Autour de Jean Chardavoine

La Renaissance a été marquée à Beaufort par l'élévation par Jean de Lépine de l'actuel clocher de l'église Notre-Dame et la décision de construire des remparts autour de la ville, pour protéger les intérêts des bourgeois et marchands.


Pour évoquer cette période, un nom revient assez souvent aujourd'hui,chez les amateurs de musiques et chansons anciennes.


Jean Chardavoine, auteur d'un des premiers recueils de chansons populaires, est né à Beaufort et y a vécu quelques années, avant d'aller se faire connaître à Paris.

Il est présenté souvent comme musicien de la Renaissance.


Un carrefour urbain a pris son nom, à l'emplacement d'un logis dont la tradition voudrait que Jean y ait habité, au milieu du XVIe siècle.

L'immeuble est toujours présent.

Comme il abrite le dernier hôtel de la ville, il est agréable de rappeler quelques éléments de son histoire. 

Musique et Renaissance française

La Renaissance en France, que l'on ne sait pas bien définir, concerne les XVe et XVIe siècles.

L'Europe commence à se définir à l'ouest. Des nations se forment.

Les idées et les hommes circulent, sans cesse, dans cette Europe naissante.


Les italiens revendiquent l'invention de la Renaissance pour marquer une rupture par rapport à une époque jugée barbare ou gothique.

Dans leur épopée pour revendiquer leurs biens à Milan, Naples et autres, les rois de France, de Charles VIII à François Ier, rencontrent des maîtres d'œuvre, artistes et artisans prêts à prendre de nouvelles commandes pour embellir ou rénover les demeures françaises et provençales.


A la suite, banquiers, secrétaires, médecins et agents d'affaires italiens viennent s'installer dans l'entourage de la haute noblesse française.


Les gens de lettres ramènent les priorités à la considération de l'homme devant celle des choses. C'est l'humanisme.

L'homme s'intéresse à lui-même. Il est la mesure de toutes choses. L'art profane apparaît.

En même temps,  des manifestations commencent pour un mouvement de réforme de la religion.

Jusqu'en 1598 et l'édit de Nantes, les ravages de la guerre civile et l'émigration de nombreux artistes huguenots vont contrarier fortement le mouvement de Renaissance en France.

C'est dans ce contexte qu'aux XVe et XVIe siècles, la musique vocale l'emporte sur la musique instrumentale. Le point central est la musique vocale polyphonique néerlandaise pour certains, franco-flamande pour d'autres.

La musique s'humanise en accordant le rythme à une pulsation vivante. La structure se simplifie. La musique cherche à imiter la nature tandis que la musique vocale imite le texte. Elle en traduit l'expression et l'atmosphère [MIC].


La chanson parisienne, de facture élégante, connaît un grand développement à partir de 1530, grâce notamment aux nombreux arrangements pour luth.

Clément Janequin (1) est un compositeur reconnu de cette période. On parle, pour lui, de chansons à programme, tant il utilise d'effets descriptifs.


A partir de 1550, le chant polyphonique évolue progressivement vers le chant à une seule voix accompagné, en passant par le vaudeville (2) et  l'air de cour.

 

Ce sont des airs d'inspiration savante ou populaire que l'on chante dans les rues.

On pouvait danser sur ces airs chantés ou joués sur un instrument [FRI].

Jean Chardavoine

Jean Chardavoine est né à Beaufort le 5 février 1538, nouveau style -voir encadré-

Joseph Denais [DEN2] nous explique comment il a trouvé dans les registres paroissiaux un acte de baptême, écrit en latin, au nom de Jeanne Cerdavoine.


Un prénom féminin a pu désorienter les chercheurs. Toutefois l'acte désigne deux parrains et une marraine or, l'usage à cette époque est de donner deux parrains et une marraine à un garçon et un parrain et deux marraines à une fille. En l'espèce, nous sommes dans le premier cas et il convient alors de lire Jean.

Quant au nom Cerdavoine, il est écrit Cherdavoine dans des actes de baptême postérieurs. L'écriture Chardavoine arrivera plus tard.

Libre interprétation de portrait par Florence Guerbé

Les parents de Jean, Jean et Perrine, appartiennent à la bourgeoisie locale. Ils sont alliés aux familles Roy (3), Phelippeau (4) et Migon (5) très bien connues à Beaufort.

