Debriefing 2015

2015-10-10 IM WC:

Pas grand chose à dire à par que ma blessure au tendon d'Achille m'a coûté une belle course.

2015-08-16 IM Mont-Tremblant:

C'est un peu à reculon que j'écris le résumé de mon 10e ironman (dans l'ordre: 2011: LP, 2012: MT, 2013: CdA, MT, Kona, 2014: TX, MT, Kona, 2015: CdA, MT). En fait, deux semaines après la course je n'ai toujours pas digérer ma prestation et j'ai encore un goût très amer en bouche. Quelqu'un a du bepto bismol? Je ne sais pas si les lignes qui suivent prendront vraiment la forme d'un résumé de course ou résumé de l'état d'esprit dans lequel je me trouve à la veille de mon troisième voyage sur la grosse île. Oui, dix c'est un gros chiffre et je ne pensais pas nécessairement l'atteindre aussi rapidement (un peu plus de quatre ans). Ce n'est pas donné à tout le monde de se dédier autant à un passe-temps, pas au niveau où je le fais du moins. Je pense que Denis peu en témoigné avec son entraînement de cette année. Les sacrifices sont importants, aussi bien au niveau de mon horaire, mon travail (pas sûr que je resterais là si j'avais le temps de travailler un peu plus d'heure ou de faire plus de cours du soir), mes amis, ma famille et cette année particulièrement sur mon corps. Les dernières années commencent à se faire sentir, principalement dans ma jambe gauche qui n'a jamais été à 100% depuis bientôt un an. Je voulais faire de 2015 une dernière grosse année avant de prendre ça plus relax en 2016. Je reviendrai possiblement sur ma décision pour des raisons que je développerai plus tard.

Donc mon 10e ironman est tout de même droit à ses premières; première fois que je fais un full en étant déjà qualifié pour Kona, première fois que je ne vais pas au banquet de Tremblant, mais plus important encore, première fois depuis mon premier full que je pourrai partager le parcours et l'expérience avec mon cousin chéri Denis.

Les jours avant la course le stress est pratiquement nul, du moins quand vient le temps de m'endormir ou quand je me retrouve seul. Tout le contraire de l'an passé. Durant le jour c'est autre chose au condo avec la terreur haute comme trois pommes nommé Alexis Boivin :-) Disons que je ne suis pas habitué de dealer avec 3 questions à chaque minute par rapport à tous les gestes que je pose. Mais je pense que même Denis en a eu plein son truck. Mais il y avait quelque chose d'appaisant de pouvoir partager les dernières heures avant une course avec quelqu'un d'autre dans la même situation. Malgré notre différence d'âge, c'est moi qui jouais le rôle de doyen. Si Denis me sentait calme, c'est un peu grâce à lui comme je disais mais aussi parce que j'avais moins de stress (pas de qualif) mais je ne voulais pas non plus lui transférer le stress que j'aurais pu avoir.

La veille de la course pas trop de problème à m'endormir suite à mon traditionnel souper. Je me réveille en plus ou moins bonne forme prêt pour une bonne journée de travail. Denis et moi nous préparons et 45 minutes plus tard nous sommes prêt pour partir. Direction la transition. Je suis vraiment trop calme. Pas de papillons dans l'estomac, pas de maux de coeur. Arrivé à la transition, premier arrêt au vélo à Denis. En gonflant son pneu avant, la valve ne coopère pas mais comme elle est suspecte, Denis m'avait demandé d'en apporter une. Je lui change et il peut finir de gonfler ses pneus. Deuxième arrêt, mon vélo. Là je retrouve Jérôme, JP et Charles, trois compétiteurs avec lesquels je partage le support à vélo. Petit problème pour lier ma 910 avec mon wattmètre. Je perds un peu de temps mais rien de trop important. Je dois par contre faire un reset de mes pédales. Une fois fait, je peux gonfler mes pneus, remplir mes gourdes et oublier de mettre une power bar sur mon cadre. Je m’en voudrai un peu pendant le vélo alors que j’ai faim. Contrairement à mon habitude, pas le temps de faire un sudo-crotte parce qu’il manque définitivement de toilettes cette année et que j’arrive à la plage plus tard qu’à mon habitude. Alors petite crotte rapide et j’enfile tout de suite mon wetsuit. Je salue rapidement tous mes supporters (Maman, Papa, Nathalie, Séréna, Alexis, Jojo, Thérèse et Océane) et je m’en vais me réchauffer un peu. J’ai le temps de faire quelques accélérations qui me laisse croire à une bonne journée. Je sors de l’eau au même moment que mon groupe d’âge est appelé à passer l’arche de départ.

