texte et paroles des chanson de jean debruynne
Il est avant tout un montage audio-visuel créé, écrit et réalisé comme tel
images avant que d'être mots, paroles avant que d'être écriture.
C'est pourquoi ce livret restera sans doute étranger à tous ceux qui n'ont pas vu le montage.
Ils n'ont vu que le prolongement.
Il a été voulu pour répondre à l'attente de cous ceux qui, à la fin du montage, voulaient le revoir, souhaitaient pouvoir y revenir, s'arrêter à une séquence, ressaisir une parole envolée, reprendre un moment passé trop vite ...
Voici donc ce livret.
qui rassemble les dialogues et les paroles des chansons de « L'Absent du Samedi».
D'autres textes y on été ajoutés qui tentent de recréer les situations du montage .
Ce sont des réflexions de jeunes, des groupes de partage et d'échanges qui ont produit la matière première de ce montage.
Avant d'être écrite, il y a eut cette démarche collective de création dont je n'ai été que le porte-plume après avoir été le porte-voix.
Cette démarche de L'absent du Samedi» est née de la recherche de la Mission de France. C'est un appel à envisager ensemble l'avenir de l’Église. L’Église n'est jamais sortie coute faite d'un plan de cinq ans élaboré dans quelques bureaux doctrinaux. L’Église est d'abord une pratique - c'est la Pentecôte et /'Esprit n'aura jamais fini de nous étonner, c'est-à-dire de nous déranger.
Les évènements sont des paroles. Aujourd'hui l'Esprit parle le manque de prêtres comme il parlait aussi bien le Samaritain ou le Juif.
Ce n'est pas une crise, à moins que ce qu'on appelle crise soit une promesse.
Même si l’Église n'est pas capable de réciter son avenir et justement a cause de cela. il est grand temps d'y participer. C'est l'heure des responsabilités. C'est la un sujet trop grave pour le laisser entre les mains de quelques spécialistes.
« L'Absent du Samedi» n'est qu'un chemin.
Jean Debruynne
.
Tout à commencé dans la rue
dehors et non dedans.
Pourquoi est-ce toujours dehors que tout commence ?
Ce matin la rue était mauvaise,
elle se faisait un chemin dans une foule émigrée de la nuit.
Le pas pesant de leur cœur lourd.
ils transportaient sur leurs épaules une tête basse.
Il pleuvait encore
La rue trainait comme une eau morte
les pavés n'étaient que des fleurs fanées.
Mais pourquoi donc Bon Dieu !
tous ces visages étaient en plâtre
le front portant la peur
et pourquoi donc leurs lèvres se serraient la ceinture.
Le silence était un mur
les yeux grelottaient
seuls les papiers volaient encore.
Je n'aurais même plus de nuit
Je n'aurais même plus de nuit
Alors au coin de la rue, une voix s'est déchirée comme un vieux vêtement qui cède
Une voix crue
une femme
et son chant était un cri :
Ce matin au coin de ma rue (1)
J'ai vu se gonfler une foule
les bas quartiers étaient en crue
c'est la misère qui se soûle
la nuit de la grande marée
la peur montait jusqu'à la gorge
tous ils criaient à la curée
la mort était devant sa forge.
Ce matin au coin de ma rue
j'ai vu qu'on attelait cet homme
au mancheron d'une charrue
Je ne sais pas comment on nomme
ces deux grands morceaux de bois
je ne sais pas quel est leur rôle
mais j'ai bien vu que cette croix
il la trainait sur ses épaules.
Ce matin au coin de ma rue
je n'en ai pas su d'avantage
j'étais là, je l'ai reconnu
essuyant un peu son visage
il n'avait d'homme que l'humain
pourtant, maintenant il me semble
que ce visage entre mes mains
c'est bien à lui que Dieu ressemble.
J'ai suivi la foule comme un morceau de bois dans le roulement du fleuve.
J'étais caillou.
