Qu'est-ce que le métapsychique ?

Autres dénominations : le paranormal

le parapsychologique

l'extrasensoriel

On appelait "la métapsychique" (au féminin) l'ensemble des recherches et des croyances ou connaissances sur le paranormal. L'étude de ce domaine a été interdite en France au milieu du XIXe siècle par l'Académie de médecine. C'est dire les tensions qui existent entre le rationalisme des Lumières et la reconnaissance de phénomènes inexplicables par les lois ordinaires de la physique.

Ces tensions existent encore aujourd'hui et rendent difficile toute expérimentation, tout témoignage, toute réflexion concernant le paranormal. De ce fait, la parapsychologie est l'un des parents les plus pauvres du monde universitaire. Elle se heurte à un obstacle social qui s'ajoute au caractère difficilement vérifiable et reproductible des faits d'observation.

Quelles sont les attitudes les plus objectives ? (les personnes qui ont vécu des manifestations paranormales n'auront pas besoin de cette démonstration...)

  • Affirmer que les phénomènes métapsychiques ne peuvent pas exister parce qu'ils ne sont pas explicables reviendrait à postuler que la science d'aujourd'hui serait capable de tout expliquer, postulat manifestement irrationnel.

  • Affirmer que les phénomènes métapsychiques existent, et prendre tous les témoignages pour du bon argent reviendrait à se laisser embarquer dans toutes les superstitions et tous les charlatanismes.

  • Au nom du rasoir d'Occam, on pourrait décider de s'en tenir à l'hypothèse la plus simple : celle qui voudrait que ces phénomènes ne soient que le produit de l'imagination ou de l'affabulation. Ce serait présumer que tous les témoins de ces phénomènes auraient menti ou été victimes d'illusion des sens, alors que certaines expériences ont été dûment répertoriées.

  • Tenter de démontrer par une approche scientifique que ces phénomènes sont une réalité vérifiable et reproductible. C'est là l'objet de la parapsychologie : cette démarche rationnelle se heurte à de nombreux obstacles, notamment au caractère aléatoire des manifestations paranormales.

  • Observer quelles sont les conditions d'apparition des phénomènes afin de mieux les pister ou de les rendre plus fréquents : ils sont si rares et imprévisibles qu'il est difficile de déterminer les facteurs qui favorisent ou inhibent leur manifestation.

  • Rechercher les déterminants du développement des facultés extrasensorielles : une connaissance plus précise des facteurs susceptibles de favoriser leur acquisition permettrait de multiplier les « sensitifs » et les observations.

Il est évidemment beaucoup plus facile d'étudier des phénomènes lorsqu'ils sont fréquents et reproductibles, de rechercher par recoupement les invariants et les caractéristiques communes, de les comprendre et d’apprendre à les interpréter, que s'il faut attendre de trouver un rare voyant ou télépathe disposé à collaborer. C'est là ce qui a fait la spécificité de la métapsychanalyse : la recherche a porté sur les conditions de développement des facultés extrasensorielles, de sorte qu’un grand nombre de personnes ont acquis spontanément des facultés de voyance. Depuis les années 70, des dizaines de milliers de phénomènes, notamment de visions, ont pu être observés et comparés.

L’ensemble de ces observations donne à penser qu'il existe une "dimension métapsychique" ou un « espace métapsychique » complémentaire à notre espace-temps matériel. C’est du moins le modèle d'explication le plus simple qui soit compatible avec les faits. Cet espace « parallèle » ou « transcendant » serait le lieu de "contenus d'énergie-information" ou "archétypes" tels que les décrit Carl Gustav Jung. Selon le psychanalyste suisse, les archétypes se manifestent à la fois par un symbole et par une émotion, comme si l'intellect et l'affect étaient leurs canaux d'expression. Les visions ne sont en effet que rarement de simple images reproduisant une réalité matérielle. Elles sont chargées de sens, comme l’est un symbole, et s’accompagnent toujours d’une décharge émotionnelle en rapport avec les situations vécues. De plus, ces symboles obéissent à certaines règles, indépendamment des particularités liées à la personnalité ou à l'histoire personnelle des sensitifs. L'existence d'invariants autorise de les considérer comme des phénomènes en soi, tout comme on déclare les phénomènes matériels réels à partir de régularités constatées dans leurs manifestations.

