Nerbis ( Haute Chalosse ) est à peu près à mi chemin entre Mont de Marsan et Dax.
Son nom viendrait de NERVIUS, un centurion romain, chef de légion en Novempopulanie, l’Aquitaine d’aujourd’hui.
Le village est niché sur un plateau qui constituait autrefois, « le camp de Nerbis », fortifié sous les romains. En effet, le rempart ou éperon barré, situé au sud-est, a été érigé au cours du 5ème siècle comme ouvrage défensif, contre les invasions des barbares.
Cette fortification appelée jadis « guarde ou guardan » est connue de nos jours sous le nom de « Muy » ; elle mesure 170 m sur 45 avec 8 mètres de hauteur moyenne, ce qui a nécessité le déplacement de quelque 60 000 mètres cubes de terre.
En fait, il existait déjà un oppidum - tumulus depuis l’âge de Bronze final ( 1200 à 900 ans avant J.C. ) Les romains l’auraient donc utilisé en le renforçant.
C’est aujourd’hui un bon coin stratégique et panoramique duquel on peut voir, de ses 110 mètres d’altitude, au sud , la chaîne des Pyrénées, au nord-ouest, la vallée de l’Adour, et du nord à l’est, l’immense forêt landaise jusqu’à l’horizon.
Le clocher a été utilisé comme signal géodésique en 1846 lors de l’établissement de la carte d’Etat Major.
Dès les premiers siècles, des moines bénédictins s’installèrent ici et fondèrent un prieuré. Le monastère devait être attenant à l’église, côté ouest et le prieuré se situait à l’emplacement de la route actuelle, longeant le cimetière.
Quelques vestiges subsistent. Visibles dans le mur du bâtiment opposé, une fenêtre à meneaux ainsi qu’une partie de porte ogivale.
Lieu de refuge des gens d’église mais aussi de voyageurs en route vers Saint-Sever, Dax ou Bordeaux, Nerbis était également une étape pour les pèlerins suivant l’itinéraire de Vézelay à Saint Jacques de Compostelle.
Selon certains documents, l’église de Nerbis (St Pierre aux Liens) pourrait dater de l’an 963. 19 ans plus tard, en 982, le comte Guillaume Sanche fait donation de l’église et de son monastère à l’abbaye de Saint-Sever, lors de la fondation de cette dernière.
Ce rattachement dura 800 ans jusqu’à la tourmente révolutionnaire où elle devint paroissiale. Bien sûr, durant ces 8 siècles, elle connut des périodes particulièrement troublées ; ainsi en 1435, elle fut en partie détruite par les troupes françaises en lutte contre les anglais et son monastère fut incendié.
L’église et le prieuré furent reconstruits par Jean de Cauna, dernier prieur régulièrement élu et mort en 1438. Son successeur, monseigneur Jean de Foix, évêque de Comminges, fut le premier des prieurs commanditaires, tous étrangers et qui ne mirent jamais les pieds à Nerbis.
Pourtant pendant plus de trois cents ans, ils soumirent leurs ouailles de Nerbis et de Mugron à des prélèvements sévères sur les récoltes.
Plus tard, la Chalosse toute entière eut à subir une terrible épreuve : durant l’année 1569, les bandes huguenotes pourchassées par les troupes catholiques, pillèrent et incendièrent tout sur leur passage.
Le clocher et le prieuré furent brûlés, les cloches même fondirent et le trésor fut volé et partagé par quelques soldats des environs. Après les guerres de religion, la Fronde à son tour, frappa lourdement l'Aquitaine. de nouvelles destructions s’ajoutèrent. Ces exactions ajoutées à une terrible maladie, firent 63 morts à Nerbis en l’an 1653.
N’ayant plus de prieuré, car seul le clocher avait pu être reconstruit, les moines se dispersèrent dans des maisons alentours.
Vers 1660, l’église fit l’objet de reconstructions et de restaurations partielles, notamment le carrelage.
La Révolution aurait du lui être fatale puisque da destruction fut décidée le 4 frimaire de l’An 2 ( 1793 ), mais le chef du Comité local de Mugron, pour une raison inconnue, ne mit pas à exécution cette décision.
Depuis 1842, divers travaux ont été exécutés pour lui donner ce visage actuel. Elle est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 1965.
Elle mesure 33 mètres d’est en ouest, le transept ne dépasse pas 20 mètres, la hauteur de voûte étant de 9 mètres environ. Les 3 absides du chevet ainsi que le chœur constituent la partie romane de la construction.
Elle compte 35 clés de voûte souvent différentes dont certaines caractéristiques se retrouvent dans la nef de la cathédrale Saint André de Bordeaux ainsi qu’au château de Blois.
Le retable, ou plutôt ce qui en reste, dédié à Saint Pierre aux Liens. Les deux statues représentent Saint Paul et St Pierre.
Depuis l’extérieur, on peut apercevoir dans le mur nord, des emplacements d’ouvertures : sans doute pour des guetteurs et défenseurs de l’enceinte fortifiée.
On distingue également sur cette même partie, l’emplacement d’une porte murée au 18ème siècle ainsi qu’un bénitier en creux, sans doute à l’usage exclusif des cagots, ces parias obligés de vivre en dehors de la société ; un coin du cimetière leur était d’ailleurs réservé.