▱ Peur de l'indifférence ... désir de reconnaissance

Nous discutons très souvent entre nous de ce besoin, à l'heure actuelle pour un nombre impressionnant d'individus de créer leurs sites, leurs blogs etc sur Internet

Je me permets de reproduire ci-dessous un passage d'un livre "Imparfait, libre et heureux" de Christophe André - (Odile Jacob)

"""Quand on sent qu'on n'a pas de quoi se faire estimer de quelqu'un, on est bien près de le haïr".

"" Ma plus grande peur : l'indifférence. Qu'on m'oublie, qu'on ne s'intéresse pas à moi. Toutes les fois que j'ai l'impression d'être invisible, transparente aux yeux des autres, alors je me sens déjà comme morte, par avance. Inexistante. Lorsque j'ai du chagrin et que je marche dans la rue, le soir, et que personne - évidemment - ne me regarde, je me sens totalement seule, surtout en hiver, où tout le monde est pressé de rentrer. Je les imagine, tous ces autres, revenant chez eux, bien sûr quelqu'un les attend, ils s'installent au chaud, ils sont accueillis, on les aime, ils comptent pour d'autres. Moi je compte pour qui ? Je rentre seule ! Il n'y a alors que les SDF à pouvoir être aussi malheureux ou aussi seuls que moi. Parfois, j'ai des visions bizarres : je me vois comme un atome, une particule isolée, autour de laquelle tournent des milliards d'autres particules toutes reliées entre elles par des forces invisibles, sauf avec moi, et elles ne me touchent jamais. ""

Il existe une autre peur que celle du rejet, une peur située en amont d'elle, plus discrète, moins spectaculaire, mais dommageable elle aussi pour notre bien-être et nos comportements : celle de l'indifférence. Que ce passe-t-il en nous lorsque nous avons l'impression de ne pas compter pour autrui ?

Il est douloureux de se sentir ignoré, de sorte que nous développons tous un très grand désir de reconnaissance. Est-ce une sorte de manoeuvre de prévention des rejets éventuels ? Sentir que l'on a une place reconnue et régulièrement confirmée auprès de nombreuses autres personnes permettrait-il de moins craindre le rejet et, s'il arrive, de moins en souffrir ?

Etre ou se sentir reconnu(e) donc. Mais qu'est-ce que la reconnaissance ? C'est un besoin différent du besoin d'approbation ou d'amour, et qui le précède. C'est le fait d'être regardé par les autres comme un être humain à part entière : par exemple être salué et accueilli lorsqu'on arrive quelque part, être appelé par son prénom ou son nom, selon la familiarité que nous entretenons avec nos interlocuteurs...

Toutes ces manifestations sont parfaitement discrètes : leur présence ne procure pas forcément de joie, mais elle est indispensable au bien-être de tous les humains ; leur absence ne se fait pas remarquer de façon bruyante, mais elle est doucement toxique. Il est normal de se sentir rassuré par le fait que l'on nous connaissance. ...... Tout cela procède du sentiment de reconnaissance et rappelle l'absolue nécessité pour l'être humain de disposer d'un capital social autour de lui.

C'est là que nous vient ce sentiment obscur et primitif que l'anonymat des grandes villes est "contre nature". Contre la nature humaine en tout cas ... Un autre exemple de de connaissance : être sollicité sans que l'on l'ait demandé, c'est-à-dire recevoir des attentions, une carte postale, une invitation, une visite, un petit cadeau qui nous montre que "l'on a pensé à nous" sans que nous ayons à nous manifester ...

Se sentir reconnu confère tout simplement un sentiment d'existence sociale, d'existence tout court...."""

Créer mon blog : La lutte contre l'indifférence ?

Mon présent article n'a pas la prétention de décortiquer le comportement des millions de blogueurs. Mais je ne m'empêcher de rapprocher leur comportemental (moi incluse) par rapport à cette peur de l'indifférence et ce désir de reconnaissance.

N'installe-t-on pas, avant même que le blog ne soit lancé, un compteur qui comptabilise, tant bien que mal, les visiteurs, les pages visitées, les rebonds, les retours, les anciens visiteurs .... les nouveaux visiteurs ...

Et n'allons-nous pas tous consulter nos livres d'or, nos forums qui restent la plupart du temps désespérément vides ? Et les commentaires qui ne viennent pas, que nous essayons de provoquer par d'insidieuses manoeuvres : visite d'autres blogs en laissant des traces , en allant jusqu'à exiger la contre-partie ... eh oui

Tout celà est-il illusoire ?Qu'est-ce qu'elle essaye de combler cette frénésie webienne ? Que de questions ... Pourtant le mal est moindre ; sauf que nous sommes probablement de plus en plus esclaves de ces agissements virtuels ....

A réfléchir ....