Qu’est-ce que la sémiotique ?

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Qu’est-ce que la sémiotique ?

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A nagy dínom-dánom után a bűbájos asszonyok sorba a bölcsőhöz léptek és mindenik megajándékozta valamivel a kicsi királykisasszonyt. Egyik szépséget, másik gazdaságot, harmadik kedvességet adott, s így tovább, kitől ami tellett. Mikor éppen a tizenegyedik bűbájos asszonyra került volna a sor, betoppant [a terembe] nagy mérgesen a tizenharmadik s elkezdett átkozódni (Csipkerózsa).

« Alors que [la fête] touchait à sa fin, les fées offrirent à l’enfant de fabuleux cadeaux : l’une la vertu, l’autre la beauté, la troisième la richesse et ainsi de suite, tout ce qui est désirable au monde. Comme onze des fées venaient d’agir ainsi, la treizième survint tout à coup […] Sans saluer quiconque, elle s’écria d’une forte voix … » (La Belle au bois dormant)

La sorcière qui profère ses malédictions
interdiction de sorcières

La sémiotique (σημειωτικός – observable dans les signes) qui s’appelle jelöléstan en hongrois est en théorie la science des signes qui servent à la communication et de leurs systèmes. En d’autres termes, elle étudie l’établissement des signes au sein d’un système donné en associant par leur signification commune une certaine notion, dénommée le signifié, à un signifiant qui en est le représentant concret.

C’était le philosophe américain Charles Sanders Peirce qui en formula l’idée le premier. Mais ce savant est aussi considéré comme le père fondateur du pragmatisme, un courant philosophique pour lequel tout ce qui compte pour une idée, c’est son implication pratique ☺. En ce qui concerne notre cours de syntaxe, la sémiotique n’aura de valeur que si elle permet d’élucider le sens d’un mot formé d’éléments agglutinés comme par exemple « átkozódik », la forme lexicale de l’infinitif souligné dans le texte ci-haut.

Le rôle des voyelles

La prévalence de la méthodologie néogrammairienne basée uniquement sur des lois phonétiques « absolues » dans la linguistique comparative ouralistique qui postule un changement phonétique uniforme et régulier qui, s’il existait du reste, ne serait pourtant typique que des langues germaniques dû à leur tendance à la mutation consonantique a aujourd’hui quelque peu estompé le fait que les voyelles (voc, vocalis) et les consonnes (cons, consona) ont des vitesses de changement différentes.

Pourtant, il suffit de se rappeler le système grammatical de modifications internes d’un mot (appelé introflexion) qui caractérise les langues afro-asiatiques pour se rendre compte que les consonnes sont en général bien plus lentes à subir des modifications que les voyelles. Sans cette particularité, Champollion n’aurait pas pu déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, ce qu’il a pu achever grâce à ses connaissances (entre autres) de la langue et de l’écriture coptes, et le judaïsme serait aussi privé de la compréhension des textes hébreux de l’Ancien Testament, puisqu’à l’origine ces deux écritures n’utilisaient pas de voyelles du tout.

C’est le même principe comme si les textes hongrois les plus anciens auraient été écrits avec rien que des jokers (avec les suffixes en gras) :

La première phrase, qui se prononçait Fehérváru hådu utu reá en 1055 (avec å=a,o) et se dit Fehérvári hadi útra aujourd’hui, signifie « vers la route militaire de Fehérvár ». La seconde, qui se lisait Látjátuk fëlëim szümtükkel mik vågymuk en 1195 (avec ë=e,ö), mais se prononce Látjátok feleim szemetekkel mik vagyunk de nos jours, signifie « Vous voyez mes pairs ce que nous sommes ».

Après presqu’un millénaire, alors que les voyelles sont devenues un peu plus ouvertes, il n’y a qu’une consonne dans le suffixe pronominal de la 1ᵉ plur qui soit différente, le suffixe ayant changé du -mUk original (avec U=u,ü) en -Unk à cause de la métathèse m + U → U + m et de l’assimilation du son nasal dans m + k → n + k. (En ce qui concerne le français, les changements qu’il a subi depuis les serments de Strasbourg sont loin d’être aussi simples ☹.)

On pourrait encore remarquer que la prononciation de la consonne affriquée gy ait changé à cause de la palatalisation de / d͡ʒ/ comme dans « adjudant » en / ɉ͡ʝ / comme (à peu près) dans « adieu », mais c’est sans aucune importance pour la reconnaissance orale de la seconde phrase. La différence est en effet tout juste celle entre les prononciations anglaise et française du son initial de « journal » (un mot qui vient d’ailleurs du latin diurnālis).

Comme on le voit, la compréhension des deux plus anciennes phrases écrites en hongrois ne dépend point des voyelles qui n’ont pour rôle que la distinction de mots ayant la même structure consonantique. Par contre, les jokers servent à structurer les suffixes dont les consonnes se joignent en général à l’aide d’une voyelle intermédiaire à la racine, ce qui laisse entrevoir que le signifiant minimal doit avoir la forme de (⁕)cons, ce qui explique par ailleurs pourquoi la redondance du hongrois est mesurablement moindre que celle de l’anglais, par exemple dans les noms des chiffres (.pdf.hun).

