Passif ou basse énergie ?

Basse-énergie, passif ou zéro-énergie ?

Avant de commencer, il nous faut nous poser la question...

Qu'est ce qu'une maison passive ?

Une maison passive est une maison dans laquelle l'isolation thermique a été poussée à son maximum, à tel point que la présence d'un système de chauffage central n'est plus nécessaire. Le fonctionnement des électroménagers, la présence humaine et un petit chauffage d'appoint (souvent incorporé à la ventilation) sont suffisants pour maintenir une température agréable dans l'habitation. Dans ce type de maison, super isolée, un nouveau risque apparaît ... la surchauffe en été. Il est dès lors nécessaire d'également prendre en compte ce facteur lors de la conception de l'habitation.

En Wallonie, la norme passive se décompose en trois critères à satisfaire:

1. Le besoin d'énergie pour le chauffage doit être inférieur à 15KWh/m²an (ceci doit être calculé par l'architecte AVANT la construction à l'aide du logiciel PHPP).
2. Le bâtiment doit être étanche à l'air. Le seuil est placé à 0.6/h de taux de renouvellement de l'air à une différence de pression de 50 pascals (ceci est mesuré par le blowerdoor test).
3. L'habitation ne peut être en surchauffe c-a-d à une température de >25°C pendant plus de 5% du temps. Encore une fois, ceci doit être calculé à l'aide du logiciel PHPP lors de la conception.

Les derniers standards et informations sont disponibles sur le site de la plate-forme maison passive Belgique.

On pourrait à priori croire que plus la maison est isolée et plus elle coûte chère, ce qui est vrai dans une certaine mesure. Néanmoins, il faut prendre en compte que i) plus la maison est isolée et moins les frais de chauffage (sur toute la durée de vie de la construction) seront importants et ii) à partir d'un certain stade, l'isolation est telle qu'un système de chauffage classique n'étant plus nécessaire une économie peut être réalisée. Ces faits sont représentés sur le schéma ci-dessous, montrant l'investissement supplémentaire (en ordonnée) pour atteindre une performance énergétique donnée (en abscisse). On voit très clairement que deux minima d'investissement existent sur ce graphique. Un premier aux environs des 40KWh/m²an (c'est la maison basse énergie) et un second à environ 15KWh/m²an (c'est la maison passive). La non-linéarité dans la courbe des coûts à ~15KWh/m²an est due à l'économie réalisée sur le chauffage de système classique.

Ce schéma est purement symbolique et n'a donc une valeur que pédagogique. En particulier l'échelle de l'axe Y n'est pas du tout exacte. Nous nous sommes donc posé la question de la rentabilité du minima "passif" contre celle du minima "basse énergie".

Qu'en est il de la rentabilité ?

Une question qui s'est posée parallèlement à la détermination de notre projet (question suivante, construire oui, mais avec qui) est celle de la rentabilité de la construction passive contre celle d'une construction très basse énergie. Nombreuses sont les sources d'informations à ce sujet, mais toutes ne vont pas dans le même sens. C'est pourquoi nous avons recalculé pour notre cas les différentes options possibles, leurs surcoûts, et surtout, leur temps d'amortissement. Notre feuille de calcul est visible ci-dessous et disponible au format Excel.

Dans le tableau ci-dessus, cinq cas ont été évalués. i) Premièrement une maison basse énergie, type maison Bahamas de chez TeamConstruct, avec une pompe à chaleur géothermique ainsi que le chauffage par le sol au rez et à l'étage. Ce cas est notre cas de référence et nous considérons donc que l'investissement de départ est nul dans cette situation. ii) Le deuxième cas considéré est identique au premier si ce n'est l'ajout de panneaux photovoltaïques, couvrant la totalité de la face sud du toit, pour la production d’électricité. Nous considérons que l'investissement lié à cette installation est de ~20.000€. Dans ces deux premiers cas, les besoins en chauffages sont estimés à 40KWh/m²an.

