L'anthropologie ternaire du peuple juif au temps de Jésus

Selon certains auteurs, Israël avait sa propre anthropologie ternaire originale. Celle-ci était largement répandue en Israël au temps de Jésus. Mais était-elle bien définie, structurée et uniforme? Cela n’est pas certain.

L’endroit du Nouveau Testament où la présence de l’anthropologie ternaire nous semble la plus claire est dans cette phrase de saint Paul : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers et qu’il garde parfaits et sans reproche votre esprit (pneuma), votre âme (psyché) et votre corps (physis), pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. » (1 Th 5,23) L’être humain dans sa totalité est donc composé de trois éléments : corps (physique), âme (psychique), esprit (spirituel).

Notre corps physique nous est familier. Les deux autres composants qui nous constituent le sont moins. Au point qu’il est facile de les confondre. Et c’est pourquoi, pour exprimer la très grande capacité de pénétration de la Parole divine, la lettre aux Hébreux affirme qu’elle est « plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu'à la division de l’âme et de l'esprit » (He 4, 12).

Cette distinction entre l’âme et l’esprit est encore présente dans le Magnificat de la Vierge Marie : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » (Lc 1,47).

Cette distinction étant établie, nous nous retrouvons donc avec trois composants ou degrés de l’homme. Mais il reste encore à déterminer ce qu’est l’âme et ce qu’est l’esprit.

Ce qui en français à été traduit par le mot ‘âme’ est le mot grec "psyché" d’où vient le mot psychologie, science qui étudie le domaine de la pensée. Ce qui en français à été traduit par le mot ‘esprit’ est le mot grec "pneuma" qui veut dire ‘vent’ ou ‘souffle’. Ces deux mots grecs seraient à leur tour la traduction grecque des mots araméens ‘näfshâ’, ‘haleine de la gorge’, ‘vie animale’, par opposition à ‘roûhâ’, ‘souffle des narines’, ‘insufflation divine’. (Cf. Henri de Lubac, Théologie dans l’Histoire, tome I, La lumière du Christ, II. Anthropologie tripartite, p.124)

Cette dernière expression peut être interprétée de deux manières :

  • L’insufflation divine est la Vie divine en nous, la Présence divine en nous. Dieu est Esprit. Et ce troisième élément en l’homme est notre participation à l’Esprit divin. Et alors, l’esprit ne serait pas réellement un composant de la créature humaine, mais un Élément divin surajouté à l’homme.

  • L’insufflation divine est réellement un composant de la créature humaine, sa partie la plus noble et élevée. Et il est ce par quoi l’homme est capable d’entrer en relation avec Dieu. Il est ce par quoi l’homme peut s’ouvrir à la Divinité et s’orienter vers Elle.

Laquelle de ces deux interprétations était en vigueur en Israël au temps de Jésus? Laquelle de ces deux visions fut celle de Jésus? C’est possiblement ce à quoi pourrait répondre la présente étude.