Le problème de l'accès à la santé


L'exemple de la médecine générale

En France, le thème des “déserts” médicaux s’est imposé dans le débat public national depuis un quart de siècle, laissant entendre que certains territoires seraient affectés par une baisse préoccupante du nombre de médecins. Cette préoccupation concerne différents types d’offres et porte notamment sur les médecins généralistes, confondus dans le discours avec les médecins “traitants”, c’est-à-dire ceux que les assurés sociaux consultent pour leur suivi médical. Cette confusion induit des biais statistiques et complique l’évaluation de l’état réel de l’offre médicale en France. En effet, les données publiées par le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) font état de 81 630 médecins généralistes (MG) dits en “activité régulière” en 2024 (tous statuts confondus : libéraux, salariés et mixtes). Ces données ne préjugent pas de l’activité effective des MG comptabilisés. En particulier, elles intègrent les “médecins à expertise particulière”, c’est-à-dire ayant déclaré une compétence qui les spécialise dans le traitement de certaines pathologies (acupuncture, allergologie, homéopathie, médecine d’urgence, médecine physique, médecine légale, etc.). En 2023, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) évaluait de son côté à 50 320 le nombre de MG libéraux pratiquant une activité de généraliste stricte. Ces données ne tiennent pas compte des MG exerçant exclusivement une activité salariée (à l’hôpital par exemple).




En France métropolitaine, l’offre de médecine générale varie de 1 à 2,8 selon les départements


Évaluer l’offre de médecine générale telle qu’on l’entend habituellement implique de centrer l’attention sur les MG effectifs, c’est-à-dire qui sont effectivement en mesure de recevoir une patientèle pour des motifs divers, pour des consultations régulières ou uniques (lorsqu’on consulte une MG au cours d’un déplacement par exemple).


Rapportées à l’échelle des départements, les données concernant les médecins généralistes (MG) sans expertise particulière montrent des écarts géographiques qui confirment l’incapacité du système actuel à offrir un accès égal de la population à la médecine générale. 


Dans l’ensemble, le nombre de MG effectifs varie de 51 dans la Lozère à 2203 dans le Nord, en fonction des volumes de population à desservir. Cependant, si l’on calcule le nombre de MG effectifs pour 10 000 habitants, on constate que la moyenne pour la France métropolitaine s’établit à 76,8, chiffre qui dissimule des inégalités importantes. Certains départements souffrent en effet de taux d’encadrement en MG très inférieurs à la moyenne nationale : 

Au contraire, certains départements apparaissent mieux pourvus :