Il relie le lac de Léon ( 5 kms de long, 4 kms de large,12 kms de pourtour et 4 mètres de profondeur ) à l’océan sur 8 kms.
En 1908, Gabrielle d’Annunzio en vacances dans les Landes, découvre ( grâce à Maurice Martin ) une petite rivière dont il tombe follement amoureux. Il la baptise, le courant joli ; elle deviendra plus tard le Courant d’Huchet. En 1920, les premiers bateliers, tous pêcheurs professionnels sur le lac de Léon, commencent les premières promenades organisées.
Classé site protégé en 1932, le courant d’Huchet devient une réserve naturelle en 1982.
Le courant d’évacuation de l’étang de Léon est appelé courant d’Huchet car il débouchait sur la mer en ce lieu. Canal très important, les pêcheries d’anguilles y étaient très fructueuses, encore au 18ème siècle. Il fut obturé par l’avancée des sables des dunes littorales au cours du 18ème, provoquant l’enfouissement de l’église de Vielle, quelques kilomètres au Nord et l’inondation de l’église d’Escalus qui fut déplacée.
Un courant nouveau fut creusé plus tard par les communes concernées, entraînant l’assainissement et bordant au Sud les collines boisées primitives de Maa. La sortie se faisait toujours à Huchet. Ce courant est très sauvage et magnifique dans un sous-bois torturé de vergnes, saules, cyprès, chênes, pins avec deux passages anciens : le Pas du loup qui garde le souvenir d’un gué, et le pont de Pichelèbe.
Pichelèbe est un nom régional qui en Gascon signifie : « pisse lièvre ».
La légende :
Du Tuc du Hali, voisin, le milan fondait sur les animaux en train de boire, trouvant ainsi à se nourrir régulièrement. Les animaux se concertèrent, lapins, lièvres, etc. pour mettre fin à ce fléau.
Un vieux lièvre rappela que lorsqu’il lui faut creuser un terrier, le renard préfère prendre celui du blaireau. Pour ce faire, il va tout le temps uriner devant l’orifice de sortie du terrier et lorsque le blaireau en a assez, le renard occupe des lieux tout préparés. Le vieux capucin préconisait donc d’en faire autant à l’abreuvoir pour que l’oiseau de malheur soir repoussé par l’odeur.
Sitôt dit, sitôt adopté. Mais qui le ferait ? Un jeune lièvre tout fanfaron s’en chargea. Il réussit. Le milan alla chasser en d’autres lieux.
Le courant a lui aussi une légende :
Le Bon Dieu s’était trompé dans la création et 2 rochers obturaient le courant. Il demanda alors à tous les animaux de détruire ces rochers.
- Et toi, le pic qui a le bec si dur, tu pourrais bien nous aider.
- Ah non ! je suis trop bien habillé pour cela.
- Et bien pour te punir, tu ne chanteras plus que lorsqu’il pleut ou que tu vas mourir.
Aussi, lorsque l’épervier qui l’aime bien, le poursuit, le pic crie « Plaou, plaou… » mais c’est trop tard.
La conclusion pleine de sens dit :
« Tout vaniteux, bien habillé comme le pic, trouve toujours son maître »
L’embouchure du courant a aussi sa légende :
Le Bon Dieu arriva au Courant d’Huchet et ne pouvant traverser le courant demanda à une plie ( carrelet, poisson plat ) qui baillait dans l’eau :
- A quelle heure est la marée, petite platuche ?
Cette dernière, en louchant et faisant la grimace, lui répondit ironiquement en répétant sa question. Vexé, le Bon Dieu s’écria :
- Tu m’as répondu en louchant et en grimaçant ; et bien, tu resteras ainsi.
Et depuis, les plies ont les yeux de travers et la bouche tordue.
-------------------------------------------
La Réserve Naturelle d’Huchet
Elle se caractérise par un échantillon de milieux naturels propres aux Landes de Gascogne et comprend cinq biotopes :
· Le marais du lieu-dit "Cout de Mountagne"
· le courant d'Huchet : bel exemple de forêt galerie
· le marais de la Pipe
· le courant littoral, dans "la lette"
· la dune côtière
· Le Marais du "cout de mountagne".
Il traduit le comblement du lac de Léon qui de 7 kms au 19e siècle n'en fait plus que 3,4 aujourd'hui. Le comblement est le résultat du phénomène de l'eutrophisation, c'est-à-dire du blocage plus ou moins accentué des décompositions, d'où ici la faible minéralisation des vases du fond qui s'accumulent parfois sur plus de 5 mètres. Il comprend 60 hectares bordés d'autant d'hectares de saules et d'aulnes (ou vergnes) relativement anciens. Après la disparition des vaches sauvages qui broutaient et piétinaient la végétation aquatique, le marais s'est alors couvert de roseaux et en 1977 il ne comportait plus que 3 lagunes d'une superficie de 1,5 hectares en période de basses eaux.
Le Courant d'Huchet
Sous cette forêt galerie on peut admirer notamment des cyprès chauves centenaires aux racines sortant de terre. Elles auraient un rôle respiratoire d'où leur nom de "pneumatophores". Les troncs des cyprès chauves servaient autrefois à faire des pirogues dans les régions marécageuses de la Virginie et de la Floride.
Le Marais de la Pipe
Il est situé à l’endroit de l'ancienne embouchure du courant. Un seuil d'argile tourbeuse entretenait le niveau de l'eau à 1 mètre au dessus du niveau actuel ce qui permettait la vie d'une grande quantité de plancton d'eau douce indispensable à l'alimentation des pibales ou civelles (jeunes anguilles) qui, venant de la mer des Sargasses, vont grossir dans le lac de Léon.
Le courant qui serpente dans la "lette" (revers de la dune littorale)
Il offre un havre aux nombreux oiseaux migrateurs qui empruntent le "couloir atlantique". Le cours d'eau est bordé de taillis quasi impénétrables constitués de séneçon arborescente dont les aigrettes blanches des fruits secs sont très prisées des oiseaux. C'est une plante d'origine américaine qui s'intercale entre les saules.
La dune côtière
La dune côtière de Moliets fut fixée à partir de 1832 par l'installation de clayonnages et la plantation d'une graminée dont les rhizomes rampants retiennent le sable : l'oyat. Cette dune au sable apparent est appelée "dune blanche". Sur le versant Est, à l'abri du vent et des embruns salés, pousse une végétation rase constituée de mousses, de serpolet apprécié des lapins et d'une immortelle aux capitules jaune d'or en corymbe : l'Hélichrysum qui parfume tout. L'autre versant est appelé "dune grise" à cause de la mince couche d'humus qui la recouvre.