Eclairages photo
C'est bien sûr le souci majeur en photo spéléo: il faut apporter depuis la surface tout ce qu'il faut pour éclairer correctement les paysages souterrains. Mais c'est aussi un formidable espace de créativité, puisqu'on peut modeler la lumière à notre envie, jouer avec les ombres, mettre en valeur des reliefs, créer des ambiances...
Pour cela, j'ai employé divers matériels et techniques au fil du temps; je les présente sommairement ici, simplement pour vous donner des idées.
Flashes au magnésium
Eh oui, c'est parfois avec des vieux principes qu'on fait les meilleures photos... Les ampoules au magnésium deviennent de plus en plus difficiles à trouver, mais il est encore possible d'en dégotter quelques unes, voire même les réflecteurs et accessoires d'époque (évitez tout de même la poudre sous terre).
De par leur puissance, omnidirectionnalité, durée du flash, et leur résistance à l'eau, elles sont pourtant parfaites (voire indispensables) pour les très grands volumes. Ci-dessous l'exemple d'une simple petite PF1B que je déclenche sous le canot et qui éclaire tout le lac de la Fontaine de Rîvîre (photo V. Kalut, JNS 2009).
Les flashes électroniques
Solution la plus évidente a priori, délivrant une bonne dose de lumière de qualité, parfois focalisable, et permettant de figer le mouvement (parfait pour les photos d'action, comme pour l'opération Spéléhandi ci-contre).
Par contre, ils sont fragiles (et souvent chers pour les bons), résistent mal aux chocs et à l'humidité et la bonne exposition n'est pas toujours évidente à trouver (calcul des NG, ou par essais-erreurs). Ils montrent également rapidement leurs limites de portée dans les grands volumes.
Vu leur durée de vie parfois bien courte sous terre, j'ai acheté à prix ridicule (petites annonces - max 5-10€) des dizaines de vieux flashes d'argentique dont plus personne ne voulait... Cela permet d'avoir un stock de puissances et caractéristiques différentes pour s'adapter à toute situation (mais il faut se balader un jeu complet). Et quand l'un ou l'autre tombe dans une vasque... on ne pleure pas ! ;)
Quelques câbles, réflecteurs et filtres (diffusants, couleurs,...) complètent cette panoplie éphémère (quoique, certains rustiques tiennent depuis des années!), et lorsqu'un flash devient irréparable, il est remplacé sans trop de remords. Pour de bons résultats, il vaut mieux les coupler à un système fiable de déclenchement à distance.
La technologie évoluant, il est maintenant possible de trouver des flashes modernes réglables et télécommandables pour des prix très démocratiques, comme les Yongnuo. J'ai même trouvé des Andoer AD560 2.4Go avec télécommande pour moins de 30€... Mais si vous tenez absolument a vos Canon et Nikon, libre à vous ;)
Déclencheurs optiques / radio
Pour déclencher les flashes à distance, la solution classique de l'argentique consiste à leur adjoindre une cellule photovoltaïque, un flash maître déclenchant un ou plusieurs esclaves.
On peut fabriquer ces cellules avec une poignée de composants, ou les acheter toute faites pour quelques euros à peine... elle sont généralement sans soucis puisque sans alim, mais il faut être +/- à vue. Il existe aussi des modèles propres aux appareils "pros", ou spécial spéléo comme la Firefly, fiable mais dans une tout autre gamme de prix...
J'ai pas aussi mal utilisé des déclencheurs radio-commandés, qui ont l'avantage de pouvoir se placer un peu n'importe où (et non à vue), d'avoir plusieurs canaux de commandes, etc. On en trouve facilement pour quelques dizaines d'euros.
Toutefois, sous terre la réception est parfois capricieuse. J'ai pas mal bricolé sur les antennes pour augmenter la portée, mais il reste parfois des points nodaux. Les systèmes en 2,4Ghz sont moins sensibles à ce problème que ceux en 433Mhz, et sont maintenant souvent directement intégrés à pas mal de flashes.
