer des portions de champignons cuits. Les participants ont ajouté plusieurs fois par semaine à leur menu les fongiques.

Six variétés de champignons parmi les plus consommées dans le pays ont été testées. On retrouve entre autres les champignons dorés, les champignons shiitake ou les champignons séchés. Afin de vérifier l’existence d’un lien entre consommation de champignons et risque de MCI, des tests ont été réalisés sur les participants.

                                                                                  Un plat de champignons shiitake 

DES RÉSULTATS SURPRENANTS

Les analyses ont démontré qu’en mangeant des champignons cuits au moins deux fois par semaine, les participants ont réduit de moitié les risques de voir apparaître une MCI. D’après les chercheurs, ce lien serait dû à un élément entrant dans la composition des champignons.

Ils contiennent en effet de l’ergothionéine, « un antioxydant et anti-inflammatoire unique que les humains sont incapables de synthétiser par eux-mêmes ». Cet antioxydant avait déjà attiré l’attention des chercheurs il y a quelques années. Une étude avait déjà été menée dessus, concluant à l’hypothèse qu’il pouvait avoir un effet sur le cerveau humain. Les résultats encourageants de cette nouvelle étude ont conforté les chercheurs qui souhaitent se pencher davantage sur les vertus de l’ergothionéine.


                                                                                             Champignons blancs

19 - Adidas va décliner sa légendaire chaussure de tennis Stan Smith en cuir de champignon

 

Lancées au milieu des années 1960 comme chaussures de tennis, les Stan Smith, du nom d'un ancien champion californien, sont devenues un produit indémodable de la marque aux trois bandes, portées pour tous les usages et à tous les âges. Elle pourrait incarner la volonté du groupe de devenir plus éco-responsable.

L'équipementier sportif allemand Adidas vient d'annoncer la création d'un prototype de sa légendaire basket Stan Smith en cuir obtenu à partir de racines de champignons, une alternative au cuir animal, plus renouvelable, que le groupe veut commercialiser.

"Un substitut de cuir naturel et renouvelable obtenu à partir de mycélium"

La Stan Smith Mylo est une chaussure dont la surface utilise un "substitut de cuir naturel et renouvelable obtenu à partir de mycélium", appareil végétatif du champignon constitué d'un réseau de filaments à la croissance ultra rapide. Il s'agit dans un premier temps d'un produit "concept" dont la commercialisation doit intervenir "dans les douze prochains mois", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'entreprise, sans préciser le prix de la basket.

Cette innovation a l'apparence et le toucher du cuir - doux, souple. Le dessus de la chaussure, les trois bandes perforées, la languette du talon et le marquage premium sont donc réalisés à partir de mycélium. La semelle intermédiaire de la chaussure est fabriquée en caoutchouc naturel.

Le mycélium utilisé est fourni par un partenaire, Bolt Threads, une start-up californienne engagée dans le développement de matériaux naturels pour le marché de la mode et l'industrie textile.

Avec l'usage de ce cuir végétal, le groupe d'Herzogenaurach installé en Bavière dit "poursuivre son chemin" pour rendre sa gamme de produits "de plus en plus durable". L'objectif d'Adidas est d'utiliser le même matériau naturel pour "d'autres produits", selon ce porte-parole.

Les grandes marques peinent encore à honorer leurs engagements éco-responsables

Le modèle Stan Smith contient déjà depuis cette année 50% de plastique recyclé, depuis le lancement de la Stan Smith Primegreen, dont la tige est fabriquée à partir de 50 % de matériaux recyclés. Adidas travaille également sur l'économie circulaire, avec une première chaussure de running 100% recyclable.

Mais selon un récent rapport du site spécialisé Business of Fashion, les géants de la mode peinent à honorer leurs engagements éco-responsables. Dans cette étude de mars établissant un "indice du développement durable" pour quinze groupes, dont Adidas, aucune entreprise n'obtient plus de 50 sur 100 sur la moyenne des critères étudiés (transparence, émissions de Co2, utilisation de l'eau et des produits chimiques, matériaux, droits des travailleurs et déchets).

Les équipementiers sportifs rivalisent pourtant de communication dans ce domaine. Nike a annoncé qu'il serait possible d'acheter des Nike de seconde main, grâce à un nouveau service dédié.


20 - La consommation quotidienne de champignons liée à une réduction de  45 % du risque de cancer

Ceux-ci se révèlent particulièrement riches en antioxydants

De nouvelles recherches menées par des scientifiques américains ont montré qu’une consommation plus élevée de champignons était associée à un risque de cancer nettement plus faible.

DES ALIMENTS AUX NOMBREUSES VERTUS

Riches en vitamines, nutriments et antioxydants, indispensables au bon fonctionnement de notre organisme, les champignons sont considérés comme de « super-aliments ». Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Advances in Nutrition, des chercheurs de l’université d’État de Pennsylvanie ont analysé 17 études sur le cancer, publiées entre 1966 et 2020 et incluant les données de plus de 19 500 patients, afin d’explorer la relation entre leur consommation et le risque de cancer.

Si les auteurs de l’étude ont souligné que les pleurotes contenaient des quantités plus élevées d’ergothionéine, un acide aminé, que les champignons de Paris, ces derniers ont constaté que les sujets qui intégraient toutes sortes de champignons dans leur alimentation quotidienne étaient moins susceptibles de développer un cancer. Selon leurs analyses, les personnes en consommant en moyenne 18 grammes par jour présentaient un risque 45 % plus faible que celles qui n’en mangeaient pas du tout.

« Les champignons sont la source alimentaire la plus élevée d’ergothionéine, qui est un antioxydant unique et puissant et un protecteur cellulaire », a souligné Djibril M. Ba, co-auteur de l’étude. « La reconstitution des antioxydants dans le corps peut aider à protéger contre le stress oxydatif et réduire le risque de cancer. »

« CES TRAVAUX FOURNISSENT DES PREUVES IMPORTANTES DES EFFETS PROTECTEURS DES CHAMPIGNONS FACE AU CANCER »

Lorsque des cancers spécifiques ont été examinés, les chercheurs ont noté les associations les plus fortes pour le cancer du sein. Mais cela pourrait être dû au fait que la plupart des études n’incluaient pas d’autres formes de la maladie. Selon l’équipe, explorer davantage les effets protecteurs des champignons pourrait permettre d’établir des régimes alimentaires plus sains, contribuant à prévenir le cancer.

« Dans l’ensemble, ces travaux fournissent des preuves importantes des effets protecteurs des champignons face au cancer », a déclaré John Richie, également co-auteur de l’étude. « Toutefois, de futures recherches seront nécessaires afin de mieux cerner les mécanismes impliqués et les cancers spécifiques pouvant être impactés. »

Par Yann Contegat, le 29 avril 2021    Source : Eurekalert


21 - Les champignons ont aidé les plantes à conquérir les terres émergées il y a 450 millions d'années

Des champignons mycorhizés de couleur blanche sur les racines d'un jeune pin à écorce dans une forêt du Montana, en septembre 2019 aux Etats-Unis © Getty/AFP/Archives/CHIP SOMODEVILLA

Les réseaux de champignons souterrains sont un partenaire incontournable des plantes depuis leur conquête des terres émergées il y a 450 millions d'années, a confirmé une étude scientifique parue récemment.

GEO AVEC AFP Publié le 27/05/2021 à 8h41 - Mis à jour le 27/05/2021


Une équipe internationale de chercheurs, sous la houlette de ceux du Laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV) de Toulouse-III, a trouvé le chaînon manquant à une théorie remontant aux années 1980. Elle pose que l'ancêtre de toutes les plantes terrestres existantes, sans doute issu d'une algue d'eau douce et sorti des eaux il y a environ 450 millions d’années, vivait en symbiose avec de minuscules champignons pour se développer sur Terre.


Aujourd'hui, environ 80% des plantes terrestres utilisent cette symbiose, dans laquelle le champignon sous-terrain "est vraiment une extension de la plante", explique à l'AFP Pierre-Marc Delaux. Chercheur du CNRS au LRSV, il est le principal co-auteur de l'étude parue dans Science la semaine dernière et signée par sa collègue et post-doctorante Mélanie Rich.


Le mycélium du champignon, son appareil végétatif, est constitué d'une quantité innombrable de minuscules filaments blancs, qui s'étendent en réseau dans le sous-sol. Ses extrémités microscopiques, intimement liées aux racines de la plante, lui fournissent principalement de l'eau, de l'azote et des phosphates. En échange, la plante alimente le champignon en lipides, une matière grasse indispensable à son développement.


Arbre phylogénétique des plantes. Les plantes vasculaires et non-vasculaires forment une symbiose avec des champignons. Cercles de gauche : le champignon est coloré en bleu dans une racine de luzerne tronquée (haut) ou un thalle de M. paleacea (bas). Cercles de droites : luzerne tronquée (haut), M. paleacea (bas). Aurélie Le Ru/Mélanie Rich/Pierre-Marc Delaux

Les conséquences de l'arrêt de la symbiose

"Si un des deux partenaires arrête de nourrir l'autre, les échanges s'arrêtent dans les deux sens", et tout le monde en pâtit, explique M. Delaux: les champignons, qui dépendent "à 100% de la plante pour leur développement", ainsi que la plante, qui peut s'en sortir dans un écosystème riche mais "souffrira beaucoup plus dans un sol très appauvri".

