Il est Vivant
Il y a cette icône peinte par Théophane le Grec. La Vierge vient de mourir à la terre. Son corps raide, vêtu de noir, est étendu sur un drap blanc. Les apôtres qui l’entourent sont courbés de tristesse, inclinés vers ce corps vidé de sa vie. La perte de leur mère est un rapt violent. Ils ne la verront plus. Cette souffrance rend le temps incertain où la peine prend toute la place. Pourtant la lumière du cierge devrait guider leur regard, non vers la terre, qui va manger ce corps vide, mais vers le ciel où la Vie est présence. Au milieu de l’ombre, au près de nous, impuissants et abandonnés, il y a le Christ couronné du séraphin, le saraph en hébreu, le brûlant. Il accueille l’âme de Marie, emmaillotée, comme un petit enfant qui vient de naître.
Noël n’est plus ici. Il a rendu l’esprit. Nous nous sentons triste apôtre, aujourd’hui. Il faut retrouver la flamme du cierge pour s’orienter et traverser l’ombre de cette perte.
La simple lumière d’une bougie gagne sur la pénombre. On avance dans la nuit, aveugle et pesant, nous remettant tout entier à la lueur. C’est le temps de l’attente, le samedi saint.
« Il n’est plus ici ! ».
Une image encore, celle du Christ qui fait sauter les verrous des portes de la mort. Il apparaît, longue silhouette blanche tirant Adam, le vieil homme et Eve, la vieille femme, hors du tombeau. Le vieil Homme est mort. Fin de l’histoire, clap final. Mais il y a plus grand que la mort, il y a plus grand que la maladie, il y a la Vie forte et tendre de Dieu Adonaï. Il y a l’homme renouvelé.
Que la tendresse de Dieu soit toujours avec toi, Noël, dans ton voyage. C’est le temps de la résurrection, de ce courant vivifiant du Christ vers l’Homme, de l’Homme vers le Christ. L’ombre n’est plus. Elle n’est pas. Sans existence ! A part dans nos âmes grevées de doutes et de tristesse. Ce n’est plus le temps de courber vers la terre. La flamme est verticale. Elle s’embrase quand un groupe la regarde. L’amitié est la flamme. Le sourire est la flamme. Elle nous relie à Noël.
Ami, quel incroyable voyage tu nous a fait vivre en t’accompagnant dans ta maladie. Tu portes à jamais beaucoup de fruits.
Ami, sois en paix. Ne sois pas retenu ici, par notre peine. Regarde nos sourires quand nous pensons à toi. Poursuis ta route et prie pour nous, toi qui vois à présent, ce que nous ne pouvons contempler et qui prend la mesure de la tendresse de Dieu.
Que nos cœurs soient des églises, des sanctuaires sacrés, pour célébrer la Pâque avec toi dans l’Ailleurs, près de nous, souriant.
Que le Très-haut siège en nous et son règne n’aura pas de fin.
Amen !
Paule