Lampes à LED
Depuis que je bricole des frontales puissantes, je me rends compte que j'ai désormais assez de "sauce" pour faire des photos comme en extérieur, sans flashes ni trépied. Quel bonheur pour le cadrage et la mise au point, ça change vraiment le vie de voir directement à quoi la photo va ressembler ! Mes frontales sont donc prévues en fonction de mes besoins (puissances, angles, température de couleur, etc). Je me suis fait plusieurs casques différents que je choisis en fonction du type de cavité.
Je m'aide également de lampes à main du commerce. Le résultat est assez sympa même dans de grands volumes, mais d'origine les couleurs sont parfois un peu surréalistes (elle n'ont souvent qu'un CRI médiocre). Avant de les utiliser, je dois donc les modifier pour mes besoins: remplacement des leds voire du driver, amélioration de l'étanchéité, remplacement des verres par du polycarbonate, modification de l'optique ou adjonction de filtres diffusant, intégration d'un système de télécommande...
Éclairages compacts
Je me suis fabriqué de petits modules étanches et autonomes pour éclairer de manière efficace la photo ou la vidéo.
Il s'agit de petits boîtiers compacts et étanches avec led 10W, gestion électronique, module de charge et accus incorporés, qui peuvent se placer un peu partout. Ils sont montables sur petits trépieds ou canne téléscopique, ils se rechargent sur USB, secteur ou allume-cigare. On peu facilement en transporter jusqu'à 5dans un petit un container étanche.
J'expérimente encore pour y inclure une télécommande de changement d'intensité (marre de courir dans les cailloux ;o). Je teste aussi différentes optiques (p.ex. asymétrique à faisceau rectangulaire 30°x60° ou 15°x45°, pour les laminoirs et méandres...).
L'idéal je pense est d'avoir un petit assortiment pour faire face aux différents cas sous terre...
Photo / Video
Pour la photo ou la vidéo, on a souvent besoin de sources puissantes, avec un bon indice de rendu des couleurs, et des angles de dispersion variables, y compris très larges (panos, go-pros, etc)
Je teste actuellement une nouvelle série d'éclairages maison, des plus compacts aux plus puissants (entre 2000 et 8000 lumens).
Macrophotographie
Si votre appareil le permet, faire de la macro sous terre est un vrai bonheur (mais attention de ne rien casser), même s'il n'est pas toujours facile d'éclairer de si petites choses. Ci-dessous, photo d'un niphargus simplement posé sur la lentille.
Les petites lampes de secours peuvent aussi se nicher un peu partout, et quand on en dévisse l'optique, la lumière est large et uniforme.
Autre solution, il existe pas mal de plans de flash annulaire (ou de déviation de l'éclair par fibre optiques), et de lampes dédiées. Perso, j'ai essayé un éclairage à base d'un anneau de leds pour phares de voitures... pas mal mais à refaire avec un meilleur CRI :)
Ultra-compact
Pour diversifier son arsenal d'éclairages photo, j'aime bien avoir avec moi de toutes petites lampes hyper-compactes et étanches qui peuvent se faufiler partout (derrière une concrétion, dans un gour,...
Certaines, du genre "Lume Cube" ou Ulanzi L1 sont vraiment prévues pour la photo et la vidéo, avec un bon CRI (et des filtres pour mettre devant si on veut), et parfois commandables par smartphone.
D'autres ne pèsent que quelques grammes, et on peut en contrôler toute une floppée en intensité, couleur et teinte de blanc avec une simple télécommande...
Pour le light painting
Alors là il y a tellement de trucs possibles, et il s'en bricole encore tellement régulièrement, qu'il m'est impossible de tout décrire comme ça... Ça pourrait faire une page un jour si ça intéresse du monde ;)
Juste pour donner une idée, le dernier outil a être entré dans ma panoplie a été un visseuse électrique (pour faire des cercles bien rond et réguliers, et pour projeter des gerbes de "steel wool"). Mais je termine des scanners (qui donnent une fine ligne de lumière, pour balayer un modèle p.ex.), et notamment un projet d'un nouveau type de backlight scanner. Aussi dans les starting blocks un sorte de pixelstick, barre de led programmable qui affiche des images et motifs informatiques quand on la déplace dans l'espace, et bien d'autres encore...