Je me place au même endroit que d’habitude. Extrême gauche en 3-4e ligne. Le départ est donné. L’entrée à l’eau est toujours lente dû à ma position. Mais ça ne me dérange pas. J’attends même une seconde ou deux de plus avant de plonger pour être sûr de pouvoir nager sans problème dès le début. La première partie de la natation est assez houleuse et il y a quelques accrochage. Un coup de talon sur la joue me fait un peu peur mais pas de séquelle alors je peux continuer sans problème. Le seule problème est mon casque de bain qui remonte par-dessus mes oreilles. Je prends le temps de le redescendre en faisant quelques coup de bras à un bras uniquement pendant que l’autre essaie de descendre le dit casque de bain. Une autre petite inquiétude surgit quand je sens dans ma hanche droite le même genre de douleur que j’avais suite à ma chute de vélo. Je kick un peu moins fort. Sans passer complètement, la douleur reste stable et elle ne me dérangera pas du reste de la journée. Rendu à mi-parcours, je ne suis pas vraiment dans un peloton. Je nage principalement seul ou avec deux ou trois autres gars. Le retour se fait en zigzaguant un peu plus qu’à l’aller. Malgré ça je réussi à dépasser quelques filles pros et à sortir de l’eau en 1:00:21. Bien content de mon temps. Je pensais que CdA était un coup de chance à cause du départ en continue.

On ne se tanne pas de courir pendant 500m avec un wetsuit dans les mains (lire ici avec de l’ironie). Rendu dans la tente, je mets mes souliers, prends mon casque et mes lunettes et je tombe sur la hanche droite. Un plancher en plastique mouillé et des cales de vélo en plastique, disons que ça glisse bien. J’échappe donc mon casque et mes lunettes. Je ramasse le tout et je sors de la transition. J’attache mon casque et quand j’arrive pour mettre mes lunettes je me rend compte qu’il me manque une branche. La chute à dût la faire tomber. Je retourner dans la tente, mais pas de chance, je ne trouve pas la branche manquante. Je partirai en vélo avec une paire de lunette qui tient avec une seule branche.

L’humidité et le brouillard font en sorte qu’il est inutile de mettre des lunettes. Je les enlève donc et je les mets dans ma camisole. Le premier tour se passe bien. Près du u-turn sur la 117 je repère Jérôme. Je suis environ six minutes derrières lui. Je suis devant JP et Nic. Le reste du premier tour se passe bien. Je réussi à me prendre des bananes à quelques ravitaillement. Mon alimentation se passe bien mais je crois que mon estomac n’aime pas vraiment les capsules de sels dissoutes dans ma gourde de nutrition. Je vais devoir tester ça dans les semaines à venir. Rendu sur Duplessis, je sais que mes parents devraient être au rond-point. Je tenterai de me débarrasser de mes lunettes. Je le fais. Par contre en les lançant, je réalise qu’il y a une tente de pénalité et que mes lunettes seront sûrement perdues à jamais, ce qui s’avère le cas à cause d’une petite madame trop zélé. Au u-turn de Duplessis, j’ai un peu moins d’avance sur Nic mais un peu plus sur JP. Nic me dépasse au coin de montée Ryan et de la 117. On échange quelques niaiseries avant que je ne me décide à emboîter le pas et suivre son rythme et celui d’un autre gars. Nous roulons donc à trois, légalement, tout au long de la 117. La vitesse reste haute et je prends la tête du petit peloton à plusieurs reprises. J’ai encore de bonnes jambes. Au u-turn de la 117, que 6’30 de retard sur Jérôme. Il ne m’aurait pris que 30” en un tour ce qui est très bon pour moi. Par contre, le reste du parcours est plus difficile. Je dois gérer quelques crampes mais aussi un groupe de gars qui revienne sur moi en draftant pas mal. Heureusement un officiel en moto nous suit. Ça sépare les drafteur mais par contre ça ralenti tout le monde parce que personne n’ose faire un dépassement tant que la moto est là. Ça m’oblige à me relever à plusieurs reprise mais d’un autre côté ça me sauve un peu de jambes pour la deuxième montée de Duplessis. À St-Jovite, je perds contact avec Nic. Je le reverrai dans la transition et sur le parcours de course. Je termine le vélo avec un bon rythme et je réussi à faire un sub5 pour la première fois à Tremblant, 4:56:58.

