lundi 16 mars 2020
Chers élèves de TGF,
Je vous propose de vous donner des cours et du travail au fur et à mesure.
Ce lundi, nous devions travailler le texte de Rawls que je vous ai distribué la semaine dernière. Je vous propose, après les rappels de la question et du plan du cours, de répondre à une série de questions sur ce texte pour y réfléchir. C'est un exercice, pas un devoir : note sur 10 pour les exercices, sur 20 pour les devoirs, comme vous savez. Si vous le faites, rendez-moi l'exercice pour jeudi 19 mars, je publierai la correction jeudi soir. Bon courage à vous, et motivez-vous bien pour cette période de travail particulière, très importante, et qui suppose une bonne autonomie !
Rappel de la question du cours : la loi est-elle un facteur de justice ou d'injustice ?
Rappel du plan du cours :
1. Justice pénale, vengeance et punition – étude du texte de Hegel
Nous avons montré comment l'application de la loi limite l'arbitraire : ainsi la punition est-elle plus juste que la vengeance.
2. L'application de la loi – étude du texte de saint Thomas
mais l'application stricte de la loi ne favorise pas toujours le bien commun ni la justice. Que faire alors ? Respecter l'esprit de la loi et non sa lettre, dit saint Thomas...
3. La valeur de la loi et le droit de désobéir (textes de Hobbes et de Rawls).
Mais qui a le droit de juger de la valeur de la loi ?
Pour Hobbes cela n'est pas légitime : c'est la loi qui dit ce qui est juste. IL n'y a rien de juste ou d'injuste en soi, avant que la loi tranche. (cours de lundi dernier).
Mais alors faut-il obéir à la loi, quel que soit son contenu, juste parce que c'est la loi ? Cela reviendrait à donner au pouvoir politique en place un pouvoir absolu et jamais discutable.
Il faut alors penser un droit à la désobéissance, mais sous quelle forme ?
C'est là que le texte de Rawls propose une solution, autour de l'idée de désobéissance civile
Voici le texte en question :
Le problème de la désobéissance civile ne se pose, selon moi, que dans le cadre d’un Etat démocratique plus ou moins juste pour des citoyens qui reconnaissent et admettent la légitimité de la constitution. La difficulté est celle du conflit des devoirs. Quand le devoir d’obéir aux lois promulguées par une majorité législative (ou à des décrets issus d’une telle majorité) cesse-t-il d’être une obligation face au droit de défendre ses libertés et au devoir de lutter contre l’injustice ?
La désobéissance civile peut, tout d’abord, être définie comme un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi, et accompli le plus souvent pour amener à un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on fait appel au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon son opinion mûrement réfléchie, les principes de la coopération sociale entre des êtres libres et égaux ne sont pas actuellement respectés.
Pour justifier la désobéissance civile, on ne fait pas appel aux principes de la moralité personnelle ou à des doctrines religieuses, même s’ils peuvent coïncider avec les revendications et les soutenir ; et il va sans dire que la désobéissance civile ne peut être fondée sur des intérêts de groupe ou sur ceux d’un individu. Au contraire, on recourt à la conception commune de la justice qui sous-tend l’ordre politique.
Rawls, Théorie de la justice
Je vous propose une série de questions pour réfléchir à ce texte, et à travers ce texte, au problème de la désobéissance à la loi.
Premier paragraphe :
Qu'est-ce que la désobéissance civile ? (à chercher). Donnez des exemples.
Montrez en quoi ces deux termes semblent à première vue se contredire.
Dans quel cadre se pose pour Rawls le pb de la désobéissance civile ?
Pourquoi se pose-t-elle seulement dans ce cadre et pas dans celui d'une dictature ou d'un régime autoritaire ?
Deuxième paragraphe :
Enoncez les différentes caractéristiques qui définissent la désobéissance civile.
Expliquez pourquoi elle devrait être « non violente ». l'action non violente, dans ce cadre, peut-elle être efficace et comment ?
Expliquez ce que veut dire Rawls quand il dit qu'elle est un acte « politique ».
Expliquez ce qui distingue la désobéissance civile de la délinquance.
Troisième paragraphe :
Pourquoi la moralité personnelle et la religion ne suffisent-elles pas pour justifier un acte de désobéissance civile ?
Qu'est-ce qui permet alors de la justifier ?
Bon courage à tous !