Les conséquences d'un arrêt de la symbiose vont bien au-delà, car le mycélium du champignon s'étend comme une chevelure tentaculaire.

"Les champignons sont connectés à des centaines, voire des milliers de plantes en même temps", dit M. Delaux, qui fait état de "travaux assez convaincants", sur le rôle qu'ils joueraient pour répartir des ressources dans cet écosystème.

L'étude des chercheurs a démontré qu'un même gène "symbiotique", connu pour jouer un rôle essentiel dans le transfert de lipide de la plante vers le champignon, était à l’œuvre dans les deux grandes branches de plantes terrestres. On peut donc en conclure "que leur ancêtre commun qui vivait il y a 450 millions d'années avait également ces gènes", selon le chercheur.

Le mécanisme était déjà bien identifié pour les plantes vasculaires, avec tiges et racines. Il a été retrouvé dans les plantes non-vasculaires, comme les mousses, appelées bryophytes, cette "autre grande lignée de plantes terrestres".

Les scientifiques ont confirmé le rôle du fameux gène en en privant un "mutant" d'une mousse, Marchantia paleacea. Avec pour conséquence directe l'échec de la symbiose, et l'arrêt du développement du champignon.

Pour arriver à ses fins, l'équipe du LRSV a travaillé avec une pléiade de chercheurs européens, des Universités de Cologne, Zurich, Leiden et Cambridge, entre autres, et japonais, de l'Université de Sendai.

La recherche du LRSV s'oriente maintenant vers une autre sorte de symbiose, explique Mélanie Rich. Celle qui s'exerce entre des plantes et "des bactéries fixatrices d'azote, qui permettent de récupérer de l'azote atmosphérique et d'en fertiliser les plantes avec lesquelles elles cohabitent".

Cette symbiose existe chez des légumineuses comme les lentilles. Les chercheurs ont l'espoir de la "recréer avec des plantes ayant un intérêt agronomique comme le blé, le maïs, le riz", et de "contribuer au transfert d'une agriculture intensive qui appauvrit les sols vers une agriculture plus durable", ajoute la chercheuse.

Car maîtriser cette symbiose permettrait de limiter l'utilisation massive d'engrais azotés dans les pays riches, et de pallier leur absence dans les pays plus pauvres, d'Afrique et d'Asie du sud-est.


22 - Un champignon lié à des cas de maladie de Charcot : La fin d'une énigme médicale vieille de plus de dix ans.

Par Pierre Kaldy le 04.09.2021 à 20h00

La consommation de fausses morilles est à l'origine d'une dizaine de cas de sclérose latérale amyotrophique dans un petit village de Savoie. Le résultat de dix années d'enquête. 

Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir - La Recherche n°895 daté septembre 2021.

Gyromitra gigas contient des toxines susceptibles d'induire une dégénérescence des neurones

Une équipe franco-américaine vient de résoudre une énigme médicale vieille de plus de dix ans dans le village de Montchavin, près de la station de ski de La Plagne (Savoie). En effet, c'est là qu'en 2009, une médecin généraliste observe un fait troublant : pour la troisième fois, elle diagnostique chez un habitant une affection neurodégénérative mortelle assez rare, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot. Elle alerte des spécialistes de cette pathologie qui lancent alors une enquête approfondie. Dans un premier temps, ils trouvent 11 autres cas dans le village entre 1991 et 2013, dont la moitié sont déjà décédés. Une concentration de malades d'au-tant plus surprenante qu'ils n'ont aucun lien de parenté. Âgés de 39 à 75 ans, ils se connaissent tous.

Une situation similaire sur l'île de Guam

Une cause environnementale étant dès lors suspectée, toutes les pistes possibles sont explorées : traces de toxines bactériennes ou de plomb dans l'eau, de gaz radon dans les habitations, de pollution de l'air ou de la terre par des pesticides ou des métaux lourds… en vain. Dans l'impasse, les chercheurs ont toutefois attiré l'attention de Peter Spencer, toxicologue à l'université de l'Oregon aux États-Unis, qui a déjà enquêté sur une situation similaire sur l'île de Guam, dans l'ouest du Pacifique. La graine d'une plante locale, le cycas du Japon (ou "petit rameau" aux Antilles) consommée traditionnellement s'était révélée à l'origine de nombreux cas de SLA. Le spécialiste va relancer les recherches en suspectant non pas le cycas, mais un champignon toxique répandu, le gyromitre géant, ou fausse morille (Gyromitra gigas), qui contient des toxines proches de celles du cycas par leur mode d'action. Dans l'étude publiée par le Journal of Neurological Sciences, les scientifiques rapportent que les 14 malades ont bien consommé le champignon à plusieurs reprises des années auparavant, contrairement aux autres villageois. 

La fausse morille reste un mets prisé en Finlande

Habitués à cuisiner des plantes ou des champignons sauvages, certains malades se souviennent même avoir été sérieusement incommodés après de copieux repas comprenant, avec de vraies morilles, des gyromitres dont la vente est interdite en France depuis 1991 en raison d'une toxicité potentielle. Parallèlement, en Finlande, une recrudescence de SLA a été observée dans une région où le champignon est un mets prisé. Sur l'île de Guam en revanche, les cas de la maladie ont chuté depuis que les graines de cycas ont été bannies de la cuisine locale. De quoi convaincre définitivement de renoncer à la fausse morille dans les repas entre amis.

23 - Les sols contenant plus de champignons peuvent stocker plus de carbone


Par Nathalie Mayer journaliste  le 07/12/2021

Les sols constituent le plus vaste des puits de carbone au monde. Mais les scientifiques craignent que le réchauffement climatique anthropique ne vienne bouleverser un mécanisme pourtant bien rodé. Ils cherchent à en savoir plus. Une équipe met aujourd'hui en avant le rôle majeur que pourraient jouer les champignons en la matière.  

Cet article est issu du magazine Futura Sciences -.

Réchauffement climatique et dommages causés par l’agriculture intensive et la déforestation. Certains modèles prévoient aujourd’hui que 40 % de carbone en moins pourra être stocké dans les sols d’ici 2100 par rapport à ce que les simulations plus anciennes annonçaient. © krisana, Adobe Stock  

Dans les sols, il se cache beaucoup de carbone. Environ trois fois plus que dans notre atmosphère. L'œuvre des bactéries et des champignons. Ils transforment la matière en décomposition en des sols riches en carbone. Certains de ces composés carbonés resteront dans ces sols pendant des siècles. Ou au moins des décennies. D'autres en revanche seront rapidement consommés par des microbes. Convertis en dioxyde de carbone (CO2), ils partiront alors vers notre atmosphère. Menaçant d'aggraver un peu plus le réchauffement climatique anthropique.

D'autant plus que les chercheurs envisagent qu'une hausse des températures pourrait entraîner une véritable explosion de la démographie de ces microbes. Il s'en décompte déjà classiquement plusieurs milliards dans une cuillère à café de sol. Un peu plus encore et ils seront contraints de puiser dans des réserves de carbone plus anciennes. D'où l'importance de comprendre les mécanismes de la persistance du carbone organique dans les sols.

Une collaboration champignons/bactéries

Une équipe de l’université du Massachusetts (États-Unis) s'est penchée sur la question. Les chercheurs ont étudié les comportements en laboratoire de différentes compositions de sols modèles soumis à une augmentation de température. Si les bactéries se révèlent être les principaux moteurs de la fabrication du sol, les chercheurs montrent que des sols riches en champignons libèrent moins de CO2 que les autres.

Les secrets du processus n'ont pas encore été percés. Mais les scientifiques supposent que les champignons pourraient être en mesure de produire des enzymes que les bactéries, elles, ne sauraient pas fabriquer. Ces composés pourraient alors fournir aux bactéries des éléments constitutifs avec lesquels ces dernières pourraient produire du sol. Et finir par fabriquer des composés carbonés à longue durée de conservation. Le tout devra toutefois encore être confirmé en conditions réelles.


24 - Étrangeté du vivant : des champignons capables de bouger ?



Par Julie Kernr rédactrice scientifique publié le 05/12/2021 à 18 heures 30

Les sols constituent le plus vaste des puits de carbone au monde. Mais les scientifiques craignent que le réchauffement climatique anthropique ne vienne bouleverser un mécanisme pourtant bien rodé. Ils cherchent à en savoir plus. Une équipe met aujourd'hui en avant le rôle majeur que pourraient jouer les champignons en la matière.  

Cet article est issu du magazine Futura Sciences -.

Une espèce de blob photographié en Tasmanie. Le bâtonnet rose porte les spores qui assurent la reproduction de cette forme de vie orange. Avec ses petites pattes, ils sont capables de ramper. © Sarah Lloyd, Tasmanian Myxomycetes  

Une plante ? Un champignon ? Un extraterrestre ? Rien de tout ça. Ces drôles de petits bâtonnets roses appartiennent à la famille des myxomycètes. Ils ont pour cousin le fameux blob qui a voyagé dans l'ISS. Les myxomycètes étaient autrefois classés dans les champignons car plusieurs étapes de leur cycle de vie sont comparables aux fungi (ils naissent à partir de spores par exemple), mais ils sont désormais placés dans le même groupe que les amibes, car ils sont capables de se mouvoir comme elles.