Les voyelles ne forment que très rarement des suffixes à elles seules comme c’est le cas des -(j)A (avec A=a,e) et -i soulignés dans la seconde phrase et qui constituent des suffixes possessifs. En principe, ce n’est que la longueur des voyelles (vōc) qui compte, puisque celle-ci a souvent la signification du quorsif (quor) comme par exemple dans la voyelle Á=á,é exprimant la direction « vers là-bas » (c’est-à-dire felé) dans un tel ⊗adverbe de direction.

Il faut encore noter que selon l’usage linguistique, l’astérisque qui débute un mot dénote une forme hypothétique comme dans le cas du verbe *vål (å=a,o) dont la première occurrence écrite était justement ce ☨vagymuk conjugué d’en haut. On pourrait donc prendre en toute conscience le suffixe élémentaire ⁕cons comme une hypothèse de départ ☺ pour l’analyse du hongrois…

La catégorie vocale

Comme nous venons de le voir, il est inutile de prendre les voyelles intermédiaires en considération pendant l’analyse des suffixes. Cela veut dire que la classe vocalique (claire ou sombre) d’une telle voyelle n’a pas d’importance pour le sens non plus, bien qu’elle joue un rôle déterminant dans l’harmonie vocalique.

Par contre, la classe vocalique de la voyelle initiale d’un complément de lieu ou de direction est de toute évidence un signifiant. Ainsi, la notion de « proximité » est exprimée par des voyelles claires (son, sonora) au début du mot, c’est-à-dire par des racines de la forme son⁕, tandis que la notion opposée, celle de l’« éloignement » est signalée par des voyelles initiales sombres (sur, surda), c’est-à-dire par des mots de la forme sur⁕.

Ce système s’étend au-delà de la seule catégorie grammaticale des compléments de lieu ou de direction. Prenons par exemple les paires itt–ott (ici–là), ez–az (celui-ci–celui-là), ilyen–olyan (comme ceci – comme cela), etc.

La compositionnalité des suffixes

Le suffixe -☨mUk d’il y a mille ans fournit par la même occasion un exemple particulièrement édifiant sur le fonctionnement des suffixes pronominaux. En effet, si l’on néglige la dualité de la conjugaison, alors la structure de ce suffixe devient évident :

1. plur = -☨mUk = m + ⁕k = 1. sing + plur

Donc cette 1ᵉ personne du plural (plur, pluralis) est tout simplement composée de la même personne du singulier (sing, singularis) et du signe général du pluriel. En supposant qu’il y avait au départ une série -m, -l et -*i de suffixes pronominaux au singulier, il suffisait donc d’y ajouter un signe -k, entre autres au dernier suffixe marquant la 3ᵉ personne. Mais dans ce cas particulier, ce signe apparait sous sa « signification » alternative (.pdf.eng) qui est de marquer l’auto-référence du sujet (auto, autoflexilis – courbé vers soi-même) :

3. sing + auto = *i + k = -ik = 3. sing auto

À vrai dire, la série de suffixes pronominaux ci-haut n’est pas une pure supposition puisque c’est elle dont on prétend d’ordinaire qu’elle formerait le « paradigme » des verbes à -ik. En réalité, ce dernier suffixe n’est qu’une coïncidence due au signe auto sur la 3ᵉ sing qui a fait naître un suffixe pronominal bien spécial. Ce pronom appartient en effet au pronom démonstratif A(z) (dans lequel A=a,e) qui correspond à « celui-ci – celui-là ».

De plus, cette série (sans le -k) existe encore bel et bien dans le selkoupe (.eng) où il caractérise la conjugaison objective. Par ailleurs, le selkoupe fait partie des langues samoïèdes qui sont les plus à l’est de toutes les langues ouraliennes. C’est donc dire que ce lien étonnant relie le hongrois à un de ses parents les plus éloignés géographiquement…

Les niveaux de l’analyse grammaticale

La racine du verbe « átkozódik » du début devrait être át (à travers), puisque c’est le mot le plus court qu’on trouve dans un dictionnaire. Mais selon les propriétés de l’agglutination que nous avons appris à connaître jusqu’ici, il en est tout autrement (en employant V=o,ö,e,a et Ó=ó,ő) :

átkozódik = (á + t) + ((V)k + (V)z) + (Ód + ik)

Encore plus que cette opération de composition est syntagmatique, c’est-à-dire elle produit des unités logiquement cohérentes de plus en plus grandes qui sont étudiées par la grammaire sur des niveaux différents en théorie :

L’analyse textuelle (5) ne fait pas pas forcément partie de la grammaire, bien que les termes grammaticaux eux-mêmes soient le fruit d’une étude approfondie de textes dans une langue donnée, ou de la comparaison des textes de langues différentes. C’est pourquoi la limite entre la philosophie et la linguistique est encore de nos jours quelque peu incertaine. La raison en est principalement le fait que dans la tradition hellénistique (occidentale) de la culture européenne, la langue et la logique (λόγος – ce qui relève du langage ou de la pensée) sont indissociables par conception. Mais il n’en va pas de même pour la grammaire sanskrite (.eng), de tradition orientale et asiatique qui a toujours été présentée d’une façon aussi formelle que les grammaires modernes du ⅩⅩᵉ siècle.