Dans ma deuxième transition, je prends le temps de m’assoir et de souffler un peu en mettant mes souliers. Ça y est, je suis rendu au moment qui me fait peur, courir un 42km avec un tendon d’achille amoché. Mon plan initial est de partir pas trop rapidement mais essayer de ne pas marcher tous les ravitaillements comme il ne fait pas si chaud que ça. Ça commence bien et je me rends rapidement sur le petit train du nord. Comme j’étais dans le premier départ, les bénévoles sont encore en forme et bien content de voir un québécois, j’ai donc droit à beaucoup d’encouragement de leur part. Je croise Jérôme qui est en feu et Nic qui a vraiment l’air de bien aller. Je vais encore bien et je continue ma course. Des encouragements de Thierry (le français) font du bien et brise la monotonie du petit train du nord. De retour sur le chemin du village je commence à avoir mal au tendon d’achille et c’est le début de la fin pour moi. Presque au même moment je dois aussi gérer des crampes aux jambes. Je commencerai donc un long 2e tour qui sera une alternance de marche et de course. La marche dû parfois au tendon, parfois aux crampes et des fois un combo. Je croise bien entendu Denis lors de mes 2 tours et je l’encourage autant que je peux. Je fais de même avec de nombreuse connaissance et amis que j’ai sur le parcours. Je pense que c’est l’ironman où j’ai fait le plus de high-five (une autre première). Sur le petit train du nord lors de ma 2e boucle, Thierry me rattrape. J’essaie de m’y accrocher tant bien que mal mais c’est impossible pour moi avec mes crampes et mon tendon. La tête n’y est vraiment plus. Je ne veux pas empirer l’état de mon tendon pour Kona. J’ai l’impression de marche plus que je ne cours et j’ai lorsque je cours, j’ai l’impression de faire du surplace. Bref ce deuxième tour de course était de trop. Je termine avec mon 2e temps le plus lent, 3:51:03.

Maintenant je dois me tourner vers ma préparation pour Kona. Au moment d'écrire ses lignes il reste 40 jours avant la course et la semaine je boitais à cause de la douleur à mon tendon d'achille suite à un entraînement de course à pied avec un peu d'intensité mais qui avait super bien été sans aucune douleur pendant. Ne cherchez pas à comprendre ça reste un mystère pour moi aussi. Malgré cela je reste motivé pour mes entraînements mais je suis quand même affecté. Pourquoi me donner la peine de nager et rouler si je sais pertinemment que je ne serai pas capable de courir venu le moment. C'est ce qui me cause le plus de problème et je dois définitivement renverser la vapeur. Je n'ai par contre aucune course à pied en compétition cette année vers laquelle me tourner afin de me convaincre que tout ira bien rendu au Energy Lab. D'un coureur de 3:20 l'an passé, je suis devenu un coureur de 3:50 cette année... méchante drop! Il me reste une chance pour rattraper ma saison et ce sera le 10 octobre prochain. Je ne vois pas trop comment je serai en mesure de faire mieux avec mes volumes et intensités anémiques de course à pied cette année. En mai j'étais bien parti mais j'ai plafonné voir régressé depuis. Si je n'améliore pas mon positionnement par rapport à l'an passé (surtout dans mon AG), soyez assuré qu'il y aura une saison 2016 revanche après probablement ma saison morte la plus longue (je considère ne pas reprendre l'entraînement tant que je n'aurais plus de symptômes ou de douleurs dans ma jambe gauche). Selon Jérôme, en regardant les statistiques de ma course, le problème se situait surtout au-dessus des épaules. Par contre, la douleur au tendon est bien réelle et m’handicape passablement.

Si vous avez appréciez, vous remercierez mon père qui m'a convaincu d'écrire ces "quelques lignes" ;-)

P.S. Ça reste mon résumé le plus court avec seulement 3 pages. Faut croire que j’ai pas envie d’en parler quand ça va pas bien.

