▱ Mensonges de la PUB

Les pressions ....

.... Pour en revenir à l'exemple le plus caractéristique de notre époque, celui du corps, le problème, finalement, c'est qu'il y a plus d'argent à gagner de façon industrielle avec l'image de soi. ... (grâce aux vêtements et aux produits de beauté) en susurrant aux femmes qu'il faut être belles et désirables, qu'en leur suggérant d'être gaies, sympathiques ou ouvertes (cela ne permet pas de vendre).

Beaucoup de travaux suggèrent le rôle toxique des pubs de magazine sur l'estime de soi des femmes, surtout chez celles qui attachent de l'importance à leur apparence physique et qui en sont insatisfaites. Que proposent ces images innombrables, sinon des comparaisons permanentes - et perdues d'avance - avec les plus belles filles du monde ?

Le mécanisme de la comparaison sociale est alors redoutable. Même si on tente de lutter, il s'accomplit de manière inconsciente. On a montré depuis bien longtemps qu'après avoir été confrontées à des photos de très jolies filles les femmes se sentent moins attirantes..... Il existe aussi des preuves quasi expérimentales sur le plan des évolutions sociales : l'apparition des mêmes inquiétudes du rapport à l'image du corps chez les hommes, quelques décennies après les femmes, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis. Et aussi le développement de troubles psychiatriques, équivalents à l'anorexie féminine, chez de nombreux culturistes, aussi persuadés d'être sous-musclés que les anorexiques le sont d'être obèses......

De même, les instantanés et les postures de bonheur, d'amour, d'amitié vendus par les publicités sont tellement éloignés de la réalité (bonheur, amour et amitié relèvent d'une patiente construction) qu'il ne peut en découler que frustrations et déception de soi .....

Si nous disions non à ces mensonges, non aux fausses promesses ? Notre estime de soi vaut mieux que cela. Voici quelques pistes :

. Apprendre à décrypter les pubs : que veut-on me faire croire ? Par quel ressort, quelles flatterie de mon égo veut-on me faire acheter ce truc Le pire danger, c'est de se croire protégé de ces influences sociales toxiques par son intelligence ou sa lucidité en général. La seule protection c'est la mise à plat des processus d'influence et de manipulation au moment où ils s'exercent sur nous. (Lire : Guégen N. "100 petites expériences en psychologie du consommateur"Paris, DUNOD 2005).

. Apprendre à connaître ses points faibles : "C'est quoi le vrai besoin chez moi qui me donne envie d'acheter ce qu'on me montre là ?", "Est-ce que ce truc va vraiment augmenter mon bien-être, mon bonheur ?". Et réfléchir à des moyens non marchands de progresser et d'être heureux.

. Se rappeler, face aux images de belles et beaux mannequins : effectivement ils sont beaux, mais c'est leur métier de l'être (leur vie consiste à manger, dormir, prendre soin de leur corps, et poser), les photos sont longuement retouchées, l'illusion de naturel qu'elles donnent est totalement fausse (quinze jours de prises de vue aux Caraïbes avec une équipe de douze personnes), etc

. Penser à l'avenir et apprendre très tôt aux enfants à critiquer les pubs. Serons-nous face à ces manoeuvres sur l'estime de soi du citoyen moderne, de plus en plus crétins ou de plus en plus malins ? On peut observer çà et là des premiers signes du développement des capacités de lutte, comme semblent en acquérir peu à peu les nouvelles générations, plus critiques envers la pub que leurs aînés........

Comment ne pas dépendre de ces objectifs dictés par d'autres que nous :

. Moins s'énerver, ou moins fort, ou moins souvent.

. Davantage écouter les autres.

. Travailler plus efficacement.

. Progresser dans sa pratique de la musique, d'un sport, d'un art. ........

Extraits de "Imparfaits, Libres et Heureux" - pratique de l'estime de soi - De Christophe André chez Odile Jacob.