Il ne faut donc pas s’étonner que la morphologie (1) soit aussi l’héritage des philosophes grecs puisqu’elle ne s’occupe en général que des morphèmes composés (.hun), tout en postulant que ceux-là n’auraient que des fonctions purement syntaxiques. Pourtant, Panini avait déjà reconnu au Ⅵᵉ–Ⅳᵉ siècle avant notre ère que les morphèmes du sanskrit possédaient une signification précise – ce qui est vraiment remarquable parce que celui-ci comme langue indo-européenne n’est même pas agglutinante ☺.

La sémantique (4) des mots est encore et toujours déterminée par leur contexte, mais le résultat peut en être aussi trouvé la plupart du temps dans un dictionnaire quelconque. De ce fait, on peut supposer que la tradition de cette science remonte aux débuts de l’écriture puisque des dictionnaires akkadien–sumériens (.eng) en écriture cunéiforme étaient déjà utilisés du temps de l’empire d’Akkad.

La syntaxe (2) est le domaine de la grammaire dont la terminologie est plus ou moins partagée par les grammaires de la majorité des langues. Mais cette terminologie n’est tout de même pas idéale dans certains cas. En effet, elle provient avant tout (.hun) de la grammaire latine, et de ce fait elle ne convient pas totalement à une langue agglutinante qui vient d’au-delà de l’Oural en Asie comme le hongrois. Par exemple, pas moins que trois des fonctions retrouvées dans le tableau ci-dessus n’ont pas d’équivalents dans les langues indo-européennes (elles sont barrées dans la liste ci-dessous).

Tout cela revient à dire que l’analyse du mot dans le tableau est faite d’une façon un peu plus élémentaire que d’habitude mais qui reste encore compréhensible si l’on connait les abréviations suivantes :

    • quor (quorsivum) – le quorsif désignant la direction « vers »;
    • fact (factitivum) – le factitif exprimant « faire faire quelque chose »;
    • subs (substantivum) – le substantif;
    • ver objt (verbum objectivum) – le verbe objectif;
    • part (participium) – le participe;
    • n÷ inch (inchoativum & quotiens) – l’action inchoative;
    • auto (autoflexivum) – l’auto-référence.

Le niveau manquant

Le niveau de la sémiotique (3) est celui qui est encore très négligé par les grammaires. Il y a plusieurs raisons à cela : d’une part, la méthodologie de la sémiotique (.hun) est toujours plutôt philosophique que pratique. D’autre part, la présence de la modification incrémentielle de la signification des mots n’est pas toujours évidente, même dans une lange agglutinante. Mais comme nous l’avons vu dans notre exemple, le hongrois permet – à cause d’un hasard chanceux de son histoire – de combler le fossé entre la syntaxe et la sémantique.

Pour en arriver là, il faut tout juste généraliser l’information syntaxique associée aux suffixes individuels. Si on prend les significations les plus abstraites des éléments constitutifs, on peut poursuivre la genèse du sens du mot à partir de celui de la racine dont nous savons déjà qu’elle commence par le signe de l’« éloignement », une voyelle sombre (si la prolongation d’une voyelle est facultative, on écrit cette voyelle avec un accent pointu : ė=e,é; i=i,í; etc.) :

    • ȧ + ⁕ ∊ sur⁕ = l’« éloignement »
    • á + ⁕ = ȧ + vōc + ⁕ = « vers là-bas »
    • át + ⁕ = á + effet objt + ⁕ = « se trouver là-bas » → à travers
    • át(o)k + ⁕ = át + lui-même + ⁕ = « ce qui se trouve là-bas de lui-même » → la malédiction
    • átkoz + ⁕ = át(o)k + continuité objt + ⁕ = « placer cette chose là-bas pour de bon » → maudire
    • átkozó + ⁕ = átkoz + état + ⁕ = « celui qui est en train de faire cela » → le maudissant
    • átkozód + ⁕ = átkozó + momentané et répétitif + ⁕ = « il le fait d’une façon répétée »
    • átkozódik = átkozód + lui-même = « celui-là conjure de façon répétée des malédictions à l’égard de quelqu’un d’autre » → proférer des malédictions, jurer

Les signifiants de tous ces signes étant des suffixes, leur signifiés s’illustrent le mieux avec des mots dans lesquels ces suffixes se trouvent isolés comme dans les exemples supplémentaires du tableau ci-dessus. Par ailleurs, on voit que même dans le français il existe une certaine connexité entre les éléments de cette dérivation étymologique sans qu’il y ait des signes aussi évidents pour l’exprimer.