Quatre filles et deux garçons naissent après Jean, à Beaufort. Leurs parrains et marraines sont choisis souvent dans les familles citées ci-dessus.

La tradition locale veut que la famille Chardavoine habite alors le logis situé au carrefour qui porte aujourd'hui ce nom et dont, comme nous le verrons plus loin, on trouve une citation en 1642.

Nous ne savons pratiquement rien d'autres sur le séjour de cette famille à Beaufort.

Le père de Jean décède avant la naissance du troisième fils, René, en 1552.

Après cette date, il n'y a plus aucune trace de famille Cherdavoine dans les registres paroissiaux, non plus que dans les autres documents d'archives.

Il est possible qu'après la mort du père, la famille ait quitté assez rapidement Beaufort.

En 1571, Jean est à Paris. Nous le savons par un acte de bail à rente (6) que lui cède Jehanne Guespin le 6 juillet 1571, pour une maison située près du collège du cardinal Lemoine, dans le quartier latin.

Ce collège, créé au XIVe siècle, est célèbre. Il connaît ses années les plus fastes aux XVe et XVIe siècles, quand il accueille des étudiants de la faculté des Arts et de nombreux enfants apprenant la grammaire.

Jean Chardavoine est-il venu habiter dans cette maison parce qu'il fréquentait ce collège réputé pour son enseignement de la philosophie et la grammaire ? Nos recherches sur l'activité de cet établissement au XVIe siècle n'ont pas permis de répondre à cette question.


Si l'on s'en réfère à l'acte cité ci-dessus, Jean est alors « praticien ». C'était souvent le terme employé pour des hommes de lois, mais pas seulement.


Cinq années plus tard, l'éditeur Claude Micard publie a Paris, avec privilège du Roi : Le recueil des plus belles et excellentes chansons en forme de voix de ville, tirées de divers auteurs et poètes français, tant anciens que modernes, auxquelles a été nouvellement adapté la musique de leur chant commun, afin que chacun les puisse chanter en tout endroit qu'il se trouvera, tant de voix que sur les instruments. Par Jehan Chardavoine, de Beau-fort en Anjou. 


Nous sommes donc en 1576. Le privilège a été obtenu auprès de Charles IX, le 20 août 1573.

Le volume contient cent quatre-vingt dix chansons, dont toutes sauf quatre contiennent la partition musicale.

Nous examinerons ce recueil au paragraphe suivant.


Notons que, dans sa présentation, l'ouvrage précise : Jehan Chardavoine de Beau-fort en Anjou.

L'auteur a tenu à préciser son origine provinciale. Elle a donc une importance. Laquelle ?


Nous ne connaissons pas la date de décès de Jean. Les chercheurs proposent 1580 en s'appuyant sur une liste des auteurs angevins dressée au début du XVIIIe siècle. On y lit la mention « Jehan Chardavoine musicien 1580 ». 

Pour un certain nombre de personnages de cette liste, il a été vérifié que la date inscrite correspond à celle de leur décès.

Il est tentant d'appliquer le principe à notre auteur. 

Généalogie et nouveau style

Les recherches de généalogie dans les premiers registres paroissiaux peuvent présenter des difficultés de chronologie.


Notre calendrier en douze mois de janvier à décembre n'a guère changé depuis Jules César.

Toutefois, jusqu'en 1563, c'est le pouvoir religieux qui fixait le jour du nouvel an. Ainsi les catholiques changeaient d'année le jour de Pâques.

Comme c'est une date mobile comprise pratiquement entre le 22 mars et le 25 avril, il en résulte que des années calendaires étaient plus longues que d'autres.

Dans les plus longues, certains jours existent en début d'année et en fin d'année et l'on doit préciser, dans les actes notariés notamment, si ce jour se place avant ou après Pâques.

Pour en finir avec cette complication, Charles IX décide, que l'année 1564 commence le 1er janvier 1563. Il en résulte que le 1er janvier 1563, ancien style, devient le 1er janvier 1564, nouveau style.

Ensuite, toutes les années commenceront de même au 1er janvier.

