Condello - Rey
Un temps parmi les oliviers
Je tire mes racines du pays nomade.
Terre rouge et noire de mes origines.
Chaque siècle déverse ses poussières d'os et de sang
en filigrane
et ma peau demeure luisante.
Je suis Harry, Joseph, Johnson, Toussaint...
Le père des pères du premier jour de la terre.
Mon ventre sème le souffle qui propulse
indéfiniment
la force du mot.
*
Le poème naît
avec le souffle
que la langue incomplète
exile.
Il débusque le frisson,
ce désir magnifique
de combler
la clarté définitive
de la poussière.
Attendre un retour,
un frisson,
l’ombre du souffle.
Écouter le vent
se calfeutrer.
Songer à toi
tout entière.
*
Dès l’aube,
la Terre danse
à voix basse.
Elle approche ce que nous serons
ou non
de la lumière.
Une parole juste
à élever.
*
Ne pas perdre de vue
mon île,
ma racine.
S’accrocher
aux couleurs du drapeau,
aux allées et venues des enfants
dans les rues qui serpentent.
Aux rubans
des cheveux.
*
Des ombres retournent le jour.
Une Afrique blanche
de neige.
La foi diminue
l’éloignement
à l’autre.
*
Lâcher prise.
S’offrir l’espace,
le verbe,
l’infiniment doux.
Se coucher au flanc de l’autre,
coller ses lèvres
juste à fleur
de peau.
*
Sommes-nous habitables ?
Une pierre noire
sait le vide
de n’être pas
inépuisable.