Observation

Nous avons donc été capables de comprendre le mot choisi en étapes, au gré des suffixes accolés un à un au mot qui s’allongeait au fur et à mesure. Dans le même temps, la part représentée par le joker devenait de plus en plus courte, jusqu’à ce qu’elle disparût. Cela veut dire que l’analyse est, tout comme l’agglutination, une opération tout à fait régulière dans le sens du chapitre précédent (pour être plus précis, elle est régulière à droite parce que le symbole non-terminal qui est l’élément à remplacer se trouve à droite dans l’équation).

Mais si les niveaux grammaticaux (1) et (3) sont réguliers, alors le numéro (2), la syntaxe doit l’être aussi, étant donné la bijection dévoilée plus haut entre la morphologie et la syntaxe…

La méthode de l’analyse

L’aléa linguistique dont on vient de parler concerne un caractéristique qui unit une fois de plus les représentants le plus occidental et le plus oriental des langues ouraliennes. C’est l’indication généralisée de l’aspect sur les verbes et les mots qui en sont dérivés. Mais dans ce cas il faut remarquer que la parenté doit remonter bien loin dans le temps, car pendant que ce marquage se fait encore activement (.eng) dans le selkoupe, le hongrois n’y fait plus appel qu’indirectement quand il s’agit de modifier morphologiquement certains verbes dits irréguliers. Et ces verbes ne sont connus comme tels des hongrois eux-mêmes puisqu’ils ne sont qu’au nombre de 16 ☺.

Mais par contre l’indication primitive de l’aspect est toujours présente dans les mots dérivés. C’est pourquoi la majorité des signes ⁕cons désignent de près ou de loin un tel aspect qui décrivait à l’origine le caractère d’une action, c’est-à-dire son aktionsart dans un sens très général. Donc un tel signe consiste d’un certain suffixe qui est son signifiant, et de l’aspect signifié qui est commun à tous les mots formés à l’aide de ce suffixe – il est en quelque sorte le plus grand dénominateur commun de tous ces mots. Autrement dit, c’est leur intersection sémantique que nous dénoterons par « ⊓ » (l’intersection carrée). Ce symbole permettra alors de définir par exemple le signe du quorsif d’une façon sans équivoque sur les niveaux (1) à (3) comme :

quor = elé ⊓ fölé ⊓ mögé ⊓ … = ⊓ ⁕Á =

Le quorsif est donc « la direction allant vers quelque chose » qui est commune à des notions (qui sont de simples mots en hongrois comme dans l’exemple ci-dessus) comme vers le devant de …, vers le dessus de …, vers le derrière de …, etc. En français, ce signe serait donc exprimé par la préposition « vers ».

L’analyse sémiotique des suffixes est donc très intuitive. Mais qu’en est-il de la signification d’une racine* dont la notation n’est que symétrique à celle d’un suffixe comme ⁕Á ? Est-ce qu’il existe un signifié pour le signifiant xyz⁕ ?

Progressant de citation en citation

On sait depuis Saussure (.deu) que les signes ne sont pas pourvus d’une signification intrinsèque, mais ils l’obtiennent par le signifié qui est associé avec eux, et dont le rapport avec le signifiant correspondant peut évoluer au cours des temps. Pour cette raison ce linguiste ne soutenait pas la division théorique des deux composants d’un signe, pourtant déjà amplement répandue au début du ⅩⅩᵉ siècle. Pour lui – et il faut l’admettre il avait raison sur ce point-là – on ne peut comprendre le système d’un langage dans sa totalité que si on l’étudie dans son état synchronique (σύνχρόνος – avec le temps). Mais les suffixes ne sont presque jamais considérés de cette façon parce qu’ils jouent un rôle subordonné dans les langues germaniques, et dans les langues dérivées du latin, ce n’est que leur évolution diachronique (διαχρόνος – à travers le temps) qui intéresse. Et ces deux approches s’excluent mutuellement.

La linguistique hongroise était tellement sous la tutelle de la linguistique allemande qu’on pourrait presque prétendre que l’ouralistique est une branche de la germanistique ☺. Elle est jusqu’à nos jours l’adepte peut-être la plus fidèle de l’école de Leipzig établie par les néogrammairiens qui étaient les porte-paroles les plus ardents de la méthodologie diachronique. En plus, ils avaient élevé au rang d’une loi naturelle sans exceptions l’éminent caractéristique des langues germaniques, propre à l’allemand avant toutes, cette « régularité » phonétique qui n’est pourtant que la cause d’une prononciation irrégulière symptomatique. (Les consonnes occlusives ne sont pas simplement en opposition voisée et non voisée, mais s’intègrent plutôt dans un spectre fortis–lenis, c’est-à-dire « forte–faible » [.deu] qui fait que les personnes de langue allemande ont tant de difficultés à discerner ces consonnes-là ou à les prononcer correctement dans une langue étrangère. Ces paires de consonnes sont les archiphonèmes [.deu] typiques de l’allemand selon la définition de ce terme par Nikolaï Sergueïevitch Troubetzkoï.) Quoi qu’il en soit, les néogrammairiens de Leipzig étaient tout de même plus prudents que leurs congénères hongrois par rapport à la validité des « lois » phonétiques (.deu) :

