Saint-Médard-de-Beausse *
ou la disparition annoncée d’une commune
Après les désordres du 9 thermidor an III (22 juillet 1795), la Convention élabore une constitution et fonde la division du territoire français en 89 départements, chacun d’eux en cantons puis en communes. Le premier découpage avait eu lieu en 1790.
Les nouvelles dispositions stipulaient que « l’Assemblée du département des Landes se tiendrait provisoirement à Mont de Marsan. Les électeurs proposant un alternat s’ils jugeaient convenable aux intérêts du département ».
Les Landes furent divisées en 4 districts dont les chefs-lieux furent Mont-de-Marsan, Saint-Sever, Tartas et Dax. Les années suivantes, diverses lois complètent l’organisation administrative de la France (administration « napoléonienne »).
Dans le département, le préfet était seul chargé de l’administration. Il était assisté d’un conseil de préfecture (3 conseillers) et d’un conseil général (16 membres). Tous sont nommés par le préfet.
La municipalité de Mont-de-Marsan était composée d’un maire, de 2 adjoints et de 20 conseillers municipaux. Ils sont désignés pour 3 ans renouvelables par le préfet pour les communes de moins de 5 000 habitants.
L’agglomération des territoires communaux voisins fera passer sa population au-delà de 5 000 habitants où la nomination de la municipalité dépendrait alors du ministre de l’Intérieur.
Les nouvelles structures administratives se mettent en place très lentement dans le département. Pour Saint-Médard-de-Beausse, il faudra attendre l’arrêté du 1er pluviôse an IX (21 janvier 1801) pour la nomination des membres du conseil municipal :
Mrs Douat, Darrieumajou, Marrast aîné, Longa père, Lubet de Marcadé, Dabion, Michel et Carrère aîné tuilier.
Le maire (Pierre Dupouy) quant à lui, fut nommé par un arrêté du préfet Méchin en date du 24 messidor an VIII (13 juillet 1800) -adjoint : Lubet de Marcadé.
Le concept de l’annexion et la disparition des communes de St Médard, St Jean d’Août, Nonères et en partie St Pierre du Mont, repose sur deux réalités : l’une tenant à la géographie, l’autre à l’économie.
Les communes étaient des anciennes paroisses, aux contours très incertains. Il devenait impérieux de faire procéder à une délimitation et à un arpentage précis et authentique des communes : le cadastre. Cette période se prolongera jusqu’en 1816.
L’autre raison est d’ordre économique et le budget à travers un outil particulier, l’octroi. Cette notion prenait naissance en 1816 (loi du 28 avril).
A l’origine, Mont-de-Marsan se trouvait comprise uniquement entre les 2 rivières, la Douze et le Midou. Au fil des siècles, la population augmentant, son territoire se trouvait trop exigu pour accueillir de nouveaux habitants, principalement de nouveaux bourgeois venus de la Chalosse ou du Pays Basque. Se fixant à la périphérie, la source de richesses se déplaçait hors des murs.
L’extension du territoire induisait la recherche d’un accroissement des ressources fiscales : l’octroi fut la réponse.
L’octroi est une taxe indirecte de consommation établie au profit des communes sur certaines denrées et objets (boissons et liquides, comestibles, combustibles, fourrages, matériaux…) consommés à l’intérieur des communes (mise en place à Mont-de-Marsan dès 1800).
La géographie et le cadastre :
En 1789, à la Révolution, la ville de Mont-de-Marsan et les communes environnantes étaient circonscrites par la paroisse. Cet espace n’a pas de délimitations précises et reconnues. Les églises des villes et villages pouvaient en être considérées le centre géométrique et les fidèles, au fil du temps, marquèrent de façon invisible les limites.
La topographie du pays posait naturellement des bornes, les activités humaines en peaufinaient les contours.
Toutes ces limites très subjectives étaient sources de conflits territoriaux. Bonaparte reprit et concrétisa l’idée de la Convention en ordonnant la réalisation sur le terrain du cadastre (circulaire du 13 mai 1806).