En effet, ce groupe de « blob » peut bouger ! Très lentement, à hauteur d'un centimètre par heure, mais tout de même. Ils se déplacent pour chasser des bactéries, des levures, des algues. Sans surprise, ils prolifèrent dans des lieux riches de leurs proies préférées : des matières végétales humides en décomposition. L'espèce Physarum polycephalum, étudiée par Thomas Pesquet, peut se rencontrer dans les forêts vosgiennes par exemple. Celle ici a été photographiée par Sarah Lloyd, une experte de cette forme de vie étrange, en Tasmanie.

C'est une part méconnue de la vie des écureuils du Japon (Sciurus lis) que des chercheurs nippons viennent de dévoiler. Le petit rongeur peut dévorer des champignons vénéneux, dont la fameuse amanite tue-mouches - son chapeau contient assez de poison pour tuer un être humain. Les scientifiques ont observé que les écureuils du Japon consomment fréquemment des amanites tue-mouches mais aussi d'autres champignons toxiques comme l'amanite panthère ou l'Amanita flavella. Pour les écureuils, la consommation de ces champignons semble sans danger.

Cela soulève une question intéressante. Les champignons deviennent toxiques pour dissuader les prédateurs de les manger et ainsi améliorer leur chance de survie. Dans le cas des amanites, se faire dévorer par un écureuil pourrait donc être un avantage ! L'hypothèse avancée par Kenji Suetsugu de l'université de Kobe, qui a observé ce comportement inédit avec l'un de ses collègues, est que les spores des amanites résisteraient  au système digestif des écureuils et se propageraient ainsi via leurs excréments. La prochaine étape consistera à tester cette hypothèse en recherchant les spores de champignon dans des excréments d'écureuils. 


Un écureuil du Japon mange les restes d'une Amanita flavella. © Koichi Gomi  

Ici, il s'agit d'une amanite panthère. © Koichi Gomi  

Un écureuil du Japon en train de dévorer une amanite tue-mouches. © Koichi Gomi  

26 -  Une invasion de fourmis folles crachant de l'acide ravage les États-Unis

Repéré par Robin Tutenges Slate.fr

sam. 2 avril 2022, à 15h37

Heureusement, un héros inattendu vient de faire son apparition pour lutter contre ces insectes: un champignon découvert il y a peu.

Les fourmis folles fauves, appelées Nylanderia fulva, font des ravages dans le sud des États-Unis. Depuis vingt ans, l'espèce invasive originaire d'Amérique du Sud ne cesse de se multiplier dans le Mississippi, la Floride ou encore la Louisiane, jusqu'à mettre en grave danger leurs écosystèmes. Récemment, dans le parc Estero Llano Grande, au Texas, elles ont même formé des «rivières de fourmis» qui ont fait disparaître la faune locale tout entière.

Une vague de fourmis folles au Texas

Si ces fourmis folles fauves sont si dangereuses, c'est notamment à cause de l'acide formique qu'elles produisent et qu'elles crachent sur leurs cibles. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles n'ont pas peur de s'attaquer à plus gros qu'elles. Parmi leurs victimes, l'on retrouve en effet des araignées, des mille-pattes, des poules et même des lapins, qu'elles aveuglent en leur crachant sur les yeux. Plus étonnant encore, des attaques sur des vaches ont également été recensées.

Au quotidien, ces fourmis sont aussi un fléau pour les humains. Ces petits insectes mesurant à peine quelques millimètres s'infiltrent partout dans les maisons, notamment dans les systèmes électriques, jusqu'à faire sauter les compteurs. Heureusement, les chercheurs pensent avoir trouvé une arme fatale pour lutter contre cette invasion: un champignon pathogène à l'action bien particulière.

Champignon salutaire

Dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, un groupe de chercheurs présente un agent pathogène fongique appelé Myrmecomorba nylanderiae, qui serait capable de lutter contre la propagation de ces fourmis folles. Son action? Il détourne les cellules graisseuses de ces insectes pour les transformer en usines à spores, rapporte The Independent.

La découverte de ce drôle de microsporidie, sorte de champignon parasite, a débuté il y a huit ans, quand les chercheurs sont tombés sur plusieurs de ces fourmis présentant un abdomen anormalement gonflé, en Floride. En analysant le corps de ces insectes, les scientifiques ont compris qu'ils avaient été infectés par une espèce fongique encore inconnue.

Ce qui ravit les scientifiques, c'est que la présence de ce nouveau champignon n'est pas sans conséquence sur les fourmis folles. En huit années passées à observer les populations de fourmis infectées, les chercheurs ont constaté qu'elles avaient toutes diminué. Mieux encore, 62% d'entre elles avaient complètement disparu, précise Géo.

La dernière expérience des scientifiques a été plus que fructueuse. Après avoir habilement infecté avec ce champignon un seul nid de fourmis folles du parc Estero Llano Grande au Texas, les chercheurs ont observé l'évolution de toute la population de ces insectes dans la réserve. Résultat, en un an à peine, toutes les fourmis du parc étaient infectées, et en deux ans, leur population chutait drastiquement. Aujourd'hui, plus une seule fourmi folle ne s'y balade désormais. Tous les héros ne portent décidément pas de cape. 

27 - Comment les mouches zombies femelles envoûtent les mâles et propagent leur champignon mortel

Nastasia Michaels 18/07/2022, 15:51 Environnement

Infectées par un champignon parasite, les "mouches zombies" femelles meurent puis envoûtent les mâles sains en diffusant un parfum qui les attire à elles. Plus la carcasse est restée longtemps à pourrir, plus la convoitise du mâle est grande, selon une étude scandinave.

Parmi les parasites affectant la mouche domestique, le champignon microscopique Entomophthora muscae se distingue par son mode de vie étrange, digne d'un film de science fiction - ou plutôt, d'un film d'horreur !

Une fois que ce champignon infecte une mouche, il commence par la digérer de l'intérieur, à l'aide d'une enzyme puissante. Il prend ensuite le contrôle du comportement de son hôte, en agissant sur son système nerveux. Tel un "zombie", l'insecte est alors incité à aller se poser en hauteur - au sommet d'un brin d'herbe ou sur un mur, par exemple - pour y mourir.

Mais comment le parasite fait-il ensuite pour se propager ? C'est pour répondre précisément à cette question que des chercheurs de l'université de Copenhague et de l'université suédoise des Sciences Agricoles à Alnarp ont mené une expérience dans leur laboratoire.

Des phéromones qui "envoûtent" les mouches mâles

Les scientifiques ont infecté des mouches femelles avec Entomophthora muscae, laissant le champignon faire son œuvre de mort, puis ont mis leurs cadavres en présence de mouches mâles encore indemnes du parasite.

En analysant les composés chimiques émis par les carcasses des mouches infectées, les auteurs de cette étude parue dans la revue Nature - ISME Journal (13/7/2022) ont mis en évidence une stratégie redoutable : dès lors que le parasite a tué la femelle "zombie", il commence à libérer des signaux chimiques appelés "sesquiterpènes" - tels un parfum.

"Ces signaux chimiques agissent comme des phéromones qui 'envoûtent' les mouches mâles, provoquant chez eux une envie irrépressible de s'accoupler avec les carcasses de femelles mortes", explique Henrik H. De Fine Licht, professeur associé au département des sciences environnementales et végétales de l'université de Copenhague et auteur référent de l'étude, cité dans un communiqué.

Ainsi, au moment où la mouche mâle tente de copuler avec une femelle morte, son cadavre projette sur lui des "spores" fongiques, c'est-à-dire des cellules disséminatrices - l'équivalent des graines chez les plantes - capables de se multiplier sur leur nouvel hôte.

La vitesse de projection des spores peut atteindre environ 10 m par seconde, ce qui en fait l'un des mouvements les plus rapides du monde naturel, soulignent les auteurs. Une fois infecté, le mâle subira ensuite le même sort funeste que sa "fiancée" fantôme.

Les chercheurs ont également mesuré le "pouvoir de séduction" des cadavres à différents degrés de putréfaction. Ainsi, 73 % des mâles se sont accouplés avec des carcasses de femelles qui avaient succombé à l'infection entre 25 et 30 heures auparavant, contre seulement 15 % des mâles lorsqu'il s'agissait de femelles mortes depuis 3 à 8 h.

"Notre constat est que plus une mouche femelle est morte depuis longtemps, plus elle devient attirante pour les mâles. Cela s'explique par le fait que le nombre de spores fongiques augmente avec le temps, ce qui renforce l'intensité des fragrances séduisantes", explique le Pr De Fine Licht.

Vers de nouveaux répulsifs contre les mouches ?

Outre son intérêt en termes de connaissances fondamentales sur la biologie de cet étrange parasite et de ses pauvres hôtes, cette étude pourrait avoir des applications dans la vie courante.

