Stop ou... ?









Le Stop... Ce héros mal considéré.

Il est même souvent carrément mal-aimé, à entendre toutes les âneries qu'on raconte à son sujet pour dissuader de l'utiliser... Et pourtant, l'essayer c'est souvent l'adopter, ne fusse que pour un seul argument massue que j'énoncerais simplement: IL PEUT VOUS SAUVER LA VIE!

Alors loin de moi l'idée de vouloir imposer quoi que ce soit à qui que ce soit, mais je veux juste dénoncer des absurdités et apporter mon expérience pour que chacun choisisse en pleine connaissance des vrais enjeux. Je prends ici l'exemple de l'antique confrontation Stop-Simple, ces deux modèles de chez Petzl étant les plus représentés en spéléo, mais il va de soi que par extension cela s'applique à tous les descendeurs, les autobloquants d'un coté, et ceux qui ne le sont pas de l'autre...

Absurdités qu'on entend souvent:

  • Il n'est pas adapté aux débutants: pour des enfants, je veux encore bien que la poignée soit un peu dure, mais pour tous les autres il n'est jamais trop tôt pour apprendre les bons gestes... (et au pire, on la neutralise). Et puis, pour un débutant, le fait de pouvoir s'arrêter de façon fiable et autonome est plutôt sécurisant, non ? En tout cas, comme pour tout, la façon d'apprendre conditionne toute la suite (ne pas se servir de la poignée comme frein, etc.).

  • Réflexe de crispation sur la poignée: encore une fois tout est question d'apprentissage... Si vous confondez le frein et l'accélérateur dans une voiture, est-ce la faute de la voiture ? De toute façon cette crispation existe de la même façon avec un Simple, et là vous être au sol dans tous les cas!

  • Il ne stoppe pas toujours: sur cordes neuves ou très glaiseuse c'est vrai, ça arrive. On devrait d'ailleurs l’appeler auto-freinant plutôt qu'auto-bloquant. Mais il ralenti toujours et il suffit de relever un petit peu la poignée pour s'arrêter. Si on lâche la corde avec le Simple, c'est la chute quoi qu'on fasse...

  • Il brûle ou ovalise les cordes: je le répète, uniquement avec les bourrins qui ne savent pas l'utiliser. Et sans conséquence pour la résistance de la corde.

Cas vécus qui devraient faire réfléchir

  • Un gars de mon club qui équipait un plein-pot avec un kit de corde mal préparé (pas avec la bonne longueur de corde, et surtout sans nœud au bout!), a eu le bon réflexe de lâcher la poignée quand il n'a plus senti la corde sortant du kit dans sa main droite et s'est arrêté tout blanc au milieu de puits avec encore 20 petits cm de corde libre hors descendeur ! Sans Stop, on l'aurait retrouvé en petits morceaux au fond...

  • Dans un P40 du SC3 (PSM), un copain se prend un tout petit caillou (mais venant de très haut) sur le dos de la main droite... Sous la douleur, impossible de garder la main fermée ! (on a même cru qu'elle était cassée). Avec un Simple, il aurait fait quoi ? Rattraper la corde au vol de l'autre main en pleine chute ?

  • Encore plus flippant: puits d'entrée de la Baume des Crêtes, après être passé le dernier fractio, la plaquette casse (incroyable, mais ça arrive). Le spéléo qui était sur la corde en dessous se prend une petite chute de la longueur du mou, mais l'accélération qu'il a subi ne lui a pas permis de s'arrêter par après avec son Simple. Il n'a jamais lâché la corde, mais s'est brûlé les deux mains dessus, et s'est quand même écrasé au sol avec moultes fractures !

Je connais encore des tas de cas analogues, et moi aussi je dois la vie à mon Stop, mais la seule chose à retenir est que sans autobloquant, quoiqu'il arrive du simple choc de la tête sur un rocher à l'évènement le plus improbable, vous vous retrouvez tout cassé en bas... Soyez en conscients !

Mousqueton de freinage

Avec le stop, il est facile de choisir, même en cours de descente, si on met ou pas un mousqueton de freinage supplémentaire. Mais comme pour le Simple, il ne faut pas utiliser n'importe quoi ni le positionner n'importe où!

Il n'est désormais plus à démontrer qu'un mousqueton de frein dans le MAVC est dangereux (coiffement du descendeur), les fabricants ont sorti des trucs comme le Handy Raumer, encombrant, lourd, freinant trop, et non-polyvalent, donc pas intéressant.

Les tests ont également montré que pour un montage Vertaco, la rupture du fractionnement du dessous en cours de descente entraînait le pliage voire la rupture du descendeur... Alors pourquoi voit on de plus en plus souvent des spéléos utiliser le Freino ci-contre ? C'est fait pour les travaux en hauteurs, pas pour nous, en plus c'est cher, ça s'accroche partout, pas polyvalent...

Un simple mousqueton (acier ou pas, c'est vous qui voyez) dans le mousqueton du descendeur, c'est vraiment trop compliqué ?

Vous ne me croyez pas pour le Vertaco ? Pour en être sûrs, on a tout simplement simulé la rupture du fractio inférieur avec une gueuse de 85kg seulement, et voilà le résultat !

Les deux flasques se sont cassées net au premier choc, seules les poulies sont restées misérablement sur la corde, tout le reste en bas: c'est net et sans appel...

Et la clé ?