Dans les Landes, dès 1800, le préfet de l’époque (Duplantier) adresse au ministre de l’Intérieur un courrier faisant apparaître le besoin de réunion de plusieurs communes en citant St Médard, St Jean d’Août, Nonères et une partie de St Pierre du Mont.
L’avis du maire de Mont-de-Marsan quelque peu différent, ne demandait qu’une partie de chacune des communes mais pas l’intégrité.
La loi du 26 avril 1816 permettait la création, dans les communes suburbaines, d’un octroi dit « de banlieue ». l’Article 152 établissait que les recettes faites dans les banlieues appartiendraient toujours aux communes dont elles étaient composées.
Les réactions sont immédiates ; les 4 communes concernées demandent un reversement des droits perçus sur leurs territoires respectifs.
En effet, les limites de l’octroi de Mont-de-Marsan avaient été repoussées à de nombreuses reprises sans consultation des communes visées.
Mont-de-Marsan n’envisage pas de rembourser des sommes qu’elle considère légitime au vu des dépenses profitant aux faubourgs phagocytés et prétendument parties des communes demandeuses.
En séance du 14 août 1817, le conseil municipal de Mont-de-Marsan considère que les habitants de tout le quartier du Bourg-Neuf, « quoiqu’une partie se trouve sur le territoire de St Médard » ont toujours été compris dans les tableaux de la population de Mont-de-Marsan.
Ainsi, le quartier du Bourg-Neuf compris dans le rayon de l’octroi est séparé de la ville par la promenade Montrevel. De plus, cette partie est 6 fois et même 10 fois plus éloignée du centre de St Médard que de Mont-de-Marsan. De fait, on estime légitime de réunir ces faubourgs à Mont-de-Marsan. Cela reviendrait à réunir 120 habitants.
Un arrêté préfectoral du 17 février 1818 porte nomination du maire de St Médard ; M. Marrast Joseph en remplacement de Pierre Dupouy (démissionnaire). Lors de sa première réunion du conseil municipal, la nouvelle équipe (dont Joseph Begué, Castandet et François Dupeyron) prend très nettement position contre l’agglomération à la ville de Mont-de-Marsan du quartier du Bourg-Neuf « puisque c’est le seul point dont la commune retire quelques revenus en raison des cabarets et auberges… ».
En 1825, le sacre de Charles X donne l’occasion à Mont-de-Marsan de raviver le feu qui couvait toujours à propos des délimitations des octrois. Pour faire cesser ces éternelles réclamations, le ministre des Finances, via le préfet, demande à ce que soient enfin arrêtées les limites. Mont-de-Marsan propose en novembre 1826 de nouvelles limites d’octroi englobant des quartiers des communes voisines.
Les réactions desdites communes ne se fait pas attendre : elles refusent la solution proposée par Mont-de-Marsan… sauf Saint-Médard.
En séance du 10 avril 1829, le conseil municipal (Jean Lubet-maire-, Mrs Jean Farbos, Jean Castandet, Vaucher-Fleury, Jean Caupenne, Raymond Leconte, Jean Cadillon et Félix Gobert) considère que la proposition faite par Mont-de-Marsan ne contrarie pas les intérêts de Saint-Médard ! La nouvelle limite offrant un aspect plus régulier et plus naturel, confirme les avantages que tireront les habitants concernés en se retrouvant plus proches des centres administratifs et religieux de Mont-de-Marsan.
Une nouvelle équipe municipale, en 1829, confirme la décision prise, ne demandant en contrepartie qu’un arriéré de 5 ans des droits d’octroi à raison de 150 F par an. La commune renonce à ses droits pour les années antérieures à 1824.
Cette attitude en complète opposition vis-à-vis des autres communes peut s’expliquer par des intérêts personnels de certains édiles et par une méconnaissance des problèmes économiques et administratifs (des conseillers ne savaient même pas signer…).