Si les mouches - ou "diptères" en termes scientifiques - ont un rôle primordial au sein des écosystèmes naturels, en tant que ressource alimentaire pour des amphibiens par exemple, mais aussi comme pollinisateurs assurant la reproduction de certaines plantes à fleurs, en revanche, dans l'environnement humain, la mouche domestique transporte à la fois en elle et sur son corps des agents pathogènes responsables de maladies, notamment des bactéries de type E. coli.

"C'est là que le champignon Entomophthora muscae peut s'avérer utile. Nous pourrions utiliser ces mêmes fragrances fongiques comme une forme de contrôle biologique, pour attirer les mouches vers des pièges plutôt que vers des cadavres", imagine le scientifique.

28 - De petites doses de champignons psychédéliques améliorent l’humeur et la santé mentale

Les chercheurs espèrent que les résultats de cette étude permettront de légaliser les champignons magiques pour des traitements médicaux.

Malgré les controverses sur le sujet, les produits hallucinogènes sont indéniablement utiles à certaines personnes et pour certaines pathologies. D’ailleurs, selon une nouvelle étude, la prise de microdosage de champignons à psilocybine permet d’améliorer l’humeur et la santé mentale après seulement un mois.

UNE ÉTUDE QUI SOULIGNE LE POTENTIEL DES CHAMPIGNONS MAGIQUES

Les champignons à psilocybine – communément appelés champignons magiques – sont des champignons sauvages ou cultivés qui contiennent de la psilocybine, un composé psychoactif et hallucinogène naturel. La psilocybine est considérée comme l’une des substances psychédéliques les plus connues, et elle est notamment connue pour présenter un potentiel élevé d’abus. Pour cette raison, elle n’a actuellement aucune utilisation acceptée dans les traitements médicaux dans de nombreux pays, dont la France.

Ces champignons psychédéliques sont utilisés depuis longtemps – notamment par les peuples autochtones d’Europe et d’Amérique – à des fins spirituelles et médicinales. Dans la société moderne, leur usage est encore très controversé, malgré l’existence de plus en plus d’études certifiant leur utilité et leur efficacité dans le domaine médical. D’ailleurs, une nouvelle étude vient s’ajouter à la liste. Selon des recherches réalisées par les chercheurs de l’université de la Colombie-Britannique, la prise de petites doses de champignons psychédéliques est associée à une meilleure humeur et à une meilleure santé mentale.

Mieux encore, selon l’étude publiée dans la revue Scientific Reports, ces champignons magiques ont également permis d’améliorer les capacités psychomotrices après seulement un mois de traitement. Selon les chercheurs, ces résultats indiquent qu’il est nécessaire de revoir les règlementations sur l’usage des champignons à psilocybine. « Nos découvertes sur l’amélioration de l’humeur et la réduction des symptômes de dépression, d’anxiété et de stress s’ajoutent à la conversation croissante sur le potentiel thérapeutique du microdosage », a déclaré le Dr Zach Walsh, auteur principal de l’étude, dans un communiqué.

DES AMÉLIORATIONS NETTES EN SEULEMENT UN MOIS

Dans le cadre de leurs recherches, les scientifiques ont recruté 953 personnes à qui il a été demandé de prendre régulièrement de petites quantités de psilocybine et un groupe témoin de 180 personnes. Les participants devaient notamment prendre des doses de 0,1 à 0,3 gramme de champignons séchés trois à cinq fois par semaine. L’expérience a duré 30 jours et il a notamment été demandé aux participants d’effectuer un certain nombre d’évaluations pour une symptomatologie de la santé mentale et de l’humeur.

D’autres tests pour les mesures de la cognition ont également été réalisés. Les participants ont notamment été soumis à un test de tapotement du doigt sur un smartphone afin de mesurer les capacités psychomotrices. Ce test est également utilisé pour détecter les marqueurs des troubles neurodégénératifs, dont la maladie de Parkinson. Par rapport aux participants du groupe témoin, les plus grandes améliorations concernent l’humeur, la dépression, l’anxiété et le stress. Il a également été constaté qu’il y avait une amélioration nette durant les tests de tapotement, surtout chez les participants de plus de 55 ans qui ont pris des microdoses de champignons magiques.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le 23 juillet 2022

29 - Austropuccinia psidii est l'agent responsable de la rouille des Myrtacées

L'Australie exposée à une extinction massive de plantes à cause d'un champignon

Athénaïs Cornette de Saint Cyr 08/08/2022, 16:35 Environnement

En Australie, la propagation d'un champignon mortel pour les plantes suscite la panique. D'après les scientifiques, des centaines d'espèces seraient gravement menacées par cette épidémie.

Un champignon envahissant attaquant certaines espèces de végétaux se propage en Australie, explique le journal britannique The Guardian. Un véritable drame écologique puisque cette épidémie risquerait d’entraîner l’extinction silencieuse d’arbres très importants dans le pays, tous appartenant à la famille des Myrtacées.

Alerte pandémie : la rouille de myrte, un champignon dangereux

La pandémie de rouille de myrte pourrait bien engendrer un événement d’extinction d’une ampleur sans précédent. En effet, après avoir été détecté pour la première fois sur le territoire australien en 2010, en Nouvelle-Galles du Sud, il semblerait qu’il se soit bien développé sur toute la côte est australienne. "La rouille du myrte peut parcourir des centaines de kilomètres avec le vent et c’est pourquoi elle se propage si loin", explique le Dr Louise Shuey. D’après les chercheurs, les premières infections se seraient produites dans une zone particulièrement humide dans le nord du pays.

Cette contagiosité importante entraîne la mort des arbres et le dépérissement de nombreuses espèces dépendantes de cette faune. Un véritable drame écologique contre lequel le gouvernement australien lutte d'arrache-pied, en vain jusqu’à présent.

Extinction massive de plante : l'Australie peine à s'en sortir

"L’Australie a déjà le titre peu glorieux de leader mondial des extinctions de mammifères. Si nous ne renforçons pas nos systèmes de réduction des menaces et de biosécurité, nous pourrions également nous retrouver comme leader mondial dans les extinctions de plantes", s'inquiète James Trezise, directeur de la conservation au Invasive Species Council.

Une déclaration qui ne semble pas excessive étant donnée l’ampleur du problème. On compte aujourd’hui environ 350 espèces australiennes identifiées comme potentielles hôtes du champignon meurtrier. De nombreuses fleurs sauvages et printanières figurent sur cette liste, tandis que ces dernières attirent chaque année des milliers de touristes.

"Il y a eu des investissements ciblés pour faire un inventaire national des espèces sensibles à la rouille du myrte. Il faut également offrir une formation sur ce champignon aux gardes forestiers et aux propriétaires fonciers", a déclaré la ministre de l’environnement, Tanya Plibersek. Reste à savoir si de telles mesures seront efficaces. Aujourd’hui, la priorité est d’empêcher la propagation du parasite dans le sud-ouest de l’Australie, une des zones les plus diversifiées de la planète pour les myrtacées, avec près de la moitié des espèces du monde y vivant.

30 - La dépollution des sols grâce aux champignons 

Située àThonon, la startup YpHen, détenue par le groupe genevois Edaphos, s'est spécialisée dans la mycoremédiation. Fondée en 2018 par Gil Burban et Mathieu Pillet, elle s'appuie sur le biomimétisme pour dépolluer et régénérer les sols.

Six pieds sous terre… la vie ! Selon les estimations, ce n’est pas moins d’un quart de la biodiversité de la planète qui se trouve sous terre. Champignons, vers de terre, insectes ou encore bactéries : nul besoin de creuser bien loin pour s’apercevoir que les sols regorgent d’organismes vivants essentiels à la vie humaine, en particulier pour l’agriculture. Ces organismes assurent ainsi la bonne santé du sol et rendent bien des services, parmi lesquels la formation de nutriments, la production de biomasse et le stockage du carbone.

Problème : les activités humaines négligent trop souvent les risques qu’elles font peser sur cet écosystème exceptionnel. D’après l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques), la dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la  surface terrestre mondiale.

Parmi les principales responsables, nos pratiques d’exploitation agricole, qui reposent souvent sur des intrants chimiques qui déstabilisent les sols, ainsi que les déversements industriels, accidentels ou non. Rien qu’en France, on recensait en 2021 plus de 9 500 sites pollués par les activités industrielles. Un chiffre qui monte à 2,8M en Europe. Qu’il s’agisse de fuites d’hydrocarbures, d’écoulements de substances polluantes ou de recours aux intrants de synthèse, le bilan est souvent critique. Si l’on ajoute à cela l’artificialisation et ses dégâts, l’érosion et autres facteurs, ce sont ainsi 70% des sols qui sont dégradés dans l’Union Européenne. Un constat alarmant, qui a conduit l’exécutif européen à compléter son plan d’action « zéro pollution » à horizon 2050 d’une stratégie visant spécifiquement les sols d’ici 2023.