2015-06-28 IM Cœur d'Alene:

Deux ans après ma première présence, je me retrouve encore une fois en Idaho pour participer à l’Ironman de Coeur d’Alene. La dernière fois, j'en étais à mon troisième Ironman, j'en suis maintenant à mon neuvième. Beaucoup plus d’expérience en banque mais toujours les mêmes problèmes. Les différentes blessures ont minées ma préparation à la course à pied et j’arrive très peu confiant de sécuriser une place pour Kona ou même faire une bonne performance.

Les jours précédant la course sont passés à m’acclimater à la chaleur. Réchauffement de la planète oblige, le nord-ouest américain était pris avec une vague de chaleur. Je savais dès lors que la chaleur allait jouer un gros rôle dans la course et que je me devais de tout faire en mon possible afin d’avoir la meilleure préparation dans le court délai que j’avais. Fidèle à mon habitude j’essaie de planifier mes journées le mieux possible pour ajouter cette nouvelle contrainte. Je modifie donc mon horaire pour nager le matin mais j’attendais en après-midi pour aller rouler et courir pour avoir un peu plus chaud et bien m’habituer à cette température. Très chaud ces entraînements, au risque de me surtaxer les jours avant la course. Ça m’a toutefois permis de revoir un peu le parcours, surtout les premières bosses du parcours au début de l’autoroute. Je m’en rappelais comme étant beaucoup plus longues et plus pentues qu’elles ne l’étaient, ce qui est une très bonne chose.

Le reste de la semaine se passe sans embûche majeure. Je m’achète un nouveau casque juste parce que l’autre a l’esthétique un peu craqué et aussi parce que j’ai oublié mes lunettes de soleil. Je me deal donc un combo lunette de soleil et casque avec le gars de Rudy. Comme je le prends blanc, il sera moins chaud le jour de la course et possiblement une fois rendu à Kona si je m’y rends cette année.

Le matin de la course je me réveille très tôt parce que le départ de la course a été devancé de près d’une heure pour éviter le plus possible la chaleur de l’après-midi. Je n’aime pas tellement mon état d’esprit le matin de la course. Je me demande vraiment ce que je fais là et pourquoi même je prendrai le départ. Mes nombreuses blessures à la course à pied ne m’ont pas permis de faire un bon entraînement de course durant l’hiver et le printemps. Je sais déjà que je vais souffrir à la course et ce sans tenir compte de la chaleur. Mais une chose à la fois, je vais commencer par déjeuner et me rendre à la transition.

Mon père me dépose non loin de la transition, je m’y rends pour me faire marquer et préparer mon vélo. Je dois aussi passer parce mes sacs de transitions parce que j’avais oublié qu’on ne peut pas clipper nos souliers dans nos pédales lors des fulls (à l’exception de Kona). Comme c’est de plus en plus le cas, je suis là beaucoup trop longtemps à l’avance et ce n’est pas trop long avant que je n’ai plus rien à faire. J’en profite pour mon maintenant traditionnel sudo-crotte. Pas de record pour moi cette année, mais je commence à être un peu plus dans un mood de course. Je sors donc de la transition pour rejoindre mon père et lui donner mon stock et enfiler les jambes de mon wet. Je suis sur la plage à attendre le départ très tôt. Ça me donne la chance de voir les pros se réchauffer (eux nageaient sans wetsuit) et de me réchauffer moi aussi. Quelques accélérations pour monter un peu mes pulsations et je suis bon pour retourner sur la plage attendre mon départ. Je me place juste devant les bénévoles avec les pancartes « 1:00 to 1:14 ». Cela veut donc dire que je m’estime capable de le faire sous les 60 minutes. Après tout c’est l’objectif et si je suis capable d’accrocher de bons pieds ça ne devrait pas être trop difficile. Je cherche du regard pour trouver Thierry qui lui aussi veut nager en environ 1:00. Je ne le vois pas. Nul doute que je le verrai sur le parcours durant la journée.

