Pour le reste, on constate que les départements accueillant une préfecture régionale sont ceux qui possèdent les taux d’encadrement les plus élevés (Haute-Garonne, Ille-et-Vilaine, Rhône, Côte-d’Or, Bouches-du-Rhône, etc.). Là encore, la présence de services déconcentrés de l’Etat est responsable des écarts avec les autres départements. Outre les services des préfectures, on y trouve les personnels travaillant dans les Rectorats, les DREAL, les DRAAF, les DRAC, les ARS, etc. On notera que certains départements ayant perdu le statut de préfecture à l’occasion de la fusion des Régions en 2015 ont conservé certains services de l’Etat (Calvados, Haute-Vienne, Vienne). On n’oubliera pas que, par définition, les effectifs de certains services comme la police nationale se concentrent dans les villes, notamment dans les plus grandes d’entre elles.
Au contraire, les départements dépourvus de fonction régionale présentent des taux d’encadrement moindres. On notera que des départements de très faibles densités bénéficient parfois de taux d’encadrement élevés : les Hautes-Alpes, la Lozère, les départements corses. Ici, la surdotation relative vise à atténuer les effets de la désertification par le maintien d’un socle minimal de fonctionnaires d’Etat.
Enfin, on pourra regretter que des données infra-départementales ne soient pas disponibles, à l’instar de ce que propose l’URSSAF pour les emplois privés. Cela permettrait de vérifier si cette double logique (hiérarchie administrative, surdotation des départements de très faibles densités) se vérifie à une échelle plus fine.
Une augmentation des effectifs de la fonction publique d’Etat qui tend à profiter aux départements accueillant de grandes villes
Entre 2010 et 2021, les effectifs de la fonction publique d’Etat en France métropolitaine sont passés de 2,065 à 2,147 millions, soit une hausse de 4 % en un peu plus d’une décennie (la population croissant quant à elle de 4,36 % sur la même période).
Cette dynamique d’ensemble masque des changements hétérogènes selon les territoires : alors que les effectifs de la FPE ont augmenté de 26 % dans le Lot-et-Garonne, ils ont baissé de 16 % dans la Creuse.
Au total, 42 départements ont vu leurs effectifs diminuer, principalement dans la “diagonale du vide”, les Alpes du Sud, en Normandie et à l’Ouest de la Bretagne.
Au contraire, 47 départements ont vu leurs effectifs augmenter de plus de 1 %, dans le Nord, en Alsace, dans la région parisienne, le long de la façade Atlantique, dans le quart Sud-Est et en Corse. Les départements ayant connu les plus fortes hausses sont la Haute-Garonne (+13,3 %), l’Hérault (+13,9 %), la Seine-Saint-Denis (+14,1 %), le Tarn-et-Garonne (+15,1 %), l’Essonne (+15,4 %) et la Mayenne (+19,3 %).