Le ciel s'était assis au bout de la rue et ricanait
le dérisoire.
A la sortie de la ville, ils ont tourné
ils m'ont conduit au cimetière
curieux endroit pour venir au monde.
lls ont serré de leur pauvre chaleur
ces deux pieds carré de terre
comme si c'était de ce carré d'argile
que devait se lever le soleil.
Leurs pleurs n'étaient que secs
Ils pesaient de tout leur poids autour de cette tombe
penchés comme sur un berceau
mais leurs bras étaient vides.
Alors quelqu'un s'est fait un chemin parmi les épaules le taciturne
il est venu devant
il a tiré son discours du fond de sa poche
comme on tire à la pause un quignon de pain.
Sa voix était courte, serrée, elle cahotait comme un charriot,
nous étions sous la suie.
Il parlait comme un peuple:
« Cet homme était bon et généreux
il parlait avec ses actes
ses mots venaient d'ailleurs
il était des nôtres
c'était l'un de nous
il avait le cœur du peuple
il portait tous nos espoirs
c'était un honnête homme
il était juste
on l'a rejeté comme un caillou
il n'a pas donné son nom à une rue
ou à une station de métro
il n'a donné son nom ni à un musée ni à un lycée
c'est à nous qu'il a donné son nom .. . »
Le reste je ne l'ai plus entendu ou bien je l'ai oublié
Je m'aperçois qu'en moi les choses roulent les unes sur les autres
La lampe et la nuit ont mélangé leurs frontières.
Allez si je veux raconter il faut que je commence par le commencement ...
Quant on était môme tous les deux
il ne me quittait pas d'une semelle
il était toujours là qui avait quelque chose à redire
toujours derrière mon dos avec ses catéchismes :
« c'est défendu, fais pas ça,
apprends tes leçons, fais tes devoirs,
tu n'as pas le droit
c'est interdit ... »
C'était un œil
il avait toujours raison
il fallait toujours lui demander pardon
il voulait tout savoir, ce qu'il savait déjà
et en plus il fallait tout lui dire
j'allais à la religion
ce n'était pas pour moi
c'était pour le curé
ce qui était défendu, c'était toujours ce qui me plaisait le plus ...
jamais, jamais je ne l'ai entendu dire :
c'est interdit d'être pauvres
c'est défendu d'habiter un taudis
Jamais il ne disait : c'est interdit de manquer d'argent.
C'est interdit d'interdire
Jamais il ne m'a dit :
tu n'as pas le droit de ne pas avoir droit aux études ...
On lui disait qu'on l'aimait
mais ce n'était pas vrai
on n'aime pas les prisons
on ne l'aimait pas, il nous faisait peur.
On avait peur de lui
on l'aimait par besoin
on lui disait qu'on l'aimait
mais c'était pour se mettre bien avec lui
on l'aimait par nécessité
par angoisse
on finissait d'aimer l'angoisse qu'il nous donnait
la foi était le nom de notre peur
on priait comme on mentait
on en avait besoin
on ne pouvait pas l'aimer
il nous manquait le désir ...
Alors un jour j'ai sauté le mur où j'étais enfant ...
On avait tant maquillé Dieu (1)
avec un luxe de détails
on l'avait remisé aux cieux
pour contrôler notre travail.
Mais qu'est-ce que vivre?
Mais qu'est-ce que vivre?
On pouvait tant savoir sur toi
on savait même ton visage
ta grande barbe de vieux roi
que l'on voyait sur nos images.
Tu n'étais qu'un Dieu de secours
et moi je crie un Dieu vivant
tu n'étais qu'un Dieu de secours
et moi je crie un Dieu d'Amour.
On avait tant maquillé Dieu
qu'on croyait l'avoir sous la main
les prêtres avaient de si bons yeux
qu'ils savaient lire tous tes desseins.
Mais qu'est-ce que vivre?
