Pendant l’été, nous passions tous les ans une semaine « au bateau blanc », des fois à Pontigny, des fois à Brienon. Cette année là, c’était une semaine « itinérante »pour les 20 ans du BB.
Tous les ans, traditionnellement, une messe était proposée pour clôturer la semaine. A la fin de cette messe, menée entre autre par Noël, vint la communion.
Moi-même assez peu croyant et pratiquant, je n’avais jamais fait ma première communion et même si ma mère m’avait proposé plusieurs fois de la faire, j’avais toujours refusé. Je sais même qu’elle en avait déjà parlé avec Noël. A la fin de cette messe, donc, elle me le re-proposa.
Cette semaine avait été si intense que je voulais partager ce moment autant que le reste du séjour et j’acceptais. En arrivant devant Noël je surpris un échange de regard entre lui et ma mère juste derrière moi. Il me donna l’hostie.
Après la fin de la messe, alors qu’il pleuvait à seau, Noël vint me voir et me demanda si j’avais 5 minutes pour qu’on puisse parler de cet événement. Nous nous sommes alors réfugiés à l’abri dans une voiture et il me demanda quel sens je mettais à cet acte.
Un peu pris au dépourvu je ne savais pas quoi répondre et finit par lui expliquer le déroulé de cette semaine. La conversation dura finalement assez longtemps, nous avions parlé de beaucoup de sujets différents et je lui expliquais tout ce que ces semaines au Bateau Blanc m’apportaient.
A la fin de la conversation, il m’a dit « tu vois Matthieu, je ne regrette pas d’avoir fait ta première communion, et encore moins dans ces circonstances parce que là je suis sûr qu’elle a du sens pour toi. Quand je t’entends parler, je comprends que tu n’es pas croyant dans le sens où tu n’as pas besoin de donner un nom à Dieu, à la religion, tu n’as pas besoin d’aller à l’église ou même de manger l’Hostie, mais tu crois en l’Homme, tu crois en l’Amour et tu es plein d’espoir. Finalement ce n’est pas beaucoup plus que ça l’Église, tu vois ».
Je me rappelle de ces phrases, prononcées sous le vacarme assourdissant de la pluie sur la voiture, je me souviens bien de sa tête en les disant, de sa moustache qui m’intriguait un peu, que j’étais à la place du conducteur et lui à ma droite.
Cette simple phrase m’a fait grandir, et sur le long terme, elle résonne encore en moi aujourd’hui, elle m’a influencé. Il avait su trouver les mots exacts, il avait su cerner, au moins sur ce sujet, l’adolescent que j’étais. Il avait mis des mots là où je n’avais que des sentiments, des ressentis et me les avaient transmis, sur des valeurs qu’il défendait et en lesquelles il croyait. Ces mots ont participé, à leurs mesures, à ce que je suis devenu aujourd’hui.
Le Bateau Blanc m’a fait grandir, il m’a appris des choses, il m’a fait faire des rencontres, il m’a transmis des valeurs. Et il me semble que ces valeurs se résument bien dans cette phrase de Noël.
Je suis content de lui avoir envoyé un mail il y a quelques semaines pour lui rappeler cette anecdote.
Pour tout cela, Noël, merci !
Matthieu