Je ne sais pas si tu as déjà visité ou vu des photos de la chapelle des papes au Vatican qu’on appelle la chapelle Sixtine. C’est celle où les papes sont élus. Tout autour sont des fresques d’avant la Renaissance représentant des scènes de l’ancien et du nouveau Testament.
Et puis, au-dessus et sur tout le plafond, sont les fresques de Michel-Ange, un des plus célèbres artistes de la Renaissance. Au centre, Michel-Ange a représenté la création d’Adam. Or il a peint un Adam tout nu et, au lieu de cacher le sexe d’une manière ou d’une autre, au contraire il l’a rendu bien visible et provoquant, sur un Adam nonchalant sans aucune énergie intérieure.
Et s’il n’y avait que cela ! Mais, à côté, est peint un sacrifice de l’ancien Testament et, de nouveau, les personnages, des prêtres et des prophètes pourtant, sont nus avec de nouveau le sexe bien en évidence ! Et ce ne sont que deux exemples. Toutes les fresques de Michel-Ange à la chapelle Sixtine sont du même genre.
Cela dans une chapelle ! Que s’est-il passé ?
Officiellement, il s’agissait de plaire ainsi que de mettre en valeur qui, c’est vrai, est une pure merveille. En réalité, il s’agissait de centrer l’art sur l’homme pour occulter – c’est-à-dire pour faire oublier – (…) la Chrétienté.
(…) Pour arriver à occulter cela, on va multiplier les scènes profanes, on va chercher l’inspiration chez les païens, on retient surtout ce qui flatte les sens et non ce qui élève l’esprit, on tourne l’attention vers le corps et non vers l’esprit, dans le corps on montre la beauté physique, la sensualité et le plus possible la nudité,…
L’art de la Renaissance ressemble trop souvent à une collection de « beaux mecs » et de « belles filles séduisantes ».
Abbé Pivert – Origine de la crise dans l’Eglise (2001) – Visite virtuelle de la chapelle
Le Jugement suscita parmi les contemporains à la fois des éloges et de violentes réactions comme celle du Maître des Cérémonies Biagio da Cesena qui déclara qu’il « était extrêmement déshonnête d’avoir peint dans un lieu si honoré tant de nus montrant si indécemment leurs parties honteuses et que ce n’était pas une œuvre digne de la Chapelle du Pape mais de sudatoires et de tavernes. » (G. Vasari, Le Vite).
La polémique continua au fil des ans portant en 1564 à la décision de la Congrégation du Concile de Trente de faire couvrir certains personnages du Jugement considérés « obscènes ». La tâche de peindre les parties à couvrir, appelés « braghe », fut confiée à Daniele da Volterra, depuis lors surnommé le « braghettone ». Daniele ne réalisa que les premières « braghe ». D’autres furent ajoutées aux siècles suivants.