À chaque époque il y a eu des cas isolés d'hommes ou de femmes qui avaient vécu ce à quoi je fais référence. Et de valeureuses tentatives ont été faites pour transmettre au mental ordinaire ce que cela implique. Cependant, l'opinion générale est qu'il n'y a aucun moyen technique par lequel ceci puisse être réalisé. Le but de tous les mots est d'illustrer la signification d'un objet. Et ici - par-dessus tout - il n'y a aucun sujet évaluant et analysant un objet.
Lorsque des mots particuliers sont entendus, ils devraient permettre à l'auditeur de comprendre la signification que le locuteur compte transmettre. Mais dans cet état d'être il n'y a rien à quoi la signification puisse s'attacher. "A présent il n'y a aucune classe de Substance à laquelle [le Principe Absolu de toute existence] appartienne… Il ne peut, par conséquent, être désigné par des mots [parce qu'ils] représentent une catégorie de choses. Ni ne peut-il être désigné par la qualité, car il est sans qualités ; ni par l'activité, parce qu'il est… "au repos, sans prédispositions ni activité"… Ni ne peut-il être désigné par ses rapports, car il est "sans second", et il n'est pas l'objet de quoi que ce soit… Par conséquent il ne peut être défini par des mots ou des idées… il est l'Un "devant qui tous les mots reculent"." (Shankara)*.
* Au 9ème siècle Shankara systématisa les Oupanichads et la Bagavad-Gita dans son Viveka-Chudamani ("The Crest-Jewel of Wisdom").
Le mystique, théologien et prédicateur allemand du treizième siècle : Maître Eckhart écrivit : « … demeurant dans l'Esprit… se trouve Dieu, toujours candide, toujours florissant, dans toute la joie et la gloire de Son Soi véritable… [Ce principe] est exempt de tout nom et dépourvu de toute forme. Il est un et simple… ». L'aspect personnel de l'Absolu est réduit en deçà d'un minimum. Ce qui engendre tout ce à quoi nous tenons en propre, réside dans ce qui apparaît - à l'intellect inadapté du mortel - être non-existant.
Dans une telle Expérience, l'expérience elle-même est si vivante que le symbole, le son, le mouvement et la vision, sont effacés. Puisqu'il n'y a pas d'image objective, il n'y a pas de mouvement. L'expérience étant absolue il n'y a pas de discours à enregistrer - cela n'apporterait rien - nul besoin ne s'en est fait sentir. L'intensité de l'Unité de toutes choses efface tout.
C'est une dimension d'être qui consiste en une Idée toute puissante, toute consciente, si prononcée qu'il n'y a pas lieu de la formuler. Cette Idée est l'actualisation absolue de l'Amour Magnifiant. Et avoir l'idée est avoir son Accomplissement. C'est connaître les deux "en demeurant au sein de la substance de la bonté, de la vérité et de la beauté", et transmettre la bonté, la vérité et la beauté dans toute leur pureté, sans effort, ou sans empêchement aucun, à celui qui les accepte avec une approbation née de l'absolue Identité du transmetteur et du récepteur.
Ma conscience active avait émergé en Présence du Fondement vivant, source de toutes choses qui existe pour l'éternité, duquel l'acte de création tire son élan et auquel il emboîte le pas.
Il me fut transmis - si nettement et si pleinement que jamais cela ne devait me quitter - que là - dans cet état - réside le fil directeur menant à la toute-puissance du Tout-Puissant. Là se trouvait l'inéluctable, le transéternel, l'indéniable. Cet état d'Être seul et unique, embrassant tout, est la relation prépondérante que Dieu a avec nous et avec toute la création avant même qu'Il/Elle nous fasse. Une relation jamais émoussée et qui ne cessera jamais d'être. Au sein de cet Absolu, Dieu a réalisé, et réalise en permanence, toutes Ses œuvres.
Parce qu'il en est ainsi, bien que notre vie se perpétue à l'infini, et que tous les êtres soient destinés à atteindre leur accomplissement propre, individuel, total, tout ce que nous ne pourrons jamais avoir besoin de connaître ou de comprendre à quelque propos que ce soit dans tous les siècles des siècles, est accompagné de la sainte Unité de Dieu. Au sein de laquelle Unité son Soi sans cesse magnifiant est maintenu. Même l'espace vide, la plus infime particule subatomique, et les puces, les poux, les limaces, les araignées, les scorpions et les criminels humains, ne font qu'Un avec cette Unité Au-Delà de l'Être, sont maintenus par elle, et nourris par elle. Leur nature intrinsèque et leur être véritable proviennent de Dieu qui ne fait qu'un avec eux : cette Divinité qui embrasse tout, qui est primordiale et transéternelle.