Le 22 janvier 1831, Mont-de-Marsan repasse à l’attaque en envoyant un courrier aux 4 communes, les fustigeant quant aux demandes d’arriérés, justifiant les dépenses de la ville bénéficiant aux habitants des communes.
En séance du 20 août 1832, Mont-de-Marsan propose de repousser de 600 mètres ses limites afin de réduire les fraudes. Les nouvelles limites d’octroi :
q Route du Houga, jusqu’à l’extrémité de la propriété de »Balanot »
q Route vicinale de Villeneuve, jusqu’à la maison « Capère »
q Route de Bordeaux, jusqu’à la maison « Briole »
En séance du 20 mars 1833, Saint-Médard (maire : Farbos ; Jean Cadillon, Jean Castandet, Jean Caupenne, Jean Dubariqua, Jean Durou, Antoine Fitte) :
Estime que Mont-de-Marsan a fait une fausse application de l’article 152 de la loi du 28 avril 1816. Saint-Médard rappelle qu’elle prend à sa charge les pauvres à l’hospice et admet gratuitement ses enfants aux écoles chrétiennes, etc. « Les allégations de la ville de Mont-de-Marsan pour les prétendus sacrifices qu’elle fait ne justifiant point son envahissement, son usurpation, sa perception illégale des droits d’octroi sur la commune de Saint-Médard ». L’attitude est bien différente de 1829 !
La ville de Mont-de-Marsan ne peut donc pas profiter de l’article 152 car elle n’est en rien une grande ville (moins de 4 000 âmes) ; Bordeaux, par exemple, a dû céder aux réclamations faites par la petite commune de Bastide.
En 1838, devant l’échec des projets d’extension de ses limites d’octroi, Mont-de-Marsan en propose de nouvelles, plus raisonnables à ses yeux et accepte les recommandations émises par le Conseil général, à savoir :
q limiter de l’augmentation du périmètre de l’octroi à 400 mètres seulement des limites ordinaires de la ville, en bornant la perception des droits à 3 années
q reversement des recettes opérées sur le territoire des communes
Nous entrons alors dans une période plus sereine. Des aménagements rendant visibles les limites des octrois sont réalisés ; il est décidé d’implanter 12 poteaux portant l’inscription « limite d’octroi » ; notamment au chemin « Biribi » au Bourg-Neuf, sur la route nationale n°10 au Bourg-Neuf, sur la route de Villeneuve à « Branzo », à la route de « la Croix Blanche », au chemin des « Gésits », sur la route du Houga…
En 1864, Mont-de-Marsan accélère le processus d’annexion à travers un nouveau plan qui engloberait 410 hectares et 1710 habitants. Saint-Médard est concerné à hauteur de 50 hectares et 238 habitants (il lui restera 1327 ha et 520 habitants).
Le projet est soumis à enquête « commodo et incommodo » le 8 mai 1864 sous la direction du juge de paix de Grenade, Monsieur de Biensans. Au cours de celle-ci, les discussions sont vives et pour la première fois, l’idée de l’annexion totale et complète est avancée. Le maire, M. Lacaze, semble rejeter cette idée.
A Saint-Médard, tous les opposants au projet arguent de l’impossibilité de constituer une commune si on ôte le quartier du Bourg-Neuf. Ils demandent dés lors et en désespoir de cause, l’annexion complète, espérant peut-être ajourner l’annexion partielle.
Mont de Marsan persiste à ne demander que l’annexion des portions.
En 1865, une nouvelle équipe est nommée par le préfet, le baron de Vougny.
Au début de 1866, le projet d’annexion partielle reçoit un avis favorable du conseil d’arrondissement mais un avis contraire du conseil général. Saint-Médard, Saint-Jean-d’Août et Nonères souhaitent une annexion totale pour leur survie. Seul Saint-Pierre-du-Mont ne demande qu’une annexion partielle.
