Laurède, en gascon Lourède, tire son nom de Laurier, littéralement : pays des lauriers.
Le premier foyer de vie à Laurède se situe à l’époque préhistorique. Les Romains, à la conquête de l’Aquitaine en 56 avant J.C., établirent à Laurède un camp retranché qui est toujours connu sous le nom de Castéra.
La fondation du village est due vraisemblablement aux moines bénédictins de l’abbaye de Saint-Sever qui défrichèrent et bâtirent une chapelle. Il n’en reste que la grande tour, dont la base seule peut-être de l’époque romane.
La période médiévale est marquée par le passage des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle : ils arrivaient en traversant deux gués sur l’Adour.
En souvenir des pèlerins, il existe encore deux fontaines consacrées à Saint-Jacques et l’église lui est dédiée.
Il y avait à cette époque de nombreux cagots qu’on appelait ici gahecs. Il y eut peut-être à Laurède une léproserie ( voir texte sur cagots ).
Jusqu’en 1789, Laurède fit partie de la baronnie d’Auribat pour le temporel et de l’Archiprêtré de Laurède fondé au 13ème siècle pour le spirituel.
On connaît 5 caveries ( ou maisons nobles ), demeures de petits seigneurs ayant droit de basse et moyenne justice mais dépendant du marquis de Poyanne.
Ces caveries ( Mauranne, Castetmerlou, castéra, La Salle, Laubia )se distinguaient par un pin franc ( parasol ) planté à leur entrée, usage importé par les Romains. En outre, les terres dépendant de ces familles étaient franches d’impôts.
Plus tard, la Fronde fut désastreuse pour la communauté. En 1562 et 1563, les troupes stationnèrent longuement et infligèrent des emprunts forcés.
Puis c’est la Révolution. Elle fut riche en péripéties. Les évènements furent aggravés par les calamités qui ravagèrent la Chalosse : fortes gelées, grêle. Les difficultés commencèrent dès le début de 1790. Les habitants refusèrent de laisser partir l’archiprêtre et son vicaire, tous deux réfractaires. L’armée vient une première fois rétablir l’ordre, puis on assiste à la valse des municipalités qui sont nommées par le département et aussitôt démissionnées. Une bande de déserteurs se cache dans les bois de Laurède ; l’armée revient et l’un des déserteurs ( Laborde- Couté ) sera guillotiné à Tartas.
Le maire et son conseil sont assaillis par la population et mis à mal avant de pouvoir se réfugier dans une maison hospitalière. L’église est transformée en Temple de Vérité. Plusieurs prêtres réfractaires se cachent dans les maisons de Peyne et dans les bois de la fontaine Saint-Maurin.
La période révolutionnaire redonna une activité nouvelle au port de Laurède, mais dés le début du 19ème siècle il tomba dans un état d’abandon total. Le 19ème siècle est une période de somnolence. La population diminue, l’économie décline, les cultures sont en régression.
Une statue de Daverat (un des tous premiers écarteurs landais) trône au cœur du village.
La Maison Peyne
Maison capcazalière classée Monument Historique du 17ème siècle.
La maison capacazalière ou « capcazal », désignait autrefois, dans certains pays de Sud de la Gascogne, et principalement en Chalosse, une demeure et un domaine établis sur un lieu d’occupation et de mise en culture extrêmement ancien.
Les propriétaires des Capcazaux jouissaient de privilèges particuliers : liberté complète face au système féodal, droits de propriété sur les bois communaux…
Construite vers 1600, contemporaine d’Henri IV, la Maison Peyne, à Laurède, est un témoin majeur de ce patrimoine.
Son architecture extérieure est typique des anciennes belles demeures chalossaises. Elle doit son caractère à l’ordonnance rigoureuse des ses larges fenêtres à croisées de meneaux, ainsi qu’à sa lourde huisserie de porte en chêne, sculptée à « pointes de diamant » et surmontée d’un fronton en pierre de facture encore Renaissance.
L’intérieur, très riche en éléments décoratifs : hautes cheminées de pierre sculptée , escaliers à balustres et boiseries en chêne, carrelages, etc… a été conservé tel qu’il était à l’époque de sa construction. Le beau mobilier provincial des 17ème et 18ème siècles, les peintures anciennes et l’atmosphère très particulière de la demeure font de cette visite dans le passé un moment rare qu’il ne faut pas manquer.
Lors de la Révolution, l’Histoire fit un signe à Peyne, qui servit de refuge temporaire aux prêtres réfractaires. Au centre de la maison, leur cachette est encore visible, tout comme la minuscule porte dérobée qui permettait d’y accéder.
La Maison Peyne fut aussi un relais pour les pèlerins de Compostelle.
Poème sur Laurède :
Larède, entre Bayonne et Mugron, va jucher
Au-dessus de l’Adour, la grâce d’un clocher
Unissant d’un coup d’œil la Chalosse et la Lande.
Relais du pèlerin en brune houppelande,
Daverat y sauta les vaches, bouillant d’aise
Et permit d’y créer la vraie course landaise.
Félix Duhart.
Plusieurs notables et hommes de science de Laurède :
Ø La tradition locale attribue la naissance à Laurède de Etienne de Vignole appelé aussi Lahire, compagnon d’arme de Jeanne d’Arc.
Ø Henry du Boucher, préhistorien et fondateur de la Société de Borda ( 1835-1891 ) habitait le château de Mauranne.
Ø Le chanoine Foix qui fut curé de Laurède de 1887 à 1932 ( né à Narrosse ) a sa place d’honneur. Généalogiste et linguiste, il fut un chercheur émérite. Une collection d’inédits et de notes innombrables se trouvent aux Archives départementales à Mt de Marsan. Sur Laurède, il a écrit « Mon patois de Laurède ( grammaire ) » et un « Glossaire des termes spéciaux relatifs aux laboureurs, vignerons et pêcheurs de Laurède ». Une plaque commémorative a été apposée au porche de l’église à la mémoire du Chanoine Foix par la Société de Borda, le 22 juin 1969.
Eglise St Jacques, ( inscrite aux Monuments Historiques )
Au 15° siècle, on remania totalement la primitive église romane en y ajoutant d’abord le côté droit d’un gothique primitif, la nef centrale et le bas côté gauche. Les voûtes gothiques sont du même siècle.
L’église est dédiée à St Jacques de Compostelle ; on peut voir un pèlerin sculpté en bas-relief sur bois doré.
St Jacques est représenté sur un vitrail moderne dans le chœur, sur un tableau du retable du 17° siècle et un panneau de la chaire du 18° siècle.
C’est en décembre 1768 que les fameux autels en marbre exécutés par les frères Mazetti en Avignon ( sculpteurs avignonnais d'origine suisse ), sont arrivés par bateau. Ils furent installés de 1769 à 1775. On enleva l’ancien autel en bois doré.
Elle fut restaurée en 1838. En 1880, le cimetière qui se trouvait autour de l’église fut transférée à l’emplacement actuel au bout du village.