1er décembre 1945– 10 avril 2020
« L’homme n’en finit pas d’espérer et Dieu de croire en l’homme ».
Noël Choux
De racines bourguignonnes dont il est fier, Noël est né le 1er décembre 1945 à Chalon-sur-Saône, le 2ème d’une fratrie de trois enfants. Son père est technicien du cadastre. Son enfance se déroule dans une famille chrétienne et aimante. « Jeune chrétien je me suis interrogé sur mon avenir. Je connaissais Cîteaux mais, ne chantant pas, je ne me voyais pas passer tous les offices au chœur sans participer au chant ». Le roman de Gilbert Cesbron Les Saints vont en enfer, relatant la vie des prêtres ouvriers, sera pour lui un déclic. La découverte du séminaire de la Mission de France à Pontigny, et surtout l’abbatiale, orienteront son avenir : « Je me vois encore rentrer dans l’abbatiale un jour de grand soleil. Elle resplendissait de blancheur. J’ai aussitôt pensé à l’hymne de Sexte à Cîteaux « Le jour est dans tout son éclat, la terre est pleine de sa gloire. Nous t’adorons Ô Dieu puissant, dans la splendeur de ta lumière ». Je crois bien que c’est à cet instant que tout s’est joué ».
Le lien de Noël avec Pontigny est définitivement scellé ! Entré au séminaire de Pontigny à l’automne 1966, les cartes sont vite rebattues, avec la décision du transfert du séminaire à Fontenay-sous-Bois en 1967. Lui, est envoyé en stage à Lyon où il fait l’apprentissage de la vie d’équipe. Un projet de formation en étalagiste, bien que non mené à terme, orientera Noël vers le monde du commerce tout en révélant son goût artistique. « Un type d’existence et de réflexion chrétiennes sont à inventer pour rejoindre une réalité fondamentale de notre monde occidental où l’important n’est plus de produire mais de vendre ». Après 18 mois de service militaire dans la Marine à Toulon et alors que le séminaire de la Mission de France est fermé, Noël se retrouve à nouveau à Lyon. Il achève sa formation à la Catho et, sur les conseils d’Albert Grimeaux, il persévère dans le domaine du commerce en se faisant embaucher chez Trigano.
Ces années, dans des plans non programmés d’avance et toujours adaptés aux événements, l’amèneront à l’ordination presbytérale le 27 mai 1973 à l’Arbresle. Pour Noël, être prêtre c’est « accepter d’être par sa vie le signe que la question de Jésus-Christ ressuscité et vivant se pose à tout homme ; c’est accepter, pour tous les hommes, d’être au service de ce collectif de la foi qu’est l’Eglise ». Noël est en équipe de prêtres ouvriers à Lyon-Vénissieux avec Roger Dachicourt, Michel Lafond, André Laforge et Paul Deladeuille pendant deux ans. Il travaille à Carrefour comme cadre commercial : « La cohabitation et la vie d’équipe m’ont façonné intérieurement, autant que l’expérience acquise dans les grands groupes de distribution ont façonné mes méthodes de travail ». Il participe à une équipe de cadres commerciaux chrétiens à Lyon et à l’atelier « Tertiaire Urbain » de la Mission de France.
En 1976, Jean Rémond, évêque auxiliaire de la MdF, vient débaucher Noël pour accompagner « l’accueil du Christ dans le cœur des jeunes d’aujourd’hui comme il l’était pour ceux d’hier et qu’il le sera pour ceux de demain ». Noël lâche son boulot pour s’engager, avec François Bon, dans l’aventure de ce qui deviendra le Service Jeunes de la Mission de France en 1980. Des années intenses et riches où la « gamberge » va bon train et mobilise une créativité inouïe, conjuguées à la rigueur, la méthode et le sens de l’organisation de Noël. Ce sont les grandes soirées « A la rencontre du fou libre », les rassemblements « Pâques à l’Aube », les week-ends « Marcher à la boussole de l’Esprit », la revue « Vin nouveau », le spectacle audiovisuel « l’Absent du samedi » ... Noël fait équipe avec François Bon, Jean-Pierre Marchand puis Gilbert Roux pendant deux ans avant que le rejoignent Henri Dallier, Jacques Purpan, Joseph de Boisgelin. Jean Debruynne, Jean-Pierre Vanhecke et Gaëtan de Courrèges sont aussi de la partie. « Que de déplacements, que de rencontres, que de nuits en couchette de train... Au départ nous ne voulions pas de lieu fixe, notre technique était celle du « camion frites » que nous transportions le long des chemins fréquentés par les jeunes ». Mais Noël continue à gamberger et l’aventure prend un nouveau tour avec la question d’un lieu qui se pose. Pontigny devient une évidence pour lui. Son esprit d’entreprise et ses relations feront le reste pour l’acquisition de la Maison de Pontigny. Odile et Guy Audebert sont associés au projet avec Fernande Joly puis Gérard et Nicole Ouvrard. A partir de 1980 Noël travaille aussi dans la communication. Il est délégué à la Communication pour la Mission de France et intervient dans diverses collaborations comme avec Témoignage Chrétien avec Claude
Gault ou auprès de jeunes chômeurs ou encore dans l’animation de stages pour les personnels hospitaliers dans l’accompagnement des mourants. Malgré son handicap à chanter au chœur, Noël n’a pas déserté Cîteaux ! C’est pour lui un lieu source où il séjourne régulièrement et notamment pour une année sabbatique pour ses 40 ans, tout en préparant des films de publicité. Noël reprend ensuite son travail dans la communication et les médias notamment au Comité Français de Radio-Télévision (CFRT) qui produit le Jour du Seigneur. Il forme les équipes locales qui veulent produire des émissions sur les réseaux câblés.