Lors de cette enquête, Saint-Médard avance que la commune est déjà très pauvre et qu’avec la soustraction du Bourg-Neuf, elle ne pourrait plus faire face à ses dépenses obligatoires. En outre, elle ne pourrait plus assurer une bonne organisation communale car la plupart des propriétaires sont des forains. Au final, ils proposent soit le maintien total, soit l’absorption complète de la commune.
Le rapporteur de la commission présente son rapport sur le projet d’annexion et propose : « … la réunion d’une partie de Saint-Pierre-du-Mont et la réunion complète de Saint-Médard, Saint-Jean-d’Août et Nonères ». Les conclusions sont mises aux voies et adoptées.
LOI n° 14 303 – 13 juin 1866 « Loi qui réunit à la commune de Mont-de-Marsan,
1) les communes de Saint-Médard-de-Beausse et de Saint-Jean-d’Août, Nonères.
2) Une partie du territoire de la commune de Saint-Pierre-du-Mont »
Les nouvelles limites de l’octroi furent déterminées et fixées définitivement lors d’une réunion du conseil municipal de Mont-de-Marsan en date du 23 juin 1866.
La superficie de Mont-de-Marsan est passée de 51 hectares en 1811 à 3 684 aujourd’hui.
* Résumé basé sur l'ouvrage "Mont-de-Marsan et ses banlieues"
de Michel Lévêque (ed : atlantica)
Saint Médard est né en 456 à Salency en Picardie et il est décédé le 8 juin 545 à Noyon. La Saint-Médard se fête le 8 juin. Il est le frère jumeau de saint Gildard, archevêque de Rouen.
L’histoire
Saint Médard manifeste une grande compassion pour les plus démunis dès sa plus tendre enfance.
Les annales disent que lui et son frère assistèrent saint Remi, lors du baptême de Clovis en la cathédrale de Reims en 496.
En 530 lors du décès de l'évêque de Vermand, il fut nommé à sa place par l'évêque saint Remi de Reims. Il s'installa dès 531 à Noyon.
En 532 à la mort de saint Eleuthaire évêque de Tournai, les habitants de cette ville le réclamèrent comme évêque. Il refusa d'abord mais le roi Clotaire insista et il accepta. Il fut alors nommé par le pape Hormisdas à l'épiscopat de Tournai, unifiant le diocèse de Tournai avec celui de Noyon.
Il mourut à Noyon, ses reliques furent transportées près de Soissons où fut érigée l'abbaye de Saint-Médard. Des reliques de saint Médard ont été conservées dans l'église Saint-Médard à Paris et s'y trouvent encore.
La légende :
La légende dit que lorsqu'il était enfant, il fut protégé de la pluie par un aigle qui ouvrit ses ailes au dessus de lui.
Il est fait référence à saint Médard dans La Légende dorée de Jacques de Voragine ( chroniqueur italien du 13ème siècle ) : « Vers l'an 490… fleurirent deux frères utérins, saints Médard et Gildart, qui naquirent le même jour, moururent le même jour et furent béatifiés le même jour ».
L’iconographie et patronage :
On le représente la plupart du temps en évêque, avec la crosse épiscopale. Souvent aussi, il a la bouche entrouverte et montre ses dents, parce qu'il était aussi invoqué contre le mal de dent. En plus de sa représentation avec un aigle le survolant, il figure aussi avec un cœur, symbolisant sa charité.
Patron des agriculteurs et des viticulteurs, faiseur de pluie ; mais aussi patron des personnes emprisonnées. Les migraines, les névralgies, le traitement des maladies mentales, de la folie étaient également de son ressort.
Quelques proverbes :
S'il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard, à moins que saint Barnabé ne lui donne un coup de pied ou ne lui coupe l'herbe sous le pied.
Saint Médard, grand pissard, fait boire le pauvre comme le richard
Pluie de saint Médard, tarit le vin et coupe le lard.
église de St Médard à Mont de Marsan