GESTES GRAPHIQUES
GESTES GRAPHIQUES
Lignes : Les lignes peuvent être continues ou brisées, épaisses ou fines. Elles définissent les contours et peuvent être utilisées pour suggérer des textures et des volumes.
Dans cette oeuvre, Picasso utilise des lignes simples et fluides pour représenter les traits de son modèle. Ce portrait, caractéristique de son style cubiste, montre comment les lignes peuvent être utilisées pour déconstruire et réinventer la forme humaine.
Pablo Picasso, Portrait de Dora Maar, 1937
Taches : Plutôt que de définir les contours avec des lignes, les taches permettent de capturer des zones souvent de manière abstraite et expressive.
Jean Dubuffet, avec son style brut et texturé, utilisait souvent des taches et des textures irrégulières pour créer des formes et des figures. Son mouvement de l'Art Brut fait un usage intensif des taches pour échapper au rendu figuratif classique et explorer la spontanéité.
Dans cette œuvre, Dubuffet utilise des taches de peinture pour représenter une vache de manière brute et spontanée. Les taches éloignant l'œuvre d'une représentation figurative classique et lui donnant un caractère expressif et texturé.
Jean Dubuffet, La Vache Rouge et Blanche, 1954.
Valeurs de gris : La gamme de valeurs (du noir au blanc en passant par une multitude de gris) permet de donner de la profondeur, du réalisme et de l'ambiance en modelant les volumes.
Dans ses portraits photographiques en grisaille, Gerhard Richter utilise une large gamme de valeurs de gris pour créer des effets de flou et de réalisme. Ses œuvres à base de photos peintes montrent comment des variations subtiles de gris peuvent créer une profondeur et une ambiance. Richter utilise ici des valeurs de gris subtiles pour créer un effet photographique tout en explorant le flou, la lumière et l’ombre.
Hachures : Technique consistant à tracer des lignes parallèles ou croisées pour créer des zones d’ombre. Plus les lignes sont rapprochées, plus l’ombre est intense.
Alberto Giacometti est connu pour ses dessins nerveux et chargés, où les hachures créent des formes fragiles et expressives. Ses portraits, souvent réalisés avec de multiples traits croisés et superposés, donnent une impression d'intensité psychologique et de mouvement.
Ce portrait dessiné de son frère Diego est un excellent exemple des hachures caractéristiques de Giacometti. Les lignes superposées et croisées créent un réseau complexe donnant une sensation de mouvement et de densité.
Alberto Giacometti, Diego en chemise écosaisse, 1954.
Crayonnage : Mouvements répétés du crayon pour remplir une zone, souvent utilisés pour créer des textures et donner du relief aux surfaces.
CyTwombly est célèbre pour son utilisation du crayonnage et de lignes apparemment spontanées, créant des compositions qui oscillent entre l'écriture et le dessin. Son style se caractérise par des marques gestuelles, souvent répétées, qui donnent une texture riche et chaotique.
Dans cette œuvre, Twombly utilise le crayonnage pour créer une texture chaotique et énergique. Les marques répétées et les gestes spontanés composent l’image de manière presque abstraite, rendant visible l'acte même du dessin.
Cy Twombly, Leda and the Swan, 1962.
Marquage : Des marques distinctes et visibles, souvent rapides, qui ajoutent de l’énergie au dessin.
Franz Kline, un peintre expressionniste abstrait, utilisait de grands coups de pinceau noir pour créer des compositions puissantes et dynamiques. Son travail repose largement sur l’acte de marquer le papier ou la toile avec des gestes énergiques, presque calligraphiques.
Chief est une toile où Kline applique de larges coups de pinceau noir, presque calligraphiques. Les marques visibles expriment une énergie brute et immédiate, avec une interaction directe entre la surface et le geste.
Franz Kline, Chief, 1950
Frottis : Utilisation des doigts ou d’un outil pour estomper les traits de crayon ou de fusain, créant des transitions douces entre les zones claires et sombres.
Dans son utilisation du frottis, Anselm Kiefer travaille des matières riches et texturées. Ses œuvres incorporent souvent des matériaux tels que le sable, la cendre et la peinture épaisse, créant des frottis qui évoquent des paysages historiques ou mythologiques.
Dans Seraphim, Kiefer utilise des frottis de peinture épaisse et des matériaux organiques (comme le sable et la paille) pour créer une texture riche et épaisse. Les frottis accentuent le poids de l'histoire et de la mémoire que Kiefer cherche à capturer dans cette œuvre monumentale.
Anselm Kiefer, Seraphim, 1983
Effaçage : Utilisation de la gomme pour enlever des parties du dessin, une technique qui permet de faire émerger des lumières ou des détails fins.
Silvia Bächli travaille souvent avec des gestes simples au pinceau et utilise l’effacement pour créer une qualité évanescente dans ses dessins. Dans ses œuvres, l’effaçage partiel ou la dilution des lignes donne une impression de légèreté et d’impermanence, où les marques semblent flotter ou disparaître.
Silvia Bächli, Sans titre (de la serie Floréal), 1998.
Volumes : Utilisation de la lumière et des ombres pour rendre les formes tridimensionnelles, en accentuant les arrondis et les plis du visage.
Lucien Freud est renommé pour ses portraits et nus où il travaille méticuleusement le volume du corps humain. En utilisant une subtile interaction entre lumière et ombre, il donne une présence physique intense et presque palpable à ses sujets.
Freud utilise la peinture à l’huile pour sculpter les volumes du corps dans cette œuvre. Les variations subtiles de lumière et d’ombre dans les tons chair donnent à la figure une sensation de masse et de tridimensionnalité, tout en explorant la physicalité du sujet.
Lucian Freud, Benefits Supervisor Sleeping, 1995.
Espace positif : La partie du dessin qui représente les objets ou les formes visibles.
Henri Matisse utilisait des formes en espace positif dans ses célèbres découpages. Dans des œuvres comme La Gerbe, les figures colorées coupées sont placées sur un fond blanc, mettant l'accent sur la présence visuelle des formes, avec une vivacité et une simplicité qui exploitent l’espace positif.
Henri Matisse, La Gerbe, 1953.
Espace négatif : L’espace autour des objets, qui peut être aussi important que les objets eux-mêmes dans la composition.
Ellsworth Kelly est un maître de l’espace négatif. Dans ses œuvres minimalistes, la forme est souvent définie autant par ce qui n’est pas représenté que par ce qui l’est. Ses œuvres créent un jeu entre les espaces remplis et les espaces vides qui structurent la composition.
Cette œuvre minimaliste montre une grande courbe blanche sur un fond noir. L’espace négatif autour de la courbe est aussi important que la forme elle-même, jouant avec la perception du spectateur et l’équilibre entre forme et vide.
Ellsworth Kelly, Curve VII, 1976
Ombres et lumières : Contraste entre les zones lumineuses et ombragées pour créer un effet de volume et de profondeur.
Marlene Dumas exploite souvent les jeux d’ombres et de lumières dans ses dessins au lavis d'encre ou à l’aquarelle. Dans cette série, elle utilise des contrastes marqués entre les zones claires et sombres pour donner à ses portraits une dimension émotionnelle intense, où les ombres apportent une profondeur psychologique.
Marlene Dumas, The Image as Burden, 1993.