Le départ est donné à l’heure et je marche donc tranquillement vers l’arche de départ pour entrer dans le lac. Mon dieu que j’aime les départs de ce genre. Tellement plus simple et plus rapide. Après trois coups de bras j’ai pris mon rythme, personne ne m’accroche et je peux déjà entrer dans ma bulle. Le premier objectif était de trouver une bonne paire de pieds à suivre. Ce n’est pas trop long que j’en trouve une première. Je reste dans son sillon quelques temps avant de prendre ceux d’un autre compétiteur qui nous dépasse. Celui-là sera le bon pour tout le reste du premier tour qui se passe sans embûche.

À ma sortie de l’eau après la première boucle, rapide coup d’œil à ma montre qui m’affiche un magnifique 29 minutes et quelques secondes. Je suis sur le bon rythme pour atteindre mon objectif. Je ne dois donc pas tellement ralentir dans la deuxième boucle. Je reprends le même sillon pour sentir quelques instants qu’on ralenti, du moins ma cadence ne change pas vraiment et j’ai l’impression d’accrocher plus souvent les pieds de mon pacer. Que cela ne tienne, j’entreprends de le dépasser en gardant ma cadence et le même effort. Je continuerai donc le reste du deuxième tour sans vraiment avoir la chance de profiter du sillon des autres nageurs. À ma sortie de l’eau, je veux vérifier le plus vite possible mon temps de nage. Mission accomplie, avec quelques secondes avant les 60 minutes, je suis sortie de l’eau et en direction de T1.

Natation 0:59:46

Ma première transition se passe bien. Je me fais enlever mon wetsuit rapidement par des bénévoles qui semblent surpris de voir la rapidité avec laquelle je me suis couché et relevé. Lunette, casque et souliers sont rapidement enfilé avant de laisser le reste de mes choses à un bénévole qui espérons le mettra tout dans mon sac. Je quitte la tente, cours vers mon vélo où aucun bénévole n’a le temps de me le préparer. La transition est encore pas mal pleine. C’est très encourageant pour une chaude journée à venir.

T1 0:02:37

Natation + T1 1:02:23

J’enfourche mon vélo, deuxième ironman avec une roue pleine, mais cette fois-ci c’est la mienne. Plus tôt dans la semaine j’ai été un peu déçu de constaté qu’elle ne fait pas le bruit caractéristique d’une roue pleine. Ça me permettra d’être plus furtif :) La température est encore clémente, il n’est pas encore 7:00 après tout. La première partie du parcours, le long du lac et retour en ville, est plutôt facile sans difficulté et plutôt rapide. Majoritairement encore à l’ombre cette section se passe bien. De retour en ville il y a plusieurs virages serrés à négocier et je frôle des cônes et des chaînes de trottoirs à quelques reprises. Note mentale; faire attention au deuxième tour quand je repasserai à ces endroits. Le passage en ville signifie aussi une bonne dose d’encouragement de mes parents avant d’entreprendre l’aller-retour sur l’autoroute.

Je suis encore très frais pour entreprendre la première côte. Mes lectures de puissances semble bonne alors je me maintiens dans les puissances avec lesquelles j’ai travaillé. À la moitié de la première côte, j’ai droit à des encouragements de la part de Linsey Corbin : « Looking smooth, reel ‘hem in !! ». C’est exactement ce que j’ai fait. J’ai rattrapé et dépasser quelques gars dans cette première monté sans trop m’hypothéquer. Rendu en haut, l’ombre fait place au soleil. Je n’aurai plus que très peu de répit de la part de Galarneau pour le reste de la journée. La recette reste la même, à tous les 7.5km je mange ou je bois quelque chose. Ceci n’est que minimum. Étant donné la chaleur j’essaie d’être plus régulier sur l’hydratation. Je me rends au demi-tour avec encore de bonnes jambes et je sais que le retour est plus facile (un peu) que l’aller. Après le u-turn, je croise Thierry, je dirais que j’ai quelques minutes d’avance sur lui, sans plus.

De retour en ville il fait maintenant chaud, l’effet îlot de chaleur se fait bien sentir dès que la route n’est plus bordée par des champs ou de la forêt. Petit coucou à mes parents et je repars vers le bord du lac. Mon temps est un peu moins bon que je ne le souhaitais. Je suis presqu’à 2:30 et je vise 5:00. Il me faudra tenir le même rythme. De retour du bord du lac et de nouveau en ville je sens que je suis en péril. Je ne sais pas si c’est vraiment le cas ou si c’est mon capteur de puissance qui ne fonctionne plus mais je peine à tenir de bonnes valeurs. Je me sens aussi plus faible. Je dois donc dès la moitié du vélo passer en mode survie. Mode normalement réservé à la deuxième moitié du marathon. À partir de maintenant, je ralentirai assez à tous les ravitaillements pour prendre eau, gatorade et nourriture. Je dois refaire le plein le plus possible avant la course à pied. C’est à ce premier ralentissement que Thierry me dépasse. Mes quelques minutes avaient fondues en l’espace du quart du parcours.

