Jean-Pierre Parra

Etouffé dans le temps mou du chômage

1

Mort du travail apportée par le chômage

tu restes

usé par les années

vivant de la vie de tout le monde

tu regardes

entre les mots sans fin

tes mains demandées abandonnées

tu as la tête vide

battements du coeur noyé

d’un employé sans emploi

2

Incapable d’être ce que tous peuvent être

tu t’enfermes

absence au travail formée

dans la prison d’une seule pensée

qui asphyxie

désespoir aux yeux

ton âme à l’abandon

3

Déprimé

être

vie de travail rodée

vie de travail gaspillée

vie de travail suspendue

sans but

à la mauvaise place

espérant

non accordé avec le monde

tout

4

Laissé dans le doute

à l’égard du doute

tu sais

chômage entré dans la vie

qu’il est simple de tomber

tu sais

intéressé à la vie dans la chute

qu’il est difficile de rester debout

5

Clé entrée dans la serrure

du pays hostile appelé le sans emploi

être

mécontent des choses qui sont pour être satisfait

à la rude épreuve du comprendre

vouloir

coupé du rivage des hommes au travail

sauver sa vie au bord du gouffre

oublier

étouffé dans le temps mou

sa vie propre

6

Image d’homme flottant

obligé de renoncer au travail

tu fuis

échappé des certitudes

sur le front du temps

tu es

abandonné à la difficulté nue du chômage immobile

transporté en arrière

7

Tourné en observation de toi

tu vas

attentif à tes pas qui ne mènent plus sur les lieux de travail

ton cours

tu te jettes

sens de l’existence cherché

dans les bras de l’absurde

tu goûtes

échardes dans le coeur

les idées isolées

8

Mis subitement hors travail

tu te transformes

difficultés accumulées sur la tête

en ombre

tu te détaches

solitude fortifiée par le silence fixé

de la réalité

9

Conduit par le chômage

tu traînes

certitude de ton avenir humé

la valeur travail après toi

tu ne peux plus avoir

souffrance sue

de langage commun avec les hommes au travail

10

Résistant quelque peu

crainte au coeur

à la chute

dans les jours travaillant qui ne sont plus

tu souhaites

fruits du labeur qui ne sont pas à ramasser

le cours du temps renversé

11

Descendu du tas de travail lentement élevé

tu ne sais que faire

menacé d’ennui

des éléments de la durée additionnés

dans l’immense temps livré

par le chômage

12

Yeux bouchés sur l’horizon fermé du travail

tu deviens

sol dérobé sous tes pas

vide

plat

patient

terne

tu deviens

gorge saisie de silence

une forme

au coeur serré chancelant ployé pour se dérober

qui à genoux

s’efface

13

Aller

entré égaré

dans le chômage

où il n’y a pas grand espoir de retour au travail

saluer le silence

de ta forme effacée

14

Trop lourd

jeté hors de la voie assurée

tu te tiens

présent envolé

dans la solitude

tu te sens

réalité triste présente

un être au respirer distrait devenu indécis

15

Chômage accepté

dans le travail fini parce que commencé

tu remercies

voyageur sans but qui demande le passé restauré

le sort

qui te sépare du travail malveillant

16

Chômage découvert par le travail absent

tu entres

conscience aplatie

dans l’existence aux deux dimensions

illusion et impuissance

qui débordent ta vie vide

17

Homme absorbé

résigné dans la conscience de ta totale impuissance

tu sais inutile

entrain perdu

d’avancer là où il n’y a plus où aller

tu ne peux plus faire

enfermé comme un fou dans le probable de l’absence de travail

un pas de plus

18

Perdu

égaré comme un mouton

dans l’opinion des hommes

tu tombes

violence laissée

dans le long silence

des hommes patients conscients de leur totale impuissance

19

Calme d’esprit trop goûté

tu résistes

tordu par le chômage

au piège malin tendu

tu sens monter

angoisse entretenue

les forces les plus grandes développées dans ton désespoir

20

Esprit somnolent

occupé par ta volonté d’homme libre

paralysée et enchaînée par le travail qui dort

tu prends sans force

liberté en syncope

ta faiblesse pour le destin

21

Asphyxié par l’unique pensée

