https://bibliothequedecombat.wordpress.com/2014/11/21/qui-est-sauve/
On considère l’Église comme un tout, comme une personne morale qui se compose d’un corps et d’une âme ; d’un corps, qui est la société extérieure des fidèles ; d’une âme, qui n’est autre chose que les dons intérieurs du Saint-Esprit : la foi, l’espérance et la charité.
Or, on peut appartenir au corps sans appartenir à l’âme, comme on peut appartenir à l’âme sans appartenir au corps de l’Église.
Le juste qui professe la foi catholique appartient au corps et à l’âme de l’Église ; le fidèle qui a la même foi, sans être en état de grâce, n’appartient présentement qu’au corps de l’Église ; le catéchumène qui reçoit le don de la charité parfaite avant le baptême appartient à l’âme, quoiqu’il n’appartienne pas encore réellement au corps de l’Église.
Les enfants des hérétiques et des schismatiques, qui ont été baptisés suivant le rit prescrit par Jésus-Christ, appartiennent également à l’âme de l’Église, tandis qu’ils conservent l’innocence baptismale. Il en est de même des adultes qui, ayant été élevés dans l’hérésie ou dans le schisme, y ont persévéré de bonne foi, sans penser à l’obligation de chercher à connaître la vérité.
Si, étant tombés dans le péché après le baptême, ils se sont excités à la contrition parfaite, ils appartiennent à l’âme de l’Église ; et s’ils conservent la grâce de la justification, ils seront sauvés ; ils le seront, non hors de l’Église, mais dans l’Église, à laquelle ils appartiennent, quant à l’âme, par la grâce sanctifiante, et même, jusqu’à un certain point, quant au corps, par le désir implicite de s’y réunir, étant disposés à faire en tout la volonté de Dieu et à renoncer à l’erreur, s’ils connaissaient la vérité.
Mgr Thomas Gousset (1792-1866), Cardinal, Archevêque de Reims – Théologie dogmatique ou exposition des preuves et des dogmes de la Religion (1861)