Face à ces phénomènes, des méthodes de dépollution inspirées de la nature commencent à voir le jour. La bioremédiation en fait partie. Le procédé consiste à dépolluer une zone dégradée par des substances chimiques organiques ou par des métaux en utilisant des micro-organismes. En la matière, le mycélium des champignons s’avère un moyen d’action particulièrement intéressant. Ses mécanismes biologiques lui permettent en effet d’accumuler les métaux lourds dans leurs parties aériennes et de désintégrer les hydrocarbures. Des propriétés qui ont inspiré Gil Burban, qui fonde YpHen en 2018 et propose de dépolluer les milieux grâce à des « actifs fongiques ».

Le biomimétisme au service de la dépollution

Lorsqu’il découvre le mycélium et ses propriétés exceptionnelles, Gil Burban songe aux applications possibles des champignons à des fins industrielles. D’abord intéressé par le développement de biomatériaux et la dépollution des sols, les essais qu’il réalise avec sa startup Polypop finissent par sortir du laboratoire pour devenir une expérience grandeur nature. A Marseille, sur un chantier du groupe Eiffage, des champignons grignotent ainsi pendant quatre mois les produits pétroliers contenus dans le sol et les font disparaître. Une expérience probante après dix ans de recherche et d’essais.

C’est sa rencontre avec Mathieu Pillet qui mène à la création de l’entreprise YpHen en 2018. Ils réalisent ensuite des essais sur de petits volumes de terre, issus des chantiers de la filiale suisse Colas, s’adossent à des laboratoires et collaborent également avec l’université de Genève. L’entreprise met sur pied en parallèle leur « Mycofactory », « un outil industriel au process automatisé » pour créer des solutions qui reposent sur l’observation des mécanismes naturels des mycéliums.

La startup, qui dispose désormais d’une « mycothèque » de vingt-cinq souches propose ainsi plusieurs produits qui peuvent être pulvérisés sur les friches à dépolluer où qui peuvent être directement mises en sol grâce à un procédé développé par l’entreprise qui consiste à encapsuler dans des billes faites à base d’algues biosourcées des « graines de champignons », qui sont ensuite plantées dans les sols dégradés.

Une usine en projet pour industrialiser l’activité

Désormais, et après de premiers tests concluants, l’entreprise entend maintenant passer à l’échelle. C’est pourquoi YpHen cherche à présent à construire sa première usine. Soutenue par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la startup a clôturé en juin dernier un tour de financement de 2,2M d’euros pour amorcer sa phase de pré-industrialisation. Parmi les contributions, BpiFrance apporte une enveloppe de 600 000 euros pour sécuriser la feuille de route et définir l’itinéraire technique de ses procédés industriels. Une levée de fonds à hauteur de 8M d’euros est prévue d’ici la fin de l’année pour pouvoir débuter la construction de l’usine en 2023.

Lauréate du Prix Eco-tremplin 2022 organisé par Radio Mont-Blanc et des CIC Business Awards en 2021, la startup, qui compte une douzaine de personnes s’agrandit et poursuit son développement. Avec pour but de préserver et restaurer les sols, les solutions YpHen pourraient être particulièrement intéressantes pour les secteurs industriels, des transports et du BTP.

31 - Champignons : des dépollueurs qui intéressent l’industrie

Un laboratoire marseillais abrite une collection de plus de 3 000 souches fongiques du monde entier. Leurs enzymes pourraient être exploitées à des fins de recyclage des déchets plastique, d’élimination de colorants, de production de parfums…

Par Florence Rosier

Publié hier à 06h00, mis à jour hier à 15h05

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Voilà une collection qui ne moisira pas dans un placard. Un défi, étant donné ses objets fétiches : plus de 3 000 souches de champignons, représentant 639 espèces de tous les continents. Soit autant de tubes immergés dans de l’azote liquide, à – 196 °C, au rez-de-chaussée d’un laboratoire de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), à l’université Aix-Marseille.

N’en déplaise aux gourmets, il ne s’agit pas ici de champignons comestibles. « Nous nous intéressons à des champignons capables de dégrader la matière végétale morte, dans un contexte économique et écologique de valorisation de la biomasse, explique Jean-Guy Berrin, du laboratoire Biodiversité et biotechnologies fongiques. Ces organismes saprophytes pratiquent depuis toujours l’économie circulaire. » Soit autant de minuscules soldats recrutés dans le recyclage du carbone issu du vivant. Ces champignons sont dits « filamenteux » car ils poussent en formant des filaments, ou hyphes (c’est aussi le cas des champignons comestibles, dont les chapeaux ne constituent que la fructification visible, leur plus grande partie, souterraine et plus durable, étant tissée par un réseau de filaments, ou mycélium).

Les champignons saprophytes intéressent aussi le secteur des biotechnologies et de la pharmacie. Ils sont en effet capables de produire en quantités des antibiotiques, des enzymes, des acides organiques… La pénicilline, par exemple, le tout premier antibiotique à avoir été identifié, en 1928 – une découverte fortuite d’Alexander Fleming – est produite par un champignon filamenteux, Penicillium notatum.

Le Tramète gibbosa est un champignon qui contient certaines enzymes permettant de produire des biocarburants.  DAVID NAVARRO

Les souches de la collection marseillaise ont été récoltées, depuis les années 1990, dans des forêts du monde entier. Parmi elles, 62,8 % proviennent d’Europe, 12,6 % d’Amérique du Sud, 10,6 % d’Amérique centrale, 8,1 % d’Asie, 3,1 % d’Amérique du Nord, 1,6 % d’Afrique et 1,2 % d’Océanie. A Marseille, elles sont tour à tour décongelées, cultivées in vitro puis passées au crible d’une batterie d’examens. Les chercheurs caractérisent leur génome et identifient leurs protéines. Ils scrutent tout particulièrement leurs enzymes. Ces précieuses molécules, spécialisées dans la transformation de divers composés biologiques, peuvent en effet être détournées de leurs cibles naturelles pour être reconverties dans un usage industriel ou écologique. En novembre 2021, cette équipe a dressé un bilan des perspectives d’applications bioéconomiques pour environ un tiers – soit plus d’un millier – de ces souches.

« Quand j’ai commencé ma carrière de chercheur, au début des années 2000, le dogme voulait qu’il ne reste rien à découvrir sur les enzymes fongiques qui dégradent les polymères du bois. Beaucoup étaient utilisées depuis plus de cinquante ans dans des procédés industriels, remarque Jean-Guy Berrin. Or certaines enzymes essentielles n’ont été découvertes qu’en 2010, comme des oxydases qui mobilisent du cuivre à la surface de la cellulose. »

Dégradation des plastiques

Depuis quelques années, ces chercheurs explorent la capacité de certains champignons à dégrader des polymères artificiels très résistants, comme des plastiques ou des colorants. Nombre de ces champignons, en effet, poussent sur du bois mort. Ils font leur miel de sa charpente de polymères : un réseau de molécules de cellulose, reliées entre elles par des molécules d’hémicellulose, le tout cerné par un rempart de lignine. La cellulose représente 40 % à 50 % de la biomasse du bois ; l’hémicellulose 20 % à 30 % et la lignine 20 % à 30 %.

Un peu de chimie, maintenant. La cellulose, comme l’amidon, est formée d’un enchaînement de molécules de glucose. Le secret de sa résistance tient en deux mots : les « liaisons bêta », ces crochets chimiques qui assemblent les molécules de glucose. Dans l’amidon, les glucoses sont reliés par des « liaisons alpha ». La chaleur et les enzymes digestives en viennent facilement à bout : quand une pomme de terre est cuite à l’eau, par exemple, ses grains d’amidon gonflent et absorbent 40 % à 60 % d’eau ; ils sont alors attaqués par les amylases de notre salive et de notre pancréas.

Mais l’arbre, lui, a bâti une forteresse intérieure afin de pouvoir ériger sa formidable masse et résister aux agressions. « Les “liaisons bêta” confèrent à la cellulose une structure très ordonnée en motifs cristallins. C’est un des polymères naturels les plus résistants qui soit », relève Jean-Guy Berrin.

Certains champignons, cependant, n’en font qu’une bouchée grâce à un arsenal de plusieurs centaines d’enzymes. « Chaque enzyme est chargée de sectionner une liaison chimique bien précise ; elles agissent en cascade et en synergie », explique Jean-Guy Berrin. Au final, elles dégradent la cellulose et l’hémicellulose en sucres simples et la lignine en molécules aromatiques.

Le biomimétisme

C’est ici qu’entre en jeu le biomimétisme, où notre espèce s’inspire de la nature pour concevoir des technologies. « Certains plastiques très résistants ont des structures similaires à celle de la cellulose et de l’hémicellulose, explique Jean-Guy Berrin. Quant à la structure de certains colorants artificiels, elle évoque celle de la lignine. »

D’où l’idée de jouer sur ces analogies pour contribuer à résoudre des problèmes de pollution créés par l’homme. L’équipe marseillaise s’est d’abord livrée à une expérience qui pourrait inspirer un atelier de la Fête de la science. En ajoutant un cocktail d’enzymes fongiques dans une solution teintée par un colorant bleu, ils l’ont décolorée, « signe que ce colorant a été dégradé par ces enzymes, des laccases », indique le chercheur.

