Castets

 

Pays : Marensin. - Chef-lieu de Canton de 10 communes d'une superficie de 64.014 hecta­res. - Superficie de la commune : 8.868 hectares. - Habitants en 1650 : 1.442; en 1839 1.632 ; en 1862 : 1941 ; en 1939 : 1.455; en 1962 : 1.515. - A 21 km. de Dax, à 59 km. de Mont-de-Marsan. - Sol sablonneux. – Altitude : 62 mètres. - Communes limitrophes Lesperon, Linxe, Saint-Michel-Escalus, Herm, Magescq, Taller, Gourbera, Léon.

 

Le bourg est situé dans une large vallée qui s'allonge d'Est en Ouest, bordant la Nationale 10, vallée où serpente la Palu, rivière qui déroule ses pittoresques méandres jusqu'au lac de Léon. Au-dessus de cette vallée, émergeant d'un bouquet de verdure, pointe le clocher dominant le village et le château de Beauregard, noble construction édifiée en 1872, entourée d'un parc.

Castets peut se classer parmi les lieux du néolithique landais : des pointes de flè­ches et divers instruments de silex y ont été trouvés par Mgr Costedoat en 1881.

Le nom de Castets évoque, selon toute évidence, un château qui existait, en effet, au temps de la féodalité sur le plateau en face de l'église (celle de 1880), près du «tuc», qui n'est autre que l'oppidum connu sous le nom de Tuc dous becouts, ogres ou moustiques, dune formant un promontoire où il a été trouvé, d'ailleurs, des antiquités romaines.

Décidément, le Tuc dous Becouts, eut une destination privilégiée, chargée d'his­toire.

On croit généralement que les Cocosates, peuple aquitain cité par Pline ont habité Castets. Ce serait l'ancienne Coequosa..

M. le chanoine R. Lacoste a publié en 1963-1964 dans le Bulletin Paroissial « Le Petit Castésien » un travail sur Castets basé sur des renseignements d'archives. Nous puisons à cette source.

Le château ou caverie aurait créé l'ag­glomération autour de lui, mais les quartiers de Sescousse, Youre, Houas et Campigné en tant qu'habitats, existèrent de­puis une époque très lointaine et devin­rent la seigneurie de Bonnefont (citons le Maréchal de Thémines, seigneur de Bonnefont en 1598), tandis que le fief autour du château, sera la seigneurie de Castets. Au 17ème siècle, les deux fiefs se fondront en un seul domaine des seigneurs de Luppé, disparus dans la tourmente de la Révolution avec le dernier descendant Henri de Luppé, époux d'Amanda de Borda.

Mais d'où vient ce nom de Bonnefont ? c'est tout simplement la source de Coursat ; c'est, « partant de là, le ruisseau limpide qui bruit allègrement au fond de la gorge de Campigné, cependant que dans la folle ramure des chênes et des pins entremêlés, les oiseaux s'interpellent comme si quelque seigneur de jadis allait revenir, vers le soir, visiter son moulin »... Envolée lyrique d'historien-poète qui se penche mélancoliquement sur le passé de Castets.

L'ancien château de Castets était dési­gné sous le nom de Castet-Bert à cause de la fraîcheur et de la fertilité du sol qui l'entourait, désignation qui a valu à Castets pendant la Révolution le nom de Vert-Rameau.

Au quartier de Houas, il eut une cha­pelle dédiée à Saint-Pierre au lieu-dit de la Capère, près de la source du même nom. On prétend qu'elle fut l'antique église paroissiale où on allait à la messe encore jusqu'au début du 18ème siècle. L'incendie de 1775 l'a détruite, mais déjà en 1728 elle était à peu près abandonnée.

La source Saint-Pierre est encore visi­ble avec son carré de maçonnerie dans les fourrés inextricables.

Depuis le haut Moyen Age jusqu'au début du 19ème siècle, l'immense quartier de Sescousse-Bonnefont ressembla à un village très aggloméré.

La chapelle et la source de Houas en a vu passer des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, ces Saint - Jacaires ou Jacquets ! ...

A Lesperon, il y’eut l'embranchement où les pèlerins, en prenant à droite, arrivaient à Castets et de là allaient sur Irun par Magescq, Saint-Vincent, Ondres et Bayonne ; mais d'autres bifurquaient vers Capbreton par Léon, Azur, Soustons pour terminer leur voyage par mer.

