L'entrée en scène de Dionysos, exhibant devant les yeux horrifiés de l'homme le plein potentiel du mal, fut provoquée par un événement qui se produit entre les deux derniers états d'être dont j'avais fait l'expérience en ce matin printanier : entre le Jardin d'"Eden" et notre duovers cosmique actuel. Cet événement est, bien entendu, La Chute.
Complètement aveuglés par la confiance en soi conférée par les succès techniques superficiels de notre temps, nous ne parvenons pas à voir, non seulement les vérités que Jésus-Christ enseigna et démontra, mais aussi le fait que, en Dionysos, l'esprit du duo-vers que nous créons se trouve joué dans son intégralité pour notre instruction.
J'avais été défiée par cette Rédemption dans laquelle nous sommes tous appelés à jouer un rôle. Mais l'énormité - l'horreur totale - de ce à quoi j'étais prête à m'attaquer m'était cachée. J'avais seulement connaissance de son effet sur le tréfonds de la Nature. De sorte que, bien que je fusse entrée en symbiose avec les deux autres dimensions sur un certain nombre de points, aucun détail des horreurs auxquelles il me faudrait m'attaquer dans ce monde mortel, psychophysique, ne m'était présenté.
Je ne connaissais pas la réputation de Dionysos, mises à part ses caractéristiques. Mais ce dont il informait : les infinités de richesse qui pourraient être nôtres, plutôt que le Besoin - de ceci j'avais connaissance, de manière implicite.
C'est un bien que les horreurs me fussent cachées ! Comment n'importe quel être humain individuel - même la plus téméraire des adolescentes de seize ans - si pleinement familiarisé avec l'Horreur que renferme le monde, aurait-il pu s'y attaquer seul ? Par le fait de la Grâce, cela m'était caché. Je fus capable de m'engager sans la moindre réserve parce que, étant devenue autologue, je voyais - non pas les détails - mais l'emprisonnement omniprésent de l'Esprit omniprésent.
Toute l'atmosphère dans laquelle j'avais été élevée : une atmosphère de responsabilité vis-à-vis des dépendants, des moins capables et fortunés, s'était faite complice de mon acceptation immédiate et instinctive du défi. La compassion divine qui amena l'homme infirme (Dionysos) à produire le vin, s'éveilla en mon cœur qui était prêt.
Je savais pourquoi la Vierge pleure.
En aucune façon ne "passerais-[je] de l'autre côté".
Là-bas et à cet instant, en l'espace de deux foulées de ma jument lancée à bride abattue, je vouai ma vie entière à sauver la Nature de son état pitoyable.
Que la Nature soit subtilement, fondamentalement, et très réellement imparfaite, chaque grande religion en convient. Et ce n'est pas à la pollution industrielle, ni à l'interférence des agriculteurs avec les processus naturels, qu'il est fait référence. Ce qui est à l'origine de cette affirmation religieuse c'est la prise de conscience que même entièrement livrée à ses propres moyens, la Nature ne pourrait pas devenir son soi véritable. Elle s'auto-régénérerait à un certain degré, mais elle ne parviendrait pas à fonctionner de sorte que chaque chose, et créature - chaque incarnation de la Lumière divine - devînt son propre soi véritable, parfait, individuel. C'est ce que la rédemption du monde cherche à rétablir : la perfection qui est celle de la Nature lorsqu'elle sort du cœur et du mental de Dieu : parfaite sous toutes ses formes, animée par une conduite tout à fait acceptable : une Unité composée de nombreux éléments : un Tout sans tache comprenant des entiers dont chacun est fidèlement représentatif de leur Source divine. C'est là le Paradis que nous avons perdu - le Paradis que l'homme a trahi.
Parce que nous vivons dans un monde qui a un besoin extrême de rédemption, le Bouddhisme, le Christianisme, l'Hindouisme, l'Islam, le Taoïsme, - tous - en définitive, appellent leurs adeptes à cette tache motivée par-dessus-tout par l'abnégation : la rédemption du monde.
Tel est le meilleur résumé que je puisse donner de ce que je vécus ce jour-là.
Les deux chapitres suivants traitent de mon initiation à l'aboutissement de l'ingestion fortuite par l'homme du fruit défendu de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. De sa rencontre avec Dionysos. Le dieu dont les serviteurs démolissent les sans-défense, en dépit du fait qu'il est dieu d'extase et de richesses au-delà de ce que l'homme peut imaginer.
Le reste de L'Histoire de VITA FLORUM relate ma tentative pour garder la foi. Et son résultat. Pour être plus précise : il donne un aperçu des incroyables richesses qui pourraient être nôtres : de l'aboutissement pratique de la soumission aux lois de la Science Maîtresse qui sous-tendent les enseignements qui sont au centre des grandes religions.