À nouveau dans la première longue montée du parcours sur l’autoroute, cette fois, au soleil, plus d’ombre et plus de plaisir. Je dépasse Thierry en montant, ce n’est pas un grimpeur, et le salut au passage. Dès le sommet il me redépasse dans la descente. Mes jambes ne coopèrent plus trop pour faire quoique ce soit. Cadence élevée et léger sur les pédales ou cadence basse et pesant sur les pédales, rien n’y fait. Des crampes me rendront visite jusqu’à la fin du vélo. Mes quadriceps sont touchés. Parfois le gauche, parfois le droit, parfois les deux en même temps se tétanisent et me torturent. Les côtes de ma mémoire sont revenues. Dès que je dois monter, ça me semble interminable et à la verticale. Mon mix nutritif commence à me donner mal au cœur tellement il est sucré et chaud. Que cela ne tienne, faut que je retourne à la transition. Pour la première fois en 9 ironman, pendant que je suis sur le vélo, je ne me vois pas finir l’épreuve… un doute terrible s’installe et mine ma confiance. Je dois me ressaisir, me fouetter un peu. Je commence par découper le reste du vélo en petites étapes, en petites victoires. Première étape me rendre au u-turn. Avec un vent qui me semble de face, c’est plutôt difficile mais je sais que je l’aurai de dos au retour ce qui m’encourage. Je me dis aussi, que peu importe ce qui arrive d’ici la fin de la course, une chose est sûre, c’est que j’ai nagé sub60 ce matin et ça, personne ne pourra me l’enlever et je peux déjà le mettre dans mon livre de PB.

Même si j’ai par moment l’impression de faire du surplace, je vois bien que rendu près du u-turn il n’y a pas tant de compétiteurs devant moi, même les filles pros, celles qui restent, ne sont pas très loin. Ça me remonte un peu le moral et je sais aussi qu’il me reste environ une heure sur le vélo. Ça va changer le mal de place :) Je continue à bien m’hydrater et m’alimenter pour essayer de me refaire un semblant de réserve pour le marathon à venir. Je prends lentement du mieux mentalement et physiquement. Par contre mes lectures de puissances sont toujours très basses. Basses au point où j’ai l’impression qu’elles sont erronées.

Enfin la grande descente vers la ville. Descente toujours un peu dangereuse au deuxième tour. Certains retardataires ne descente pas nécessairement à une vitesse comparable à la mienne et l’espace pour dépasser et plutôt limité. Je réussi à faire un dépassement de justesse avant de continuer ma descente aux environs de 70km/h. Une fois en ville il ne me reste qu’un petit faux plat vers le pars où je dois tourner à droite. J’enlève mes souliers un peu trop tôt et je dois négocier quelques mètres supplémentaires sans pouvoir relancer convenablement. Ça me permettra de récupérer un peu plus. Je descends de mon vélo et le bénévole à qui je le lance fait presqu’un Denis et l’échappant presque! Ma deuxième boucle ayant été beaucoup plus lente (environ 10min), je suis très loin de mon objectif de temps. Le PB ou même le record de parcours s’éloigne de plus en plus.

Vélo 5:08:15

Natation+T1+Vélo 6:10:38

À ma descente de vélo je suis soulagé de voir que les crampes en vélo n’ont pas trop d’impact sur ma course. Je vais prendre mon sac et me dirige vers la tente de transition. Je ne sais pas quelle température il fait mais je sens déjà que c’est plus chaud que Kona. À mon arrivé dans la tente nous sommes 3 pour une dizaine de bénévole. Du service, j’en ai eu. Serviettes glacées dans le dos, sur les épaules et sur la tête en plus de service de rafraîchissement. Je prends quand même mon temps pour faire descendre mes pulsations un peu et reprendre mon souffle. Je sors de la tente, un verre d’eau à la main. Avant de franchir le tapis, j’en profite pour me faire appliquer une généreuse couche de crème solaire, j’en aurai de besoin. Beeeep! C’est parti pour un petit marathon.