Un enjeu majeur est la dégradation des centaines de millions de tonnes de plastiques qui polluent la planète. « Les organismes vivants n’ont pas eu le temps d’évoluer pour éliminer ces plastiques, inventés il y a à peine plus d’un siècle », observe Jean-Guy Berrin. Une multitude de pistes sont toutefois explorées, mobilisant des enzymes de champignons, de bactéries, de vers…

Autre application : certaines enzymes fongiques pourraient servir à produire des biocarburants « de seconde génération », obtenus à partir de résidus agricoles – des pailles de céréales, par exemple. « C’est une filière rentable, assure le chercheur, mais les investisseurs restent frileux en France. Au Brésil ou aux Etats-Unis, des biocarburants de seconde génération sont déjà commercialisés. »

Autre secteur exploré, la production de parfums. L’équipe marseillaise a montré comment un groupe d’enzymes fongiques peut oxyder un alcool à longue chaîne présent à la surface des feuilles, l’octadécanol, pour produire un aldéhyde à l’odeur citronnée. Ces mêmes enzymes peuvent aussi convertir le géraniol, issu d’huiles essentielles de géranium – peu coûteuses –, en ce même aldéhyde. D’autres enzymes de levure transforment ensuite cet aldéhyde en menthol, un des arômes les plus vendus au monde. Etonnant bouquet final, pour une moisissure de céréales.

Florence Rosier



32 - Une puce électronique fabriquée à base de peau de champignon


Ganoderma Lucidum

Bien souvent, les puces informatiques et les batteries se composent en partie de plastique, un matériau mal recyclé. Une équipe de scientifiques s’est penchée sur une méthode pour remplacer certaines parties de ces dispositifs par… de la peau de champignon. Cette matière entièrement biodégradable permettrait une meilleure recyclabilité. 

« Les appareils électroniques sont irrévocablement intégrés dans nos vies. Pourtant, leur durée de vie limitée et leur élimination souvent irréfléchie exigent des concepts durables pour réaliser un avenir électronique vert », affirment les chercheurs en introduction de leurs travaux, publiés dans la revue Science Advances. Les auteurs de l’étude, qui font partie de la Johannes Kepler University, en Autriche, ont décidé que leur contribution à cette problématique passerait par les champignons. Ils ont appelé leur approche « MycelioTronics ».

Si vous vous demandez quel est le rapport entre une puce informatique et un champignon, vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’ils font, visiblement, très bon ménage. Comme le rappelle le New Scientist, qui a également consacré un article à ce sujet, « tous les circuits électroniques, constitués de métaux conducteurs, doivent reposer sur une base isolante et refroidissante appelée substrat ». C’est justement ce substrat qui est, dans la plupart des dispositifs électroniques actuels, composé de matières plastiques. Lorsque l’appareil électronique arrive en fin de vie, le tout est simplement jeté, sans réelle possibilité de recyclage.

« Le substrat lui-même est le plus difficile à recycler », explique Martin Kaltenbrunner, de l’Université Johannes Kepler de Linz, en Autriche. « C’est aussi la plus grande partie de l’électronique et sa valeur est la plus faible, donc si vous avez certaines puces dessus qui ont en fait une grande valeur, vous pourriez vouloir les recycler ». Les scientifiques ont donc tenté d’utiliser la peau d’un champignon spécifique appelé Ganoderma lucidum, afin de remplacer ce fameux substrat. En effet, ce champignon, qui pousse généralement sur du bois en décomposition, forme une sorte de « peau » pour se protéger des bactéries, ou d’autres types de champignons. Les chercheurs l’ont prélevée et séchée, et se sont aperçus qu’elle faisait environ l’épaisseur d’une feuille de papier, tout en étant assez flexible. Elle constitue aussi un bon isolant et peut résister à des températures supérieures à 200 °C.

Comme le stipule un communiqué de l’université, « cette approche était plus ou moins une découverte accidentelle, comme c’est souvent le cas en science ». En effet, l’université s’intéressait depuis un moment aux champignons, mais « davantage dans d’autres contextes, tels que l’isolation dans l’industrie de la construction et l’utilisation de matériaux à base de mycélium comme alternative à la mousse de polystyrène ». Accident ou pas, toutes ces propriétés font de la peau du Ganoderma lucidum une bonne candidate pour former un substrat.

Une peau qui se décompose en deux semaines

De plus, tenue à l’écart de l’humidité et des rayons UV, elle pourrait certainement durer des centaines d’années, affirment les scientifiques. Bien entendu, les appareils électroniques n’ont pas cette durée de vie, mais cela signifie que le substrat pourrait sans problème tenir pendant toute la durée de vie de l’appareil. Enfin, cette peau de champignon peut se dégrader en seulement deux semaines si l’on souhaite s’en débarrasser. 

Formation et propriétés de la peau du mycélium.(A) Structure du champignon G. lucidum. Les racines du mycélium se développent à l’intérieur du milieu choisi, les fructifications se formant à la surface lors de temps de croissance plus longs. Les souches de mycélium sont constituées de structures en trait d’union au niveau microscopique. (Échelle, barre de 10 μm). (B) Concept d’utilisation de la peau de mycélium comme substrat pour les dispositifs électroniques. (C) Croissance de la peau de mycélium sur la grille de séparation PE et le substrat sous-jacent. (D) Trois types distincts de peau de mycélium sont obtenus en fonction du temps de croissance. Les faces A et B font référence à la surface en contact avec l’air ambiant et la grille de séparation, respectivement. (E) ATG de tous les types de mycélium avec un changement de température constant de 0,166 K/s, révélant une stabilité thermique à plus de 250 °C. © Doris Danninger et al. 

Afin de tester ces possibilités, les scientifiques ont mis en place des circuits sur la peau du mycélium. Des métaux (cuivre et or) ont aussi été ajoutés. Ils ont ainsi pu constater que la conductivité du circuit était presque aussi bonne que lorsqu’ils sont montés sur un substrat polymère standard. Le substrat reste efficace même après l’avoir plié plus de 2000 fois.

Les chercheurs espèrent notamment que leur découverte pourrait être utilisée dans des appareils électroniques qui ne sont pas conçus pour durer longtemps, afin d’éviter le gaspillage. Ils cherchent aussi à pousser leurs recherches encore plus loin : « une des solutions consisterait à rendre la structure obtenue naturellement encore plus homogène et, finalement, à y placer les composants électroniques, qui seraient tout aussi biodégradables que le matériau de support ». Kaltenbrunner ajoute : « Ce serait alors l’étape suivante et pour cela, la surface devrait être encore plus lisse ».

Source : Science Advances

33 - Cordyceps : que sait-on du champignon qui transforme les humains en zombies dans la série "The Last of Us" ?

Nastasia Michaels 27/01/2023, 16:32 Environnement

Cordyceps : que sait-on du champignon qui transforme les humains en zombies dans la série "The Last of Us" ? 

© Andreas Kay /Flickr 

Si dans la série "The Last of Us" (HBO) un champignon du genre Ophiocordyceps parvient à prendre le contrôle des humains, ces parasites infectent en réalité des insectes. Leur extrême spécialisation vis-à-vis de leur hôte rend très peu probable une contamination humaine, mais certaines maladies fongiques pourraient néanmoins profiter du réchauffement climatique.

Un champignon parasite qui prend le contrôle d'un organisme afin de le pousser à infecter d'autres individus. Mais dans quel esprit torturé a pu naître une idée aussi horrifiante ? En réalité, les créateurs du jeu vidéo "The Last of Us" - adapté en série TV par la chaîne américaine HBO - auraient trouvé leur inspiration... dans un documentaire animalier, tout ce qu'il y a de plus sérieux.

Les créateurs font référence à un épisode de la série documentaire "Planet Earth" diffusé par la BBC en 2006, montrant une fourmi infectée par un champignon, rapporte CNN. Dans cette séquence vidéo, l'insecte, sous l'influence du parasite, grimpe à un arbre et se suspend à une branche. Des mouvements de balancement font osciller son corps au-dessus du sol. Le corps de la fourmi, digéré de l'intérieur, libère enfin une pluie de spores - particules reproductrices - qui vont infecter de nouveaux hôtes.

Video https://twitter.com/i/status/1617819150063394817

Car oui, ces parasites existent bel et bien. Il s'agit des champignons du genre Ophiocordyceps - autrefois qualifiés de "Cordyceps" avant que des analyses ADN ne permettent de les distinguer.

Les champignons parasites co-évoluent avec leur hôte

Contrairement aux idées reçues, les champignons véritables ou "Eumycètes" se trouvent, dans l'arbre de parenté entre les êtres vivants, plus proches des animaux (et donc de l'humain) que des plantes. La partie que nous "cueillons" est en réalité une structure reproductrice, le "sporophore", qui émerge du sol - où les champignons prospèrent sous forme de longs filaments appelés "mycélium".

Sur la centaine d'espèces recensées dans le genre Ophiocordyceps, chacune se spécialise sur une espèce précise d'arthropode (insecte, arachnide ou mille-patte) ; par exemple, Ophiocordyceps odonatae infecte spécifiquement la libellule.