« Dans la mesure où elles s’opèrent d’une façon mécanique, toutes les mutations phonétiques se produisent selon des lois sans exception. »

Cela veut dire qu’à l’origine cette méthodologie ne s’étendait qu’aux changements phonétiques mécaniques qui ne résultent pas de l’analogie ou de l’emprunt et qui sont de ce fait plutôt inconscients. En prenant l’onomatopée aussi pour une analogie, il n’y aurait que ces trois méthodes qui peuvent conduire à des mots nouveaux sur le niveau numéro (0). Mais l’analogie peut aussi s’appliquer à des mots étrangers, pendant que la méthodologie néogrammairienne est la moins bien adaptée à élucider les étymologies (ἐτυμολογία – l’étude du vrai sens; szótörténet [.hun]) puisqu’elle exclut tout rapport avec le niveau numéro (4). En ce qui concerne l’analogie, sa définition s’avéra instructive dans l’édition en ligne précédente (datant de 2012) du dictionnaire Webster’s Online (.eng) :

« L’analogie est souvent présentée comme un mécanisme alternatif aux règles génératives pour expliquer la formation productive de structures tels que les mots. Certains disent même que ces deux sont identiques parce que les règles sont des analogies qui se sont établies en tant que norme au sein du système linguistique, pendant que les cas plus clairs d’analogie n’y sont pas (encore) arrivés. Cette vision des choses trouve manifestement sa résonance dans la perception actuelle de l’analogie par les sciences cognitives. »

Comme nous l’avions vu plus haut, les suffixes sont aussi des « structures tels que les mots », leur création ex nihilo s’explique donc le plus facilement à l’aide de l’analogie qui résulterait dans des signes similaires pour des fonctions grammaticales similaires. De ce point de vue, l’analogie des suffixes n’est pas nécessairement la même chose que d’ajouter des morphèmes à la fin de lexèmes comme les grammaires classiques, comme par exemple celles du latin le suggèrent. En effet, la plupart de ces racines n’existent même pas comme des lexèmes libres, et en conséquence on n’a aucune chance de les trouver dans un dictionnaire quelconque.

Pour ce qui est de l’établissement du signifié, voyons voir ce que la germanistique avait à dire dans la personne de Jost Trier (.deu), le pionnier de la théorie du champ lexical (.pdf.deu), sur le rôle sémantique (c’est-à-dire relevant du 4ᵉ niveau) des mots entiers :

« Aucun mot prononcé n’est pas si isolé dans la conscience du locuteur et de l’auditeur comme on pourrait le conclure à partir de sa solitude phonétique. »

Bien que la théorie du champ lexical ne se préoccupe que des synonymes (συνώνυμος – nommé avec) qui ont toujours la même catégorie lexicale, tout en délaissant les signes morphologiques et, en respectant la tradition linguistique allemande, les niveaux grammaticaux (1) à (3). Mais nous savons déjà qu’à cause de l’agglutination, les mots hongrois ne sont pas « solitaires » du tout comme dans les langues indo-européennes, mais au contraire, forment des familles de mots buissonnantes qui ne sont pas limitées par aucune catégorie. Selon les règles de la concaténation, les membres d’une telle famille de mots partagent tous la même racine qui est donc le signe distinctif de cette famille.

Ce signe provient tout simplement de la généralisation de l’allitération qui serait l’analogie du commencement des mots. En effet, de par le principe de l’analogie les parties initiales des mots doivent se ressembler tout comme les parties finales qui sont les suffixes. Ces derniers sont commandés par l’impératif de l’homéotéleute (ὁμοιοτέλευτον – une terminaison similaire), tandis que les premiers par celui de l’homéoarchonte (ὁμοιοαρχων – un préambulaire similaire [.eng]) qu’on pourrait interpréter comme la figure de style de l’allitération étendue à des syllabes entières dans le langage de tous les jours. Dans le même ordre d’idées, voici ce que dit Wikipédia sur la fonction de l’allitération :

« Elle permet de lier phoniquement et sémantiquement des qualités ou caractéristiques tenant du propos afin d’en renforcer la teneur ou la portée sur l’interlocuteur. »