On savait vraiment tout sur le ciel
que tes anges jouaient des cuivres
et que tous nos péchés véniels
étaient inscrits dans un grand livre.
Et moi je crie un Dieu vivant.
On avait tant maquillé Dieu
que souffrir était un plaisir
on nous demandait d'être pieux
mais de ne pas trop réfléchir.
Mais qu'est-ce que vivre ?
Je ne veux rien savoir de toi
non ne me tendez pas la perche
je ne sais pas si j'ai la foi
je sais seulement que je cherche.
J'en ai assez d'un Dieu discours.
Lui, !
l'Autre.
Je l'ai retrouvé dix ans plus tard
sur la route
il avait changé.
D'abord je ne l'ai pas reconnu
il n'avait pas l'air au courant
C'était bien la première fois
que je rencontrais quelqu'un qui ne savait pas à l'avance
les réponses aux questions
que je ne me posais pas.
J'en avais marre, il m'a dit viens,
Je crevais de vivre, il m'a dit lève toi,
je boitais ma vie, il m'a dit marche,
je ne l'aurai pas reconnu
cette fois c'était moi qui savais tout
et lui qui ne savait rien.
Je lui récitais les commandements
la première communion
quand j'étais enfant de chœur
la religion
j'avais tout
j'étais en règle.
Lui il ne savait rien de tout cela
des commandements, il lui en restait tout juste deux
et encore ces deux là n'en faisaient plus qu'un.
Aimer!
Aimer!
Justement la seule chose qui ne se commande pas.
on ne commande pas d'aimer
comme on commande de marcher au pas
Aimer justement ça ne se·commande pas !
C'est pas un commandement.
La seule chose qu'il me reprochait, c'est de ne plus avoir de rêves...
Tout en marchant
on est rentré dans un bistrot
il faisait tard
je l'ai invité à boire un coup
il faisait bon, il faisait chaud...
Ce bistrot là j'y vais les yeux fermés
c'est comme si j'y étais
j'y suis retourné cent fois
la table est toujours là où on s'était assis
la même table
en y cherchant bien je retrouverais même sûrement
les miettes de pain de ce soir là
et les ronds laissés par les marques des verres,
mais lui,
rien
la table est vide
et je suis seul.
Cent fois j'ai demandé au patron du bistrot :
Tu ne l'as pas revu?
il n'est pas revenu?
Cent fois il m'a répondu
« Le gars de l'autre jour ?
celui qui était avec toi
dans ce coin là ? . . .
Non ...
Il n'est pas revenu ...
Je ne sais pas ... »
Mais alors pourquoi, chaque fois que je demande après lui
il y a justement à ce moment là
des gens qui entrent dans le bistrot
et qui viennent s'installer
justement à cette table là
et pourquoi ces gens là
ont justement une tête qui ne me revient pas ?
Puisqu'il avait disparu
Lui
Désormais j'allais conjuguer l'absence au futur ...
Son silence
C'est une drôle façon de parler! ...
Mais depuis ce jour-là j'étais deux ...
Maintenant la vie c'est comme ça
la matin le réveil sort son canif
et il déchire les rêves
dans l'autobus on se serre les uns contre les autres
mais on ne se parle jamais
de temps en temps dans la journée
on va chercher une cigarette
pour rallumer un bon souvenir dans la tête
Quelque fois le ciel se rappelle qu'il y a un soleil.
Alors.
Le Samedi on se sappe
on va draguer
et puis on déconne
on va au bal
rien que pour se taper le bicot
on ratone
c'est con!
c'est con la vie!
la moto c'est dingue
c'est dingue la vitesse
et puis t'as un copain
un copain c'est tout
c'est un copain.
Ton copain
ils te le rendent un soir
c'est un cercueil
c'est le gars de la morgue qui te dit :
Lui
« Est-ce bien lui ? »
Peut-être c'est lui.
je ne sais pas
le mien était vivant,
celui-là ...
et puis ta gueule
c'est con !
c'est con la mort
ça sert à quoi ?
c'est con !
moi je fous le camp en Australie
c'est con !
