LE guide touristique du Médoc : Patrimoine du Médoc

Carcans Maubuisson

⬆️  photo : Chantal Masson



Sauvegarde d'un excellent article paru dans le journal Sud Ouest le 1er janvier 2021

https://www.sudouest.fr/2021/01/01/medoc-156-ans-d-histoire-de-drainage-des-marecages-derriere-le-canal-des-etangs-8245175-2810.php?fbclid=IwAR1SRbri6MDt0-hUH1V-vYayE3px4OUnb0mBvRGAwOmkOHKw7dezNF1MgYQ 


Médoc : 156 ans d’histoire de drainage des marécages
derrière le canal des étangs


Publié le 01/01/2021 

A Carcans, la réalisation de ce canal illustre les efforts consentis entre le XVIIe et le XIXe siècle pour drainer les terres sauvages et marécageuses du Centre-Médoc 

Le canal des étangs se situe dans une gouttière prélittorale, entre le bourrelet dunaire et le rebord du plateau landais qui s’abaisse progressivement jusqu’à l’océan. Avant les travaux du Second Empire, l’écoulement des eaux ne pouvait se faire vers la mer, via le bassin d’Arcachon, que par cette dépression constituée par des marais et des étangs, zone restée en partie sauvage jusqu’à nos jours. 

Dans ce secteur, entre la nappe phréatique très proche du sol et les plaines marécageuses formées sur la rive est des étangs et le couloir les reliant entre elles, c’était un milieu mal drainé qui en faisait un des plus défavorisés des landes littorales. En hiver, les eaux pouvaient s’avancer de 3 à 4 km à l’intérieur des terres. 

Deux exemples dans le Médoc des étangs illustrent ce phénomène : celui de l’église Saint-Vincent-de-Lacanau située en bordure de l’étang qui a dû être reconstruite à l’intérieur des terres en 1764, car elle était inondée trop souvent, et l’église jacquaire de Sancta Helena de Stagno, plus connue sous le nom de Sainte-Hélène-de-l’Étang situé à 300 m de l’étang de Cartignac (Carcans-Hourtin), dont les restes et ceux du cimetière furent transférés en un lieu dénommé Hortin (Hourtin). 

Premiers drainages

En 1694, Monsieur Fleury, ingénieur général, projette des travaux de drainage pour favoriser l’écoulement des eaux. Deux tentatives furent entreprises au XVIIIe et au XIXe siècle, mais faute de plan d’ensemble, se soldèrent par des échecs. Ce n’est finalement que vers la deuxième moitié du XIXe siècle, après la fixation des dunes du littoral et le boisement du massif landais, que les travaux furent menés à terme. 

Le projet date de 1858. La situation topographique du terrain veut que de la pointe de Grave à la presqu’île de Cap-Ferret il existe deux bassins versants, l’un au nord de l’étang d’Hourtin-Carcans vers la Gironde, l’autre vers le sud jusqu’au bassin d’Arcachon. Le projet de deux canaux de jonction est alors décidé : le premier, d’une largeur de 7 m et de 8 km de longueur, entre l’étang d’Hourtin-Carcans et celui de Lacanau afin de les unir et de leur maintenir un niveau d’eau identique, car ils sont situés au point culminant des marais ; le second, de 12 m de large et de 10,50 km de long avec une pente de 0,25 cm par mètre à travers les petits étangs de Langouarde, Batejin, pas du Bouc, vers le lit de l’ancien cours d’eau qui drainait les landes du Porge vers le bassin d’Arcachon. Ces travaux avaient pour objectif d’abaisser le niveau supérieur des étangs et des marais de 15,59 m à 13,03 m, niveau qui mettrait les parties plates du marais à l’abri de l’eau. 

Le premier coup de pioche

Les travaux, dirigés par Chambrelent (1), ingénieur général des ponts et chaussées, commencèrent au sud de Lacanau en 1860 et se terminent en 1864. Le premier coup de pioche fut donné à Langouarde. Ces travaux furent pénibles, car les ouvriers durent travailler dans des terrains couverts de plus de 0,60 cm d’eau. Pour résister aux fièvres, on dit même qu’on distribuait 10 cl d’eau-de-vie par jour à chaque ouvrier. Et cela a duré quatre ans. L’inauguration et la bénédiction des travaux ont eu lieu le 11 mai 1864, et la population, sur ses échasses a assisté au lâcher des eaux du barrage. 

La gestion des eaux

La maîtrise du niveau d’eau entre les lacs médocains est toujours d’actualité. Elle a été fixée légalement par une décision administrative en date du 15 mai 1961, entre 13,40 m et 14 m NGF (Nivellement général de la France). Il s’agissait d’éviter les inondations et de maintenir un tirant d’eau suffisant pour l’utilisation des installations portuaires du Centre de formation de la marine d’Hourtin. De nos jours, la gestion est confiée au Syndicat intercommunal d’aménagement des eaux du bassin-versant des étangs du littoral girondin (SIAEBVELG). 


(1) La voiture attelée de Chambrelent est visible au Musée des arts et traditions populaires de Maubuisson


Carcans Maubuisson