Dans une langue exclusivement suffixale comme le hongrois, l’homéoarchonte est évidemment dépourvu de toute fonction syntaxique, c’est pourquoi il est bien moins déterminé comme signe que les suffixes dont les signifiés font, à part certaines singularités du hongrois, l’objet d’une unité de vues. Par contre, les signifiés des racines ne sont que subjectifs (comme d’ailleurs tout ce qui relève du sens ☺). Pourtant, la « signification » d’une racine peut être dévoilée de la même manière que celle d’un suffixe, notamment par l’analyse sémantique des mots qu’elle peut générer. L’intersection sémantique qu’on trouvera ainsi ne devra pas être totale, c’est-à-dire il n’est pas nécessaire qu’elle s’applique à tous les éléments d’une famille de mots – selon la pratique linguistique, il suffit qu’elle en concerne la majorité. Comme le disait (.hun) Leonard Bloomfield, le père du structuralisme américain :

« On appelle régulier ce qui est fréquent, et irrégulier ce qui ne l’est pas. »

Le signifié d’une racine est donc une notion auxiliaire qui constitue un dénominateur sémantique de la famille de mots représentée par cette racine dont on pense qu’il soit majeur. Bien sûr, cette notion dépend aussi de l’étendue du groupe de mots étudié qui est exprimée par la cardinalité de l’ensemble, et qui est en théorie inversement proportionnelle à la longueur de la racine :

terem ∊ tėr(⁕)m⁕ ⊂ tėr⁕ ⊂ tė⁕

Dans la formule ci-dessus chaque relation d’inclusion est le modèle, en sens inverse, d’une étape de la dérivation du mot donné dont l’examen individuel serait une méthodologie diachronique qui ne deviendrait synchronique que si on l’effectuait d’une manière concertée, c’est-à-dire en prenant en considération chaque étape en même temps. Mais la grammaire classique renverse ces perspectives : pour elle, c’est la suffixation qui est synchronique et c’est le système qui en résulte qui est examiné en diachronie. Cette méthodologie pourtant usuelle chamboule un peu les principes des Saussure, et obscurcit en outre les connexités indispensables pour la compréhension des signes ☹.

L’application pratique

Dans le hongrois, le système des compléments de lieu et de direction est pourvu d‘une complexité presque inaccessible par la grammaire classique. Pourtant, ce système est encore et toujours plus régulier que dans une langue quelconque, pourvu qu’on choisisse une méthode de classification appropriée.

Bien que les notions spatiales (et par analogie souvent temporelles) soient liées à des positions absolues ou relatives, leur distribution varie sur des champs lexicaux différents selon les langues. La complexité apparente du hongrois dans ce domaine résulte de l’étendue de ces champs qui sont de véritables champs notionnels, simplement beaucoup plus complets et homogènes que ceux qu’on peut trouver dans d’autres langues. Prenons par exemple le latin comme une lingua ex machina, peut-être en mémoire du fait que la Hongrie fut le dernier pays à part le Vatican à utiliser le latin comme langue officielle jusqu’en 1836 (ce faisant c’était le pays qui avait conservé le plus longtemps possible la tradition de Charlemagne à cet égard ☺). Si on désigne en latin par ↑sublīmĭtăs l’idée de la hauteur, de l’élévation, etc., on peut d’ores et déjà voir que ce champ notionnel est répandu sur bien de champs lexicaux ☹ dans le latin comme dans les langues qui en sont dérivées. Mais la méthode de l’analyse sémiotique portant sur les racines permettra de comprendre pourquoi il n’en est pas ainsi dans le hongrois.

Le signe du quorsif

Pour cela on aura recours à l’archiphonème ë=e,ö qui n’est pas identique au phonème /ɛ̝/, se prononçant à mi-chemin entre /ɛ/ et /ø/, et qui est souvent marqué par ë (.hun) – l’e tréma – dans des transcriptions phonétiques. Au contraire, il serait plutôt une interprétation possible de ce dernier puisqu’on peut en général – mais pas uniquement – en user là où les dialectes à ö (.hun) réalisent cet ë avec un ö. De toute façon, il n’y a à priori aucun lexème apparent qui caractérise ce champ notionnel qui comporte en hongrois des mots comme la tête, vers le dessus de …, en haut, etc., et qui, en conséquence, ne peut être exprimé que par une racine :

fë⁕ = ⊓ fë⁕ = fej ⊓ fö ⊓ fenn ⊓ … = « ↑sublīmĭtăs »