Et puis de nouveau le trottoir s'abaisse
une boulangerie
ces alignements de banlieue qui ne vont nulle part
un arbre oublié là
deux pièces de monnaie dans ma poche
est-ce la vieillesse ?
Je m'en fous
j'ai faim mais n'ai plus de désir
qui peut m'aimer?
Un chat pleure comme un nouveau né
Je m'entends marcher
je réveille la nuit qui se referme derrière moi
il me reste deux trois mots
mais cela ne fait pas une prière.
Lui, il est mort un vendredi
il est ressuscité le dimanche
ce qui est con c'est qu'on est toujours le samedi.
Et puis le lendemain c'est le contraire
on ne sait pas pourquoi
mais on n'est jamais l'un ou l'autre,
on est toujours les deux.
Un jour c'est la plaine à ras le bol
on gèle dans son lit
et puis un autre jour le soleil décroche son chapeau
le fond de l'air se met à pétiller le printemps
le matin est un parfum
tout devient simple
j'ai tourné le coin de la rue en même temps que moi
j'ai failli me rentrer dedans
j'ai éclaté de rire
et dire que j'aurais pu me croiser sans me reconnaître
Alors j'ai pris les yeux du ciel
j'étais heureux de chanter
c'est ce qui sert à rien qui sert le plus.
Alors croire s'écrit vivre
et vivre se conjugue comme aimer
prier se dit exister
il se passait quelque chose
ou bien quelqu'un
tout est rencontre
c'est-à-dire de passage
ce matin je le rencontre partout
à condition de ne m'arrêter nulle part.
Le ciel est ton grand chapiteau, 0 Seigneur/ ( 1)
Galot de vent pour tes chevaux, 0 Seigneur !
Tirant tes chariots de nuages
les grandes eaux du paysage
c'est la fête, c'est la fête
c'est la fête de la vie.
c'est la fête, c'est la fête c'est la fête de l'esprit
La lune est veilleuse de nuit, 0 Seigneur !
Le soleil s'appelle aujourd'hui, 0 Seigneur!
la rue a tant de mains ouvertes
on peut marcher sur l'herbe verte.
c'est la fête, c'est la fête
c'est la fête de la vie.
La terre est en robe des champs, 0 Seigneur!
sur les moissons à cheveux blancs, 0 Seigneur !
le vent compose tes cantiques
les grandes eaux de ta musique.
C'est la fête de la vie,
c'est la fête de !'Esprit.
La terre est de pain et de vin, 0 Seigneur!
tes collines au creux de leur.; mains, 0 Seigneur !
ouvrent les lèvres des fontaines
ta grande soif de vie humaine.
C'est la fête, c'est la fête
c'est la fête de la vie
c'est la fête, c'est la fête
c'est la fête de l'Esprit.
Comme un envol du cri des mouettes
la rue monte jusqu'à ma fenêtre
il fera beau et ce n'est pas dimanche
la radio rêve à haute voix.
Dehors
Il me semble que je ne suis pas sorti de moi
c'est la rue qui passait toute seule
Je ne savais pas que le visage d'un autre
pouvait contenir le monde entier
je ne savais pas que son regard ouvert
pouvait allumer tous les soleils.
Je ne savais pas que je pouvais me mettre à exister
et que mon histoire pouvait être quelqu'un.
Des fois les vieux mots sortent du livre
et se mettent à danser.
L’Évangile cesse de me faire la leçon
et se met à chanter
l’Évangile n'arrive pas qu'aux autres.
Jésus m'a changé mon histoire (1)
j'étais coincé au fond du trou
il m'a sauvé de ma mémoire
en signant ma levée d'écrou
j'avais de l'argent plein les poches
j'étais publicain des impôts
pour le compte d'un roi fantoche
dont Rome avait fait son suppôt
Écoutez voir,
écoutez comme Jésus a fait de moi un homme.