Castets au 18ème siècle fut éprouvé par des calamités effroyables. En 1731 une épidémie ravagea la population qui comptait alors 800 habitants. Il eut 56 décès. En 1732 un incendie brûla une grande quantité de pins et la grêle ruina la récolte. En 1738 et 1755 des incendies brûlèrent les forêts. On accusa les charbonniers et on défendit de faire du charbon de mai à octobre. Une amende de 1000 livres punissait les contrevenants.

L'incendie de 1755 fut terrifiant. M. Tartière, archiviste départemental en 1860, en fait un récit rétrospectif

« Le 5 avril de cette année, une épaisse fumée apparut du côté de Saint-Michel, poussée par un vent violent. Les flammes s'élançaient à la cime des pins avec une rapidité effrayante ; en un instant tout fut embrasé. Les vagues de feu franchissant les marais de la Palu, attaquèrent tous les pignadars sur une largeur de plusieurs lieues à la fois, de Linxe jusqu'à Taller. Les populations s'enfuyaient devant cette mer de feu qui embrasa bientôt Lesperon et. Lévignacq et ne s'arrêta qu'à Onesse où les herbes du cimetière avaient déjà pris feu. Plus de 50.000 hectares étaient consumés. Un grand nombre de maisons avaient disparu, écrasant sous leurs débris enflammés des enfants et des vieillards, étouffant les trou­peaux entiers de moutons. »

En 1755, une maladie épizootique décima le gros bétail, boeufs et vaches. Les Landes, l'Armagnac, le Béarn perdirent Arès de 34.000 têtes. II fallait envoyer des troupes pour enterrer le bétail.

Lorsque Louis XI par édit du 19 juin 1464 créa la poste aux chevaux, Castets devint une étape officielle. Germain Desbieys fut maître de poste en 1655, Giron Desbieys en 1674, Bascary en 1789. La fonction se transmettait de père en fils, C'est ainsi que Castets connut la dynastie des Desbieys.

On trouve dans des vieux documents les traces de passage à Castets, d'Ignace de Loyola, le célèbre fondateur de la Compagnie de Jésus, de Tasse, poète italien qu'accompagnait le cardinal Louis d'Este, de duc de Saint-Simon très monté contre le service de la poste dans les Landes dans une lettre au cardinal Dubois.

Le 21 octobre 1583, Henri IV s'arrêta à Castets pour dîner. Il faisait du tourisme à sa manière ; les modestes auberges et la poule au pot ne devaient pas être dédaignées en ce temps-là.

Le maréchal de Bassompière couche à Castets le 20 janvier 1620 en allant en Espagne.

Des forges fonctionnaient en 1846 près de Castets. Elles ont été construites sur les plans de celles d'Uza.

En 1901, Castets avait un haut-fourneau, un four à puddler, trois foyers d'affinage qui occupaient 43 ouvriers traitant le minerai d'Espagne et du Périgord (3.350 tonnes en 1901). Il a été consommé en cette année-là 2.200 tonnes de charbon de bois.

A 200 mètres du bourg dans la vallée de la Palu, presque sur le bord du ruisseau, jaillissait la fontaine Saint-Roch, actuelle Fontaine Vive, qui selon les « on dit », faisait entendre un bruit souterrain... L'eau de cette fontaine a été analysée et décrite par le savant Thore en 1810.

Au sujet de cette fontaine, Emile Vignes, Castésien et photographe bien connu, nous écrit : « Elle n'existe plus. Il y a quelques années le Génie Rural l'a captée pour donner de l'eau à la commune. Mais la captation terminée, elle n'a jamais servi. Plus de fontaine... Un an après, elle a resurgi à 15 mètres. Elle y est restée encore un an. Puis plus rien. Elle n'a jamais fait de bruit souterrain en son temps, mais un oeil bouillonnant de deux mètres de circonférence subsistait. »

Pauvre fontaine, on a dû tellement l'ennuyer, qu'elle a disparu.

Les sources Saint-Jean et Saint-Antoine réputées miraculeuses, ne sont plus fréquentées par les « malades ».

La porte de l'église est celle de l'an­cienne forteresse démolie et dont les murs avaient trois mètres d'épaisseur.

Mgr Gieure (1851-1937), évêque de Bayonne est né à Castets.

Le docteur Lapeyrere, maire de Castets, décédé en 1951, a laissé à la Société de Borda les collections de lichens, mousses, algues et diatomées de son père qui fut un savant naturaliste et botaniste.

Emile Vignes, photographe de grand talent, est né à Castets en 1896. Après avoir été cultivateur résinier il se consacra à la propagande de la beauté des Landes par l'image. Il a obtenu de multiples récompenses aux expositions nationales et interna­tionales à une période où l'art photogra­phique n'était pas facile.