Ceinture noire

La ceinture noire

Avant l'arrivée du jùdô, les grades n'existaient pas dans les arts martiaux.

La méthode traditionnelle pour attester des capacités d'un bushidoka était la rédaction d'un parchemin ou d'un certificat. C'est dans ce contexte que Jigorô Kanô créa l'école du jùdô Kôdôkan en 1882. En 1883, ce dernier fut le premier à établir une distinction hiérarchique en établissant deux classes : les mudansha (non-gradés; élèves) et les yudansha (gradés, porteur d'un dan; enseignants), et nommant deux de ses meilleurs élèves shodan (1er dan), mais ceux-ci n'en portait que le titre, et aucune couleur de ceinture ne les différentiaient encore de leurs camarades. Jigorô Kanô prit l'habitude de faire porter à ses yudansha une ceinture noire vers 1892 (1897 ou vers 1886 pour certaines sources).

Les ceintures de couleurs (6e au 1er kyu) ont été inventées en Angleterre au milieu des années 1920 puis introduites à son arrivée à Paris en 1935 par le professeur Mikinosuke Kawaïshi. Il pensait que les jùdôkas européens seraient d'avantage motivés si leur progression était ponctuée par d'avantage de niveaux intermédiaires qu'au Japon. Ouvert aux adaptations. Il disait : « Le jùdô, c’est comme le blé ou le riz, il doit s’adapter au terroir ». Il comprend qu’en France, les gens, les enfants notamment, ont besoin de reconnaissance plus vite et plus jeune qu’au Japon. Là-bas, ils attendent patiemment plusieurs années avec la ceinture blanche. Mikinosuke Kawaïshi reprend le cursus d’enseignement des techniques, et ponctue l’apprentissage (seicho) par les remises de ces ceintures de couleurs. Pour l’anecdote, Mikinosuke Kawaïshi, qui avait passé plusieurs années en Angleterre, s’est inspiré des couleurs du billard anglais, le snooker.

Le jùdô étant une cheminement intérieur, le grade est avant tout un marqueur, ayant un double but :

- guider la personne pour lui montrer qu'elle est bien sur la bonne voie et l'inciter à encore progresser

- identifier la personne afin que chacun sache plus facilement à qui s'adresser pour être guidé sur la bonne voie

Le grade est donc un garde fou, un guide, un marqueur, un repère aidant chacun à rester sur le bon chemin (cheminement intérieur) et pas une récompense ou une échelle permettant de hiérarchiser une quelqu'on autorité (reconnaissance sociale).

Le grade représente une expérience accumulée et validée associée à un niveau de compréhension de la discipline qui dépasse le cadre de son application technique. Il représente d’une part, le travail fait sur la technique et d’autre part, le travail accompli sur soi-même.

Si la compétence technique est systèmatiquement évaluée, la compétence sportive n'est officiellement systèmatiquement évalué qu'à partir du 1er dan et le niveau mental qu'à partir du 7e dan (du moins au Japon). Il est très interressant de mettre en avant dans l'évaluation lors des passages de grade l'aspect sportif et l'aspect mental aussi bien que l'aspect technique dès le début de l'enseignement et ne pas baser les grades de jùdô uniquement sur la technique.

Avant tout, il est très important d'avoir deux principes essentiels en tête :

- la ceinture de jùdô sert avant tout à tenir la veste du jùdôgi (uwagi) fermée

- la couleur de la ceinture n'est absolument pas un gage de supériorité mental, technique ou physique

La ceinture indique seulement une personne qui, précédant les autres dans les étapes de l’art, peut les guider par son expérience.

Les grades sont attribués à un pratiquant et permettent d'évaluer son degré de maturité, son niveau technique et son efficacité en combat.

En France, les grades inférieurs à la ceinture noire (mudansha) sont délivrés par un titulaire d'un brevet d'État de Jùdô/Jùjutsu, un stagiaire en formation modulaire ou d'un CQP ou même d'un titulaire du C.F.E.B., le plus souvent suite à un passage de grades organisé par le club. Les ceintures ont été introduites essentiellement par les occidentaux pour refléter le grade. L'ordre des couleurs est le blanc, le jaune, l'orange, le verte, le bleu, le marron et le noir. Il existe également les « demi-ceintures » depuis 1989, utilisées en France pour les jùdôkas jusqu'à la catégorie minime incluse pour marquer la progression entre deux ceintures : blanche-jaune, jaune-orange et orange-verte. De plus il existe également la ceinture blanche un liseré et la ceinture blanche deux liserés pour les enfants de 4 et 5 ans. Enfin pour les ceintures noires de hauts niveaux, il existe deux ceintures supplémentaires à savoir la ceinture blanche et rouge (ceinture noire 6e, 7e et 8e dan) et la ceinture rouge (Ceinture noire 9e et 10e dan) mais elles ne sont portés que lors de grandes occasions (démonstrations, galas, cérémonies et autres...)

La ceinture noire souvent perçue par les non-initiers comme le stade ultime de la progression en jùdô n'est en faite que la marque du passage, un rite initiatique, entre un simple débutant et celle d'un initier ou de celui d'enfant à celui d'adulte. En effet, elle est accessible dès l'âge de 15 ans, c'est à dire à l'adolescence ! En fait, elle représente en théorie la connaissance approximative par le pratiquant de l'ensemble des formes techniques les plus connues en jùdô et en aucun cas la maîtrise technique qui est l'affaire de toute une vie (do mu kyoku).

Le premier dan correspond au moment où, dans les écoles traditionnelles, le candidat à l’apprentissage (seicho) finissait sa période de probation et était considéré comme digne de recevoir le véritable enseignement. Strictement parlant, le premier dan est le grade du débutant (désigné en japonais par shodan, qui signifie, non "premier dan", mais "dan débutant").