Pour engraisser l'impérialiste
on se payait du pharisien
je les avais tous sur ma liste
ils m'appelaient sale milicien
je tachais des chiots de ma chienne
Ils me traitaient de Fils de chien
je leur crachais des mots obscènes
c'est vrai qu'ils me le rendaient bien.
Écoutez voir,
écoutez comme Jésus a fait de moi un homme.
Passant devant ma devanture
tous ces gens là m'apostrophaient
en tirant des bordées d'injures
contre Levy le fils d'Amphée.
C'est Matthieu que Jésus me nomme
en passant il me dit « suis-moi »
lui seul m'a traité comme un homme
c'était bien la première foi ...
Écoutez voir,
écoutez comme Jésus a fait de moi un homme.
Tournant les pages de l’Évangile
elles ont cessé d'être des pages
et sont devenues une femme assise au bord du puits.
Ce soleil droit
mais où donc l'ai-je déjà rencontré
et cette soif de bronze ?
C'est en le cherchant toujours
que je suis parti dans ses yeux
il m'a fait rencontrer cette femme
un midi,
elle n'était pas moi
elle aimait la vie et n'en avait pas honte
elle a dansé dans mes paupières.
Jésus m'a changé mon histoire (1)
c'était un jour comme aujourd'hui
quand pour me demander à boire
il m'attendait au bord du puits.
Papillon fatigué
Il était seul sans les Apôtres
un curieux air de faux semblant
qui pourrait passer pour un autre
en mal de rendez-vous galant.
Papillon fatigué
Moi j'ai joué les aguichantes
de l'ironie au fond des yeux
tournant ma taille provocante
j'ai provoqué le fils de Dieu.
Papillon fatigué
les papillons sont fatigués.
les juifs nous vouaient de la haine
c'était tout à fait respectif
moi qui étais samaritaine
je ne parlais jamais au juifs.
Papillon fatigué.
En plus Jésus était un homme
et les hommes avaient le pouvoir
la femme était bête de somme
à la maison comme au trottoir.
Papillon fatigué.
Moi je n'étais rien qu'une femme
la société au masculin
doutant que la femme ait une âme
prenait mon corps pour un moulin.
Papillon fatigué
les papillons sont fatigués.
J'ai rien compris à son eau vive
à ses idées d'adduction d'eau
je m'en allais à la dérive
comme on s'en va sur un radeau.
Papillon fatigué.
Alors j'ai vu mieux qu'un miracle
mieux que du vin coulant du puits
Jésus balayant les obstacles :
"Moi qui te parle, je le suis . . . »
Papillon refleuri.
J'ai vu comment Jésus se livre
je l'ai dépouillé comme un mort
mais sa Parole me fait vivre
et me délivre de mes torts.
Papillon refleuri
Les papillons sont refleuris.
musique Jean Humenrv disque SM " Rencontres de Jésus Christ " SM 589
Aujourd'hui il est venu
à l'improviste
il n'était pas seul
mais pluriel,
avant même qu'il soit entré
j'étais envahi par la poussée d'une multitude
chez moi était chez eux
ils se sont glissés partout
sur l'écran de ma télévision
entre les pages de mon journal
images de magasines
coup de poing d'affiches
les bruits de l'immeuble
la cohue de l'autobus
la marée montante de la rue
la boulangerie à midi
le face à face du bureau.
Ces voix blessées par la rancœur
ces conversations à ne rien dire
ces bonjours. bonsoirs
« Mon cher collègue et néanmoins ami ... »
« Quand l'un de nous deux sera mort,
je me retirerai à la campagne ... »
« Moi monsieur, je ne fais pas de politique ... »
« Le manteau de fourrure de ma fille ... »
«C'est si affectueux un chien... »
« On ne peut quand même pas se laisser doubler par une deux chevaux ... »
- « Les jeunes ça leur manquera de ne pas avoir fait la guerre ... »
« Son père s'est suicidé, il ne supportait plus guère le chômage ... »
« Entre deux tiercés, il faut quand même vivre ... »
Les aigreurs du travail
les mâchoires de la cadence
la course contre la montre
tous ces gestes détachés par la fatigue
les solitudes entassées dans le même train de banlieue
est-ce donc bien vrai que je ne le reconnaîtrai jamais que lorsqu'il est parti ?