Une conscience pleinement consciente de ce Fondement Divin, essentiel, dont - à deux égards - la Nature provient telle que Dieu la destinait à être, est jugée être le discernement supérieur. D'une telle expérience le Taoïste dit : « C'est signe que le principe de lumière est harmonieux dans le corps entier ; alors la Fleur d'Or commence à former des boutons" »* La personne qui en fait l'expérience est dite être un Adepte du Septième Stade. Être continuellement Illuminée et manifester « des pouvoirs et des facultés extraordinaires (tels que des capacités psychiques et des aptitudes de guérisseur, le génie, la longévité, etc.). Tel est Bhava Samadhi, au sujet duquel rien ne puisse être dit qui soit suffisant, et il n'y a pas une Personne, pas une Chose, pas un Endroit, excepté Lui qui soit Réalisé » (Da free John). Il se développe dans la Fleur d'Or un "corps diamant", c'est-à-dire : un état d'être doté de l'aptitude à fonctionner efficacement et consciemment (avec une conscience largement modifiée) sur un niveau d'existence entièrement différent.
* " Le secret de la Fleur d'Or " est un manuel classique de méditation permettant l'accès à l'être intérieur. En distillant l'essentiel de deux traditions, celle du bouddhisme chán qui précéda le zen et celle du mysticisme taoïste, ces versets dépouillés offrent à l'homme d'aujourd'hui l'accès à sa propre connaissance et à l'éveil de la " Fleur d'Or " qui sommeille en lui.
Il n'est rien - excepté ce que j'ai partagé avec vous : le fait que les temps sont mûrs, que les signes indiquent son caractère inévitable - il n'est rien à quoi je puisse prétendre comme raison pour laquelle il me fut donné de vivre une telle Expérience. Pour autant que je puisse en juger, je fus traitée pour ce que je suis - en commun avec tous : un entrelacement de la créativité de Dieu. "Je" ne rêvais pas le moins du monde qu'une telle chose fût possible. Je n'avais pas cherché à vivre ce dont j'ignorais l'existence. Bien moins me considérais-je une candidate appropriée. Pour autant que je puisse en juger il est exact que : « … une Révélation authentique est fatalement spontanée et ne vient que de Dieu quelles que soient les apparences » (Frithjom Schuon).
Certaines choses sont connues et acceptées. Par exemple : un changement de ligne de fuite (tel que j'en fis alors l'expérience) survient involontairement par suite de cette purification de l'être dans sa plénitude auquel St Paul fait référence comme étant "circoncis d'une circoncision où la main de l'homme n'est pour rien et qui vous a dépouillés du corps charnel" (Col 2 : 11). L'état d'être rencontré lorsque le Théocentrisme remplace entièrement l'égocentrisme. Lorsque toute la conscience fondamentale se replie au-delà de la plus lointaine frontière de l'intellect.
Mais j'en ai connu l'aboutissement.
Lorsque tout a été lavé par Dieu, et orienté vers Dieu, une autre Vie sourd à l'intérieur.
Devenir aussi pleinement ancré dans cette autre Vie que le simple mortel est enraciné, et engagé, dans l'existence corporelle, nécessite que l'on vende tout ce que l'on a (l'abandon volontaire de la réussite en ce monde) afin d'acquérir l'incomparable "perle". Cela demande une aptitude, la volonté, et le courage, de prendre des risques comparables à ceux que prirent les cinq aïeules de Jésus. Le rehaussement de tout potentiel commence à être actualisé lorsque le corps mortel, et ses instincts, ainsi que la vie sociale qui le soutient, perdent leur mainmise sur la personnalité. « Seul celui qui se débarrasse à jamais du désir peut voir les Essences Secrètes », écrivit Lao Tseu. Ce n'est que lorsque l'illumination personnelle, la délivrance personnelle, le salut personnel, ne portent aucunement à conséquence que le téléobjectif de la vision interne du mortel peut être échangé contre un téléobjectif au moyen duquel l'esprit puisse faire converger les immortelles Essences Secrètes. Et si un tel changement se produit c'est par la Grâce : parce que l'immense énergie recherchant un tel exutoire doit trouver un tube permettant son passage.