Il y a même deux ⊗ adverbes de la forme dans cette famille de mots dont les significations diffèrent : fe ≠ fö (vers … ≠ vers le dessus de …). Cette anomalie s’explique par le fait que le mot fe est de par sa morphologie membre de ce champ notionnel, c’est-à-dire quand on le considère en diachronie, mais il ne l’est plus sur le plan sémiotique, c’est-à-dire quand on l’envisage en synchronie :

fe ∈ fë⁕, mais fe ∉ ⊓ fë⁕

Comme on l’avait déjà remarqué plus haut, la longueur des voyelles à accent pointu est insignifiante pour leur analyse. Ainsi, théoriquement, même le mot (la tête, capital) devrait faire partie de la famille fë⁕ puisque fë⁕ = fe⁕ ∪ fö⁕. (Du reste, l’autre variété substantivale de ce mot est ce fej d’en haut.) Les substantifs minimums comme qui ont une structure cons + vōc présentent la particularité d’utiliser un son -v intermédiaire pour la suffixation. Cela laisse entrevoir que leur voyelle allongée était probablement une diphtongue (δίφθογγος – deux sons) à l’origine :

fő = [føː] ← *[føy̯ː] = *fëü

Par ailleurs, la forme hypothétique ci-dessus serait même conforme à la terminaison en =u,ú,ü,ű qu’on peut encore observer dans la charte de fondation de l’abbaye de Tihany (.hun) sur les noms. Mais l’articulation un peu plus fermé – et peut-être moins allongée – de l’ë par rapport à l’ö produirait déjà une diphtongue différente :

*fëü = *[fɛ̝y̯] → [fɛj] = fej

Des diphtongues dont le premier timbre est plus ouvert et plus accentué que le second comme par exemple öü, eü (äü) ou bien ou sont de nos jours encore présents dans le finnois (.eng), mais toujours dans une syllabe initiale. Et ce n’est donc pas par hasard que ce trait apparemment ouralien se limite aux noms minimums dans le hongrois ☺.

En outre, la prononciation peu soigneuse de mots comme volt (du verbe être) ou föld (la terre) pourra les faire entendre comme « vó’t » respectivement « fő’d » ce qui témoigne du fait que cette diphtongaison peut encore réapparaître sous certaines conditions (soient Ó=ó,ő et Ŏ=o,ö) :

  • cons + Ó + ⁕ ⇄ cons + Ŏ + l
    • [vou̯ː] + l⁕ ⇄ [vol]⁕ = volt (il était), volna (il serait), etc.
    • [føy̯ː] + l⁕ ⇄ [føl]⁕ = fël (la direction « en haut »), föld (la « surface du sol »), etc.

En somme, les dérivations d’une part par concaténation et d’autre part phonétique de la racine fë⁕ conduisent au même résultat, ce qui justifierait sa catégorisation comme représentant de la notion de ↑sublīmĭtăs. (Par conséquent, il n’est pas étonnant que le Dictionnaire de la langue hongroise ait déjà essayé de répertorier empiriquement (.hun) toutes les racines au ⅩⅨᵉ siècle – malheureusement, ce dictionnaire ne fut jamais réédité depuis.) En fait, l’intérêt principal d’une telle méthode sémiotique est de permettre de classifier le vocabulaire hongrois et d’offrir un point de repère pour la mémorisation des mots qui ne sont point reconnaissables autrement ☹, dû à leur historique agglutinant fortement monolingue.

Mais la méthode peut être aussi appliquée à une langue apparentée comme par exemple le finnois. Ainsi, la tête se dit fej en hongrois et pää en finnois, la position « en haut » fenn (fönn) respectivement päällä, et la terre föld coïncide avec pelto (entre autres). Comme on le voit, les mots hongrois de la famille fë⁕ ont des équivalents de la forme pė⁕, ce qui corrobore l’unique correspondance régulière entre le hongrois et les autres langues ouraliennes (.hun) qui soit fiable, la substitution f⁕–p⁕. D’autant plus qu’il n’existe pas de racine minimale commençant par un p dans le hongrois, ce qui pourrait indiquer que le son [p] manquait initialement de la langue.

Les signes élémentaires

L’analyse sémiotique du mot átkozódott avait révélé que sa racine se recoupe avec le suffixe du quorsif :

á⁕ ∩ (⊓ ⁕Á) = á

Un tel suffixe (c’est-à-dire rag en hongrois) -ℜ pour lequel il existe une racine ℜ⁕ s’appelle un signe élémentaire :

⁕ ∩ (⊓ ⁕) =

Si le suffixe possède au moins une fonction syntaxique, alors le signe en question est objectif (au sens philosophique du terme), autrement il ne peut être que subjectif. À l’aide des archiphonèmes A=a,e, À=a,á,e,é, Γ=g,k, Ó=ó,ő, U=u,ü et Ú=ú,ű on peut définir les signes élémentaires suivants en vue d’une utilisation pratique pour l’analyse des mots (les abréviations utilisées étant regroupées à part) :

Le signe de la ↑sublīmĭtăs

Remarque

Il faut bien discerner le signe du signifiant. Tandis que le premier, en tant que rapport entre le signifiant et le signifié est arbitraire, ces derniers ne le sont pas du tout au sein d’une langue donnée, puisque nous ne nous intéressons qu’à la synchronie actuelle d’un système linguistique. Ainsi, l’assemblage ci-dessus est conforme à l’esprit de Saussure.