Ce soir je suis las de choisir
ils sont beaucoup trop
la mer entière n'aurait pas suffi à remplir leurs yeux
et lui était comme un arbre
dans le dedans de chacun d'eux.
Partout il était là
mon nom était nombreux
mon nom était devenu peuple
Peuple c'est mon nom.
J'apprenais à parler le « Nous » comme une langue étrangère
j'avais cinq cent mille doigts à chaque main
cent mille visages pour un seul homme.
Je respirais sous leurs rêves
jour et nuit
j'étais habité.
Les incroyants m'ouvraient la foi.
Trois cent millions de paysans (1)
des paysans au bord du cœur
trois cent millions de paysans
marchaient les bras chargés de fleurs
ils revenaient des hauts déserts
le printemps était leur complice
ils revenaient des hauts déserts qu'ils avaient fleuris de justice.
Oui peut compter tant de foule
tant de rires et tant de cris
mais ce n'est pas une foule
c'est le peuple de l'Esprit
Trois cents millions de vieux mineurs
des vieux mineurs du fond du cœur
trois cent millions de vieux mineurs
creusant les tailles du bonheur
ils revenaient des longues nuits
tous les mineurs de l'espérance.
Mais ce n'est pas une foule
c'est le peuple de !'Esprit.
Trois cent millions de forgerons
des forgerons battant le cœur
trois cent millions de forgerons
le front noirci, les yeux rieurs
Ils revenaient des champs d'honneur
des cimetières et des bastilles
ils revenaient des champs d'honneur
leurs épées devenues faucilles.
Oui peut compter tant de foules tant de rires et tant de cris
mais ce n'est pas une foule c'est le Peuple de l'Esprit.
musique de Jo Akepsimas disque "y aurait il un peuple ? " SM 759 Maurice DebaisieuC'est là que j'ai découvert
que Lui
I' Autre.
s'était rangé du mauvais côté
en infraction.
il s'était trompé de file.
Plutôt que d'aller siéger
à Rome ou au conseil d'administration,
sur un trône ou dans un gouvernement,
il s'était mis du mauvais côté
du côté des mauvais garçons.
non celui du juge
mais celui de l'accusé
il s'était mis dans la queue
avec les chômeurs
les filles à trottoirs,
les débiles et les tolards
les mendigots et les clochards,
les voleurs et les escrocs,
les assassins et les publicains.
L'idiot !
Il était du côté des pauvres
là où le soleil ne donne jamais.
Il était là au milieu d'eux
et il riait,
il riait,
il riait comme un bienheureux.
Il disait,
il disait,
il disait d'être heureux,
follement heureux,
heureux comme le bonheur d'être heureux.
Il disait :
ils sont heureux les pauvres,
mais moi je te dis, ce sont toujours les riches qui ont raison.
Il disait :
ils sont heureux les doux,
mais moi je te le dis, la loi reste toujours à la force.
Il disait :
ils sont heureux ceux qui pleurent,
mais moi je te le dis, les rieurs se mettent toujours du bon côté.
Il disait:
ils sont heureux les justes
mais je te le dis moi que si tu peux tutoyer un des ministres,
tu pourras toujours t'arranger avec le juge.
Il disait:
ils sont heureux les miséricordieux.
mais moi je te dis :
tout dépend si la télévision est là pour en parler.
Il disait :
ils sont heureux les cœurs purs,
mais moi je te dis :
les purs sont des durs plus durs que les cœurs.