Un des gros points forts des autobloquants est la quasi-disparition des clés de blocages (au pire une demi-clé suffit). Il en résulte évidemment une beaucoup plus grande facilité et rapidité à progresser mais surtout à équiper ! Le temps et l'énergie épargnés sur un grand gouffre peuvent être importants...

D'une manière générale, je vois beaucoup de spéléos (et de canyonistes) faire systématiquement des clés, ce qui est souvent parfaitement inutile... Hormis l'équipement et certains cas particuliers, la progression normale et le passage de fractios doit pouvoir se faire sans clé, il suffit de rester en tension et ne jamais lâcher la corde aval. La clé est même parfois dangereuse, notamment quand elle donne un faux sentiment de sécurité, alors que le descendeur hors tension se met de travers sur le mousqueton... Il y a là une perte de temps et d'énergie incroyable, mais surtout un souci de formation !

Polyvalence

Il n'y a pas photo... Seul un Stop peut être utilisé pour tendre une tyrolienne ou remplacer un bloqueur ventral, et il peut de toute façon et à tout moment devenir un simple en neutralisant le système de blocage par un mousqueton (en bout de longe pour les étroitures par exemple).

Pour le dégagement de victime vers le bas également il s'avère précieux, et avec deux on survole littéralement les fractios sans même plus s'y longer ;)

Article extrait du site malheureusement disparu Spéléo77:

"Dès lors que l’on se souvient qu’un Stop se transforme en descendeur S simple en un clin d’œil, par un mousqueton inséré dans un œil (justement ! ) de la poignée, on comprend que tout ce qui se fait avec un simple, se fait avec un Stop neutralisé ! A côté de ça, voyons les réels avantages du Stop…

  1. Ses poulies/galets sont en acier…ça dure bien plus longtemps que celles en duralumin du Simple même si elles sont retournables pour une seconde vie.

  2. Il permet très facilement de petites remontées d’appoint sans aucune manoeuvre particulière (rapide donc) et sans conversion sur bloqueurs ( sans fatigue, sans perte de temps, sans risque d’erreur ).

  3. Il stoppe le spéléologue en cas de fatigue, en cas d’urgence…on lâche tout, ça s’arrête. On parle de danger en cas de crispation sur la poignée et lâchage de la corde…mais avec un Simple, crispation ou pas, ce serait la chute libre aussi !

  4. Pour un équipeur, la supériorité de l’engin, avec ses petits réglages successifs très précis et instantanés…un bonheur !

  5. Pas besoin de faire une clé de blocage à chaque manoeuvre si on prend la précaution de faire un noeud un peu plus loin sur la corde. Si on préfère garder la précaution classique de la clé, cette dernière est plus facile à réaliser grâce à la poignée sous laquelle on passe la corde, ce qui fait que détendue ou non, elle ne peut s’évader

  6. Beaucoup plus pratique pour faire des freins de charge ou mettre des tyroliennes en tension.

  7. Plus sûr pour l’assurage d’un équipier en escalade.

Enfin, le clou…qu’on enfonce bien à fond! Dans de nombreux stages en tous genres, on s’évertue à travailler le dégagement de blessé sur corde, supposant donc que le pauvre n’est plus conscient ou tellement diminué qu’il ne peut plus gérer ses appareils. On part donc du principe de l’éventualité de cette incapacité…or, si on transpose cette éventualité à un équipier qui descendait au lieu de monter, on constate qu’avec un Simple il s’écraserait, tandis qu’avec un Stop il s’arrêterait ! En toute logique, donc, les apôtres de la sécurité devraient bannir le « P’tit Rouge » de la panoplie du spéléologue moderne ! Quant au sauvetage, quelle simplicité ! On remonte ou on descend aux bloqueurs jusqu’au blessé, on s’y longe et hop, tout le monde descend !"

En canyon ?

Eh bien, ça peut surprendre, mais je prends très régulièrement mon Stop en canyoning, en plus de mon Pirana, et cela pour plusieurs cas de figure:

  • quand j'équipe une cascade assez longue, dont je ne vois pas la fin ou avec relais, j'aime pouvoir avoir les deux mains libres à tout moment pour défaire un éventuel nœud dans la corde, enlever du parcours des branches ou de la végétation, chercher un relais et me tirer vers lui s'il est éloigné, agir sereinement si la corde est trop courte, etc. Un vrai confort.

  • comme je fais souvent des photos, j'aime pouvoir m'immobiliser en pleine cascade pour prendre des clichés, changer facilement d'emplacement,...

  • si je dois intervenir en cas de souci de quelqu’un sous cascade, je peux descendre sur une corde d'intervention, m'immobiliser à sa hauteur et éventuellement l'évacuer, le tout extrêmement rapidement. L'habitude du descendeur en spéléo fait qu'il se manipule aisément, même en cas de visibilité nulle.

Le reste du temps j'utilise mon Pirana tout à fait classiquement bien sûr, mais j'aimerais pouvoir combiner au choix les points forts des deux. Il y a bien des tentatives d'autobloquant canyon (le Neuf), mais pas encore tout à fait concluants... Le descendeur parfait est encore à inventer :)

Des lectures pas toutes neuves, mais pour piocher des idées (voire débusquer des trucs un peu dépassés):

stop.pdf
descendeur.pdf
stop(1).pdf
Les-Cahiers-de-lEFC-7.pdf