Noël est un des architectes du grand rassemblement de la Mission de France « Pentecôte 90 ». Il mobilise ses amis de la pub et de la presse pour élaborer titres et affiches et travailler l’animation audiovisuelle. Il fait venir des amis tchèques qu’il avait connus, par l’intermédiaire de Paul Collet, au moment où il l’accompagnait dans ses missions auprès des prêtres de l’Eglise dans la clandestinité, avant la chute du mur de Berlin. Dans cette liberté retrouvée, Noël entend les besoins de l’Eglise tchèque. En septembre 1991 il débarque à Prague, envoyé par la Mission, pour répondre à la demande de Miloslav Vlk, prêtre dissident, nouvel archevêque de Prague, et futur cardinal. Noël vit les bouleversements de cette société renaissante : « J’ai rencontré l’accueil légendaire de ce peuple tchèque et slovaque et j’ai tissé des liens d’affection qui ont coloré et colorent encore ma vie ». Noël fonde l’Institut de la Communication et la société audiovisuelle Imago qui produit des films documentaires. Celui sur les prêtres clandestins pendant le régime communiste l’inspire pour son livre Jusqu’à la tendresse paru en 2019. Des films d’animation pour la chaine de télévision publique, dont Les aventures de Lucas et Lucie, sont aussi produits. Après 7 ans, Noël rentre en France pour permettre aux tchèques de prendre en main ce qu’il avait mis en place. Mais ce départ n’est pas une rupture car les liens très forts tissés perdureront par des voyages réguliers. Il reprend un travail à temps partiel au CFRT et donne aussi un coup de main à Entraide d’Eglise dans l’organisation de rencontres avec les différentes Eglises du centre et de l’est de l’Europe. Il s’occupe de la communication du diocèse d’Auxerre, s’installe à Montigny-la-Resle tout en s’impliquant dans la pastorale locale et en faisant équipe avec Pierre Bachelier, Denis Ponsot, François Angot, Emmanuel Dalloz, Jean Volot et Emmanuel Langrand.
En 2001, Noël rejoint Paris et devient producteur sur la chaine publique de télévision Réseaux France Outre-mer (RFO). Il prend la responsabilité des émissions religieuses dans les DOM-TOM, en tant que délégué de la Conférence des évêques de France. Ce sont dix années d’une aventure formidable mais avec un rythme soutenu et fatigant. En 2006, à la mort de Jean Debruynne, Noël lui succède pendant 12 ans comme aumônier de l’Association catholique des Policiers de France « Police et Humanisme ». Il est, pendant deux ans, aumônier des antillais guyanais en Métropole, puis aumônier catholique à la Préfecture de Paris de 2016 à 2018 dans la période difficile des attentats.
Critique à la création de la Communauté Mission de France en 2002, Noël demeure fidèle à la Mission :
« On n’est pas prêtre tout seul, le sacerdoce ne peut se vivre qu’en fraternité. C’est une des raisons qui m’ont fait choisir la MdF. J’ai senti chez les copains une solidarité, un esprit de « corps » (sacerdotal). J’ai senti qu’au-delà de rapports parfois rudes existait une amitié fraternelle basée sur une mission commune, un parti pris pour l’Homme, parce que Dieu aime le monde, celui d’aujourd’hui comme celui d’hier et comme il aimera celui de demain ».
Cela ne l’empêche pas de continuer son compagnonnage avec de nombreux laïcs. En 2005 il s’implique dans la création artistique avec le groupe Nomade pour des soirées de l’Avent ou de Carême. Il continue à accompagner les associations Le Bateau Blanc, fondée avec Jean Debruynne, et En blanc dans le texte pour promouvoir l’œuvre de celui-ci.
Atteint de la maladie dégénérative dite « maladie de Charcot », diagnostiquée en janvier 2019, Noël entre à la Maison Marie-Thérèse à Paris en septembre. Son équipe de partage et tout un réseau d’amis le visitent et l’accompagnent quotidiennement avec sa famille et des prêtres de la Mission de France. Chacun reçoit beaucoup de ce fidèle en amitié dans son ultime étape, d’un lâcher prise à l’abandon à ce Dieu de Tendresse qui a été le premier compagnon de sa vie. La veille de son grand départ, Noël, alors qu’il est totalement dépouillé, et dépendant, privé de tout geste et de toute parole, adresse un ultime MERCI à chacun par technologie interposée. Un MERCI d’Espérance qui fait écho aux paroles de son compère Jean Debruynne : « Aujourd’hui n’est pas la fin de la vie, ni la fin du monde, ni la fin de ma vie. Aujourd’hui c’est naître ». A nous de te dire MERCI Noël !
Les obsèques de Noël seront célébrées à l’Abbatiale de Pontigny le 15 avril 2020 dans l’intimité imposée par les mesures de confinement. Quand les conditions le permettront nous nous retrouverons avec tous ses amis pour une célébration en sa mémoire.
L’équipe épiscopale