Jean-Pierre Bars
Comment dire ton nom
s´il en est un
puisqu´à l´instant où tu affleures mes pensées
une clairière s´ouvre dans la nuée
Une clairière, un flottement de soie
ou de coton léger
comme l´écharpe d´un qui
brume aux épaules
s´en va vers l´horizon
Qu´il parle celui qui éclaire les orages
et les versants de l´âme d´une seule lumière.
Que les feuilles du chêne traversées de soleil
chantent sa gloire !
Mais la parole est-elle encore possible
quand le silence foule la source de la voix ?
Adagio
Je me tairai pour que tu viennes
Car le silence est ta maison
Je me tairai pour écouter
Le déploiement de ton visage
Je te boirai dans l'eau d'été
et tu seras mon paysage
*
La main que tu avances
Est-ce ta main
Ou l´ombre de ta main ?
La lumière est enfouie
dans un gouffre de chair
et de sang.
La main que tu avances
Est-ce ta main
Ou le monde qui fut
et revient ?
Sa peau
semble ta peau
Son jour
le rythme de ton sang
Tu sais
et ne sais plus.
Avance
Une mémoire se lève
Une présence
Père des choses
Si les pierres
restent pierres
nous perdrons
les chemins
*
Il y a des gens que l'on connait
et que pourtant l'on ne rencontre jamais.
*
Toujours un au-delà
désigné par les mots
comme si le langage
n'était que le passage
vers un monde nouveau