Pour les années antérieures, il faut alors corriger les dates pour les exprimer en nouveau style.

Nous pouvons schématiser comme suit, en prenant l'exemple de l'année 1540

Ce qui apparaît dans le registre de baptême à la date du 5 avril 1540, avant Pâques, doit être converti en 5 avril 1541, nouveau style. Par contre le 5 avril 1540, après Pâques, reste le 5 avril 1540 nouveau style. N'est-ce pas ?

En fait, il a fallu attendre pratiquement deux ans et plus pour que les scribes adoptent dans les actes, les nouvelles mesures.

L'année 1537, en ancien style, court du 1er avril jusqu'au 20 avril (voir ci-dessous un lien pour accéder à un site qui donne un tableau des jours de Pâques).Jean Chardavoine apparaît sur le registre à la date du 2 février 1537. Il a donc été baptisé le 2 février 1538,  de notre calendrier actuel. 

Le recueil de Jean Chardavoine 

Le recueil de chansons en forme de voix de ville de Jean Chardavoine a été précédé, par deux ouvrages : le premier par Le Roy et Ballard en 1555; le deuxième par A. Le Roy en 1573 [JUB].

Le recueil de Chardavoine est néanmoins le premier consacré aux chansons à une seule voix.


Ces chansons sont le plus souvent construites sur des strophes répétitives. Une chanson en voix de ville peut alors facilement s'appuyer sur un texte et être adaptée à un autre.

Aujourd'hui, nous dirions qu'un texte d'auteur se chante sur « l'air de » .


Jean Chardavoine ne fut ni compositeur de musique, ni poète reconnu. Son art consista essentiellement à recueillir airs et textes de son temps et faire des arrangements pour amuser, voire faire danser, les gens de cour et le peuple.

Pour les textes, il donne une bonne part aux poèmes de Pierre de Ronsard et autres membres de La Pléiade.


Un exemplaire du recueil de 1576 et une version un peu modifiée et non signée, publiée en 1588, sont consultables à la Bibliothèque nationale de France. 

La BnF a mis récemment  en ligne, sur son site Internet, un exemplaire numérisé (voir ci-dessous) de cette édition de 1588.

couverture du recueil

Nous nous contenterons ici d'examiner quelques chansons, parmi les mieux connues aujourd'hui.


Chardavoine aurait été le premier à mettre une musique sur « Mignonne allons voir si la rose », tiré de « l'Ode à Cassandre » de Pierre de Ronsard.

Celui-ci aimait Cassandre Saloiati qui le lui rendait bien. Mais cet amour était impossible, Pierre de Ronsard étant clerc tonsuré. Cassandre se tourna vers une autre prétendant.

Cet air fait aujourd'hui partie du répertoire de Jeanne-Marie Gilbert, musicienne et chanteuse angevine (7).


Mention spéciale pour « Quand ce beau printemps je vois », également sur un poème de Ronsard.

Ce dernier aurait été dédié à mademoiselle de Limeuil, par commande de Louis de Condé avec qui elle a eu un enfant.

Descendante des Roger de Beaufort, mariée à Scipion Sardini en 1569, Isabelle de Limeuil devient plus tard comtesse de Beaufort par engagement, pour quelques années.

La petite histoire ne s'arrête pas là. Il se raconte que le dit Sardini, encore jeune, a chanté ce couplet, sans doute à la Cour, devant madame de Neufvie.

Celle-ci répondit :

Moy je fais comparaison ... d'un oison … à un homme mal habile

Qui d'un sens par trop rassis … cause assis … quand son roi prend une ville.

Sardini était banquier, pas guerrier.


Une chanson a été remise à l'honneur, il y a quelques années. C'est « Une jeune fillette ». Elle sert de thème musical dans le film « Tous les matins du monde » de Jean Corneau.

Le texte raconte l'histoire d'une jeune fille qui se meurt d'avoir été mise au couvent contre son gré.


De source non vérifiable elle aurait été auparavant publiée en allemand dans le Erfurt Hymnal en 1572.


Une variante « Une jeune pucelle » raconte l'histoire de la vierge Marie. Cette messe de Noël aurait été apprise aux Hurons canadiens, dans leur langue, par un missionnaire jésuite, au début du XVIIe siècle.