du chômage qui est la syncope du travail

tu te jettes

vue arrêtée sur la sotte muraille de l’horizon sans collègues

dans le large silence vide et insensible des jours

tu te résignes

déshabitué de la liberté

à dormir ta vie d’incrédulités

22

Tête renversée dans les lointains

sortie

dans le jour pâle

du sommeil fuyant loin de tes yeux

tu retrouves

coeur écrasé de fatigue

par la raison tournée contre ta force

les portes fermées du travail

23

Âme serrée dans la crainte des moments de vacance

offerts par le chômage

tu souffres

entré dans l’oubli

la longue douleur fidèle

tu entres

jours et nuits restés indéchiffrés

dans le sommeil

24

Entré

lente douleur appelée de tous côtés

tu sens ta défaillance

nouvelle vie surgie

pareille à une période de sommeil lourd

qui console

25

Avenir considéré

dans les liens rompus du travail

tenu hors de portée

tu deviens

mauvais rêve dévoré par le tourbillon des pensées

un homme limité

qui ennui éteint dans les heures découragées

se sent libre

26

Esprit couvert de l’ombre de l’espérance close

tu dis

voix en plainte

ton coeur divisé mal apaisé

renversé depuis les fondements

tu es

âme répétée

un être en peur

mis au repos lassé

27

Bruits du travail évanoui comme un songe

tu es

en silence éprouvé

pris en perdition

tu t’habitues

dans le désir d’obscurité

au silence de l’absence

28

Transformé

disparu du monde du travail

en ombre

tu sens

fatigué de dormir trop longtemps

tes membres éteints à la vie

tu es

raison perdue

au désespoir de vivre

29

Vide du coeur agité

de trouble

d’inquiétude

du labeur lassé

dit par la bouche

se sentir

retiré du travail

un humain abusé

30

Coeur senti à mal

dans ta vie échue

pleine d’orages

pleine de tempêtes

parcourue sans regret

tu supportes à contre-coeur

sans questionner

l’épreuve du chômage envoyé

31

Homme d’endurance

à la vie rendue amère

par le chômage

ce temps inutile

qui ravive le temps du travail

tu as soif

réveillé en toi

d’un changement

32

Homme contraint à s’égarer

dans la syncope du travail

tu vas

raisonnable réalité vue

jusqu’au bout

de la raisonnable réalité

33

Léger

abandonné

humilié

égaré

sur la route du travail perdue

ton coeur s’obscurcit

épreuve assurée

dans les bouillons de la révolte empêchée

34

Détaché du travail

tu es

cité de la raison bloquée

un homme perdu sur la route égarée

tu n’as plus

volonté évanouie

la force de vaincre

35

Dureté du coeur amolli

par le souvenir vif des sources de douceur

tu te détaches

possibilités terminées

du tribunal du travail

tu t’écartes

raison embrasée par la foi

des coups endurés

36

Chancelant

dans le chemin si glissant

du travail cherché partout

tu ne vois

sans le trouver

que le chômage

tu te sens

appuyé sur le vide des promesses

près de la douleur

qui pèsent lourdement sur ton crâne

37

Enseveli

choses de la vie usées

sous le chômage

qui efface de ton esprit le travail

tu t’accommodes

désespoir sans issue fui

à la vie

tu attends

incapable de supporter la dureté du temps

la main du haut qui retire des ténèbres

38

Agité

troublé

par le chômage arrivé

dans la révolution du travail

vivre

souffrant impatient l’infortune

à demi

comme enfui de toi-même

39

Egaré sur le chemin difficile

du travail disparu de devant tes yeux

tu cherches

près des tiens

la joie perdue de la vie heureuse

tu es rempli

devenu silencieux comme celui qui n’est pas né

de trouble

tu t’enfuis

aveuglé d’ombre

de toi-même

40

Révolté contre la raison

sans cesse agitée

abandonnée

tu te confies

discutant avec les faits

au chômage subi

ressorts cassés

en silence

41

Condamné

dos tourné à la clarté

à l’injuste peine du chômage

tu demeures

tombé dans le dérèglement

à couvert du travail

tu es réduit

liberté paralysée

à néant

42

Homme du commun

incliné vers la terre par le chômage

qui ne permet pas de te redresser

tu te sens

difformité de l’absence de travail mise devant les yeux des autres hommes

