Pays : Grande-Landes. - Chef-lieu de canton de 8 communes, d'une superficie de 40.180 hectares. - Arrondissement de Mont-de-Marsan. - Superficie de la commune : 12.140 hectares. - Habitants en 1862 : 2279 ; en 1939 : 1191 ; en 1962 906 ; en 1968 : 827. -: A 57 km. de Mont-de-Marsan. - Sol sablonneux. - Altitude : 58 mètres. - Communes limitrophes : Moustey, Richet, Belhade, Sore, Trensacq, Commensacq, Liposthey.
---------------------------------------------------
Pissa ou pitta, mots grecs désignant la poix, exploitée depuis la plus haute antiquité dans la Haute-Lande. D'où, sans doute, Pissos.
Le verbal de la Coustume de la Prévoté d'Acs en 1514, orthographiait Pissos : Pissols.
Simon de Leicester, gouverneur de la Gascogne en 1248, fils de Simon de Montfort, chef de la croisade contre les Albigeois, traversa les Landes en 1250 et 1251. Les habitants de Pissos ont eu à souffrir de sa cruauté et de sa tyrannie.
C'est au quartier de Sauboua qu'un constat fut dressé par Cazau, notaire royal, le 13 juillet 1746 sur la fameuse formation des « dunes continentales ». Ce constat apporte le témoignage inédit du phénomène des sables mouvants à la suite du déboisement et incendies répétés.
M. Roger Sargos a découvert à Pissos une copie du Mémoire pour les communes de Sore, Labrit, Callen, Luxey et Argelouse, contre les héritiers du duc de Bouillon, rédigé par M. Dulamon vers 1840 et où est située l'origine des biens communaux de Lanegrand (région de Sabres, Labrit et Sore), cette vaste contrée de la Grande-Lande et d'Albret qui fut propriété de Louis XIV, échangée en 1651 avec le duc de Bouillon, contre la souveraineté de Sedan et Raucourt. La législation apparaît dans ce mémoire pénétré d'un esprit de clémence, abolissant certains privilèges féodaux, puisque la Coutume de Dax homologuée en 1514, méconnaît déjà les droits des seigneurs, en s'arrogeant la faculté d'occupation des landes au profit des habitants.
Il dut en être ainsi, sans doute, pour Pissos, pendant que le seigneur de Belhade y accordait les baux à fief.
Quant aux biens privés, citons un exemple frappant de grossissement de patrimoine d'un particulier. Au quartier Sauboua, le patrimoine Lescoumères comprenait en 1671 vingt-deux journaux d'airial, jardin et terre de labour. En 1875 les descendants, les Dubrilh possèdent 1652 hectares pour 14 exploitations, sur les territoires de Pissos et Trensacq avec 1217 bêtes à laine, les chèvres ayant été supprimées en 1850.
Autour de 1880, il y avait 600.000 bêtes à laine dans les Landes. En 1947, on comptait encore 1.50 troupeaux totalisant environ 25.000 têtes.
Dans l'économie agricole landaise, l'apiculture a toujours occupé une place éminente. Pissos en est un des centres. L'ancienne ruche, le « bournac de mouches à miel » était d'une seule pièce en vannerie enduite de bouse de vache en forme d'éteignoir renflé par en haut. C'est sous le Second Empire que furent introduites les ruches à cadres mobiles et les extracteurs à force centrifuge.
En 1875, le miel valait à Pissos, 40 centimes le kilo et la cire 3 fr. 80. La ruche à cadre vide valait 2.500 à 5.000 fr. en 1947 et, garnie, 12.500 à 15.000 francs.
Notre incursion dans le passé de Pissos nous fait trouver en 1832, Larreillet, maître des forges à Ychoux auquel le Conseil Municipal de Pissos-Liposthey concède le droit d'extraction dans la commune du minerai de fer pendant dix ans contre versement de 3.000 fr. Cette somme fut employée à la construction du presbytère de Pissos, mais en 1852, le gisement était épuisé : tout n'était pas du minerai dans l'alios ferrugineux, tandis que les forges Claveyre dont il ne reste plus de traces, étaient encore exploitées en 1863 ; autour du haut-fourneau se groupaient seize habitations d'ouvriers.
A cette époque quatre verreries languissaient à Pissos.
Autrefois, selon Arnaudin, les jeunes gens de Pissos, Tous patacayres, étaient souvent mêlés aux rixes qui éclataient pendant les fêtes ou assemblées des environs, surtout à Moustey. A Trensacq ou Commensacq, c'est avec les Sabrins, leurs ennemis jurés, qu'ils venaient aux mains.
Pissos est un gros bourg en pleine forêt où la Leyre, rivière « d'opérette qui serpente et flâne ».
L'église a été construite de 1898 à 1904. Elle n'a rien de remarquable, sauf à l'intérieur, ses autels de marbre.
La forêt a été ravagée par les incendies de 1947 et 1949. Le désastre a déterminé un exode notable de la population. La production agricole s'oriente vers le maïs, l'asperge et la production laitière.
Pissos est au carrefour des routes très fréquentées : Pau - Bordeaux, à l'ouest vers Biscarrosse et Mimizan, à l'est, vers le Lot-et-Garonne.
Emile Castaignède (1826-1890), maire de Pissos de 1867 à 1880.. Il fut un des chefs du parti conservateur dans les Landes et député en 1877. Il exerça le notariat pendant plus de trente ans dans son village natal.
Roger Sargos (1888-1966), inspecteur général des Eaux et Forêts, un des fondateurs des Papeteries de Gascogne, président de l'Association des communes forestières des Landes, commandeur de la Légion d'honneur. Ses éminentes qualités, sa forte et rare personnalité on fait de lui un administrateur émérite, un défenseur inlassable de la forêt, un érudit accompli. Son ouvrage principal de haute valeur, « Contribution à l'histoire du boisement des Landes de Gascogne » est une oeuvre « impressionnante » selon Louis Blanc.