Pour certains « Une jeune fillette » serait dérivée de la chanson érotique « Il était une fillette » de Clément Janequin, déjà cité.


Il estoit une fillette

qui vouloit scavoir le jeu d'amours.

Un jour qu'elle estoit seulette

je luy en aprins deux ou trois tours.



Faisons ici une référence à l'un de nos angevins les plus célèbres : Joachim du Bellay (8).

Chardavoine a mis en musique « Si vous regardez Madame », très beau poème tiré de « Divers jeux rustiques » .


Si vous regardez, Madame,

Sans plus à votre grandeur,

Vous desdaignerez l'ardeur,

Dont vostre beauté m'enflamme.


Cette dame était-elle l'objet de ses amours malheureux, lors de son séjour à la cour pontificale  ?


Terminons cette présentation par « Mon père et ma mère ou Gaudinette », chanson très populaire.

Joseph Denais a remarqué que la musique du refrain reproduit celle de la toute première partie d'un air universellement connu, en l'occurrence « Au clair de la lune », que certains ont attribué à Lulli, près d'un siècle plus tard.


Geneviève Massignon (9) classe « Gaudinette » parmi les chansons d'amour qui depuis le Moyen-Age appartiennent aux fêtes de mai.

Elle figurerait au chansonnier J. Balbani (10).

L'air aurait servi, depuis, à deux chansons « Le rosier d'avril » et « Auprès de ma blonde ».

Les familles Perdriau, Giroust et Haran

Le carrefour Chardavoine, à l'angle des rues de la Manufacture et de la Petite Porte, porte ce nom , au moins depuis le début du XVIIe siècle.

Nous le savons par une pièce d'archive datée du 21 mai 1642 et rapportée in-extenso par Joseph Denais [DEN1].


Il s'agit d'une ordonnance de police publiée par Charles Le Gros, sénéchal de Beaufort.

Il y est question de plusieurs personnes qui se seraient assemblées, une semaine plus tôt, en la maison de Me Jehan Perdriau, située au caroy de la Croix Cherdavoine, pour inhumer en terre le corps d'Anne Perdriau décédée en ladite maison.


Une croix portant le nom de Chardavoine existait donc là. Elle a été déposée depuis.

Une colonne-fontaine de granit a été élevée dans le carrefour, en 1867. On y a inscrit : « Carrefour de la maison de Chardavoine- Poète et Musicien Beaufort (XVIe siècle) ».


Revenons sur l'épisode de l'inhumation d'Anne Perdriau. Celle-ci était de religion protestante et son enterrement a causé des troubles importants dans le quartier. Il est même dit que quelques uns auraient profité de la nuit pour la déterrer.

La déterrer de quel endroit ?


Pendant la période de pacification qui a précédé la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, les protestants enterraient leurs morts, dans un emplacement réservé du cimetière catholique ou dans leurs propres lieux de sépulture.

A la lecture du document, nous nous demandons si Anne Perdriau n'a pas été enterrée, tout simplement, dans le jardin familial.


Nous avons par ailleurs peu de renseignements sur cette famille Perdriau. Nous savons qu'un registre d'état-civil protestant pour l'église de Baugé-Beaufort a existé pour la période 1598-1669. Nous n'avons pu en retrouver la trace.


Dans les archives des actes notariés figure un bail accordé 17 juin 1658, par Me Jean Perdriau d'Angers à Charles Giroust, écuyer, seigneur d'Avrillé à Beaufort, pour une maison sise sur la grande rue Bourguillaume.

Nous ne pouvons assurer ici qu'il s'agit précisément du logis Chardavoine.

C'est néanmoins possible.

La grande rue Bourguillaume, à l'époque, allait au-delà du carrefour de la Croix-Chardavoine, jusqu'à la Rabâterie.


Charles Giroust appartient à une famille présente à Beaufort depuis la fin du XVe siècle.

Il a érigé Avrillé en baronnie mais il vend domaine et fief, cette même année 1658, à Charles de Chérité, seigneur de la Blinière, dont les héritiers revendent le domaine à Charles Vallet, en 1681 [DEN1].


