Persévérer

Quelques avis sur la langue

Persévérer

Des difficultés ou plutôt des solutions judicieuses?

En ce qui concerne les mots hongrois, ils sont pour la plupart d’origine ouralienne et en conséquence inconnus pour les locuteurs européens. Mais il y a un bon nombre qui sont reconnaissables d’emblée, si l’on sait lire les textes hongrois.

Prenons par exemple les accessoires féminins : si une femme voit dans la vitrin d’une butik une blúz, elle entre, mais il se peut qu’elle achète plutôt un rúzs. Pendant ce temps, son mari qui est sofőr de kamion l’attend dans son autó.

La prononciation

Comme l’écriture hongroise est très phonétique, il suffit de connaître son alphabet (.hun). Il est vrai que celui-ci est devenu un peu foisonnant à cause de l’inventaire phonétique de la langue (qui est pourtant moins important que celui du français). Les deux langues ont recours aux mêmes solutions pour représenter les sons qui dépassent la capacité de l’alphabet latin : les accents et les digraphes. La seule différence est que le hongrois permet d’énumérer les phonèmes de la langue par l’alphabet puisqu’il n’y a point deux graphies pour le même son comme c’est souvent le cas dans le français.

Bien sûr, les consonnes sifflantes et chuintantes ont une représentation un peu inhabituelle à nos yeux. Nous avons déjà vu ce que le hongrois a fait du chauffeur, mais les mots szent et garázs (le saint, resp. le garage) ont l’air tout aussi étrange. Et le garçon est écrit avec un z qui est au moins prononcé en toute conséquence comme un z : garzon.

En ce qui concerne la prononciation, un français pourrait avoir quelque difficultés avec les sons palatalisés qui sont aussi communs dans les langues slaves que dans le hongrois. Ici, on les écrit avec un y additionnel : gy, ny, ty (le ly équivaut de nos jours à j comme dans « il y a »). Mais ce qui est encore plus extraordinaire, c’est qu’il faut vraiment prêter attention à la quantité des sons, c’est-à-dire à leur allongement le cas échéant.

J.Lo függőággyal

Il y a aussi d’autres langues qui marquent ce changement de quantité, comme le tchèque avec un accent aigu (p.ex. balkón pour le balcon), ou le finnois en redoublant les lettres (p.ex. madjaari pour Hongrois). Le hongrois ne fait que d’utiliser chacune de ces deux méthodes, comme on peut le voir dans le titre de l’image ci-contre dans lequel on retrouve même quatre de ces sons allongés : g, gy, á et ő. (Notons en passant que dans le cas des consonnes, il s’agit vraiment d’un redoublement de sons qui est une gémination tout aussi phonologique que l’allongement des voyelles.) Si le son a /ɒ/ n’est familier qu’aux locuteurs de certains dialectes allemands du sud de l’Allemagne, de l’Autriche et du nord de l’Italie, l’harmonie vocalique, elle, est commune dans presque toutes les langues altaïques. En d’autres mots* : c’est megtanulható! L’origine de l’accent et de l’intonation hongrois est la même que celle de l’harmonie vocalique. Autant l’écriture est phonétique et du coup très simple, autant la prononciation obéit à des règles faciles à retenir : toutes les syllabes doivent être prononcées (il n’y a ni réduction comme dans l’allemand ni des lettres « muettes » comme dans le français), et l’accent tombe toujours sur la première syllabe d’un mot, d’une proposition ou d’une phrase. L’accentuation doit être bien sûr cultivée comme pour toute langue étrangère, mais au moins elle ne sert pas dans le hongrois à définir le sens de l’énoncé : megtanulható!La grammaire

En raison du principe agglutinant, le hongrois est une sorte de langue LEGO®. Mais si on le compare à des langues pareilles, on s’aperçoit vite que c’est un des plus grands jeux de construction de ce type. À dire vrai, la faculté d’expression en profite énormément (voir à ce propos les citations sous les drapeaux en haut de cette page) : megtanulható!

Les possibilités de combinaison du hongrois causent des difficultés à chaque grammaire qui soit encore plus ou moins inspirée du latin. Mais il faut absolument saisir la logique interne de ce jeu de LEGO®. En principe, il suffit de construire tout à l’envers : megtanulható!

Cette construction inverse n’est pas si difficile que cela, puisque la description des relations spatiales se fait, comme dans toutes les langues ouraliennes, d’une manière très précise : megtanulható!

