L'être humain est un temple

Jésus lui-même compare l’homme à un temple dont il faut franchir les multiples enceintes afin de parvenir en son centre sacré, là où Dieu réside.

204.8Considérez encore le symbole de l'enceinte qui, ornée et robuste, entoure l'aire du temple. Il faut savoir entourer l'âme, reine d'un corps qui est le temple de l'Esprit éternel, d'une barrière qui la défende sans pourtant lui couper la lumière ni l'accabler par la vue des laideurs. Une enceinte sûre et affranchie du désir de l'amour de tout ce qui est inférieur: la chair et le sang, pour monter vers ce qui est supérieur: l'esprit. L'affranchir à force de volonté, faire disparaître les angles, les ébréchures, les taches, les veines d'imperfection du marbre de notre moi pour donner à l'âme un entourage parfait. Et, en même temps, de l'enceinte établie pour protéger le temple, en faire un miséricordieux refuge pour les plus malheureux qui ne savent pas ce que c'est que la Charité. Les portiques : c'est le symbole de l'effusion de l'amour, de la pitié, du désir que les autres viennent à Dieu, semblables à des bras aimants qui s'étendent pour faire un voile sur le berceau d'un orphelin. Au-delà de l'enceinte, les plantes les plus belles et les plus parfumées en hommage au Créateur. Semées sur un terrain d'abord nu, et puis cultivées symbolisant les vertus de tous noms : la seconde enceinte vivante et fleurie autour du sanctuaire; et parmi les plantes, parmi les vertus, les fontaines, autre amour, autre purification avant de s'approcher du propylée qui en est proche et, avant de monter à l'autel, on doit sacrifier l'attachement à la chair, se dépouiller de la luxure. Et puis aller plus loin, à l'autel, pour y présenter l'offrande et puis encore vous approcher de la chambre où se trouve Dieu, en dépassant le vestibule. Et la chambre, que sera-t-elle ? Un trésor de richesses spirituelles car rien n'est de trop pour environner Dieu.

Cette “chambre où se trouve Dieu” est ce qu’on appelait aussi “le Saint des Saints”. C’est la partie la plus cachée et la plus sacrée du Temple de Jérusalem, là où se trouve l’Arche de l’Alliance, qui est le signe sensible de la Présence de Dieu dans le Temple. Or, en 94.7, Jésus parle expressément de ce “Saint des Saints” en chaque homme.

94.7Dans le cœur de l'homme, il est un point qui garde le souvenir du Visage de Dieu, un point particulièrement choisi qui est notre "Saint des Saints" d'où lui viennent les saintes inspirations et les saintes résolutions, un endroit qui parfume comme un autel, qui brille comme un bûcher, résonne de chant: comme la demeure des séraphins.

Nous avons ici un exemple de l’usage ambivalent du mot ‘cœur’ par Jésus. Le ‘cœur’ dont il est ici question ne correspond pas à l’affectivité ou aux passions du niveau psychique. Il correspond plutôt au niveau spirituel, ou bien en sa totalité, ou bien à la partie la plus intime de celui-ci. Dans ce dernier cas, le ‘point’ dans le cœur de l’homme pourrait aussi être appelé ‘le cœur du cœur’. Certains auteurs et certaines traditions parlent aussi de ‘l’œil du cœur’.

Dans les Cahiers 1943 (10 juin), Jésus affirme que “la plus belle cathédrale est celle de votre âme habitée par Dieu”. Or, le mot ‘âme’ est ici synonyme du mot ‘cœur’. Et, selon toute logique, c’est de l’esprit immortel de l’homme dont il est ici question, et non de son âme psychique.

Le plus beau ciel pour moi est dans le cœur des créatures qui m’aiment. Pour elles, même si la rage de Satan détruisait toutes les églises, je descendrais, sous forme eucharistique, du haut des Cieux. Mes anges me porteraient aux âmes affamées de moi, pain vivant qui descend du Ciel.

D’ailleurs, ceci n’est pas nouveau. Lorsque la foi était encore flamme d’amour vivant, j’ai su aller vers des âmes séraphiques ensevelies dans les ermitages ou les cellules murées. Je n’ai pas besoin de cathédrales pour me contenir. Un cœur que l’amour consacre me suffit. La plus vaste et la plus splendide cathédrale est toujours trop étroite et trop pauvre pour moi, Dieu qui remplis de moi tout ce qui est. Toute œuvre humaine est sujette aux limitations de l’humain et je suis infini. Alors que votre cœur n’est pas trop étroit ou trop pauvre pour moi si la charité l’embrase. Et la plus belle cathédrale est celle de votre âme habitée par Dieu.

Dieu est en vous quand vous êtes en grâce. Et c’est de votre cœur que Dieu veut faire son autel. Aux premiers temps de mon Église, il n’y avait pas de cathédrales, mais j’avais un trône digne de moi dans chaque cœur chrétien. (Cahiers 1943, 10 juin 1943)

Jésus compare donc l’homme à un temple, et il affirme que “la plus belle cathédrale est celle de votre âme habitée par Dieu”. Ici, il me paraît intéressant de rappeler la structure du Temple de Jérusalem au temps de Jésus, puisque c’est de ce temple-là dont Jésus a fait l’expérience.

La partie la plus extérieure de celui-ci était le parvis des gentils. Au milieu de ce parvis, il y avait un autre parvis, réservé aux Israëlites. Ce parvis était lui-même subdivisé en celui des femmes, celui des hommes(d’Israël). Puis, il y avait le parvis des prêtres. Et c’est au cœur de ce parvis des prêtres que s’élevait le Temple proprement dit, avec son vestibule donnant accès à une première chambre appelée “le Saint”, donnant lui-même accès au “Saint des Saints” où se trouvait l’Arche. N’est-il pas étonnant de constater la correspondance de cette structure du Temple de Jérusalem avec la structure de l’être humain?!