Il disait :
ils sont heureux ceux qui sont persécutés par la justice.
mais moi je te dis il n'y a plus de justice
et il y a toujours des persécutés.
Il disait :
ils sont heureux les poseurs de paix,
mais je te le dis :
ce sont toujours les poseurs de bombes qui sont décorés.
Mais qu'est-ce qu'on y peut ?
Qu'est-ce qu'on peut y faire ?
C'est comme cela ils sont trop forts pour nous.
Quand on a faim de paix (1) avec ses deux mains nues
Qu'est-ce qu'on peur y faire?
Quand la mort est venue pour marier la guerre
les clairons vont devant et les tués derrière
qu'est-ce qu'on peut y faire?
quand on a faim de paix et que l'on est vivant?
Quand on a faim de paix devant le feu des chars
qu'est-ce qu'on peut y faire?
contre tous les milliards d'annement nucléaire
soldats bottés de sang violence en bandoulière
qu'est-ce qu'on peut y faire?
Quand on a faim de paix et que l'on a vingt ans?
Quand on a faim de paix une fleur à la main
qu'est-ce qu'on peut y faire?
Pour barrer le chemin des juntes militaires
les torturés qu'on pend d'avoir osé se taire
qu'est-ce qu'on peut y faire?
Quand on a faim de paix comme un petit enfant ?
Ne faites-pas la paix comme le monde la fait
ne donnez pas la paix comme le monde la donne
ne laissez pas la paix comme on laisse une aumône.
musique Jo Akepsimas disque "Dieu démaquillé" SM 673 fiche SM 110Il disait :
Je vous laisse ma paix
Je vous donne ma paix ...
Il disait,
Il disait,
Mais où sont donc ses mains qu'on puisse les serrer
comme on serre à pleine main un morceau de pain
ou son verre de vin avant de trinquer.
Mais où sont ses pieds qu'il puisse aller et venir
et bouffer le goudron et arriver toujours à l'improviste
comme le printemps au moment que l'on attend le moins.
Où sont ses yeux pour voir quand le moment est venu,
voir si ça va ou si ça ne va pas,
entrer dans le cœur par la cour de derrière, et voir si les étoiles sont en fête.
Mais où donc est sa bouche pour aller cueillir les mots dans leur cachette
et pour les mettre ensemble dans le mariage d'une chanson rouge comme le soleil.
Mais,
Il n'a plus de mains : c'est un manchot!
IL n'a plus de pieds : c'est un boiteux !
Il n'a plus d'œil : c'est un aveugle !
Il n'a plus de bouche : c'est un muet!
Le ressuscité n'est donc plus qu'un handicapé !
et c'est donc bien vrai que les handicapés sont comme lui !
C'est bien la première fois que je rencontre un Dieu pauvre.
Les idoles sont toujours riches elles ont toujours des cœurs sacrés,
des mains saintes et vénérables, des augustes visages,
de l'onction, et de pieuses paroles.
Lui, c'était un Dieu pauvre,
un Dieu qui est mort aussi nu qu'il est venu au monde,
un Dieu qui ne s'est pas enrichi,
tu en connais toi, des Dieux qui ne se sont pas enrichis?
A qui réclame des preuves de la résurrection
l'Esprit ne fournit que des témoins
Dieu ne laisse jamais de preuves car il n'y a pas de reliques de Dieu
A qui veut des certitudes et des données scientifiques
l'Esprit n'offre que les racontards d'une bonne femme
« Ces propos parurent aux Apôtres comme de pieux racontars de bonne femme et ils n'y crurent pas . . . »
A qui demande pour croire, des dogmes et des définitions de catéchisme,
l'Esprit ne propose que le témoignage d'une fille de joie, femme de trottoir et prostituée de bas quartier.
Elle aussi s'appelle Marie
l'une fait lever le jour
celle-ci ne sort que la nuit
l'une est pleine de grâce
celle-ci pleine de péché
l'une c'est la naissance
celle-ci la résurrection.