Comme nous l’avons noté plus haut, l’héritage d’un continuum linguistique (qui à l’origine était certainement aussi territorial dans la région de l’Ob) se fait encore ressentir dans le hongrois par le marquage passif mais néanmoins obligatoire de l’aspect sur certains verbes. Les racines de ces verbes sont souvent des signes élémentaires, comme par exemple dans le cas du verbe d’état lė⁕ (lesz – être) ou du verbe d’action tė⁕ (tesz – faire). Mais voyons un peu quels sont les analogues finnois – du moins dans une de leurs significations – des verbes irréguliers hongrois, à part du verbe d’état (toutes les formes étant à l’infinitif) : tehdä (tenni – faire), vetää (venni – prendre), viedä (vinni – porter), uskoa (hinni : hisz – croire), juoda (inni – boire), syödä (enni : ësz[ik] – manger), mennä (menni – aller) és johtua (jönni – venir).

Parmi ces huit verbes, il n’y a que trois pour lesquels il faille faire preuve d’un peu d’imagination pour pouvoir reconnaître les similarités. En effet, il suffit de supposer qu’il y ait eu une métathèse ys → sy dans syödä (*ys⁕), un h peut-être effacé dans *(h)uskoa (*hus⁕), et en plus de savoir que le suffixe pronominal général de la 3ᵉ sing objt du hongrois est -(J)(A) qui possède un archiphonème J qui peut prendre les deux formes i ou j. Donc, si on prenait cet archiphonème, la racine de juoda pourrait aussi être J⁕. Ce qui ferait que les racines des verbes finnois ci-dessus seraient, en utilisant des lettres hongroises : tė⁕, vė⁕, vi⁕, h⁕sz⁕, i⁕, üsz⁕, mė⁕ et jO (avec comme d’habitude O=o,ö,e). Ce qui veut dire que les racines finnoises ne sont point différentes de leurs homologues hongroises, sauf pour quelques voyelles.

S’il y a une telle concordance étonnante entre les racines les plus anciennes du hongrois qui se comportent de toute évidence de manière ouralienne et les racines au contenu semblable d’une langue qui ne lui est apparentée que de loin, cela signifie qu’à l’encontre du précepte des néogrammairiens (.deu) (et de l’ouralistique par ailleurs), la parenté des langues agglutinantes n’est pas seulement l’affaire de correspondances phonétiques régulières (.hun), mais aussi de la présence de racines qui soient « à peu près conformes » selon les règles de la concaténation et celles du marquage sémiotique (la structure des mots qui s’accole aux racines dépend autant du système d’agglutination propre à chaque langue comme de règles phonétiques arbitraires). Donc, morphologiquement parlant, ou plus exactement en respectant la sémiotique des mots, s’il existe une certaine racine x⁕ dans une langue, il est nécessaire qu’il y ait une racine x′⁕ dans l’autre dans laquelle celle-ci soit incluse, et vice-versa. Ce que l’on peut aussi formuler symboliquement comme :

x⁕ ⋤ x′⁕ ou x⁕ ⋥ x′⁕

On peut même postuler que si la condition précédente est accomplie entre le hongrois et un de ses parents de l’autre côté de l’isoglosse p–f, alors les sons initiaux x et x′ seront (presque) toujours identiques, sauf ☺ s’il s’agit d’un f dans le hongrois et d’un p dans une langue ouralienne quelconque…

Sommaire

La grammaire d’une langue quelconque se présente sur plusieurs niveaux, et ce n’est pas que celui de la syntaxe proprement dite qui possède une syntaxe. De plus, la grammaire du hongrois présente la particularité d’avoir une syntaxe agglutinante sur chaque niveau. Ces niveaux ne diffèrent que dans leur « alphabet » de base : la morphologie (1) est définie à partir des morphèmes, la description de la syntaxe (2) résulte des fonctions syntaxiques, la sémiotique (3) prend ses racines dans les signifiés venant de suffixes aspectuels ouraliens et de racines, la sémantique (4) est basée sur les catégories lexicales, et l’analyse textuelle (5) concerne les phrases. Pour chacune de ces syntaxes, ce sont les syntagmes définis à partir des éléments de l’alphabet correspondant et leur succession qui sont primordiaux.

Avec toutes ces connaissances amassées jusque là, nous pourrions enfin préciser quel est le →type linguistique du hongrois…

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* Remarque :

La racine est ici une notion de concaténation : c’est toujours une expression rationnelle d’une forme définie. Par exemple les deux mots « rét » (le champ) et « tér » (l’espace, la place) que l’on trouve souvent cités dans des ouvrages traitant des racines ne peuvent être dérivés en aucun cas de la même racine puisqu’il n’existe pas d’application régulière entre les deux (il n’y en aurait même pas s’il s’agissait de racines afro-asiatiques traditionnelles ☹) :

r⁕t⁕ ∩ t⁕r⁕ = ∅

Par contre les mots « tesz » (faire) et « tér » ont une racine commune dès qu’on considère le sz et le r comme étant des signes :

tesz = *tė + sz et tér = *tė + r, donc tesz, tér ∊ tė⁕

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