dévisagé par l’immense vie

43

Marcheur dans le chemin glissant du chômage

tu es

forces abandonnées dans la vie assoupie

saisi d’angoisse

lorsque tu te retournes

sur le travail retiré dans un lieu éloigné devenu inconnu

Crâne fêlé par la douleur du chômage accepté

tu souffres impatient

toute possibilité de lutte exclue

l’aventure humaine

ensevelie

dans le repos forcé inébranlable

44

Alourdi par le lourd sommeil

de l’absence de travail qui dure

tu es privé

coeur humilié

de la tutelle de la raison

tu veux quitter

esprit tenu en suspens

l’erreur

tu crains de tomber

doutes proposés

dans le précipice

45

Egaré dans la voie large du travail dérobé

tu flottes

sur cet océan

sans gouvernail

Effleuré par l’idée de mort qui s’enfonce dans la tête

tu renais

enfiévré par l’espoir du possible

sans cesse

46

Chaîne du travail traîné avec toi

tu attends

racine amère plantée en coeur transformé en crépuscule prématuré

sa rupture

asservie

à la volonté de durer du chômage

47

Eloigné de la famille

des travailleurs de concert avec les autres travailleurs

faite de toutes les différences

qui a l’impression de solidité

tu es

crainte portée sans rien à craindre

agité d’inquiétudes

tu luttes

irrésolu

contre ta propre impuissance

tu attends

assoupi

le début de la délivrance

48

Homme obstiné tombé

travail en syncope différé de jour en jour

dans le chômage qui irrite

tu es

repos goûté forcé

confus pour ta chute

49

Pointe de l’esprit arrêtée

ensevelie au-delà de tout espoir

dans les entrailles du chômage

tu es

paresseux forcé

irrité des chaînes qui accablent

tu es

obéissance enseignée par la raison

une âme faible appesantie

50

Âme obscurcie placée en isolement

tu es lancé

impuissant à arracher l’injustice

au-delà de toutes les difficultés

Enseveli sous le chômage brutal

tu es dans l’attente

troublé par la dépendance créée par le travail

de ses fruits défigurés

51

Centre de gravité de ta vie déplacé

tu entends fort bien

oreilles attentives

le pli mental tenace

des liens du travail rompus

52

Retiré

bandeau du chômage sur les yeux

de l’aveuglement volontaire à vouloir travailler

tu te découvres

ramené à toi-même

tout à nu

tous les jours

dans l’inquiétude augmentée de plus en plus

53

Lent

à secouer

à rompre

les chaînes du chômage

qui t’attachent

tu sens ton esprit

souvenir du travail effacé

alourdi de somnolence

tu restes

éloigné du travail

acculé à l’impuissance

54

Lent

à secouer

à rompre

les chaînes de l’inaction qui t’attachent

tu attends

résolu

l’effondrement

de l’immuabilité pétrifiée du chômage

55

Liens du travail rompus

revenu avec netteté

à ta mémoire abandonnée

étourdie par l’abattement

tu veux

perdu dans le chômage solitaire

renverser la détresse

qui touche au fond du coeur

56

Sujet à l’infirmité du chômage

qui dans la répétition

abolit le temps

tu deviens

déchu de tes espérances

le chercheur de piste

sorti à la poursuite du travail

57

Vie tombée

ensevelie par le chômage dans l’excès de douleur

tu ne sais

arrêté dans le jour de l’éternité

que penser

tu te déplais

courage perdu

à toi-même

tu es

patience perdue dans le cri sorti du coeur

oublié

58

Diminué par la parole répétée du chômage qui égare

tu sais

désunion venue avec le travail

la joie attaquée par le désespoir

tu as

apparu de biais

les forces qui manquent

59

Visage défait

par le travail

perdu à l’égard de tes yeux

conservé dans ton souvenir

tu te promènes

chômage vu de face

dans les ruelles de ta mémoire

60

Au-dehors de toi-même

ton coeur

heurté par le chômage

découvre le sentiment d’exister perdu

d’un coeur broyé

appuyé sur le vide

61

Souffrant

vie désirée à la patience succombée

ce qu’il faut souffrir

tu restes

sans travail

tourmenté du lendemain

62

Faux pas exécuté sur l’obscurité du chômage

caillou sur la route

tu te sens

ignorances multipliées

broyé par l’avalanche des mots

entassés sur les mots