Elle est de Madeleine
un petit village du lac de Tibériade
c'est sur une fille de trottoir que va tomber le premier cri de la résurrection.
c'est une fille de joie que Dieu a choisie entre toutes les femmes.
pour le mettre au monde une seconde fois.
C'est elle la première au tombeau
c'est elle la première à croire
c'est elle la première à courir
la première à rire au sortir des larmes.
Elle va la première réveiller
Pierre et Jean et les autres qui ne la croient pas.
Allez courage
il faut le dire
il n'y a pas à avoir honte
la mère de notre foi c'est une prostituée!
Marie Madeleine (1)
où vas-tu matin
tenant à la main ton pot de chrysanthème?
Depuis matin je cours
pour être la première
venue au cimetière
y pleurer mon amour
et voir où on a mis Mon Jésus-Christ
Hier on l'a mis à mort
j'ai vu pendre son corps j'ai entendu son cri
mon Jésus-Christ !
Marie Madeleine
où vas-tu matin
tenant à la main ton pot de chrysanthème?
Depuis avant le jour
j'ai vu le tombeau vide
tout ça fut si rapide
je cherche mon amour
dis-moi qui a pris mon Jésus-Christ
monsieur le jardinier en soignant l'églantier
n'as-tu point vu fleuri mon Jésus-Christ ?
Marie-Madeleine
où vas-tu matin
tenant à la main ton pot de chrysanthème ?
Venez à mon secours
je voudrais qu'on explique
pourquoi cette musique réveille mon amour
dis-moi s'il est guéri mon Jésus-Christ
j'ai vu mourir la mort
les vivants sont dehors
moi je chante et je ris mon Jésus-Christ!
Tant de choses me passent devant les yeux
que mes yeux ne voient rien
et toi jamais tu ne te montres
et maintenant j'ai peur que tu ne sois passé
et que je ne t'ai pas vu.
Croire n'était donc pas un miracle
mais une tâche
ce n'était pas un résultat
mais un commencement.
Tant pis pour ceux qui n'ouvrent la Bible
que pour se prouver que Dieu pense comme eux.
On n'hérite pas de la vérité.
Il faut la faire
Ceux qui savent l’Évangile à l'avance
ne se sont fabriqués que des alibis
Dieu ne peut être qu'inattendu
Dieu se parle comme un patois
c'est la langue des pauvres ;
Les riches ne parlent pas Dieu ils en causent.
Dieu ne se parle jamais sans appétit
l’Église n'est pas une garantie
c'est une audace.
Ce n'est pas un pouvoir elle est histoire et non souvenir.
Son passé n'est qu'un des éléments de son avenir
ce n'est pas une gardienne de musée
c'est le lieu de naissance de la liberté.
C'est le peuple du provisoire
et le provisoire cesse à partir du moment où il est garanti.
Tout se passe donc dans un cimetière
la fin n'est que le commencement
la mort n'est donc qu'une genèse
mais c'est pourtant bien vrai
que Dieu est plus sûr mort que vivant
Dieu est plus certain dans son tombeau que dans la foi.
A tout prendre
beaucoup préfèrent encore un cadavre en règle
à un Dieu qui transgresse.
Il y en aura toujours qui seront préoccupés de s'adresser à leur Ponce-Pilate.
pour que Dieu soit gardé à vue dans son tombeau
et pour que des verrous de sûreté soient mis à la résurrection.
Si vous voulez que Dieu ne vous échappe pas
reconduisez-le au sépulcre.
Beaucoup d'églises
ne sont que des frigidaires
beaucoup de tabernacles
ne sont que des cercueils
beaucoup de bibles
ne sont que des pompes funèbres
beaucoup de catéchismes
ne sont que des enterrements
beaucoup de théologiens
ne sont que des gardiens de cimetières
beaucoup de Credo
ne sont que des tombes ...