Parmi ces champignons parasites, certains parviennent à prendre le contrôle des mouvements de leur hôte. "Nous n'en connaissons que 35 (pour qui c'est le cas), mais nos estimations vont jusqu'à plus de 600 espèces, qui attendent d'être décrites", estime João Araújo, conservateur adjoint en mycologie (étude des champignons) à l'Institut de botanique systématique du Jardin botanique de New York, interrogé par CNN.

Y a-t-il un risque que ce parasite, comme dans la série "The Last of Us", s'attaque un jour à l'humain ? Le Dr Araújo, pour sa part, reconnaît qu'il inhale des spores d'Ophiocordyceps tous les jours dans le cadre de son travail - et qu'à priori, il ne s'est toujours pas transformé en zombie. Rassurant...

Plus sérieusement, le scénario de "The Last of Us" s'avère hautement improbable, en raison de l'adaptation de chaque espèce d'Ophiocordyceps à un hôte précis. Les relations entre les parasites et leurs hôtes résultent en effet d'une longue "co-évolution", au cours de laquelle, au fil des générations, le parasite s'est adapté à chacun des mécanismes de défense de son hôte, qui lui-même a développé de nouvelles stratégies pour lui résister, et ainsi de suite.

Les Ophiocordyceps "disposent d'une machinerie (cellulaire) très élaborée pour interagir avec leurs hôtes et pour faire des choses très intéressantes comme provoquer un changement de comportement, mais ils ne peuvent pas passer d'une espèce à l'autre" - et encore moins à un organisme aussi éloigné (des insectes) que l'homme, affirme Charissa de Bekker, Professeure au département de biologie de l'université d'Utrecht, aux Pays-Bas.

Il existe néanmoins une espèce d'Ophiocordyceps avec laquelle l'humain a tissé une relation ancienne. Le "champignon chenille", appelé localement yarsagumba (Ophiocordyceps sinensis), n'est pourtant pas capable de nous infecter. C'est même plutôt l'inverse : dans les régions d'Asie où il est présent (Bhoutan, Chine, Inde et Népal), l'humain utilise ce parasite des chenilles de papillon... comme ressource ! Ses supposées vertus stimulantes, recherchées par la médecine traditionnelle, lui valent en effet le surnom de "viagra de l'Himalaya".

Ces champignons parasites qui infectent l'humain

Malgré tout, sur les quelque 150.000 espèces de champignon recensées dans le monde (sachant qu'il en existerait entre deux et quatre millions au total), quelques centaines s'avèrent capables d'infecter l'humain. L'infection de la peau ou des muqueuses par un champignon pathogène, ou "mycose" superficielle, est généralement favorisée par un déséquilibre permettant à des champignons - auxquels nous sommes exposés en permanence sans le savoir - de s'y installer.

Parmi les mycoses les plus fréquentes, on retrouve notamment les candidoses, les dermatophytoses - teigne, pied d'athlète ou intertrigo, etc. - ou encore le pityriasis versicolor, respectivement provoquées par les champignons du genre Candida, par les dermatophytes (genres Trichophyton, Microsporum et Epidermophyton) et par l'espèce Malassezia furfur.

Si aucun champignon parasite de l'homme n'est capable de modifier, fort heureusement, notre comportement, les conséquences d'une mycose peuvent cependant êtres graves, en particulier lorsque la personne infectée présente un système immunitaire affaibli (immunodéficience), favorisant des maladies comme les aspergilloses, les cryptococcoses ou les pneumocystoses par exemple.

Le réchauffement climatique favorise certains champignons pathogènes

Or, le réchauffement climatique pourrait favoriser l'émergence et la dissémination de champignons pathogènes, à l'instar du redoutable Candida auris, découvert en 2009 et désormais présent dans une trentaine de pays à travers le monde. Qualifié de "grave menace pour la santé mondiale" par le centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC), ce champignon inquiète par l'existence de souches "multi-résistantes" aux trois classes de médicaments antifongiques disponibles actuellement.

"Dans un monde qui se réchauffe, les champignons doivent également s'adapter à un climat plus chaud", avertit Charissa de Bekker. "Et vous pouvez imaginer que si leurs températures optimales de croissance deviennent par conséquent plus élevées - et plus proches de nos températures corporelles, il pourrait alors être plus probable qu'à l'avenir, nous ayons davantage d'infections fongiques chez les humains que ce que nous observons actuellement."

Un avenir plus chaud avec davantage d'infections fongiques mettrait particulièrement en danger les personnes dont le système immunitaire est affaibli, confirme Dimitrios Kontoyiannis, responsable adjoint de la médecine interne au MD Anderson Cancer Center de l'université du Texas.

En revanche, l'expert en mycologie médicale explique que la manière dont les champignons infectent l'homme - par rapport aux virus, beaucoup plus transmissibles - rend peu probable l'éventualité d'une "pandémie fongique mondiale". "La plus grande menace à l'échelle mondiale est le changement climatique", souligne de son côté David Hughes, ancien consultant scientifique du jeu vidéo "The Last of Us", désormais spécialiste de la sécurité alimentaire mondiale à l'université d'État de Pennsylvanie.

Il serait donc peut-être plus judicieux de voir cette effrayante pandémie de "champignon zombifiant" comme une métaphore des conséquences dramatiques du bouleversement de notre climat par les activités humaines - lequel commence déjà à contribuer à des catastrophes naturelles plus fréquentes et plus intenses, ainsi qu'à l'extinction de masse de la biodiversité (y compris celle des champignons, essentiels au fonctionnement des écosystèmes) dont nous dépendons pour notre survie.

34 - Lichens et changement climatique


Réchauffement. Il faudrait un million d’années aux lichens pour s’adapter à 1 °C de plus.

L’algue du partenariat symbiotique qui constitue les lichens s’adapte aux évolutions du climat à un rythme extrêmement lent, suggère une nouvelle étude.

Source: New Scientist Publié le 15 février 2022 à 15h07

L’augmentation d’un seul degré de la température de l’atmosphère menacerait le plus important partenariat symbiotique du monde vivant. “Les lichens, organismes composites faits de cyanobactéries ou d’algues associées à un champignon, pourraient disparaître à cause du changement climatique du fait de la lenteur à laquelle évolue leur composant algal”, annonce le New Scientist.

 

L’hebdomadaire se fait l’écho d’une étude parue ce 15 février dans Frontiers in Microbiology, pour laquelle des chercheurs se sont focalisés sur Trebouxia, un genre d’algue verte unicellulaire associé à un champignon dans plus de 7 000 espèces de lichens. En collectant des données sur de nombreux spécimens à travers le monde, puis en utilisant des informations génétiques lui permettant de constituer un “arbre généalogique” de cette algue, l’équipe a estimé le temps qu’il a fallu à Trebouxia et donc aux lichens pour s’adapter aux changements climatiques qui se sont produits par le passé.

 

Les chercheurs ont ainsi découvert que cette algue était particulièrement lente à s’adapter, modifiant ses préférences de température de moins de 1 °C tous les millions d’années. “Ce rythme est nettement plus faible que les 1 à 4 °C de hausse des températures mondiales prévue pour les quatre-vingts prochaines années”, fait remarquer Matthew Nelsen, du Field Museum de Chicago, premier auteur de l’étude.


Étudier le partenaire fongique

Selon lui, des lichens dépendant de Trebouxia pourraient migrer vers des lieux où la température et l’humidité seraient plus acceptables pour eux, mais la plupart disparaîtront des endroits où on les trouve actuellement. “Tout cela pourrait avoir des conséquences écologiques d’une grande ampleur”, déplore le New Scientist.


Les lichens jouent un rôle fondamental dans la stabilisation des sols et la rétention de l’humidité, et ils peuvent servir de nourriture ou d’abri à certains animaux.”

 

La prochaine étape pour les chercheurs devra prendre en compte les partenaires fongiques et leur capacité d’adaptation au climat pour mieux évaluer la survie des lichens. Des études en laboratoire pourraient également permettre d’appréhender au mieux les limites thermiques des symbiotes algaux. 

35 - Un champignon menace les brebis pyrénéennes

Un demi-millier d’ovins a déjà été intoxiqué en Haut-Béarn, contractant un eczéma facial très agressif en raison de la chaleur et de l’humidité.

Le pithomyces chartarum est particulièrement redouté par les éleveurs de bovins et d’ovins, car il s’attaque à tous les ruminants. Il prolifère dans les pâturages surtout quand les températures nocturnes sont supérieures à 13°C pendant plusieurs jours.

Les spores de ce champignon libèrent une mycotoxine, la sporidesmine, provoquant un blocage des voies biliaires et entraînant une lésion du foie.

Cette maladie provoque également une photosensibilité de la peau, surtout lorsqu'elle est exposée à la lumière directe du soleil. Cela provoque une forte irritation de la peau qui pousse la bête à frotter sa tête contre différents objets. D’où une perte d’une partie de la toison. La peau sèche et devient orange.

Cette sporidesmine peut affaiblir l’immunité et affecter la production totale des animaux d'élevage et, lorsqu'elle est absorbée en grande quantité, elle peut entraîner la mort.
Les éleveurs craignent un développement important de ce champignon dans les années à venir avec le réchauffement climatique.

Article vu dans PressLib.




