Les territoires les mieux pourvus sont :
les cœurs des grandes agglomérations, exposés à des charges de centralité élevées en raison des services qu’ils offrent à l’ensemble de l’aire d’influence qu’ils polarisent (voirie, logement et politique de la ville, sécurité, équipements structurants (sport, culture)). C’est le cas de la plupart des métropoles et des grandes villes régionales : Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Nantes, Rennes, etc. Dans une moindre mesure, beaucoup d’agglomérations grandes et moyennes apparaissent mieux pourvues que la moyenne des territoires (Bourges, Dunkerque, Mulhouse, Nîmes, Pau, Reims, Saint-Brieuc, Saint-Etienne, Vannes, Valenciennes, etc.) ;
certains espaces touristiques accueillant un nombre d’usagers plus élevés que le nombre de résidents principaux, notamment lors des saisons touristiques. C’est le cas du littoral méditerranéen, de la Corse et du massif alpin.
Au contraire, les territoires les moins bien dotés sont :
avant tout et de loin, les EPCI périurbains, situés aux marges des grandes agglomérations
dans une moindre mesure, les espaces ruraux ou intermédiaires structurés par des villes petites et moyennes.
Ces constats appellent plusieurs remarques :
les inégalités de recettes traduisent à la fois l’hétérogénéité des ressources fiscales et des moyens alloués par l’Etat au titre de la péréquation et des missions de service public ;
les écarts de moyens entre les centres et les périphéries des grandes agglomérations urbaines souligne l’importance des coopérations inter-territoriales nécessaires à une répartition pertinente et équitable des charges et des moyens (pour ne rien dire du dimensionnement des EPCI eux-mêmes) ;
les moyens alloués aux collectivités sont déliés des structures et des dynamiques socio-économiques qui organisent l’espace français, posant incidemment la question de la légitimité de la distribution des ressources entre territoires.
Les ressources financières des collectivités locales : des inégalités révélant de profondes injustices territoriales
Pour rappel, en matière de dynamisme économique, l’espace français se décompose en trois ensembles :
- 207 EPCI en décroissance (pesant 5,5 % de la population salariée), dans lesquels la masse salariale a diminué depuis 2000, situés aux marges du B. Parisien et dans le Nord-est ;
- 543 EPCI pesant 37 % de la population salariée, dont la masse salariale a augmenté moins vite que celle de l’ensemble du pays (+39% depuis 2000) et majoritairement situés au Nord, à l’Est et dans la “diagonale du vide” ;
- 501 EPCI (pesant 57,5 % de la population salariée) dans lesquels la masse salariale a augmenté plus fortement que la moyenne nationale, situés le long de la façade Atlantique, dans le Midi méditerranéen, la vallée du Rhône et le sillon rhénan.
Les inégalités observables en matière de recettes des collectivités du bloc communal (communes, EPCI) apparaissent totalement décorrélées de ces inégalités de dynamisme économique :
- à population égale et en tenant compte des charges de centralités, les territoires en déclin ne bénéficient pas nécessairement de moyens majorés, susceptibles de les aider à surmonter leurs difficultés particulières ;
- certains territoires en forte croissance économique bénéficient de moyens financiers beaucoup plus élevés que la moyenne nationale.