Sébastien Houy

Écrivant chemin

Les fabulateurs

Ils viendront

après avoir tari le silence

Nous serons devenus des livres

ou des bois replantés

Ou bien allongés à même le sol

comme des squelettes de fougères

Et la nuit retombée exhumera nos pensées

Ils n'auront pas assez de leurs cahiers pour noter l'indispensable

Il leur faudra revenir encore

pour ne pas oublier

cette chose qu'ils ignorent

Qu’à cela ne tienne

Quoi qu'il arrive

la vision de l'existence tient dans un mot

de la taille d'une offrande

par tes yeux bleus ou noirs

Comme une maison pour attendre

que toute vie devienne

Je maintiendrai cet éveil en moi

par des insomnies répétées

Espoir qui restera à la fenêtre

guette un combattant qui revient de la bataille

Car il n'a pas de tombeau il faut qu'il vive

Ô volontaire

Ô météore

Sous tes pas ce sont nos bouches qui te nomment

à seule fin de dissiper un malentendu

Le Visage de l’Éloignée

Tout peut crier

Tout peut crier

comme ces voix déjà tues

à l’envers des fenêtres

Tout peut crier

d’avoir si peu de choses à dire

à l’heure du soir qui tombe

Tout peut crier

même les peupliers verts

dans leur paisible absence

Tout peut crier

du fond des yeux blessés

d’avoir imaginé un horizon pareil

Tout peut crier

même en tes poumons

où tout s’écroule d’avoir cru