J'aimerais, à l'heure qu'il est, mettre l'accent sur l'immense transformation qu'entraînèrent dans mon mode de pensée, et mes réactions, ces trois Expériences, et qu'elles continuent de développer. Elles ne m'ont jamais quittée. Elles n'ont jamais perdu de leur actualité. En cinquante ans je n'ai pas sondé leurs profondeurs. Elles ont radicalement modifié ma manière de voir les choses. C'est d'elles que les Produits Vita Florum tirent leur origine. Par exemple, elles sont la raison pour laquelle j'ai appris à ne jamais penser en termes de combat de la maladie, mais seulement d'aide apportée à toutes choses, toutes créatures, et tous êtres humains pour développer et hâter leur individuation. (L'effet de cette approche sur la jeune femme incurable, suicidaire, qui se mutilait et se brûlait de manière tellement effroyable, sur la dame dont la vie était rendue impossible par des migraines, et sur son fils empoisonné par des allergies, montre son indéniable aspect pratique). C'est là un processus qui conduit, en fin de compte, à la Perfection totale - telle que cette Française en fit l'expérience. Dans la Perfection, la maladie et la douleur ne se manifestent pas. Atteindre l'entière Perfection est guérir définitivement, véritablement, et fondamentalement.
En un instant il me fut pleinement donné de connaître une expérience de Dieu - justification de mon amour pour la Nature - ainsi que ma tâche : le soulagement et le secours apportés à tous les aspects de la Nature afin de lui permettre de devenir son Soi véritable. Et une fois cela fait, la conscience de ce monde me revint. Je pris conscience du fait que les frêles omoplates de Jane étaient ébranlées par son galop fougueux sur le sol durci du chemin charretier et donc, pour changer notre centre de gravité commun, je reportai mon poids dans le troussequin : invitant Jane à calmer l'allure et passer au pas. Ce faisant, elle rejeta sa ravissante tête en arrière, fit tinter son mors et caracola un peu pour me dire comme elle s'était merveilleusement amusée. Pucky tourna la tête pour examiner mon visage - la joie de vivre illuminait ses yeux affectueux, rieurs. Et en moi et à travers moi, le Royaume des Cieux intérieur avait entrevu où se trouve la perle de grand prix.
Je ne savais pas que ce que j'avais fait était, effectivement, vouer ma vie au service des élans spirituels au sein, à la fois, de l'humanité et de la Matière.
Dans la mesure où j'avais pleinement l'intention de traduire en monnaie courante l'état archétypal de la Nature - son état tel qu'il fut originellement moulé - dont j'avais fait l'expérience, je libérai volontairement dans ma vie intérieure le marchand intoxiqué par la perle intrinsèque. Il se pouvait qu'il fût plus exigeant qu'il ne lui plût jamais de l'être. J'étais disposée à payer le prix quel qu'il fût, pourvu que cela conduisît à la transfiguration de la Nature.
Et à l'avenir je cèderais, réellement, toutes les offres de cette vie afin d'être à même - dans la mesure de mes capacités - d'acquérir la fabuleuse Perle que le Royaume des Cieux (ce marchand) et, en définitive, vous et moi, désirons si ardemment posséder. La perle qui symbolise - qui EST la Nature rachetée et sans imperfection : la véritable Unité du Ciel et de la Terre.
Je savais - d'une manière tacite, née de l'expérience - où aller : au-delà de La Chute.
Mais comment y parvenir en termes pratiques ?
« L'on ne doit pas se contenter de petites exigences, mais l'on doit s'élever jusqu'à penser que toutes les créatures vivantes doivent être rachetées. L'on ne doit pas être léger et irresponsable en son for intérieur, mais l'on doit s'évertuer à faire en sorte que les actes prouvent les paroles. »
« … Lorsqu'Il jugea bon de Se révéler au monde, Il insuffla aux Dieux l'enthousiasme de l'amour, et fit couler en leur esprit la splendeur contenue en Son sein, afin qu'ils pussent d'abord être imprégnés de la volonté de chercher, puis du désir de trouver, et enfin du pouvoir de rajuster… Tout ceci se produisit dans l'Ame universelle en accord avec les mystères des cieux. »
Note : Ce texte est extrait du livre inachevé (L'Histoire de VITA FLORUM) d'Elizabeth Bellhouse, car toutes ses énergies furent mobilisées par le passage de VITA FLORUM à VITA FONS II® dernière étape de son œuvre.