Psycho. Gérer les relations de couple dans un espace souvent restreint, 24 heures sur 24, relève du défi, télétravail ou pas. Voici les conseils d’une psychiatre.
Restez chez nous, c’est le mot d’ordre. « Mais le confinement réveille d’anciennes peurs enfouies. Tout est exacerbé, alerte Virginie Megglé, psychanalyste (1). Ce qui accroît le stress, c’est la durée indéterminée. L’épreuve est nocive pour les couples déjà fragilisés. L’autre qui nous irritait, nous insupporte davantage. Il ou elle devient responsable de tout ce qui nous arrive. »
L’enfermement a quand même des effets positifs. « Il nous impose de revenir à l’essentiel. Les sujets de dispute apparaissent secondaires. Le repos obligatoire aide à se sentir moins irritable. »
Pour ne pas réarmer les tensions conjugales et déclarer la guerre, il est nécessaire de faire la paix en soi-même avant de la partager avec l’autre. « C’est le moment d’activer ses ressources et de délimiter une distance de sécurité émotionnelle », recommande Virginie Megglé. Concrètement, elle conseille : 1. De maintenir un espace intime pour chacun. 2. D’écouter de la musique classique. 3. D’oublier les écrans anxiogènes. 4. De revisiter de bons souvenirs. 5. De téléphoner plus longuement aux proches et à ceux qu’on aime. 6. De méditer et de faire du yoga si possible. Les croyants ajoutent la prière.
« Ouvrez la fenêtre, respirez profondément, regardez ailleurs, recommande-t-elle encore. Cette situation oblige à prendre soin de notre moi intérieur, souvent sacrifié au travail, autant que de notre intérieur domestique. »
Les repas favorisent le dialogue. « Démarrer la conversation en parlant de son ressenti face à cette expérience peut inciter le compagnon ou la compagne à en faire autant. Mais il faut accepter aussi que celui-ci ou celle-ci ne réagisse pas. »
Réinventer sa vie quotidienne devient la loi suprême. Par exemple, « partager les tâches, inverser le rôle de chacun, comme en vacances. Et pourquoi ne pas entreprendre un vrai nettoyage de saison ensemble ? »
On n’oubliera pas de mettre en commun les bonnes nouvelles. « Le printemps qui s’installe, les gestes de solidarité qui se multiplient et les dauphins de retour dans les ports italiens… »
Surtout, parlons des projets, parce qu’il y aura une vie après le confinement, c’est son bénéfice majeur attendu.
L’enfermement accentue la dépendance des uns aux autres et signe parfois la perte du libre arbitre. Face à des situations de crise extrême, de harcèlement émotionnel ou physique, il faut demander de l’aide.
« Appeler des professionnels. Certains psychologues, psychiatres donnent des conseils par Skype ou par téléphone. » Quant au 3919 (Violences femmes info), il a repris du service…
Fabienne MARAIS.
(1) Auteure du Harcèlement émotionnel, éditions Eyrolles, fondatrice du site psychanalyseenmouvement.net