Son neveu (?) Jacques, né le 4 octobre 1624, devient un des meilleurs prédicateurs de son temps. Il est confesseur de la reine Marie-Thérèse d'Autriche, femme de Louis XIV. Ses sermons sont publiés, en particulier « Sermons pour le caresme ».


Un frère de ce dernier, Jean, né le 7 août 1631, devient avocat et procureur du Roi aux eaux et forêts. De son mariage avec Marie Vollery, le 30 mai 1656, il a deux filles.

Marie, née le 10 mars 1663, épouse le 3 juin 1680, Mathurin Haran, un avocat procureur du siège de la sénéchaussée de Beaufort. 


Intéressons-nous à la famille Haran, puisque nous allons retrouver, avec certitude, un des descendants propriétaire du logis Chardavoine.


Charles, le petit fils de Mathurin Haran et Marie Giroust, se marie le 16 décembre 1748 avec Catherine Le Royer. Charles, qui prend le nom de Haran de la Barre, est avocat au Parlement, procureur du Roi aux Eaux et Forêts.


Les époux deviennent propriétaires du logis Chardavoine. Ils le transmettent à Charles-Auguste Haran, né le 26 novembre 1761 et marié à Désirée Hunault.

L'immeuble comprend alors, pour la partie principale:

- trois caves sous partie du rez-de-chaussée,

- une cuisine un corridor, une salle à manger avec attiques au-dessus des portes, cheminée de marbre et trumeau au-dessus, un salon de compagnie, un vestibule et un office, au rez-de-chaussée,

- un corridor, quatre chambres à feux, une fruiterie et un cabinet, au premier étage,

- deux greniers et trois mansardes.


La famille Haran possède alors un important patrimoine, avec de très nombreuse propriétés, maisons, clôseries, terres à Beaufort, Brion, Mazé, Corné, Saint-Georges-du-Bois, Les Rosiers, La Bohalle ...

Les moulins de la Roche, à Mazé et le moulin de la Fontaine à Beaufort, appartiennent aux Haran.


Après Charles-Auguste Haran, le logis passe à sa fille Angèle-Marie épouse de Jules-Emile Bordier, banquier à Angers.

Après quelques mutations, l'immeuble devient la propriété de André Plou, cabaretier, en 1893.


Pour compléter sur la famille Haran-Giroust et son importance locale, précisons qu'une petite fille de Marie Giroust, Marthe Haran, née le 19 novembre 1723, va épouser Jacques d'Anquetil de Ruval. Leur fils François-Marie sera maire de Beaufort pendant trente ans.


Après le décès de Marie Giroust, Mathurin Haran se remarie avec Françoise Rivière et de cette union naît le 14 août 1712, Marie-Marthe qui épousera Charles Vallet de la Boire, un petit-neveu de Charles Vallet, déjà cité.


Tout ceci n'est sans doute pas facile à suivre.

Le logis Chardavoine est ici surtout prétexte à évoquer, les relations entre quelques grandes familles de Beaufort , aux XVIe et XIXe siècle. 

Logis et hôtel des voyageurs

Le logis Chardavoine, tel que nous le voyons aujourd'hui, est le résultat probable d'une construction de la deuxième moitié du XVIe siècle et d'une modernisation du XIXe, qui sans doute, a fait perdre à l'immeuble une bonne partie de son caractère.

Il est assez visible que certains éléments d'architecture ont alors été supprimés ou au moins simplifiés.

Le logis "Chardavoine" aujourd'hui

Sur la courette intérieure une lucarne attire  notre attention.Un fronton au tympan sculpté limité par des corniches rampantes en arc concave s'appuie sur de fausses consoles également décorées.
Une toiture inadaptée a été posée dessus en débordement, avec le seul souci de protéger les pierres des intempéries.Le logis Chardavoine est exploité aujourd'hui en hôtel-restaurant. Il n'y en a plus d'autre hôtel à Beaufort.

Lucarne Renaissance à restaurer

Est-ce avec André Plou, en 1893, que l'immeuble devient un hôtel ?
Nous n'avons pas trouvé l'origine.

André Plou marié à Celestine Guitton, le 30 juin 1884, exploite le café restaurant probablement jusqu'en 1913, date à laquelle Jean Drevet en devient propriétaire et exploite lui-même jusqu'en 1929.