Les noms

Du point de vue grammatical, les noms du hongrois se comportent très bizarrement. D’un côté, ils ne possèdent pas de genre. De l’autre côté, cela ne les empêche pas d’être déclinés abondamment, bien que le pluriel ne soit jamais là où on l’attendrait.

En plus, l’accord des qualificatifs et des substantifs obéit à la logique originale mentionnée plus haut, ce qui fait qu’il diffère des coutumes françaises. Mais c’est plus que naturel, et après avoir compris le principe qui le gouverne, c’est toujours megtanulható!

Les pronoms semblent avoir le choix parmi une myriade de formes. Pourtant, toutes ces formes se construisent sur des principes simples et logiques. Il n’est pas d’un grand secours de tenter d’apprendre par coeur le vocabulaire hongrois qui est immense, mais la connaissance et l’application de petites règles pareilles permet de contrôler la diversité de la langue : megtanulható!

Il faut bien admettre qu’il faille aussi se réorienter quand il s’agit des relations possessives. Mais encore une fois, la logique est étonnamment simple, bien que les possibilités d’expression en deviennent époustouflantes : megtanulható!

J.Lo

Au fait, en Hongrie on apprécie beaucoup l’espéranto…

Les verbes

Si la déclinaison des noms est déjà un art nouveau, qu’en dire de la conjugaison des verbes? Contrairement aux langues indo-européennes, le hongrois brille ici avec son économie de paradigmes (.pdf.deu), ce qui ne l’empêche pas d’offrir les mêmes catégories de verbes que celles-ci, et encore bien plus : megtanulható!

La conjugaison a aussi une propriété très sympa : il n’y a que dix verbes qui soient vraiment irréguliers, et par surcroît, ceux-ci ont encore bien de choses en commun. Alors, megtanulható!

Ce qui est un peu insolite, par contre, c’est parfois le manque de la 3e personne du verbe « être » (c-à-d. est, sont). Mais il faut savoir que de tels prédicats nominaux sont aussi connus dans d’autres langues comme par exemple le russe. Dans le hongrois, l’explication de leur occurrence est de nouveau logique, et la règle de leur utilisation est simple : megtanulható!

Habituellement, les adjonctifs verbaux hongrois sont considérés comme des préverbes. Mais cette catégorie grammaticale indo-européenne ne s’applique pas tout à fait à ceux-ci, puisqu’ils sont bien plus sophistiqués et universels. Pourtant, il va de soi que leur schéma est encore relativement simple : megtanulható!

Le trait distinctif des adjonctifs verbaux hongrois est qu’ils ont d’ordinaire une vie assez indépendante. Mais cette vie n’est pas sans lois qui ne soient claires et justes : megtanulható!

De toutes les lois, la plus importante est celle qui garantie que la partie la plus importante (justement…) soit toujours reconnaissable, même sans avoir recours à la manigance par l’accent. Et c’est vraiment une très bonne idée parce que l’ordre des mots n’est soumis qu’aux souhaits expressifs du locuteur : megtanulható!

L’effet secondaire très utile d’une telle détermination est que les textes hongrois écrits sont moins ambigus bien qu’ils soient plus nuancés qu’un texte français comparable. Si seulement on pouvait les comprendre…

La solution consiste à regarder la langue hongroise comme un langage de programmation. C’est du moins vrai au regard de sa structure (megtanulható!), et par conséquent, il serait utile d’analyser une phrase comme un ordinateur le ferait. Il faut seulement savoir comment : megtanulható!

La pratique de la lecture aide pour la grammaire, mais l’écoute est essentielle pour connaître la prononciation. Alors regardez ici le tout petit écran des stations de télé hongroises.

Récapitulation

L’un des points forts du hongrois est sans doute son habilité d’exprimer des choses compliquées avec des propos à la fois implicites et comprimés à l’extrême. L’exemple le plus connu est peut-être celui de l’amour : szeretlek je t’aime. Un autre qui est encore plus instructif et que l’on trouve aussi sur le site est le suivant : a niueiéiért.

La reine de l’espéranto
Smiley clignant des yeux

Le hongrois est donc un défi gratifiant. En somme, on pourrait dire avec les mots de Jacob Grimm, le conteur de fées :

« La langue hongroise est logique et parfaite. Sa structure surpasse toute autre langue. »

* Note :

L’expression megtanulható signifie dans notre contexte à peu près : « Pour l’apprendre, il suffit de l’avoir compris! » Elle sert d’ailleurs de porte d’entrée aux pages correspondantes du site.

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