36 - Les champignons peuvent vivre sans développer le moindre cancer 

Une équipe de recherche découvre comment les champignons ont mis au point un ingénieux système qui leur permet de vivre des centaines d’années sans développer le moindre cancer

PUBLIÉ LE 25 JUIL 2023 À 13H50  MODIFIÉ LE 25 JUILLET 2023PAR IVES ETIENNE

Les scientifiques s'intéressent à certaines espèces de champignons, qui alors qu'ils vivent très longtemps, développent très peu de cancers. Cela pourrait être dû à un mécanisme sophistiqué qui permet de contrôler la bonne santé génétique des cellules et de leurs noyaux.

D’incroyables champignons… Des chercheurs de l’université néerlandaise de Wageningue aux Pays-Bas viennent de publier dans Microbiology and Molecular Biology Reviews des résultats étonnants sur des mutations génétiques qui affectent certains mycéliums. Ils ont observé que certains d’entre eux pouvaient vivre très longtemps en ayant développé un système particulier. Ceci leur permet de rester en bonne santé pendant très longtemps.

Le paradoxe de Peto chez les champignons

Grâce à cette découverte, les scientifiques pensent avoir découvert comment certains champignons parviennent à déjouer la menace du cancer leur permettant de vivre très longtemps.

La durée de vie d’un animal peut dépendre de nombreux facteurs. Il peut s’agir de l’endroit où il vit, de ses conditions de vie, de son régime alimentaire ou encore de certaines prédispositions génétiques. Il est cependant clair que certaines espèces vivent très longtemps par rapport à d’autres. L’éléphant d’Asie peut vivre entre 60 et 70 ans, le homard peut atteindre l’âge vénérable de 100 ans. Quant à la baleine boréale, elle peut vivre deux siècles. Mais, le champion toute catégorie est le requin du Groenland puisqu’il pourrait atteindre 400 ans !

On pourrait penser que tous ces êtres dont les cellules connaissent de nombreuses divisions cellulaires présentent un risque plus élevé de développer des cancers que des espèces à durée de vie plus courte comme les souris par exemple. En 1975, le statisticien et épidémiologiste anglais Richard Peto découvre qu’il n’existe pas de corrélation entre le nombre de cellules d’un organisme et le nombre de cancers que cet organisme peut développer. Par exemple, l’incidence du cancer est bien plus importante chez l’Homme que chez la baleine. Pourtant au vu du nombre de cellules que ce mammifère marin possède, on pourrait croire qu’il court plus de risque de développer un cancer. Or, ce n’est pas le cas !

Le paradoxe de Peto pourrait s’expliquer par le fait que les espèces à longue durée de vie possèdent des mécanismes anticancéreux plus développés et plus efficaces que les espèces animales à courte durée de vie.

Des mutations au niveau des mycéliums de certains champignons

Ce que nous appelons champignon dans le langage courant, et qui est la partie visible de cet être vivant se nomme sporophore. Il s’agit d’un organe qui se compose généralement d’un chapeau et d’un pied. Ce dernier représente en quelque sorte l’organe reproducteur du champignon. Le véritable champignon se trouve bien souvent caché dans le sol ou dans le substrat dans lequel il se développe. Il s’agit du mycélium, l’appareil végétatif du champignon. Il possède un ensemble enchevêtré de fins filaments blanchâtres qu’on appelle hyphes. Ces hyphes se composent de cellules très allongées et tubulaires.

Les chercheurs ont découvert que des mutations génétiques peuvent se produire dans les noyaux des cellules des mycéliums de champignons. Ces mutations devraient normalement apporter un avantage concurrentiel dans le mycélium. Cependant, les scientifiques savent aussi que ces mutations réduisent l’état général du mycélium dans son ensemble. Dans ces conditions, les scientifiques considèrent ces mutations comme une sorte de cancer du noyau de certaines cellules du mycélium.

Dans leur article publié récemment, l’équipe de recherche néerlandaise explique que des mécanismes réduisant le risque de cancer du noyau existent chez certaines espèces de champignons à longue durée de vie et à croissance lente. C’est notamment le cas chez les espèces formant les bien connus ronds de sorcières ou cercles de fée. Elles peuvent en effet atteindre des centaines d’années pour certaines espèces.

Les espèces de champignons à croissance rapide ne possèdent pas de tels mécanismes. En effet, elles ne développent pas ces cancers du noyau. En revanche, si on les cultive en laboratoire, hors de leur milieu naturel, plus longtemps que prévu, elles peuvent développer des cancers.

Cette structure de connexion par pince n’existe que chez certaines espèces de champignons. Jusqu’à aujourd’hui, elle n’était pas complètement connue et expliquée.

Ces espèces de champignons possèdent au niveau des hyphes de leur mycélium des cellules particulières appelées dikaryons. Ces cellules particulières possèdent deux noyaux haploïdes. Il s’agit de deux noyaux ne contenant qu’une copie de chaque chromosome au lieu de deux copies comme dans les cellules diploïdes. Ces deux noyaux haploïdes sont génétiquement distincts.

Au cours de la division cellulaire d’une cellule dikaryons terminale d’un hyphe, l’un des noyaux haploïdes est placé provisoirement dans une sorte de cellule d’attente jusqu’à ce que la cellule puisse vérifier sa qualité génétique. Si cette vérification est positive, la division cellulaire peut se dérouler normalement. Elle produit alors deux cellules filles contenant chacune deux noyaux haploïdes. Au cas où la qualité du noyau placé en attente est insuffisante, le processus s’arrête et la fusion cellulaire ne se produit pas.

Dans ce phénomène de connexion par pince, les deux noyaux des cellules testent en permanence leur capacité à fusionner. Les noyaux présentant trop de mutation échouent à ce test et la cellule meurt. Avec cette découverte, les scientifiques ont mis en évidence un ingénieux système. Il permet à certains types de champignons de rester longtemps en bonne santé durant toute la durée de leur existence. 

37 - Ces champignons très communs peuvent désormais s'introduire dans des organismes vivants

Article de Nastasia Michaels   

Les champignons du genre Mycena vivent communément sur les arbres morts. Une nouvelle étude menée par l'université de Copenhague démontre que ces décomposeurs peuvent désormais s'introduire dans des organismes végétaux "jeunes et sains". Mais sans forcément nuire à leur hôte.

Les "frontières" seraient-elles en train de se brouiller ? Jusqu'à présent, les spécialistes de la biologie des champignons établissaient une distinction claire entre les décomposeurs (ceux qui se nourrissent d'organismes morts), les parasites (vivant aux dépens de leur hôte) et les mutualistes (relation de symbiose, bénéfique pour les deux partenaires).

Un exemple célèbre – et terrifiant – de champignon parasite est bien sûr l'Ophiocordyceps, ou Cordyceps, un genre qui compte en réalité plusieurs centaines d'espèces, chacune adaptée à un hôte précis : généralement, un insecte ou un autre arthropode (araignée, par exemple) mais jamais l'humain, comme l'imagine la série américaine The Last Of Us (HBO).

Analyses ADN

La classification des champignons en trois catégories de mode de vie n'est toutefois pas aussi figée que ce que l'on aurait pu supposer. C'est ce qu'ont démontré des scientifiques de l'université de Copenhague et leurs collègues dans une étude publiée par la revue Environmental Microbiology (15 mai 2023).

Ces chercheurs se sont penchés sur des petits champignons, à la fois discrets et pourtant très communs dans nos forêts : les mycènes, un genre qui compte plus d'une centaine d'espèces – dont aucune n'est comestible et plusieurs s'avèrent même toxiques en cas d'ingestion.

Ces champignons étaient considérés comme des décomposeurs stricts. Du moins, jusqu'à maintenant… "Grâce à des analyses ADN, nous avons découvert que les champignons du genre Mycena sont systématiquement présents dans les racines des plantes hôtes vivantes", souligne dans un communiqué Christoffer Bugge Harder, auteur principal de l'étude. Et d'en déduire :

"Cela suggère que les mycènes sont en train d'évoluer, passant du statut de décomposeurs de matières végétales non vivantes à celui d'envahisseurs de plantes vivantes, dans des conditions favorables."

 

L'humain a-t-il créé les conditions de ce changement ?

Cependant, rien n'indique que ces champignons soient en train de se transformer en parasites. En effet, ils pourraient tout aussi bien tenter d'entrer en symbiose, et c'est d'ailleurs vers cette hypothèse que penchent les auteurs : "Nous constatons que certaines mycènes semblent échanger de l'azote, un nutriment indispensable aux plantes, avec du carbone provenant de celles-ci", note le Dr Bugge Harder.

Les champignons symbiotiques tels que ceux du genre Amanita – dont fait partie l'Amanite phalloïde, mortelle pour l'homme – constituent ainsi des partenaires essentiels pour les arbres au sein des écosystèmes forestiers.

Pour les auteurs de l'étude, le surprenant changement de mode de vie des mycènes pourrait être lié à l'activité humaine : "nos plantations en monoculture, nos peuplements forestiers par exemple, ont fourni aux champignons des conditions optimales pour s'adapter. Les champignons semblent avoir saisi cette opportunité", estime le chercheur.


38 - Projet Lacq et Etat de la forêt pyrénéenne.