T2 0:03:08

Natation+T1+Vélo+T2 6:13:46

L’objectif initial était de faire un temps semblable à ceux de l’an passé (donc 3:20). Avec la chaleur je savais bien que ça rendrait le tout très difficile. Je m’essaie quand même et je m’aligne pour suivre ce rythme (4:45/km). Tout au long du premier tour je vais accélérer si je ralenti et me ralentir si je suis trop rapide. Je prends une chance même si j’ai l’impression d’avoir de bonnes jambes. Si je suis pour sauter à la course, j’espère que ce sera le plus tard possible et que je ne me serai pas trop pénalisé en me ralentissant quand ça allait bien.

Le travail le plus important à faire est de me garder hydrater, frais et bien alimenté. Pour l’hydratation et l’alimentation, c’est assez simple, je me tourne encore vers mon fidèle ami le coke. J’aurais droit à tous les spectres possible, de glacial à bouillant, de pétillant à bien flat. Pour la fraîcheur, même tactique habituelle, glace dans la casquette, à l’occasion dans les shorts et dans le dos, éponges et verres d’eau. Ce sera la même routine tout le long de la course à chaque ravitaillement quand le nécessaire sera disponible et accessible. Il y avait un ravitaillement qui n’avait pas de glace… à 42C le coke ça chauffe vite!

Après quelques méandres dans les rues du quartier bordant le lac, nous nous retrouvons à nouveau le long du lac pour environ 6km avant de faire demi-tour. Quelques arbres donnent un peu d’ombre mais rien pour vraiment se rafraîchir assez. Tout ce passe bien pour l’instant, je cours sans problème entre les ravitaillements. Je gère tout ce que j’ai à gérer sans problème et je me sens bien. Le moral est remonté même si je sais que l’objectif de temps ne sera pas atteint, l’objectif de position est probablement encore à ma portée. À plusieurs reprise je me ralenti pour ne pas sauter prématurément. La 4e femme, Amber Ferreira, me dépasse. L’ayant suivi pendant presque tout mon 2e tour à Tremblant l’an passé, je me dis que je pourrais être en mesure de faire la même chose ici. J’essaie donc d’emboîter son pas. Malheureusement ce sera peine perdue, elle est beaucoup trop rapide pour moi aujourd’hui. J’arrive finalement près du u-turn où la difficulté du parcours nous attend, soit une montée et une descente avant de faire le u-turn et de faire le tout dans l’autre sens. Je réussi à négocier les 2 montées sans marcher, une autre petite victoire. Dans la descente première descente, je croise Thierry, qui remonte, il semble bien allé lui aussi et je dirais qu’il a pratiquement 2km d’avance sur moi. Ça va me prendre toute une performance pour aller le chercher. Le long du lac, j’ai encore droit à des encouragements de Linsey Corbin. Faut croire qu’elle me suit.

C’est au retour vers la ville, pratiquement à la fin du bord du lac que je commence moins bien me sentir. Le vent est terriblement chaud à cet endroit et semble me réchauffer plutôt que me rafraîchir. Le retour en ville signifie aussi îlot de chaleur. Le petit aller-retour sur Lakeside pour commencer le deuxième tour m’est mortel. C’est vraiment à ce moment-là que j’explose. La chaleur prend le dessus. Je ne pense pas que ce soit les jambes qui ont lâché mais vraiment tout le reste. Toute la glace ne m’a pas permis de bien me rafraîchir suffisamment. Je dois m’accrocher, la température est la même pour tout le monde. Il suffit que je saute moins fort que les autres pour conserver ma position. Reste que le prochain 21km sera l’un des plus longs de ma vie. Avant de repartir, je fais signe à mes parents que ça ne va vraiment pas bien.