Dans les trois autres situations, la construction est de type passive, avec un besoin en chauffage estimé à 15KWh/m²an. Sur base des devis TeamConstruct, un investissement de départ plus important est à prévoir, environ 40.000€ de plus que pour le modèle basse énergie (Pack Max Isol.). C'est notre cas iii).

Le cas iv) correspond au cas iii) avec en plus la présence de panneaux photovoltaïques sur la moitié du toit, ce qui permet de qualifier cette maison de zéro énergie car les besoins en énergie pour le chauffage sont entièrement compensés par l'énergie produite par les panneaux. Un investissement de 10.000€ est considéré pour cette installation solaire. Enfin, pour le dernier cas v), nous avons considéré que le surcoût pour passer d'une maison très basse énergie à une maison passive n'est pas de 40.000€ mais de 20.000€. Ce dernier cas correspond plus à la situation décrite pas les architectes que nous avons rencontré qui estiment que (presqu') aucun surcoût n'est nécessaire pour passer en passif pour autant que la construction soit conçue correctement dès le début. TeamConstruct annonçait un surcoût plus important à cause de sa technique en voile de béton, qui est la Rolls-Royce de la construction passive mais qui n'est évidemment pas la seule technique pour atteindre la norme passive.

Pour ces différents cas, nous avons estimé le coût total actualisé comme étant l'investissement plus le coût cumulé du chauffages sur plusieurs années. Il en ressort que le coût lié au chauffage/électricité (même dans une maison passive) représente une part très importante des frais, allant jusqu'à 50.000€ après 25 ans seulement pour une maison basse énergie. L'ajout de panneaux solaires photovoltaïques réduisant la consommation électrique est un investissement extrêmement rentable: amortissement en 15 ans seulement dans le cas de la basse énergie ET de la passive (et ceci sans prendre en compte les primes associées aux certificats verts).

Ensuite, on y apprend également que la maison passive n'est intéressante d'un point de vue financier que si l'investissement supplémentaire par rapport à une maison basse énergie n'est pas trop important. En effet, on voit que pour un surcoût de 40.000€, il faudra plus de 35 ans avant d'amortir cet investissement. Si au contraire l'investissement supplémentaire n'est que de 20.000€, 20 années suffisent à amortir l'investissement.

Il est clair que dans le cas d'un budget limité, une maison basse énergie avec panneaux solaires est également une situation favorable.

Différentes hypothèses ont été utilisées pour cette étude : un taux d'actualisation de 2.5% par an, une augmentation du prix de l’électricité de 6% par an, ainsi qu'un prix du KWh de 0.195€ en 2013.

Les différentes primes dont nous pourrions bénéficier n'ont pas été prises en compte pour cette étude, à savoir:

a) la prime pour les maisons passives de 6500€ ou la prime pour les maisons basse énergie (pouvant aller jusqu'à 5000€) en Wallonie. b) la prime liée à la vente des certificats verts pour les panneaux solaires.

Sur base de cette étude, nous avons décidé de faire confiance à l'architecte Steffens et de construire avec lui notre maison passive. Le surcoût sera à priori très faible voir inexistant. Nous rajouterons par la suite (avec l'argent de la prime par exemple) des panneaux photovoltaïques sur le toit afin de couvrir la totalité de notre consommation électrique. Terminés ainsi les factures d'électricité qui plombent le budget et qui risquent de s’alourdir avec le temps. De plus, selon les nouvelles normes européennes, d'ici 2020 en Belgique, toute nouvelle construction devra être passive... autant se lancer directement et avoir ainsi une plus-value lors la revente éventuelle de la maison. Outre l'argument économique, les maisons passives apportent une qualité de vie meilleure que les maisons traditionnelles actuelles, en raison d'une température constante et similaire dans toute la maison. Enfin, nous serons respectueux de notre belle planète et aiderons ainsi à la préserver...

Remarques finales:

Cette étude ne révèle en rien le coût de notre future maison. Elle n'est qu'une base de travail réaliste qui a été utilisée afin d'orienter notre choix. Notre future maison sera différente de cette construction de référence sur beaucoup de points et le budget devrait donc être également modifié.

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