Mermiche 1931-1937

Six années au poste forestier de Merchiche (1931-1937)

(texte et documents transmis par Daniel Lougnot)

En mai 1931, Paul FRIEZ est nommé garde-forestier, mis à la disposition du gouverneur général de l'Algérie, en charge du triage n°8 de Sebdou avec résidence à Merchiche.

Après avoir fait la traversée de Marseille à Oran sur "La Ville d'Alger", rejoint Tlemcen en chemin de fer, puis Sebdou en autobus, il se retrouve avec sa femme Louise et sa fille âgée de 7 ans … et leurs trois malles devant la gendarmerie de la ville qui à cette époque, n'est encore qu'une simple bourgade.

Le brigadier de gendarmerie les accueille et organise la dernière étape de leur voyage en direction du lieu-dit Merchiche où se trouve la maison forestière distante d'environ huit kilomètres ; une expédition par un chemin muletier avec deux chariots et quatre bourricots !

A partir de là, commence une aventure d'un peu plus de six années qui marquera profondément cette famille.

Une vie rythmée par la surveillance d'un triage d'une surface d'environ 20 km par 20, situé dans la zone montagneuse au nord-est de Sebdou, limité à l'ouest par la route de Tlemcen et le village de Terny, et au sud-est par le chemin de Lamoricière (auj. Ouled Mimoun) et le village d'El Gor. Une vie où tous les déplacements se font à cheval en compagnie d'un garde arabe, auxiliaire des Eaux et Forêts, qui assure la traduction dans les relations avec les populations locales. Une vie où le travail consiste à organiser l'entretien des chemins forestiers, à marquer les arbres en vue de leur exploitation et quelquefois à dresser des procès-verbaux aux contrevenants qui récoltent du liège, fabriquent illégalement du charbon de bois ou laissent paître leur bétail dans la forêt.

A la maison forestière, la vie familiale est bien différente de ce qu'il connaissaient en métropole : une maison à deux niveaux sans aucun confort dans un bouquet de pins et d'eucalyptus, mais bien entendu pas d'électricité et un puits profond duquel on tire péniblement de l'eau qui à l'avantage d'être toujours fraîche. Un paysage différent, une autre culture et d'autres mœurs ; et surtout, une langue dont il faut nécessairement apprendre les rudiments pour communiquer.

Louise brode à façon pour la Samaritaine. A côté, elle conduit un petit train de culture : elle élève une vache et quelques moutons ainsi qu'une petite basse-cour. Elle essaye également d'entretenir un petit potager, mais pour elle qui vient du nord-est de la France, tout est ici différent. Il faut apprendre à cultiver les fèves, les pois-chiches et les poivrons, à frotter la semoule, à cuisiner le chevreau… Et il faut apprendre à jouer avec des saisons et un climat totalement différents : des températures accablantes de juin à septembre et des hivers très rigoureux avec souvent plus d'un mètre de neige en janvier et février.

Deux ans après leur arrivée, ils achètent une voiture, une Chenard et Walker mais comme le chemin d'accès à Merchiche n'est par carrossable, leur voiture est garée à Sebdou !

Et en 1937, c'est le retour en France et la traversée de la Méditerranée sur le Sidi Mabrouk. La fin d'une aventure.

Avec le brigadier de gendarmerie de Sebdou devant la maison forestière (1933).

Un petit canon à l'ombre des eucalyptus, la belle vie … (1933).

La basse-cour en contre bas de la maison forestière (1933).

Le mulet attelé au phaéton utilisé pour descendre à Sebdou (1933).

Paul avec Miloud, le fils du garde indigène (Assas), occupé à labourer avec ses deux bourricots (1933).

A gauche de Paul, la femme d'Assas, le garde indigène, et sa fille (1933).

Paul et Louise en costume traditionnel à l'occasion de l'Aïd (1933).

Le 15 février 1935, il est tombé plus d'un mètre de neige !

L'apéritif devant la maison forestière.

Paul et Louise (au centre) avec le brigadier de gendarmerie de Sebdou quelques jours avant le départ (1937).

En pique-nique vers Beni Bahdel avec la Chenard et Walker (1937).

Etat de la maison forestière en 1978