63

Homme rejeté des hommes

sous le ciel derrière les nuages du chômage

tu marches

yeux clos

comme l’aveugle

qui maudit

sol frappé devant lui par la canne

l’obscurité

64

Egaré

dans le grand silence trouvé

sur le chemin du travail

tu t’effaces

flaque de nuit au coeur

en toi-même

tu es à la recherche

vie transformée en labyrinthe

des clés qui ouvrent les portes de la prison qu’est le chômage

65

Âme assoupie retirée du désordre

le long des jours jugés longs qui ne sont qu’un grain de sable

tu demeures

vivant par habitude

en désaccord complet avec tes souhaits incomblés

tu demeures

impuissant sur les choses

arrêté dans le piège puissant du chômage

66

Rentré dans le silence

tu t’interroges

dans la retenue

toi-même

tu détournes

séjour prolongé dans le repos

le regard

tu observes le temps

blessure mal bandée

au milieu de tes pensées demeurées dans le crible secoué

67

Coeur blessé

yeux malades

tu penses

avec raison

la déraison du chômage

tu as mal

inaction entrée dans l’étendue de ta mémoire

aux plaies bandées des parties du monde considérées

68

Yeux malades de l’âme éclairés

emportée au désespoir

tu es

fond du coeur blessé examiné

impuissant à quitter ton âme

tu t’adresses

cris jetés du plus profond de ta misère

à ceux qui n’écoutent pas

69

Mouvements du passé

mouvements de l’avenir

roulés en toi-même

tu peines

place cédée au chômage

dans l’abaissement de ta vie

tu te perds

pensées exprimées dans les larmes aux yeux

dans le sommeil élargi

70

Arrêté

porte du chômage franchie

dans ton itinéraire

d’homme au travail qui ne sent plus le souffle de la liberté

tu mesures

les temps longs qui passent

tu attends

le temps caché de l’avenir

71

Breuvage amer du chômage

coupé

allongé

par les eaux de l’oubli

par la marée du jour

porté aux lèvres

tes espoirs

tes convictions

jour après jour

mois après mois

disparaissent

dans la traversée sans fin du gouffre

72

Contours du travail cessé

objet de ton souvenir

effacés

tu ne peux

dans le silence succédé

dégager les grandes lignes

de la vie à mener

73

Détaché

surpris par le chômage

de la multiplicité des jours

tu sens

refus de s’arrêter de la pensée

les entrailles de ton âme déchirées

74

Tête gardée

face à la tête perdue de l’employeur

tu ne veux pas

raison qui chancelle

aller dans la maison des fous

où les hommes ne cessent d’aller

parce que devenue leur foyer

Esprit demeuré intact

dans le monde en morceaux

tu gardes

sauvé par la foi

modération de toutes les folies

la raison

à la curiosité de savoir plus grande que la capacité de comprendre

75

Dans la peine à frapper à la porte du travail

tu portes

heurté à l’obstacle du chômage

l’inquiétude

élevée à ton insu

en toi

qui solitude intérieure apprise

en tout lieu

en toute compagnie

a les yeux de l’âme à guérir

76

Homme humilié

amené à chanceler

dans le chômage

tu fuis maintenant

regard de l’esprit arrêté

ton existence

portée au compte de la vie

perdue sans retour

77

Ramené

âge atteint

au rang des chômeurs

irrésolus

las

déprimés

dans la même voie suivie

tu mènes

sommeil éloigné découragé

la vie sans ordre

78

Diminué

mauvaise direction prise

à partir du plein du chômage

devenu pointe d’épine

ton corps

satisfait de rien

arrêté à rien

se déshabitue

du travail étranger

79

Solitaire

hors du contexte de vie des hommes au travail

recueilli en toi-même

tu as les yeux

dépourvu de joie de vivre

aveuglés par la pensée disparue

tu restes

dépourvu d’élan vital

une écorce vide aux os cinglés par le froid du chômage

80

Epuisé

fatigué

affaibli

par le constant murmure de la méchanceté du chômage

tu renonces

esprit impréparé

entraîné à la discipline

à toute prétention sur toi-même

81

Ciel fermé par les digues de la raison brisée

tu penses

yeux fixés sur la perte du travail

à ceux comme toi pour qui tout va mal

tu veux rejeter

dos maintenant tourné au travail perdu

la soumission