Ce dernier vend l'immeuble en 1949 à Emile-Henri Van Der Schueren, alors que le café est exploité par Henri Bellanger.

Quelle est la place de cet hôtel pour évoquer aux voyageurs le souvenir de l'illustre Beaufortais qu'est Jean Chardavoine ?

Ou bien, que peut faire Chardavoine pour assurer la prospérité du dernier hôtel de Beaufort attaché à son nom.

Notre intérêt d'aujourd'hui pour la musique de temps passés, en particulier de la Renaissance, est une bonne occasion pour remettre Chardavoine en scène, avec les auteurs et compositeurs de son recueil.

Nous avons appris qu'une compagnie musicale et chorégraphique régionale étudie actuellement, avec les instances locales, un projet important dans ce sens.
Il est question de réédition des chansons, de la formation des chorales, de l'organisation de stages, colloques et cabarets ...

Souhaitons la meilleure réussite à ce projet et, avec Charles Trenet,  soutenons la chanson de rue.

Longtemps, longtemps, longtemps

Après que les poètes ont disparu

Leurs chansons courent encore dans les rues

La foule les chante un peu distraite

En ignorant le nom de l'auteur

Sans savoir pour qui battait leur cœur

Parfois on change un mot, une phrase

Et quand on est à court d'idées

On fait la la la la la la,la la la la la la

« L'âme des poètes »

Notes


(1) Clément Janequin (v.1485-1558) fut maître de la psalette de la cathédrale d'Angers de 1530 à 1540 et curé d'une paroisse d'Avrillé. Il s'installe ensuite à Paris où il est nommé compositeur ordinaire du roi Henri II

(2) vaudeville vient de voix de ville, pour certains auteurs

(3)  Tienette Roy est femme du sénéchal

(4) Les Phelippeau avocats ou prêtres sont nombreux à Beaufort. Un descendant Jean, né len 1656 sera grand vicaire de Bossuet

(5)  François Mingon ou Migon est Sénéchal de Beaufort en 1530. Il est l'auteur d'un commentaire sur" la coutûme d'Anjou"

(6) Le bail à rente est une vente en contre-partie du versement d'une rente

(7) Jeanne-Marie Gilbert a édité un CD « La verte couleur » chansons au luth et poèmes de la Renaissance

(8) Joachim du Bellay, qui a accompagné son oncle Jean du Bellay et l'architecte Philibert Delorme en Italie, est un des créateurs du mouvement de la Pléiade, pour la Renaissance à "la française" de la littérature

(9) Geneviève Massignon est une ethnologue française (1921-1966)

(10) J. Balbani, Lucques (1575). La famille Balbani acquise à la réforme émigre en Flandre, Suisse ... 


Références

Bibliographie


[CHA] CHASTEL, André, L'art français, tome II, Flammarion - 2000

[MIC] MICHELS, Heinrich, Guide illustré de la musique, Editions Fayard- 2005.

[FRI] FRISSARD, Claude, A propos d'un recueil de chansons de Jehan Chardavoine- Revue de Musicologie -1948

[DEN1] DENAIS, Joseph, Monographie de Notre-Dame de Beaufort-en-Vallée, Lachèse, Belleuvre et Dolbeau , Angers 1874?

[DEN2] DENAIS, Joseph, Jean Chardavoine de Beaufort, en Anjou, un musicien du XVIe siècle, Lib. TECHENEN Paris -1889

[JUB] JUBEAU, Franck, Un praticien-musicien du XVIe siècle- Jehan Chardavoine et son recueil, Mémoire de maîtrise, Université de Tours 1999.


Sites Internet

Entretiens


Cette fiche a été élaborée suite à des entretiens personnels, notamment avec : Pascale Boquet, Renée Drevet, Jeanne-Marie Gilbert, Florence Guerbé, Robin Joly, Franck Jubeau, Jacques Richer


Il convient de les en remercier.


Merci également à :


Sandra Varron pour son aide toujours précieuse aux Archives départementales de Maine et Loire

Anne Embs , professeur à l'Ecole du Louvre, pour ses conseils

François Parain, pour le prêt de documents en dépôt à la mairie de Beaufort-en-vallée.

 


Date de mise à jour:9 avril 2010              Jean-Marie Schio