Matériel utile

Ouulààà, voilà un sujet très (trop) vaste, voire polémique... Chaque photographe a ses idées bien conçues sur ce qu'il lui faut (ou ce qu'il lui faudrait), en fonction de ses besoins, ses goûts, ses habitudes... et bien loin de moi l'idée d'avoir la prétention de savoir quel est LE set de matos ultime ! Par contre, je peux juste vous décrire ce que j'ai et pourquoi, des fois que ça donne des idées, et de toutes façon un bon photographe tire le meilleur parti de ce qu'il a, hein ;)    

Le boîtier

J'en ai eu quelques Pentax full manuels du temps de l'argentique, mais le fait de les avoir cassé (miroir,...) sous terre m'a un peu rebuté et j'ai tout revendu, y compris mon labo, pour attendre (une bonne dizaine d'années) que le numérique soit enfin au point. Avec le recul, j'aurais du garder au moins les optiques, mais soit...

Depuis que je m'y suis remis, j'ai expérimenté une quinzaine de Fuji, et j'ai toujours été très satisfait (je n'ai même pas réussi à en casser un seul en spéléo ou en canyon... c'est un signe!). Pourquoi Fuji ? J'ai laissé les fans de Canon et Nikon se battre entre eux, je ne suis de toute façon pas convaincu du rendu neutre (voire fade), et le rapport qualité prix est carrément mauvais :( Panasonic, Sony et Pentax étaient tentants, mais la fidélité à l'esprit argentique, l'émulation de leurs films mythiques, l'ergonomie, et surtout la qualité des optiques Fujinon ainsi que la résistance aux milieux extrêmes m'a décidé. J'ai commencé par des bridges (qui jouissaient d'une excellente optique), puis je suis passé aux Hybrides, et là ça a été la claque ! Pouvoir faire des photos à main levée sous terre, ça change la vie...

Pas de reflex ? Non, plus jamais... Quand je vois ce que mes boitiers encaissent sans broncher, je ne veux plus de miroir mobile, de visée optique sans intérêt sous terre, et me trimballer un truc qui pèse un âne mort. Surtout quand on voit la qualité d'image qu'offre actuellement les hybrides pour un prix parfois ridicule. Mon premier, le X-M1 (que j'avais vu entre les mains des plus grands photographes souterrains à l'ICPM) fait la taille d'un compact avec ses 280gr, n'a pas de viseur du tout (pas besoin sous terre, l'écran suffit, et on voit direct le résultat final de l'image!) et mettait la pâtée à beaucoup de reflex moyen de gamme (et pour 300€!). Depuis, je suis dans la série X-T2, le luxe total, mais toujours le même plaisir, une ergonomie de fou et il faut vraiment le faire exprès pour rater une photo ;)

Trépieds et accessoires

Avec l'avènement de la vidéo, il y a désormais des systèmes de cages alu adaptées pour chaque type d'appareil. C'est très pratique pour l'accrocher facilement au trépied dans tous les sens (système de rails universels sur 2 faces avec libération rapide), des trous filetés pour accrocher tout un tas d'accessoires, et surtout c'est la cage qui va s'encaisser les chocs à la place du boitier, et permettre de le longer efficacement en verticale... 

Pour ça j'ai remplacé les anneaux sur les côtés par des cordelettes, et la sangle est reliée par des minis mousquetons pour la changer rapidement (néoprène confortable en extérieur - cordelette ou longe sous terre).

Comme les rails sont standard, on peut y adapter rapidement tout un tas d'accessoires, comme une coulisse micrométrique pour la macro, ou une tête panoramique (qui peut devenir une tête pendulaire simplement avec 2 équerres en L). En plus, on peut souvent sélectionner les angles de rotation, ce qui est très pratique pour les panoramas, gigapixels, visites virtuelles, et rotations en light painting.

Enfin, un trépied le plus léger et compact possible pour qu'il tienne dans le kit. Choisir de préférence des pieds assez longs et complètement ajustables individuellement (il vont souvent se retrouver dans des positions bizarres - ici le KONIG KN-tripodpro2). Le plus adaptatif est une tête à rotule, avec quick-release ou rail, mais on peut acheter tout ça à part... En complément, un mini trépied sert aussi souvent pour poser l'appareil au raz du sol, contre paroi, ou sur un bloc (ici un MANFROTTO 2108, mais il existe plein de bonne copies).

Objectifs et télécommande

Je ne vais pas trop m'étendre ici sur mon engouement pour les optiques vintage customisées, qui sera plus développé dans la page dédiée dans les réalisations, mais sous terre on a rarement trop de recul, donc un (ultra)grand angle est indispensable. Un des avantages des capteurs APS-C est de permettre de optiques de grande qualité dans des formats plus compacts et légers. En spéléo, j'ai donc souvent un Fujinon XF10-24, voir un fish-eye 8mm pancake (et depuis casse du fujinon, un LAOWA 9mm 2.8 Zero-D vraiment chouette - existe même en 7.5mm toujours sans déformations - et un Pergear 12mm 1:2 bien sympa pour le prix).  