A première vue, l’influence sur l'existence humaine de symboles et d’émotions provenant d’un ailleurs immatériel paraît improbable. Un examen plus attentif démontre pourtant que les contenus archétypaux s'inscrivent à la clé des destins individuels, régissant de nombreuses articulations que le sens commun attribue au hasard. La notion de hasard telle que l'entend notre culture peut en fait se définir comme étant l'ultime explication du sens des événements lorsque leur signification métapsychique reste inaccessible. Enfermés dans la caverne de Platon, pour reprendre la célèbre métaphore, nous ne percevons que des projections du réel sur le plan de l’intellect et de l’affect, sans prendre conscience de la signification profonde des événements, c’est-à-dire des liens de sens qui les ordonnent et structurent nos destinées.

L'approche rationaliste ne donnerait accès qu'à la moitié du réel : à sa dimension matérielle, tout en nous amenant à occulter sa dimension métapsychique, accessible uniquement par la perception extrasensorielle, dimension qui est en définitive la seule à détenir la signification de l'existence. Faute d'accès à cet espace du Sens, il nous reste à vivre notre destin biologique : nous reproduire et produire toutes sortes d’objets et de constructions mentales, mais l’essentiel nous échappe, au point que nous ne savons même plus le définir. Nous confondons le spirituel et le religieux, la transcendance et la foi, le sacré et le dogme, l'imaginal et l’imaginaire, l’essence et l’existence, l’accomplissement et la satisfaction, la félicité et le plaisir, l’amour et l’attachement, le Soi et l’ego. Nous avons remplacé le sens de l'éternité par la temporalité, la félicité par la peur de la mort, le bonheur d'être par la hâte d'avoir.

Notons que les phénomènes de voyance se distinguent radicalement de toute forme d'hallucination. Les images que voient parfois les schizophrènes, ou telles qu'elles apparaissent sous l'effet de certains psychotropes, sont aléatoires, elles ne font que refléter certains contenus cérébraux, puisant dans la mémoire pour reproduire ou construire des illusions perceptives. Les visions authentiques sont au contraire toujours imprévisibles, elles traduisent des informations dont on ne peut souvent pas expliquer l'origine. Elles peuvent indiquer des dangers, des erreurs, des potentialités sans rapport avec le connu ni avec les prévisions possibles. Elles transmettent un message en rapport avec l’accomplissement spirituel de l’individu ou de ses proches. Elles donnent lieu à un travail d’interprétation qui aboutit à un enrichissement de la conscience, à une vue plus claire du sens des choses, à une harmonie relationnelle plus féconde, à un progrès dans la direction du bonheur de soi-même et d’autrui.

Einstein écrivait : "Rien n’est plus précieux que la faculté d’émerveillement ou de ravissement. C’est elle qui est à l’origine de tout art ou de toute science véritables. Malheur à celui qui ne la possède pas, ses yeux sont fermés. Mieux vaudrait pour lui qu’il fût mort". L’accès aux archétypes est précisément ressenti par ceux qui y ont accès comme l’entrée dans un monde merveilleux, c’est là que se situe le « magique » auquel aspire l’enfant et dont la perte frustre l’adulte, la source de l’inspiration et de l’intuition véritables où puisent aussi bien les artistes, que les créateurs ou les Saints. Le but même de la religion, comme de l’art et de la science, est de nous re-lier à cette dimension perdue. Ce faisant, notre culture s'enferme dans un cercle vicieux : ce n'est pas l'activité humaine qui peut ouvrir cette voie, ni le mental, ni la volonté. Mais l'obéissance à l'amour.

Seulement voilà : qu'est-ce au juste que l'amour ? Cette question est précisément celle que pose la métapsychanalyse, et à laquelle elle tente de fournir une réponse en intégrant tout ce que notre culture, notre science, nos connaissances, les différentes écoles de psychanalyse, notre histoire à commencer par la mythologie, notre expérience personnelle, notre intuition et les facultés extrasensorielles elles-mêmes peuvent apporter comme pierres à l'édifice...