Je ne suis même plus capable de courir en continue entre deux ravitaillements. Je dois souvent prendre des pauses. J’ai mal au cœur et je n’ai pas envie de boire ou de manger quoique ce soit. Je me force donc à avaler ce qu’on me tend et je me tourne aussi vers les pretzels, oranges et raisins. Ce sont les raisins qui se trouvent à être la meilleure option pour le reste de ma course. J’en prends une grappe aux ravitaillements et je peux tranquillement la manger jusqu’au prochain. Bien que j’aie de la difficulté à boire, je sus encore, ce qui est bon signe, j’ai encore du jeu pour me déshydrater. Un peu avant le lac, je croise la blonde à Thierry qui me dit qu’il est complètement sauté, que tout le monde fait de même et que je suis probablement 4e ou 5e de ma catégorie. C’est assez pour me fouetter un peu et je reprends la course. J’essaie de courir plutôt que de prendre des pauses marchées, même si cela signifie courir à un rythme très lent.

Je dépasse Thierry le long du lac, il ne semble pas bien aller et ne peux même pas s’accrocher un peu à moi. Les chances sont donc bonnes que je gagne cette manche de notre compétition amicale. De peine et de misère je me rends au pied de la côte et je m’attaque à la côte. Impossible de la courir en montant. Les jambes ne veulent juste pas. C’est le cas pour tout le monde. Je vois les ravages que la chaleur fait sur tous les participants. Une fois de retour au pied de la côte, c’est l’heure de la pause sanitaire. Je redoute l’état de la toilette mais je suis agréablement surpris de la propreté des lieux. Je repars pour le dernier droit, un 8km à faire et je pourrai me reposer.

Le vent est encore très chaud le long du lac, particulièrement à la fin juste avant de tourner dans les petites rues de quartier. À 5km, mon estomac dit non et je ne serai plus en mesure d’avaler quoique ce soit qui était offert sur le parcours. Je continue mon régime de glace par contre pour continuer à lutter contre la chaleur. Les petites bosses du quartier sont pénibles mais je viens de voir la pancarte « 24 miles ». Plus que 2 miles à franchir avant l’arrivée. À la fourche pour le finish je suis soulagé de prendre à gauche. Ça monte un peu plus mais maintenant je sais que c’est terminé. Petit faux plat montant où j’ai doit à de nombreux encouragement de la part de tous les spectateurs, virage à gauche et c’est la ligne droite jusqu’à l’arrivée. Faux plat descendant j’essaie d’en donner un peu plus. Je donne pratiquement tout ce que j’ai et ma vitesse ne descend à peine sous les 4:30/km. Mike Reilly fait son possible pour encore plus massacrer mon nom que d’habitude. Pas grave, tant que je l’entends dire mon nom, c’est bon signe!

Course 3:41:34

Final 9:55:20

Je suis complètement scrappé à l’arrivée. Les bénévoles me supportent plus que d’habitudes parce que je ne tiens pas très bien debout. Direction tente médicale. Une première pour moi. Au moins je suis à l’ombre mais disons que l’odeur n’est pas super. Serviette glacée sur la tête et les épaules sont nécessaires. Je me rafraîchir relativement vite grâce à celles-ci. Une bénévole m’offre un bouillon de poulet que je prends volontiers, tant que ce n’est pas sucré ça me va :) Erreur, quelques instants plus tard il ressort en compagnie de quelques raisins. C’était la fin de toute ingestion liquide ou solide pour les prochaines heures. À ma sortie de la tente médicale je vais rejoindre mes parents au gros soleil. Ce n’est pas trop long avant que je n’exige de se déplacer à l’ombre. Je m’étends sur le gazon incapable de faire autre chose. Je voulais attendre pour récupérer mon vélo mais c’était trop long. De retour à l’hôtel, après un petit vomis dans le stationnement de l’épicerie la seule chose que je suis capable de faire avant de me coucher est de prendre ma douche. Je dormirai de 18:00 à 20:15 environ, une première pour moi tout de suite après un ironman.

À mon réveil je suis capable de boire du jus de tomate et éventuellement manger une soupe poulet et nouille. J’étais un peu revenu à moi. Le reste de la nuit se passe bien et comme d’habitude, donc je ne dors presque pas parce qu’aucune position n’est confortable. Le lendemain matin je suis en mesure de déjeuner, je me suis donc remis de cette course. Le reste je pense que tout le monde le sait, j’ai eu une place au roll down parce que le 4e et 5e n’était pas là. C’était la première fois que je « shakais » en remplissant mon inscription. Bien content de retourner sur la grosse île pour une troisième année.