Je trouve de plus en plus nécessaire un système de télécommande. Cela permet de ne pas faire bouger l'appareil ou le cadre en appuyant sur le bouton (ni le maculer de boue), mais surtout ça libère le photographe de derrière l'appareil pour éclairer la scène (voire faire le modèle s'il est seul). En light painting, c'est carrément indispensable pour obtenir de très longues poses. Certaines permettent également des retardateurs, des time-lapse, et toutes sortes de fonctions comme prévisualiser la photo sur votre téléphone en wi-fi. Pour moi, sous terre, une commande compacte en 2.4Go est parfaite (j'ai une YouPro YP-860 à une dizaine d’euros depuis des années). une fois l'appareil en place, je peux essayer différents éclairages et poses en évitant les allez-retour inutiles. J'ai bricolé une mini led sur le boitier pour voir sa position quand je suis loin de lui (et orienter les éclairages en fonction), et quel est son état (mise au point, déclenchement...). Pour me simplifier le vie quand je suis seul, je dois encore y ajouter un "bip" pour me prévenir quand l'appareil voit directement une source...



Les éclairages

Plus encore que l'appareil ou les accessoires, c'est vraiment tout l'art de l'éclairage qui va faire le rendu de la photo, et là chacun a un peu son matériel préféré et ses méthodes de prédilections. Je ne vais pas vous détailler ici tous les principes, il y a des livres de référence et des sites très bien faits pour ça ;) J'ai commencé comme beaucoup avec des flashes (même magnésium), mais je fonctionne depuis des années avec des lampes leds "maison", ce qui me permet d'allier ma passion de l'expérimentation et du bricolage (voir pages dédiées), et le confort de visualiser réellement l'ambiance de la scène qu'on construit petit à petit sous terre. Depuis, le light painting m'a apporté encore d'autres méthodes de travail par zones ou couches, et avec de nouveaux outils (comme le backlight scanner de Palateth). 

Le mieux est de faut savoir mixer les différentes méthodes en fonction du but recherché ou de la situation... Je travaille d'ailleurs sur des nouveaux flashs à led qui associeront j'espère le meilleur des différentes méthodes.

Transport

Actuellement je n'ai pas encore trouvé mieux que les valises et boites étanches du type Pelicase, Otterbox, etc. Ce n'est pas super compact ni léger, mais bien plus facile à ouvrir et solide qu'un bidon (j'ai expérimenté: APN+flash encore OK après 25m de chute!).

Par contre, je bosse sur des éclairages avec accu et télécommande, tout inclus et déjà étanche, ça fera des boites en moins ;)

Et les appareils étanches ?

Les appareils baroudeurs ont la cote en spéléo, et c'est vrai que ça permet d'éviter de trimballer tout ce brol...Fin d’année dernière, j’ai gagné à un concours photo un Olympus TG-6, le top de la gamme, du coup j’ai pu le tester. C’est tout petit tout léger (enfin, ça me change…), mais ça a l’air solide et bien étanche en canyon. Les fonctionnalités et modes ont l’air vraiment chouette, et la prise en main assez rapide. Le mode macro par exemple est assez bluffant, ou le live composite.

Par contre dès les premières photo j’ai été très déçu par le rendu : la définition est médiocre, la dynamique très limitée, ainsi que la montée en ISO, les couleurs bof, l’autonomie insuffisante... Enfin, pour un truc à plus de 500€ je suis assez surpris, et je me dis qu’à ce prix un bon hybride d’occase avec un petit caisson étanche ferait du meilleur travail. Bref, je ne veux pas descendre le machin, qui a ses qualités, mais tout dépend de si on veut faire « des photos » ou « de la photo ».

Dans le premier cas c’est sympa d’avoir un truc compact qu’on peut trimballer sans se tracasser, et faire des photos souvenirs (quoique j’ai vu récemment des téléphones sous pochette plastique faire des trucs très jolis, même en canyon...).

Dans le second cas, je ne dis pas que ce soit impossible de faire des clichés corrects, mais quitte à se trimballer trépied, éclairages, etc., pourquoi pas prendre un appareil plus performant avec un vrai capteur et une vraie optique ? 

Et surtout, pourquoi se focaliser sur le caractère étanche ? Une petite valise, et le tour est joué ! Pour le même prix (voire moins) on a un appareil avec un capteur correct plus une valise qui le protégera plus efficacement et bien sûr de bien meilleures photos (moins sur le vif, c’est sûr, mais bon…). Les appareils ne sont pas si sensibles que ça à l'humidité de l'air, il suffit de bien les sécher après. De tous mes appareils utilisés en spéléo, aucun n’a eu de soucis! (par contre, j'en ai noyé un dans un orage en surface).

Bref, il faut juste savoir ce qu’on veut (pour certains ce sera déjà très bien, mais anticiper un peu n’est peut-être pas idiot, des fois qu’on attrape le virus de la photo 😉 ), et se référer à des avis d’utilisateurs plutôt qu’aux pubs des fabricants (ou tester soi-même).